Florian Delorme, Délégué aux programmes de France Culture est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs souhaiteraient savoir quelles sont vos propositions éditoriales pour la couverture des élections européennes ?

Florian Delorme : Alors Emmanuelle, dans la perspective des élections européennes du mois de juin, France Culture a lancé dès le mois de janvier une proposition éditoriale assez large, à la fois dans le temps mais aussi dans la diversité des rendez-vous des magazines qui sont diffusés à l’antenne. En fait, on a, pour tout vous dire, identifié, assez vite senti, considéré que cette élection était probablement pas exactement comme les précédentes. Je rappelle que traditionnellement, le scrutin pour les européennes, c’est pas quelque chose qui paraît très très important pour les citoyens français. En tout cas, les niveaux de participation sont souvent assez bas. Là, cette fois ci, c’est très différent. Et d’ailleurs les intentions, les sondages d’opinion montrent cet intérêt inédit pour cette élection. Et par ailleurs, on sent bien toutes et tous que les enjeux de ce scrutin, ils pouvaient nous sembler peut être assez éloignés hier. Aujourd’hui, on voit très bien que c’est de tout premier plan. On voit évidemment avec la question de l’invasion de la Russie en Ukraine qui polarise le paysage national comme jamais, on l’a vu par exemple au moment de la crise agricole où là aussi, on a senti qu’en réalité tout cela dépassait assez largement nos propres frontières et que tout cela s’inscrivait aussi dans un bouleversement géopolitique majeur. Je passe évidemment la question de l’environnement, qui est trop souvent oubliée, mais qui une fois encore, se joue au niveau de l’Union Européenne. Et donc c’est pour toutes ces raisons qu’on s’est dit qu’il fallait construire une offre éditoriale vaste et qu’on a commencé, j’allais dire très tôt. Je vais vous donner quand même quelques émissions, quelques rendez-vous type. On est là dans « Le temps du débat ». « Les termes du débat » du vendredi avec Emmanuel Laurentin, le vendredi, deviennent « Les termes du débat européen ». Emmanuel Laurentin, qui est avec nous ce soir, y décrypte les enjeux européens dans un contexte national donné. La semaine dernière, c’était la Suède avec l’OTAN. Je crois que demain, ce sera la Slovaquie avec le terme État de droit. Je peux citer également la matinale qui est évidemment un rendez-vous très important. Guillaume Erner invite quelques grandes figures de la vie culturelle et intellectuelle de quelques pays de l’Union européenne. On a commencé du côté de Madrid avec Javier Cercas et Rosa Montero, on avait poursuivi du côté de Rome avec cette grande figure que vous connaissez sûrement, qui est Antonio Scurati, un des plus éminents spécialistes du fascisme, qui avait fait paraître ce troisième tome de sa série M, qui était paru aux éditions des Arènes, qui est un immense succès en Italie. On va poursuivre le tour des capitales européennes. On sera bientôt du côté de Vilnius, à Berlin, à Bruxelles, Il y a évidemment tout ce qui est fait du côté de la rédaction, avec des envoyés spéciaux sur place, avec des reportages, des éclairages. Je passe aussi sur « le Cours de l’histoire », qui est un rendez vous extrêmement important où là Xavier Mauduit revient sur quelques figures tutélaires de la construction de l’Union européenne, des « Cultures monde », j’en passe et des meilleures. Rendez vous sur la page de France Culture pour tout savoir.

Emmanuelle Daviet : Alors, si l’on en juge les courriels reçus par vos auditeurs, ils ont en effet une très forte appétence pour toutes ces questions et ils voudraient également savoir les critères qui sont pris en compte pour décider qui est invité à s’exprimer sur France Culture en tant que représentant politique.

Florian Delorme : Évidemment, cette question, c’est une question qui revient souvent. D’ailleurs, on avait eu l’occasion ensemble de l’évoquer il y a quelques mois. Quand on s’intéresse à la question des critères de légitimité des personnes qui interviennent sur notre antenne, elle est évidemment très différente lorsqu’on parle de représentants politiques. De fait, pour eux, la légitimité, elle, ne relève pas de leur connaissance ou de leur expertise sur tel ou tel sujet, mais du processus électif lui-même. Évidemment, dès lors que les citoyens français ont fait de ces personnes des représentants par le truchement de processus électifs, alors la parole, cette parole là a vocation évidemment à être recueillie sur notre antenne et proposée aux auditeurs. Et puis ensuite, vous le savez très bien, lorsque ce sont des paroles politiques, elles sont conditionnées. En tout cas, les modalités d’intervention sont conditionnées par des règles très précises que définit l’ARCOM, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle numérique que vous connaissez.

Emmanuelle Daviet : Alors justement, Florian Delorme, comment France Culture gère les temps de parole des personnalités politiques afin de garantir une couverture équilibrée des différents partis ?

Florian Delorme : Voilà, donc là on rentre dans la complexité. Vous savez que France Culture, comme toutes les antennes de radio, est soumise aux règles édictées par l’ARCOM, comme en l’occurrence concernant les élections européennes, la campagne commence le 15 avril. Le principe, c’est l’accès équitable à l’antenne. En clair, ça veut dire qu’on doit entendre tout le monde une fois qu’on a dit ça. Ce principe d’équité, il doit s’apprécier au regard de la représentativité des partis des différents candidats. Cette représentativité, c’est là que ça se complique. Elle prend en compte les résultats des dernières élections européennes, les résultats des dernières élections nationales, les sondages, la contribution des candidats au débat électoral, à plein de choses. Et puis par ailleurs, pendant la campagne, j’ajoute à ça le fait que le principe du pluralisme qui fonctionne tout le temps, continue de s’appliquer. Donc en gros, en résumé, on a deux compteurs, on a un candidat qui est sur une des listes qui sera comptabilisé dans le compteur équité de la campagne. On a un politique qui est non candidat, il sera comptabilisé dans le compteur équité quand il parlera des européennes et dans le compteur pluralisme quand il parlera d’autre chose.

Emmanuelle Daviet : J’invite les auditeurs qui veulent avoir toutes ces nuances et tous ces détails à se rendre sur le site de la médiatrice, puisqu’on publie à ce sujet un article très explicatif.

Florian Delorme : Et puis je rajoute un point, Emmanuelle, c’est que l’ARCOM nous attend donc sur ces deux compteurs, ce qui rend la chose extrêmement compliquée, mais que, en plus, la campagne commence le 15 avril, mais qui en réalité, les listes pour les européennes sont clôturées le 17 mai, donc après le début de la campagne. Vous voyez un peu la complexité de la chose.

Emmanuelle Daviet : On termine avec cette question d’une auditrice. Avez-vous des comptes à rendre concernant les temps de parole ? Et si oui, à qui ?

Florian Delorme : Évidemment, bien sûr qu’on a des comptes à rendre chaque mois à l’ARCOM. Régulièrement, l’ARCOM nous signifie en retour l’analyse qu’elle fait des temps de parole sur notre antenne. Par exemple, il y a quelques jours, on a eu un courriel de l’ARCOM qui nous signifiait que la station avait accordé un meilleur accès aux blocs de l’exécutif à la France Insoumise et au Rassemblement national par rapport au dernier pointage indiquant qu’il fallait que certaines forces soient un peu plus représentées. Voilà. Donc pour résumer, je dirais que c’est évidemment extrêmement compliqué d’être au point près au niveau demandé par l’ARCOM, mais on fait énormément d’efforts pour l’atteindre au maximum. Et les auditeurs doivent évidemment avoir en tête que pour nous, c’est une préoccupation du quotidien.