Chers amis, votre critique est violente car elle vient de cinéphiles qui ont des références que les moins de 50 ans ne connaissent que s’ils ont couru les cinémathèques. Les mêmes viendront nous expliquer que Pasolini n’était pas vulgaire et que Babylon l’est.
D’accord, c’est un cinéma de l’excès, de la décadence, même parfois de la facilité voire du plagiat, mais… mais c’est également jouissif de transgression, et le cinéma d’aujourd’hui est tellement bien plié en quatre dans le tiroir de la bienséance que Babylon c’est bien et bon. Les acteurs sont exceptionnels. Le far West des débuts du cinéma est émouvant drôle et cruel. Et oui la scène où Brad Pitt se fait renvoyer à sa chute est magistrale. Le cinéma est un art de la solitude, c’est aussi très bien expliqué dans Babylon. Ce film, ce n’est pas du Fellini mais c’est fellinien et aujourd’hui plus personne ne fait ça. Rien que pour cela il faut le voir. Notre époque et son cinéma sont bien plus médiocres et vulgaires que Babylon qui n’est d’abord qu’un grand spectacle à émotions.
Cher Masque,
J’ai été très déçu du sort que vous avez réservé au film Babylon de Damien Chazelle. Au-delà de ses qualités en termes de réalisation, d’interprétation (même si je vous l’accorde, le film est moins dynamique dans sa dernière partie), comment vos invités ont-ils pu passer à côté de l’hommage rendu par le réalisateur au cinéma ainsi que sa mise en garde concernant ses dérives actuelles et sa disparition annoncée. Quand l’éléphant défèque sur la caméra et donc sur nous, cela correspond à Disney qui défèque sur ses spectateurs à coup de Marveleries toujours plus indigentes. Heureusement, le film se termine par des images de vrai film de Cinéma de Georges Méliès à James Cameron en passant par Stanley Kubrick et Steven Spielberg. J’étais très heureux de découvrir le film dans une salle pleine, ravivant ma foi envers le cinéma et les spectateurs. Je suis d’autant plus déçu de voir que le film n’a pas le succès qu’il mérite (notamment aux Etats-Unis) voire un peu en colère car suite à vos critiques qui éloigneront les spectateurs.
Cher Masque,
J’ai vu Babylon juste avant de vous entendre le descendre en flamme. Manifestement, nous n’avons pas vu le même film… J’ai pour ma part été subjugué par l’ampleur et la folie de Babylon. C’est à la fois excessif, métaphysique, splendide et sordide, autrement dit babylonien. Avec en prime une BO somptueuse et enivrante, à la démesure de ce monument. Bref, du grand cinéma, sur le cinéma, qui fait aimer le cinéma. Cinéphiliquement vôtre.
Cher Masque,
Babylon, que les critiques de l’émission ont agoni de critiques négatives, est selon moi un film réussi, prenant et d’une grande richesse grâce à une mise en scène virevoltante et des interprètes très impliqués. Une telle débauche d’énergie méritait bien les trois heures de visionnage. Certes, le film est assez inégal car il abuse parfois beaucoup trop de caricatures. Les scènes scatologiques sont ainsi excessives dans leurs occurrences. Car Damien Chazelle cherche à montrer le déclin d’une époque en le faisant coïncider avec des scènes très trash. Ce n’est pas parce que le film montre des scènes orgiaques et scatologiques qu’il est vulgaire.
Cher Masque,
Votre acharnement et vos propos tout sauf mesurés sur le film Babylon, associés à un dédain certain à l’égard de la filmographie de Damien Chazelle, ne sont pas à votre honneur. Tout ce qui est excessif est insignifiant, m’a-t-on toujours appris…
Ce n’est certes pas le film du siècle ou même de l’année, mais il s’agit d’un très honnête divertissement, porté par une inventivité réjouissante (et je ne parle pas là des scènes scatologiques) et des acteurs formidables (comment ne pas dire un mot sur la performance de Margot Robbie ou encore de la révélation Diego Calva). Sans oublier une bande son incroyable, jazzy à souhait !
Quelle tristesse d’entendre vos lamentations étriquées et rabat-joie !
Dimanche dernier nous sortons enchantés du cinéma : jamais un film aussi long ne nous a paru aussi court ! Quel rythme incroyable ! Que de variété ! Trois beaux personnages qu’on veut suivre jusqu’au bout ! De l’humour aussi et un magnifique hommage au cinéma, même avec les horreurs décrites.
Quelques minutes après nous écoutons Le Masque et la plume : ces pauvres critiques ont tous détesté et leurs arguments frisent le néant, « c’est vulgaire et le metteur en scène est nul ». Qu’ils n’aiment pas, je suis triste pour eux, mais au moins qu’ils analysent et argumentant un minimum…
Je suis une très grande fan de votre liberté de ton, et je ne vous rate jamais. Mais alors votre critique de Babylon m’a laissée en colère. Alors peut être que pour un cinéphile ce film n’est pas parfait mais moi j’ai trouvé cela formidable : plein de vie, orgiaque, bourré de panache, innovant, osant, du très grand spectacle et des comédiens formidables
Vous répétez à l’envi « ce film est vulgaire » : mais n’est-ce pas Hollywood qui est vulgaire ? Cette usine à rêve et à détruire, ce qui très bien montré – ce dont vous ne parlez jamais. Hollywood est vulgaire lorsqu’ils droguent sciemment Judy Garland pour qu’elle tienne le coup ou qu’elle oblige des actrices enceintes à avorter ou à s’exiler. Cette industrie est vulgaire, ce système est vulgaire, ce film le montre très bien, ce n’est pas lui qui est vulgaire. Je vous en veux beaucoup. Mais bon je vais continuer à vous écouter.
Quelle tristesse quand, après avoir vu Babylon, je fonce sur mon podcast préféré pour écouter les critiques, dans l’espoir qu’ils partagent mon opinion sur cette déclaration d’amour au cinéma. Que nenni ! Chazelle est découpé en mille morceaux, il n’en reste rien. Pourquoi n’ont-ils pas vu, ressenti toute cette passion, ce déferlement d’émotions ? Vulgaire oui, et alors ? Je viens au cinéma pour être choqué, attendri, ému, pour rire et me faire peur. Il y a tout et beaucoup trop dans ce film, et je vais mettre du temps à me remettre de ce maudit podcast. Heureusement, pour finir sur une bonne note, Eric Neuhoff, l’un des critiques, absent ce soir-là, sauve le film. C’est déjà ça…
Cher Masque,
Babylon n’est sûrement pas un film parfait mais je suis surprise qu’aucun critique n’ait trouvé un point positif au film (hors la scène défendue par Pierre Murat parce qu’elle ne reflète pas le reste du film).
On en prend plein les yeux et les oreilles ! C’est mal filmé d’après les critiques mais la scène sur les plateaux de tournage est superbe (par exemple). La vulgarité passe car on est au cinéma au premier et au second degré. On rit (il y a un côté burlesque assumé), on est emporté par l’énergie du film et on accepte les détours inattendus. Un très bon moment de cinéma (en salle), le meilleur pour moi depuis l’Innocent. Merci pour tes émissions que j’écoute toujours avec autant de plaisir depuis plus de 40 ans.