J’apprends que vous allez feuilletonner les procès des attentats du 13 novembre chaque jour pendant 9 mois !
Outre le fait que vous prolongez et servez le but des terroristes qui est fondamentalement un but médiatique, après deux ans de COVID et de décompte des morts, vous maintenez la pression de la peur.
Nous avons besoin de respirer et cela sans trahir la mémoire de personne, ni être dans le déni de faits sur lesquels nous sommes largement informés depuis des années.
Il est certes utile et nécessaire de faire des émissions de synthèse et d’information sur ces faits terroristes. Il y aura le temps pour cela.
Mais l’idée de suivre quotidiennement le procès est bien une idée de journaliste TV radio, c’est à dire avant tout un goût du spectacle.
Vous ne rendez ainsi service ni aux victimes, ni aux Français dans leur ensemble (même si c’est l’alibi que vous donnez). On sent chez vous une sorte de jubilation du drame, bien épais, bien solide qui va faire de l’usage.
Pendant les mois à venir je vais écouter FIP le matin et je pense que je ne serai pas pour autant un citoyen moins conscient des enjeux de l’époque.
Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, vous répond :
Chères auditrices, Chers auditeurs,
Vous nous posez la question de la nécessité de parler du procès des attentats du 13 novembre 2015, et surtout d’être présent aux audiences, puisque c’est notre choix, sur la durée du procès, donc pendant 9 mois.
Ce choix s’inscrit dans ce que nous estimons être à la fois notre métier de journaliste et notre statut de media de service public.
Ce procès est à part entière un morceau de notre histoire, histoires personnelles et histoire collective. C’est l’histoire immédiate, qui s’appuie sur des témoignages, une enquête, et maintenant l’analyse du dossier par la justice française. Nous n’en référerons pas tous les jours à l’antenne, mais les 2 journalistes de France Inter, Sophie Parmentier et Charlotte Piret qui suivront ce procès auront et prendront le temps d’écouter, de comprendre, d’éviter l’aspect très binaire, parfois, de comptes-rendus qui ne reposent pas sur une parfaite connaissance des faits et des acteurs. Nous pensons que ces attentats qui ont coûté la vie à 130 personnes et fait des dizaines de blessés, ces attentats qui ont meurtri tout un pays, nécessite un tel engagement.
Bien cordialement,
Catherine Nayl
L’enjeu du procès des événements du 13 novembre pose la question du traitement de l’information.
Maintenir une information permanente jusqu’au terme du procès comme cela a été annoncé engage des conséquences multiples.
La première est la caisse de résonance offerte aux islamistes. La conséquence qui en découle est l’alimentation dans l’arène politique du climat sécuritaire dont nous savons à qui il profite. (en période électorale bonjour les dégâts !)
De façon générale le traitement de l’information sous toutes ses formes recherche l’audience en privilégiant l’émotion au travers les faits sociétaux (féminicide, meurtre et autres).
A quand une information structurée : nationale, internationale, société et sports.
Le journalisme par le traitement et la structuration des sujets participe à la vie sociale et au climat d’insécurité quand il est traité en priorité.
Les chaînes d’infos permanentes contribuent à cette recherche de l’audimat.
On peut attendre de l’audiovisuel public une information organisée et émancipée de l’émotion.
A quand donc le journalisme placera l’info à sa juste place ?
Je ne me fais aucune illusion sur le sujet mais cela pose la responsabilité de la diffusion de l’information et de ses conséquences sociales, mais cela vous le savez.
Je me permets de vous écrire pour la seconde fois en trois ans et toujours au même sujet : la diffusion lors d’une heure de grande écoute d’une fusillade. Lors de l’émission du 7/9 (de vendredi 3 septembre il me semble), durant un reportage sur le Bataclan, il y a eu la diffusion d’un son de fusillade avec des personnes criant et suppliant pour leur vie. Je ne comprends pas la diffusion d’un tel son à une heure de grande écoute. Il me semble que France Inter a établi sa notoriété sur son sérieux et sa diversité, pas sur les effets de buzz. En tant qu’adulte j’ai été choqué, que dire des jeunes écoutant ces sons ? Je pense que cela relève du voyeurisme malsain que l’on retrouve malheureusement sur des chaînes de soi-disant info en continue. Ce n’est pas ce que j’attends d’une radio publique d’une telle renommée. Il ne me semble pas que le traitement d’une information nécessite forcément la diffusion de sons de ce type.
Je voudrais vous faire part de mon trouble suite à l’écoute du 7/9 de vendredi 3 septembre. Après le journal de 7h00 et du 80 secondes a été diffusé un magnifique témoignage de trois survivants de l’effroyable attentat du bataclan. Je l’ai écouté avec beaucoup d’attention et, au final, d’émotion. Comment vous dire ma surprise, mon indignation presque, quand 20 minutes plus tard dans le journal de 7h30 nous était proposé un reportage sur un jeu, un faux braquage de la Monnaie de Paris avec force ambiance et témoignages ravis de participant et organisateur.
Ce reportage m’a fait froid dans le dos. Je pense qu’il n’aurait pas dû être diffusé à ce moment de la matinale. A ce moment où s’ouvre le procès des attentats du 13 novembre il aurait sans doute mieux valu qu’il ne le soit jamais. Le choix de la rédaction me paraît fort contestable. Ce type de jeu « qui n’est pas un escape game » méritait-il trois minutes de reportage à une heure de grande écoute. Question d’éthique, pour moi qui ne suis pas journaliste, cette question m’occupe encore l’esprit 48 heures après. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire.
C’est juste une remarque en passant : à propos du procès « Bataclan » ne pas occulter les différentes failles des politiques et différents services supposés protéger la population… La querelle des égos… les pesanteurs administratives… l’inconséquence (voire pire ?!) de certains politiques…Et ne pas tout ramener aux fusions décidées à l’époque de Sarkozy…l’explication serait un peu courte !
Votre journaliste vient de proposer deux documentaires sur les attentats. Deux, un Apple et un Netflix. Radio France est un service public et nous renvoie vers des sites payants. Je ne comprends pas.
Je viens de lire avec une grande émotion le récit de Gregory sur ce qu’il a vécu lors de l’attentat du Bataclan. Son courage, sa résilience après l’horreur indicible. Même si de loin je les ai vu sur un écran TV, j’ai lu chaque mot avec toujours le même ressenti, le choc de ce qu’on voyait tous ce jeune qu’on imaginait comme nos enfants. Merci de nous l’avoir fait partager pour que jamais on oublie. Mais peut-on oublier les Twin Tower de New York, Le Bataclan et les terrasses de Paris et Nice ?
Merci de couvrir ce procès si spécial pour nous tous, aussi long soit-il. Libre à ceux qui ne souhaitent pas le suivre de décocher la thématique de leur live… Même une dame de mon âge sait le faire. Bravo pour votre travail.
A propos du procès des attentats du 13 novembre 2015, il est intéressant de mettre en regard les déclarations d’Abdeslam, le principal accusé « Il n’y a pas de divinité autre qu’Allah et Mohamed est son messager » et, pour ceux qui n’auraient pas encore compris ce qui avait inspiré ces attentats et motivé la sauvagerie des terroristes « J’ai abandonné ma profession pour devenir un combattant islamique » Et l’analyse d’un magistrat à votre micro, qui s’empresse de démentir à l’avance ces évidences en prédisant « le procès va dépouiller de ses ORIPEAUX IDEOLOGIQUES l’attentat en le réduisant à un acte criminel », c’est à dire, en gommant le fait qu’il s’agit d’un acte de guerre d’une civilisation contre une autre. Bref, une fois encore, cachez cet islam que je ne saurais voir.
Je suis très étonné que votre radio fasse intervenir dès le premier jour les avocats des accusés. Les parents des victimes seront heureux de voir que votre radio organise avec son émission une tribune pour ces accusés.
Cette émission se montre une fois de plus à la recherche du bruit médiatique, du micro-trottoir et décevante sur le fond. Laissons la justice faire son travail !
Je suis souvent choquée par des paroles de votre journaliste, ce soir encore une fois qualifiant en conclusion de « passionnant » ce procès. Passionnant pour les médias bien sûr, cela mériterait des excuses à l’antenne.