A l’occasion de l’occupation de l’université de Columbia aux États-Unis, des blocages à Sciences Po et à La Sorbonne à Paris par les mouvements étudiants soutenant la cause palestinienne, Guillaume Erner reçoit l’historien et maître de conférences à l’université Columbia Thomas Dodman, le chercheur au Ceri/Sciences Po Laurent Gayer, et Hicham, étudiant à Sciences Po et membre du Comité Palestine dans les Matins de France Culture du jeudi 2 mai 2024.
Interventions intéressantes, mais, quitte à avoir trois participants, autant qu’ils ne soient pas tous du même avis. Cela éviterait à Guillaume Erner de devoir émettre lui-même les objections.
Fidèle auditrice de votre émission du matin, j’ai écouté avec stupeur « France Culture va plus loin » de ce matin : vous invitez, et c’est tout à votre honneur, des enseignants en sciences politiques ainsi que M. Hicham, étudiant lui-même à Sciences Po – Paris pour évoquer les manifestations des étudiants en faveur des Gazaouis et des Palestiniens dans les établissements universitaires, principalement en sciences politiques. Vous nommez cet échange un dialogue sauf qu’il s’agissait plutôt d’un monologue étant donné qu’ils étaient tous trois d’accord sur tout ! Aucun invité pour plaider la cause des universitaires juifs – ce mot a été à peine évoqué, alors que… – et israéliens par exemple, aucun invité de l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) susceptibles de témoigner des outrances antisémites que l’on entend, que l’on voit affichées dans tous ces établissements. La comparaison avec le boycott des universités russes témoignait de la mauvaise foi ou de l’ignorance (ou des deux) de la part des intervenants étant donné que la communauté universitaire juive en Israël est très majoritairement opposée à la guerre et est anti-Netanyahu. Voilà ce qu’il eût fallu objecter, M. Erner. C’eût été là un véritable dialogue et je regrette que vous n’ayez pu ou voulu saisir cette occasion. L’objectivité est l’une des valeurs essentielles de votre métier de journaliste. Je n’ose émettre l’hypothèse que M. Hicham ait pu refuser de « dialoguer » avec un représentant « sioniste », cet épithète si pratique qui évite que l’on parle d’antisémitisme.
Vous auriez pu rebondir par exemple lorsque le même M. Hicham a affirmé que depuis plus de 70 ans, Israël refuse un état palestinien : je m’attendais à ce que vous lui rappeliez la date du 29 novembre 1947 lorsque les Arabes refusent la proposition de l’ONU de créer deux États.
Je me permets de vous écrire car je suis un fidèle auditeur de Radio France et de France Culture particulièrement. Je souhaiterais par ce présent courriel questionner le traitement de l’information et l’équilibre des débats de la matinale de France Culture en date du 2 mai 2024, consacrée aux manifestations étudiantes pro-palestiniennes. Je sais la difficulté de traiter de sujets liés au conflit israélo-palestinien. Mais je suis effaré par le déséquilibre du traitement de ce sujet. Les intervenants sélectionnés sont tous impliqués et favorables aux mouvements estudiantins. Cependant, aucun intervenant n’était présent pour souligner le caractère antisémite de nombreux slogans et performances usités sur les campus. De plus, le journaliste Guillaume Erner n’a pas suffisamment tenté de questionner les discours des intervenants et de confronter le jeune étudiant et les professeurs invités aux faits de dérives haineuses que la même rédaction de France Culture avait révélées dans le zoom de la rédaction quelques jours avant. Je suis docteur en science politique à l’Université. J’ai moi-même cessé de travailler sur le conflit israélo-palestinien et je dois cacher ma judéité à mes élèves et mes collègues par crainte de représailles. Une grande partie des élèves ne font aucune différence entre un juif et un sioniste. Ces deux termes sont devenus des synonymes de la haine qu’ils portent envers Israël. Cette parole haineuse s’est très largement libérée depuis le 7 octobre 2023. J’aurais donc souhaité que cette réalité si préoccupante sur l’état de nos démocraties et de notre jeunesse fut elle aussi entendue par les auditeurs de France Culture. La liberté académique est un idéal abîmé par cette réalité et aucun professeur invité n’a communiqué de telles inquiétudes. C’est la preuve pour moi qui connaît si bien ce milieu que ce débat n’était absolument pas sincère ni représentatif des vécus à l’université. Je demeure un fidèle auditeur. Mais je reste particulièrement déçu du manque de rigueur qu’un sujet aussi délicat aurait mérité.
C’est la première fois que j’écris pour réagir à un programme. Merci déjà pour la qualité des émissions de France Culture. Je me permets ce message car j’ai été heurté ce matin par les propos d’un professeur français de l’université de Columbia, invité de la matinale pour évoquer les manifestations pro-palestiniennes au sein de son université. Il a nié les propos et actes antisémites qui existent dans ce mouvement contestataire ainsi que l’expression de nombreux soutiens au mouvement terroriste du Hamas chez des étudiants. Chacun a le droit d’exprimer son point de vue mais ce matin il n’était pas question de point de vue. Ce professeur a nié des faits. Le présentateur lui a pourtant posé plusieurs fois la question sur l’antisémitisme qui s’exprime chez les étudiants américains. Réalité que l’invité a, à chaque fois, niée. Pourquoi le journaliste n’a-t-il pas relevé que les faits étaient pourtant incontestables ? Je dois bien vous avouer que je suis heurté par cette passivité face à des propos qui flirtaient avec le révisionnisme, voire le complotisme antisémite puisque l’invité est allé jusqu’à dire que les accusations d’antisémitisme avaient pour objectif de museler les contestataires. Passivité inhabituelle dans cette matinale de qualité et la plupart du temps honnête.
Je viens d’écouter la fin de l’interview de Guillaume Erner avec l’historien, je trouve toujours assez fou de ne pas vouloir entendre, en tout cas c’est mon sentiment, que les étudiants manifestent contre la guerre et contre les morts. En incluant les morts palestiniens et les morts israéliens. Dans toutes les interviews récentes que j’écoute sur Radio France exclusivement il est indiqué le côté antisémite potentiel des revendications des personnes pro-palestiniennes. Il me semble que les personnes (ou la majorité des) pro-palestiniens sont plutôt anticolonialistes. J’ai le sentiment que les questions sont orientées pour faire apparaître systématiquement l’antisémitisme des manifestants et des soutiens.
Il me semble que vouloir arrêter une guerre, demander un cessez-le-feu, vouloir arrêter le financement des armes est par nature une bonne chose et traduit une volonté pacifique…
Les mêmes revendications dans un autre conflit entraineraient certainement une autre lecture de la part des médias.
Il aurait été souhaitable d’inviter un contradicteur face à vos trois invités des Matins. L’impression laissée par leurs présentations de la situation à Columbia et à Sciences Po est tellement partisane qu’elle entame presque l’image et la crédibilité de la matinale.
Un équilibre dans le choix des intervenants aurait été plus fécond.
La qualité des réponses de M. Thomas Dodman, M. Laurent Gayer et Hicham aux questions de M. Guillaume Erner a éclairé ma matinée.
Nous sortons là des habituelles demandes de dénonciations de ceci ou de cela et ou admonestations à « choisir son camp », passant à côté de la seule solution à mettre en œuvre, l’application simple du droit.
Nous avons trop l’habitude d’accepter les 2 poids 2 mesures, et ce sont les jeunes et leurs meilleurs professeurs qui nous sortirons de cet enfer entretenu depuis trop longtemps par la « communauté internationale ».
Merci à Guillaume Erner et son équipe de nous avoir présenté une Matinale très honnête !