Retour sur le traitement éditorial de l’épidémie du coronavirus sur franceinfo : Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction, répond aux questions d’Emmanuelle Daviet.
Une épidémie d’envergure internationale
Un auditeur écrit : « La grippe « ordinaire » touche 2 à 6 millions de personnes par an en France et peut tuer environ 10 000 personnes chaque année toujours en France. L’épidémie de SRAS de 2002-2003 a fait 774 morts dans le monde. » Pourquoi une telle peur et une telle médiatisation de ce type d’épidémie ?
Jean-Philippe Baille : C’est vrai que la grippe « ordinaire » – comme le dit cet auditeur – fait plus de morts que le coronavirus. Mais si Franceinfo a décidé d’accorder autant d’importance à cette nouvelle épidémie, c’est parce qu’elle est extraordinaire, ou si vous préférez, pour être plus juste, qu’elle sort de l’ordinaire. C’est une situation sans précédent : rappelons que l’OMS a déclaré l’urgence internationale, que des villes entières ont été coupées du monde, et que des liaisons aériennes ont été suspendues. Pour éviter la psychose, nous avons d’ailleurs souligné, comme vous l’avez rappelé, que la grippe fait plus de victimes aujourd’hui en France.
Le tourisme chinois
On poursuit avec cette autre remarque d’un auditeur : « Je trouve très choquante la façon dont la crise sanitaire actuelle en Chine est traitée […] beaucoup de commentaires chiffrés sur ce que chaque touriste chinois qui ne viendra pas ne donnera pas aux commerçants français. « Ils » dépensent beaucoup, etc., avec détail, montants en euros des pertes pour nos commerçants… » Les chinois qui décèdent du coronavirus ne sont-ils que des sources de profits touristiques qui disparaissent ?
Jean-Philippe Baille : Je suis un peu gêné, comme cet auditeur de cette réduction. Bien qu’il ne faille pas non plus omettre l’aspect économique. Si nous avons employé une formule réductrice, nous ne pouvons que le regretter.
La réforme des retraites éclipsée ?
Quant à cet auditeur, il reproche à l’épidémie du coronavirus d’éclipser le mouvement sociale contre la réforme des retraites : « Rien de tel qu’un coronavirus pour faire oublier le plus grand démantèlement de notre système de protection sociale. […] Pour étouffer une contestation justifiée, vous hiérarchisez les infos à votre façon. » Que répondre à cette critique ?
Jean-Philippe Baille : Permettez-moi de ne pas comprendre. Nous avons couvert ce mouvement social : nous avons donné les tenants et les aboutissants de cette réforme. Les reporters de franceinfo continuent de couvrir la réforme et ont d’ailleurs largement couvert, sur le terrain, le mouvement social.