​​​​​​​Dans l’Expresso de ce vendredi 10 février 2023 :

Le séisme en Turquie et Syrie
« En toute subjectivité » de Guillaume Roquette : « Une manifestation contre l’interdiction des néonicotinoïdes pour les betteraves »
« En toute subjectivité » d’Hugo Clément : « Oui, les néonicotinoïdes tuent les abeilles »
La réforme des retraites : Avis sur la réforme
La réforme des retraites : La pluralité des points de vue sur les antennes
La réforme des retraites : La grève du mardi 7 février
La réforme des retraites : La programmation musicale des antennes
La réforme des retraites : « Comment améliorer son bien-être et sa santé au travail ? »
Le harcèlement scolaire
La critique du film « Babylon » dans Le Masque et la plume
La prononciation de NUPES
Langue française

« En toute subjectivité »  

La saison dernière, l’ouverture à la diversité d’opinions s’est concrétisée dans la matinale de France Inter avec le rendez-vous « En toute subjectivité ». Cette chronique donne la parole chaque jour et à tour de rôle à des journalistes, Dov Alfon de Libération, Guillaume Roquette du Figaro Magazine, Anne Rosencher de l’Express et des profils plus militants comme Hugo Clément sur l’environnement et Anne-Cécile Mailfert sur les droits des femmes.    
Sur le principe de la diversité des opinions, les auditeurs s’expriment plutôt favorablement:  
« J’aime bien votre série « En toute subjectivité » : diverse et colorée… A l’écoute de personnalités engagées et souvent passionnantes. (…) Certes ces chroniques sont faites pour montrer que le paysage médiatique est varié. Soit ! J’ai plutôt une sensibilité de gauche et je suis souvent en désaccord avec les propos les plus droitiers. Normal ! Mais… » 

Et le « mais » ici est de taille, comme dans tous les courriels reçus mardi après la chronique de Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, consacrée aux néonicotinoïdes. Une chronique au cours de laquelle les auditeurs de France Inter ont pu entendre les propos suivants :  

« Les betteraves sont toujours récoltées avant d’être en fleur (c’est la raison pour laquelle il n’existe pas de miel de betterave), mais la France puis l’Europe ont décidé, sous la pression des Verts, d’interdire complètement ce pesticide, qui était utilisé depuis trente ans. Le résultat pourrait s’avérer catastrophique pour la filière » 
« Il est à mon sens irresponsable de construire une politique publique avec pour seule préoccupation la santé des abeilles, d’autant qu’il existe de nombreuses causes à leur surmortalité. » 
« On a agi sous le coup de l’émotion et de la peur, sans aucune étude d’impact sur les conséquences d’une interdiction brutale et absolue des pesticides. »  

« Mais » objectent des auditeurs :  

« Mais ne touchez-vous pas, avec la chronique de ce mardi, les limites de cet exercice « En toute subjectivité » ? » 

« Mais affirmer de telles contre-vérités sur la non-toxicité des néonicotinoïdes, via la première radio de France, là ça va trop loin. »  

Mardi matin, des fidèles de la matinale disent « être tombé à la renverse », « avoir avalé leur café de travers », « être tombé de leur chaise », à l’écoute de leur chaîne préférée, loin de l’habituelle sérénité du petit-déjeuner en tête à tête avec leur 7/9h30. Ils ont été très nombreux à écrire pour témoigner de leur indignation et partager leurs connaissances sur le sujet : 

« Que se passe-t-il à France Inter ? Oui on peut avoir des chroniqueurs de droite mais là c’est la goutte d’eau : une chronique mensongère ! Oui les néonicotinoïdes sont dangereux même s’ils ne sont pas pulvérisés au moment de la floraison des betteraves. Oui ils tuent les abeilles indirectement avec leurs molécules rémanentes, oui ils tuent de nombreux insectes, empoisonnent les eaux et les terres et ont des conséquences catastrophiques qui se répercutent sur d’autres cultures butinées par les abeilles ! Et s’il n’y a plus d’abeilles, il n’y a plus de fruits et légumes ! Même les enfants savent cela. » 

« Ce sont les scientifiques qui ont alerté depuis 20 ans de la chute dramatique de la biodiversité en Europe et en ont recherché les causes. Les néonicotinoïdes qui enrobent les graines de betterave polluent gravement les sols, les plantes, la pédofaune et de nombreuses études scientifiques (et non pas politiques) confirment les dégâts qu’ils causent. » 

« J’ai été scandalisée par la chronique du directeur du Figaro magazine ce matin, qui a défendu fortement l’utilisation des néonicotinoïdes sans connaître vraiment leur impact sur les abeilles ! Si les betteraves sont effectivement récoltées avant la floraison, le produit toxique se répand en amont dans la sève et les feuilles, et les abeilles récupèrent la sève quand il y a exsudation.  J’espère que dans sa chronique « environnement  » Hugo Clément pourra rétablir la vérité pour défendre la biodiversité ». 

Mercredi, Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission « Sur le front » sur France 5, s’est emparé du sujet y apportant la caution scientifique attendue par les auditeurs : 

« J’ai interrogé des chercheurs qui font référence sur ce sujet : le biologiste Vincent Bretagnolle, le chimiste toxicologue Jean-Marc Bonmatin et l’écologue Philippe Grandcolas, qui travaillent tous les trois au CNRS et ils en sont tombés de leur chaise. Car il y a, disent-ils, un consensus scientifique absolu sur l’extrême toxicité des néonicotinoïdes. Ils sont dévastateurs pour les abeilles et pour les insectes en général. Ils sont même l’une des causes majeures du déclin de ces animaux. » 

Une chronique plébiscitée par les auditeurs :  

« Pouvez-vous transmettre mes remerciements à Hugo Clément pour sa chronique de ce jour ? Grâce à sa réponse étayée à la chronique de mardi ma journée commence bien. Bravo à France Inter qui permet un débat respectueux. L’exposition des idées de M. Roquette à l’antenne puis celle de M. Clément permet à chacun de choisir entre les arguments. »  

« Un grand merci à Hugo Clément qui, ce matin, 8 janvier, a remis les pendules à l’heure concernant le pitoyable plaidoyer de défense des néonicotinoïdes d’hier matin. Merci Hugo d’avoir parlé avec d’autres arguments, plus scientifiques et plus documentés, de ce fléau que représente ce produit pour nos abeilles et également pour l’ensemble de la nature environnante, plantes, eau, etc.… pour la vie en général. Hier j’ai coupé ma radio en entendant ce ramassis de mauvaise foi, ce mauvais moment de radio, pourquoi avoir permis à ce « journaliste » de faire un tel article et de dire de tels mensonges. Merci d’avoir rétabli la vérité. » 

« Merci à Hugo Clément d’avoir rétabli la vérité sur le danger des pesticides néonicotinoïdes. Cela fait du bien car hier matin j’ai été surpris par la chronique qui défendait ces pesticides. Merci beaucoup. »  

Dans  un article publié sur le site de France Inter, le journaliste Victor Vasseur revient, sans parti-pris et de manière factuelle, sur l’interdiction de plusieurs insecticides dont les néonicotinoïdes en France, qui a entrainé le défilé de centaines de tracteurs, mercredi, dans Paris.  

La réforme des retraites  

Les auditeurs continuent à s’exprimer massivement sur le traitement éditorial de cette actualité, estimant que seuls les avis opposés à cette réforme sont donnés à entendre sur les antennes. D’autres partagent avec nous leur inquiétude ou leur souhait de voir passer cette réforme. Leurs nombreux messages sont à retrouver dans différentes rubriques thématisées. 

« Babylon » de Damien Chazelle   

Faut-il aller voir ce film qui se déroule dans le Hollywood décadent et dépravé de la fin des années 1920, avec Brad Pitt, alias Jack Conrad, en star sur le déclin, Margot Robbie en starlette très douée et Diego Calva, jeune Mexicain qui commence sa carrière dans l’industrie cinématographique au moment où elle passe du muet au sonore ?  

Les critiques du Masque et la plume n’ont pas apprécié le film, c’est leur droit le plus strict, mais leurs points de vue ont suscité un flot de reproches des auditeurs, nombreux à écrire pour défendre le film. 

« J’ai été très déçu du sort que vous avez réservé au film Babylon de Damien Chazelle. Au-delà de ses qualités en termes de réalisation, d’interprétation (même si je vous l’accorde, le film est moins dynamique dans sa dernière partie), comment vos invités ont-ils pu passer à côté de l’hommage rendu par le réalisateur au cinéma ainsi que sa mise en garde concernant ses dérives actuelles et sa disparition annoncée. » 

« J’ai regretté la critique unanimement négative contre Babylon. Le film peut avoir des faiblesses mais certainement pas sa durée largement justifiée pour une telle épopée. Il montre des éléments intéressants et surprenants qui n’ont pas été relevés. Par exemple, la présence d’une femme réalisatrice discrètement remplacée par un homme avec l’arrivée du parlant. » 

« Votre critique est violente car elle vient de cinéphiles qui ont des références que les moins de 50 ans ne connaissent que s’ils ont couru les cinémathèques. Les mêmes viendront nous expliquer que Pasolini n’était pas vulgaire et que Babylon l’est.  
 D’accord, c’est un cinéma de l’excès, de la décadence, même parfois de la facilité voire du plagiat, mais… mais c’est également jouissif de transgression, et le cinéma d’aujourd’hui est tellement bien plié en quatre dans le tiroir de la bienséance que Babylon c’est bien et bon. Les acteurs sont exceptionnels. » 

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Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
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