Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, était l’invité du Grand entretien de France Inter ce jeudi 2 décembre. Réactions d’auditeurs :
Je m’étonne qu’aucun de nos ministres n’ait jamais envisagé la question de l’affectation des professeurs comme pouvant être un frein considérable dans le recrutement. Comment peut-on penser que la perspective d’être affecté à l’autre bout de la France, souvent en zone défavorisée, n’entre pas en ligne de compte ? Lorsque j’ai passé le concours, j’avais 20 ans et je pouvais envisager de partir loin de mon domicile familial. Vous ne pouvez plus aujourd’hui, affecter un professeur de 28 ou 30 ans loin de chez lui sans prendre en compte sa vie personnelle et familiale… à moins d’envisager sans sourciller que le conjoint, pour le suivre, devra lui-même démissionner de son travail et faire déménager toute la petite famille ! J’ai, dans mon entourage très proche, déjà deux jeunes professeurs qui ont démissionné, car ils ne pouvaient imaginer quitter leur famille installée en région. (et je ne parle pas de l’impact financier de ces affectations… un 2ème loyer… coût des transports etc..).
Ne faudrait-il pas revoir complètement les formations des professeurs avec une école directement post-bac, avec des cours de pédagogie… et surtout beaucoup de stages, de mise en situation…. et bien sûr des heures dans la spécialité choisie ?
Comment se fait-il que les salaires des professeurs des écoles ne soient pas à la hauteur des enseignants de collège alors qu’ils ont le même niveau d’étude (Bac+5) et que leurs journées sont autrement chargées de tâches supplémentaires par rapport à leurs homologues tels que la surveillance des temps de récréation, l’accueil et la gestion des parents le matin et le soir, un nombre d’heures devant les élèves supérieures, l’accueil, l’accompagnement et le suivi des apprentissages d’enfants en grande difficulté et ne bénéficiant pas encore d’aide (AESH),…
La réforme de l’inspection est catastrophique. Les fameux rendez-vous de carrière ne prennent pas en compte de l’originalité de chaque personne. Mon inspectrice avait des cases à cocher et très peu de caractères pour décrire la séance. Et je me suis trouvée dans une situation ridicule avec une inspectrice me disant : “Tout ce que vous me dîtes, cela ne rentre pas dans les cases.”.
L’éducation souffre cruellement d’un manque de moyens matériels et surtout humains. Maternelles à plus de 25 élèves, collège à plus de 30, lycée à près de 40… je trouve inadmissible d’entendre une augmentation de budget énorme en faveur de l’armée et en même temps des suppressions de poste, une précarisation de l’école. Je veux que mes gosses aient une bonne école et pas une bonne armée !
Alors qu’il faudrait réduire les effectifs des classes, on ferme des écoles et des collèges, surtout en milieu rural à cause de la dénatalité. Au lieu de proposer 1h en plus de maths ou de français en 6ème, il faut des classes à 20 élèves maxi !!! Et les profs pourront peut-être tenir alors jusqu’à 64 ans.
Et que fait-on des emplois précaires de l’éducation nationale ????? Je suis contractuelle à durée indéterminé (anciennement maître auxiliaire) depuis plus de 20 ans en EPS. Je gagne 1600€ par mois. Je ne parle pas des années nommée à 1h de route de mon domicile. J’ai 54 ans et je vais devoir travailler jusqu’à 67 ans… Mon corps est déjà en train de montrer des signes de fatigue, comment je vais être à 65 ans face à des 6èmes en EPS ????
Quid de la souffrance des enseignants de maternelle et primaire ? Comment voulez-vous que nous fassions du cas par cas avec des classes à plus de 25 élèves ? Il ne faut pas s’étonner du mauvais niveau des élèves en 6ème !!! Je suis brigade, je me retrouve dans des classes de maternelles avec 29 élèves, dont des élèves en inclusion… Quand nous alertons notre hiérarchie, rien n’est fait ! Comment enseigner quand des élèves à trouble autistiques ou du comportement crient, frappent, sont en souffrance dans la classe ? Les aesh ne sont pas suffisamment formées… La situation sur le terrain est effectivement complètement délabrée !