Sandrine Treiner, la directrice de France Culture est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.
On commence avec le thème de la transition écologique et sa place sur l’antenne. Je vous lis le message d’un auditeur : « Je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas encore programmé au moins une émission d’une heure quotidienne voire deux, plus d’autres initiatives sur le virage à opérer pour une transition sociale et écologique ? La société est en partie dans le déni puisqu’elle veut continuer dans un système qui ne peut pas marcher, alors que c’est votre travail d’informer tous les jours de l’urgence à changer nos comportements pour une vie viable pour tous. Pourquoi ce silence à France Culture ? »
Que vous inspire cette remarque ?
Sandrine Treiner : Mais quel silence ? Quel silence ? De quoi parle-t-on ? Je ne sais pas. Il y a deux matins, par exemple, au lendemain du dernier rapport du GIEC, compliqué à lire, 1300 pages, il y avait une matinale qui, me semble t-il, regroupait des gens de la nouvelle génération, précisément très engagés sur le terrain de l’engagement pour le climat avec un des chercheurs du GIEC et on en parlait. Je crois que tous les mardis soir, il y a une émission qui y est consacrée. Je crois que les journaux consacrent beaucoup de temps à parler de ces sujets là. Il y a une chronique particulière de la rédaction lundi matin « Demain l’écho », j’en profite pour renvoyer notre auditrice. Et en fait, c’est un sujet transversal et c’est un sujet qui touche toutes les transformations de notre société à l’œuvre et d’ailleurs, c’est ce que fait aussi Quentin Lafay avec la chronique « et maintenant », qui a repris ce que faisait Hervé Gardette. Je suis troublée parce que je pense que c’est un sujet permanent. Mais cela dit, nous ne sommes pas d’abord orientés, mais je pense que ça a à voir avec qui nous sommes, et ce que l’auditeur attend de nous. Nous ne sommes pas d’abord orientés dans la promesse de solutions. Nous essayons de prendre du recul, ce qui ne veut pas dire prendre de la distance avec les sujets, mais d’essayer de les faire comprendre, de les faire intégrer. Je ne crois pas que simplement en criant urgence, urgence, on fait bouger quoi que ce soit, en réalité je crois plus à une à lame de fond de la connaissance et de l’information.
Emmanuelle Daviet : Nous recevons depuis plusieurs semaines des courriers d’auditeurs qui s’interrogent sur l’émission Répliques. Voici un message qui résume bien la teneur de l’ensemble de ce que nous recevons depuis plusieurs mois : « Depuis plusieurs mois il n’y a que des rediffusions. Comment le comprendre ? Est-ce le fait d’Alain Finkielkraut ou la chaîne met-elle fin, progressivement, à l’émission ? » Quelle réponse pouvez-vous apporter aux auditeurs ?
Sandrine Treiner : D’abord, je vais vous demander Emmanuelle de bien vouloir remettre sur votre site le petit message qui a figuré longtemps, ainsi que sur la page Répliques de l’émission, je peux le dire puisqu’il l’accepte désormais.
Emmanuelle Daviet : C’est nécessaire de le répéter.
Sandrine Treiner : Alain Finkielkraut a été effectivement souffrant. Il n’a pas été en capacité de faire de la radio, de se déplacer, de venir ici en studio. Aussi je lui ai proposé pas plus tard qu’il y a une quinzaine de jours, d’essayer de refaire son émission, que nous allons enregistrer chez lui pour lui éviter le déplacement et qu’il puisse retrouver le débat public et ses auditeurs, et donc dès samedi matin. Samedi matin, Répliques sera à l’antenne. Je ne peux pas dire si ce sera toutes les semaines ou pas. Ça va dépendre de lui, mais nous n’avons pas cette inélégance. Nous n’éteignons rien et nous faisons au mieux. Et cela dit, je me réjouis pour nous et pour lui de voir la fidélité des auditeurs de Répliques qui comprennent que c’est un instrument du débat public. Qu’on soit d’accord ou pas.
Emmanuelle Daviet : On termine avec les anglicismes. Je partage avec vous deux messages
« Nous sommes nombreux et de plus en plus à écouter France Culture avec plaisir… Mais pourquoi des chroniqueurs ou journalistes se laissent aller aux facilités du franglais ? C’est bien dommage ! Et cela contrevient à la Loi Toubon qui interdit aux entreprises du service public d’utiliser des mots étrangers.«
et puis cet autre message « J’en ai assez (et je ne suis pas seul) des mots anglais qu’utilisent les journalistes de France Culture sans retenue aucune, à longueur d’expressions. S’il vous plaît exprimez-vous dans une langue qui est la nôtre et arrêtez de jargonner. »
Sandrine Treiner peut-on modérer l’usage des anglicismes ? Est ce qu’il y a des consignes particulières sur ce sujet sensible pour les auditeurs ?
Sandrine Treiner : Je vais faire attention à chaque mot que je prononce sinon on va dire que je fais de la dénégation. Non, je ne crois pas que nos journalistes parlent en franglais de manière permanente et jargonnent en tout cas, c’est pas ça que j’entends, et sans doute pas l’auditeur qui nous écrit et qui nous écoute de plus en plus, avec plaisir. Non, on essaie de ne pas jargonner. Ensuite, on rentrerait dans des discussions absolument sans fin. Il y a des termes, effectivement, qui sont employés en anglais parce qu’ils sont compris en anglais. Et de temps en temps, ça peut arriver. Ça ne me paraît pas être une question si grave, mais néanmoins, nous ne nous appelons pas France Culture pour rien. Il faut faire attention à la manière dont nous nous exprimons, dont nous manions la langue française, c’est évidemment une question de tous les instants et à ça, nous veillons.