- « A69 : l’ombre de Pierre Fabre derrière l’autoroute » : l’enquête de la Cellule Investigation de Radio France
- « Féminicides, la guerre mondiale contre les femmes » : LSD, La Série Documentaire sur France Culture
- « Aide Sociale à l’Enfance, République en souffrance » : Interception sur France Inter
- Elisabeth Badinter, invitée du Grand entretien sur France Inter
- Laurent Berger, invité du Grand entretien sur France Inter
- Félix Torrès, invité des Matins de France Culture
- Mathilde Favier, invitée du 9h20 sur France Inter
- La publicité pour la viande de bœuf
- Langue française
Avant d’aborder les sujets de tension soulevés dans le courrier des auditeurs cette semaine, commençons cet édito par deux émissions qui ont suscité des éloges unanimes: l’enquête de la cellule investigation de Radio France sur l’A69 et La Série Documentaire consacrée aux féminicides sur France Culture.
Dans un paysage médiatique où les sujets d’investigation et de sensibilisation incarnent les valeurs du service public de l’audiovisuel, ces deux productions témoignent de l’engagement constant de Radio France à offrir aux auditeurs des contenus journalistiques éclairants, porteurs de sens et en phase avec les préoccupations de notre société. Les messages reçus après les diffusions de ces émissions illustrent la confiance que nos auditeurs accordent aux antennes pour leur fournir une information pertinente et nécessaire.
“A69 : l’ombre de Pierre Fabre derrière l’autoroute”
Contrairement aux reportages habituels consacrés à l’A69 et qui mettent l’accent sur les aspects liés à la protection de l’environnement ou de la biodiversité, cette enquête a pris un angle inédit en explorant les ramifications politico-économiques derrière le projet autoroutier.
Des auditeurs ont salué cette approche novatrice qui dévoile les interactions complexes entre les intérêts privés, les acteurs politiques et les décisions publiques, dénonçant le manque de transparence autour des contrats de concession autoroutière, considérant cela comme contraire à l’intérêt public.
L’enquête de Benoit Collombat, journaliste à la cellule investigation de Radio France, plonge en effet l’auditeur dans les méandres complexes de l’A69, révélant des facettes souvent méconnues de ce dossier et notamment le rôle du groupe pharmaceutique et dermo-cosmétique Pierre Fabre. Ce dernier ayant activement soutenu le projet d’autoroute Castres-Toulouse grâce à des relais politiques et à une stratégie d’influence efficace.
Les messages de félicitations saluent le travail minutieux du journaliste et la mise en lumière des coulisses souvent méconnues des grands projets d’infrastructure. A la lecture des courriels, on comprend que l’enquête a suscité une réelle prise de conscience chez les auditeurs, les incitant à réfléchir plus largement sur les enjeux de gouvernance, de transparence et d’éthique dans la conduite des grands projets d’aménagement du territoire.
Demain, dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo, à 13h20 et 16h20, Benoît Collombat, répondra aux questions soulevées par les auditeurs. Certains se demandent comment est venue l’idée de creuser les aspects financiers et politiques de ce dossier. D’autres s’interrogent sur la méthodologie employée pour mener une enquête aussi fouillée et documentée.
Des auditeurs souhaitent savoir si le journaliste prévoit de poursuivre ses investigations sur ce sujet. En tant que spécialiste des investigations au long cours, Benoît Collombat nous éclairera sur sa manière de suivre ce type de dossier.
A noter : le samedi 29 juin prochain Secrets d’Info proposera une émission spéciale entre 13 heures et 15 heures sur France Inter pour célébrer ses 10 ans d’existence ainsi que les 10 ans de la cellule investigation de Radio France.
A cette occasion, les anciens de l’équipe et les membres actuels seront rassemblés pour proposer un florilège de leurs meilleures enquêtes, et raconter les coulisses de leur travail.
Si vous souhaitez les interroger, vous pouvez déposer vos questions à cette adresse. Elles leur seront transmises afin qu’ils puissent vous répondre en direct à l’antenne ce jour-là. Si vous le voulez, vous pouvez également joindre un message vocal enregistré sur votre téléphone portable et l’attacher à un mail, l’équipe pourra ainsi diffuser.
LSD « Féminicides, la guerre mondiale contre les femmes »
La Série Documentaire « Féminicides, la guerre mondiale contre les femmes », proposée par France Culture, signée Pauline Chanu et réalisée par Marie Plaçais, sous la coordination de Johanna Bedeau, est plébiscitée par les auditeurs.
Ils saluent le travail impressionnant de l’équipe, la richesse de la documentation, et se disent bouleversés par le contenu de l’émission. Certains soulignent la nécessité de faire connaitre ce documentaire au plus grand nombre, notamment dans les établissements scolaires pour toucher les jeunes générations afin de provoquer un changement sociétal. Ils remercient chaleureusement toute l’équipe pour ce travail vital, très éclairant, contribuant à sensibiliser le public sur une question cruciale de notre époque :
« Je tenais à vous remercier pour votre émission sur les féminicides. Je voudrais que ce documentaire soit diffusé partout, dans les foyers, les rues les écoles les restaurants les ministères, les cinémas, les gares, les aéroports, sur toutes plateformes de streaming, les chaînes de télé et de radio, en continu, sur les enceintes et dans les écouteurs, jusqu’à ce que tout le monde l’ait entendu. »
« Très fidèle auditeur de votre émission géniale et vitale. Je ne manque rien ! Je viens d’écouter l’émission sur le féminicide. Je suis tout retourné, tout bouleversé, tout éveillé aussi. Merci immense pour ce travail poignant tant sur le fond que sur la forme »
« Magnifique émission de LSD sur le féminicide mondial. Glaçante et nécessaire…Avec toute ma gratitude pour cette merveilleuse équipe… »
Être reporter à Moscou, Kiev, Jérusalem et les territoires occupés
Nous avons reçu un certain nombre de mails de la part d’auditeurs s’intéressant aux conditions de travail des correspondants de Radio France, à Moscou, Kiev, Jérusalem et dans les territoires occupés. Ils se demandent quels sont les défis auxquels les journalistes sont confrontés lorsqu’ils opèrent dans des zones de conflit et des pays en guerre.
Agathe Mahuet, envoyée spéciale à Kiev, Sylvain Tronchet, correspondant à Moscou, et Thibault Lefèvre, correspondant à Jérusalem et dans les territoires occupés, ont pris le temps de répondre à ces questions ce vendredi 26 avril lors du rendez-vous la médiatrice sur France Inter dans le 13/14.
Les interrogations des auditeurs ont principalement porté sur les risques et la sécurité. Ils se demandent si nos journalistes ont déjà été confrontés à des situations dangereuses ou menaçantes pendant leur travail, et comment ils ont géré de telles circonstances. La peur en reportage et le sentiment d’être en danger ont également été abordés.
L’accès à l’information en zone de guerre soulève également de nombreuses questions. Nos auditeurs ont souhaité savoir quelle était la fiabilité des sources d’information sur le terrain et s’il existait des sujets difficiles ou impossibles à traiter.
En outre, certains se questionnent sur l’existence d’un contrôle du travail des correspondants de la part des autorités locales, que ce soit l’État ukrainien, les autorités russes ou l’armée, et s’ils pouvaient travailler librement dans ces environnements complexes.
Une question spécifique a également été posée au sujet du contexte de verrouillage de l’information en Russie : pourquoi est-il permis au correspondant de Radio France à Moscou de continuer à travailler dans ce pays malgré les restrictions ?
Enfin, les auditeurs s’interrogent sur la présentation équilibrée des faits, notamment dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas.
Toutes ces questions ont été abordées aujourd’hui dans le rendez-vous de la médiatrice de France Inter à réécouter ici.
Laurent Berger et le Crédit Mutuel
Mercredi, dans la matinale de France Inter, l’interview de Laurent Berger, ancien secrétaire général de la CFDT, qui travaille actuellement pour le Crédit Mutuel, a suscité de réelles crispations. Le motif ? La répétition excessive du nom de la banque « Crédit Mutuel » au cours de l’entretien, qualifié de « matraquage publicitaire » par de très nombreux auditeurs.
« Crédit Mutuel » a été prononcé en moyenne toutes les 72 secondes au cours de cette interview de 23 minutes, dont 16 fois par Laurent Berger, et 3 fois par les journalistes.
Des auditeurs remettent donc en question l’éthique de l’invité, soulignant que cela ressemblait davantage à une publicité gratuite pour la banque plutôt qu’à une interview classique.
Ils ont très nettement le sentiment que le propos de Laurent Berger était davantage destiné à promouvoir son employeur, le Crédit Mutuel, qu’à fournir des informations pertinentes au micro de France Inter.
Ils considèrent qu’il a utilisé cette invitation comme une plate-forme publicitaire et que cette répétition ad nauseam du nom de la banque a détourné l’attention de l’objectif principal de l’interview, affectant alors la crédibilité de ses propos.
Par ailleurs, les auditeurs regrettent le manque de recadrage de la part des journalistes. Indiquons qu’ils sont pourtant intervenus à deux reprises à ce sujet.
Couvrez ces bras et ces jambes que les faiseurs de diktats ne sauraient voir
Les réactions des auditeurs à l’interview de Mathilde Favier, directrice des relations publiques de la maison Dior, lundi dans la matinale de France Inter, sont unanimement critiques. Nous avons reçu deux types de messages : d’une part, des réactions exprimant une grande déception quant à la vacuité du contenu de l’interview, d’autre part, des voix s’élevant contre le propos de l’invitée qui a estimé qu’une femme de plus de 40 ans ne devrait plus montrer ses bras et ses jambes.
Commençons par la consternation des auditeurs face au choix de l’invitée. Ils soulignent l’absence d’intérêt de son intervention à une heure d’écoute si prisée et pour un rendez-vous que certains disent particulièrement apprécier. « Banalités », « fatuité », « vide quasi absolu », « superficiel », « déconnexion avec la réalité », les termes pleuvent pour estampiller la séquence.
Des auditeurs s’interrogent sur cette tribune offerte pour promouvoir un livre de bonnes adresses à Paris. Ils estiment que cette approche écarte d’emblée ceux qui habitent dans des territoires éloignés de la capitale. Pour ces auditeurs, l’accent mis sur les adresses parisiennes est éloigné de leurs préoccupations quotidiennes et de leur contexte local. Certains soulignent le besoin d’une représentation plus diversifiée, non seulement des réalités urbaines et périphériques, mais aussi des Français qui vivent en dehors des grandes métropoles.
L’autre partie des messages négatifs concerne le propos de Mathilde Favier sur le fait que les femmes ne devraient plus montrer leurs bras et leurs jambes après 40 ans. Ce point de vue a été perçu comme méprisant, dépassé et anti-féministe. Certains ont exprimé leur déception face au manque de réaction de la journaliste. Pour beaucoup, ce propos reflète une vision discriminatoire des femmes, les réduisant à des standards de beauté rigides. Des auditeurs ont également souligné l’incongruité de ce point de vue, dans le contexte actuel où l’émancipation des femmes est au cœur des débats, notamment avec le mouvement #MeToo.
Bien que certains pourraient considérer la question liée à la perception de l’âge et de l’apparence des femmes dans la société, secondaire ou anecdotique, par rapport aux conflits mondiaux et aux enjeux politiques majeurs actuels, elle mérite au contraire à mon sens d’être évoquée pour plusieurs raisons.
En tant que médiatrice des antennes de Radio France, il me semble essentiel de relayer ces critiques. Il est en effet légitime que les auditeurs remettent en question les stéréotypes qui les affectent. Aborder ce type de question permet de réfléchir aux responsabilités des journalistes en matière de représentation des femmes dans la société, et il est important d’encourager une réflexion critique sur la manière d’évoquer le sujet.
Les normes restrictives en matière d’âge et d’apparence stigmatisent les femmes et les enferment dans un carcan. En l’occurrence, le propos de l’invitée impose une vision étroite de la féminité. Il suggère également que la valeur d’une femme diminue avec l’âge, ce qui est profondément injuste et préjudiciable. Enfin cette affirmation réduit un être à son image plutôt qu’à ses compétences et son intelligence. Il s’agit donc d’une injonction sexiste où la femme doit se conformer à des normes de beauté idéalisées. Pour les auditeurs de France Inter qui nous écrivent une telle assertion est rédhibitoire car, en effet, qu’attendent-ils d’un grand média ? Qu’il contribue à faire évoluer ces diktats, insidieusement excluants, pour favoriser l’émergence de mentalités où les femmes se sentent libres d’être elles-mêmes, sans craindre d’être jugées en fonction de leur âge ou de l’apparence de leurs bras ou de leurs jambes !
Cette responsabilité de sensibiliser à ces sujets pour sortir des stéréotypes fait partie intégrante du rôle d’un média de service public.
Le retour des breloques
Lundi matin, dans la matinale de France Inter, entendre le mot « breloque » pour désigner une médaille olympique a exaspéré des auditeurs. A juste titre.
Le mot n’a pas été prononcé par un journaliste sportif, Nathalie Iannetta à la tête de la Direction des sports de Radio France, ayant depuis plusieurs saisons déjà, passé des consignes à ses équipes pour ne pas employer ce mot qui, hélas, réapparait à chaque échéance olympique prononcé dans des émissions ou lors de présentation de flashs ou de journaux.
Pourquoi l’usage de ce mot est-il impropre dans un tel contexte ? Le terme « breloque » désigne un petit objet ornemental suspendu à un bracelet, un collier ou une chaîne, généralement fabriqué à partir de métal ou de plastique. Dans un sens figuratif, son utilisation est souvent considérée comme dépréciative. Qualifier une médaille olympique de « breloque » est donc réellement inapproprié en raison de la signification et de la valeur symbolique associées à cette distinction sportive.
Les Jeux olympiques sont en effet l’un des événements sportifs les plus prestigieux et historiques au monde. Les athlètes investissent énormément de temps, d’énergie et de sacrifices pour atteindre le niveau d’excellence nécessaire pour concourir et remporter une médaille. En conséquence, une médaille olympique représente un accomplissement exceptionnel et un moment de fierté pour l’athlète, son pays et ses supporters.
Qualifier leur médaille de « breloque » minimise le travail acharné et la détermination nécessaires pour réussir à ce niveau de compétition et constitue un réel manque de respect à leurs efforts et à leur talent.
Le lexicologue et historien de la langue française, Jean Pruvost, revient sur l’emploi de ce mot dans une vidéo à découvrir ici.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France