- La colère du monde agricole :
–La FNSEA, et les autres ?
-Les revenus des agriculteurs
–Avis divers - L’augmentation des actes antisémites
- La baisse de la natalité
- Gabriel Attal versus Jordan Bardella
- Le débat entre Natacha Polony et Najat Vallaud-Belkacem sur France Inter
- Le billet de Sophia Aram sur France Inter
- Very Good Trip sur France Inter
- Le podcast de Clémentine Vergnaud de Franceinfo
- La prononciation du mot « ode »
- Langue française
La mobilisation des agriculteurs
Chaque jour, depuis une semaine, le service de la médiation de Radio France reçoit un courrier abondant sur le traitement éditorial de la mobilisation du monde agricole.
La montée de cette colère est suivie avec un vif intérêt par nos auditeurs et tout particulièrement par les premiers concernés : les agriculteurs, très nombreux à nous écrire.
Ils appellent à une couverture médiatique plus équilibrée et à un traitement plus approfondi de la situation agricole en France, avec des choix éditoriaux explicitant les défis auxquels ils font face et les différentes facettes de leur profession.
Une critique revient fréquemment dans leurs messages : les auditeurs agriculteurs regrettent que les rédactions ne mettent pas en avant la diversité des opinions au sein de leur secteur et souhaiteraient plus de nuances au sujet des revendications.
En effet, ils s’étonnent de la prédominance de la FNSEA sur les antennes et regrettent que d’autres mouvements syndicaux agricoles, tels que la Confédération Paysanne, ne soient pas suffisamment représentés alors qu’ils valorisent des pratiques différentes, notamment en matière environnementale.
Ces auditeurs demandent une plus grande diversité d’analyses dans la couverture médiatique de cette mobilisation, afin de mieux refléter les complexités de la communauté agricole française.
Dans leurs messages, certains auditeurs agriculteurs disent ressentir un parti pris contre leur profession, voire une forme d’arrogance parisienne de la part des journalistes des antennes nationales. Ils appellent à plus de considération envers le monde rural et insistent sur son rôle vital dans la production alimentaire et sa place stratégique dans le paysage économique.
Des auditeurs soulèvent également cette question : comment les journalistes se préparent pour couvrir un sujet si dense et qui nécessite une approche experte, estimant qu’on ne peut pas s’improviser spécialiste agriculture du jour au lendemain, ils souhaitent connaître les méthodes de préparation des journalistes.
Demain, dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo, à 13h20 et 16h20, Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction, répondra aux questions des auditeurs sur le traitement éditorial de la mobilisation des agriculteurs.
Ajoutons que des auditeurs ont été particulièrement surpris par les chiffres annoncés sur les revenus des agriculteurs mardi dans la matinale de France Inter :
« Une fois payées ses charges sociales et remboursés ses emprunts, un agriculteur ou une agricultrice touche en moyenne 50 000 € par an. On est donc au-dessus de 4 000 € par mois, mais avec des disparités importantes (…) 25 % d’entre eux dépassent les 100 000 € annuels, 25 % sont sous la barre des 30 000 € et dans le bas du tableau, 2,5 % touchent le RSA en complément de revenus. »
Ils contestent ces chiffres, qu’ils jugent surestimés, en particulier lorsqu’il s’agit du revenu moyen des agriculteurs « au-dessus de 4 000 € par mois » après avoir payé les charges sociales et les emprunts. Certains auditeurs soulignent que la réalité des revenus agricoles est souvent bien différente. Ils évoquent le décalage entre le bénéfice comptable de l’exploitation agricole et ce qui reste réellement aux agriculteurs après les impôts et divers prélèvements. Des auditeurs souhaiteraient connaître la source de ces chiffres.
Marc Fauvelle, le directeur de l’information de France Inter a répondu à toutes ces questions dans le rendez-vous de la médiatrice ce vendredi dans le 13/14, à réécouter ici. La question des revenus des agriculteurs ayant suscité de nombreux messages des auditeurs de France Inter, la rédaction y consacre un article à lire ici.
L’augmentation des actes antisémites
De très nombreux auditeurs nous ont alerté sur des erreurs de chiffres entendues dans le Grand entretien hier matin sur France Inter. Il est annoncé, en citant la Une du Parisien, que « les actes antisémites ont augmenté de 1000% en France en 2023 par rapport à 2022. 1676 actes antisémites recensés par le Crif et le ministère de l’Intérieur en 2023 contre 436 en 2022. Autant d’actes antisémites ces trois derniers mois qu’au cours de ces trois dernières années”, et l’invité, le sénateur Bruno Retailleau affirme que “1000% c’est 20 fois plus”.
Des auditeurs ont noté ces erreurs, estimant qu’elles suscitaient des interrogations sur la crédibilité des chiffres donnés sur ce sujet très sensible.
Factuellement, il y a eu une multiplication par quatre des actes antisémites en une année, entre 2022 et 2023, et une hausse de 1000% sur les derniers mois depuis le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas.
Passer de 436 actes en 2022 à 1676 actes en 2023 représente une augmentation de 284%, ce qui équivaut à 3,8 fois plus.
Précisons qu’une augmentation de 1000% équivaut à une multiplication par 11, et non pas par 20 comme l’a dit l’invité.
Dans leurs messages, des auditeurs reprennent tous les calculs et soulignent l’importance de la rigueur dans le traitement des données chiffrées afin de ne pas affecter la compréhension de l’information par le public de la première matinale de France.
Gabriel Attal versus Jordan Bardella
Des auditeurs se disent particulièrement irrités de la manière dont les rédactions évoquent le « duel » entre Gabriel Attal et Jordan Bardella dans le contexte des élections européennes. Ils considèrent problématique que des journalistes ne prennent pas suffisamment de distance avec la stratégie de communication de ces deux personnalités politiques.
Des auditeurs considèrent que le parallèle constant entre les emplois du temps de Gabriel Attal et Jordan Bardella ne contribue pas à une couverture pertinente de l’information. En réduisant les élections à un choix binaire entre G. Attal et J. Bardella les journalistes cèderaient à la simplification du paysage politique et invisibiliseraient la gauche.
Le débat entre Natacha Polony et Najat Vallaud-Belkacem
Lorsqu’on participe à un débat, la plus exigeante et indispensable des politesses consiste à écouter l’argumentation de son interlocutrice avant de lui apporter la contradiction. Qui plus est en radio où l’attention et l’intérêt de l’auditeur passent impérativement par la qualité d’écoute offerte par l’échange. Ce principe radiophonique élémentaire a été quelque peu bousculé par Natacha Polony et Najat Vallaud-Belkacem lundi dernier dans « Le débat du 7/10 ». Si une grande partie de l’entretien a été de très bonne tenue, il s’avère que les dernières minutes ont été cacophoniques. Conséquence ? Des mails d’auditeurs particulièrement irrités, envoyés en nombre au service de la médiation.
Ils déplorent que les invitées se soient constamment interrompues et parlent en même temps, rendant le débat inaudible. Ils ont souligné que le non-respect mutuel des intervenantes et le manque de discipline dans leur échange étaient en contradiction avec l’un des sujets abordés, à savoir la discipline à l’école.
Le traitement éditorial de la baisse de la natalité en France
Le traitement éditorial de la natalité en France a continué de susciter des réactions chez les auditeurs cette semaine. Ils ont regretté que certains facteurs environnementaux, économiques ou sociétaux n’aient pas été suffisamment approfondis sur les antennes.
Avant tout, certains ont critiqué la manière dont le sujet a été abordé, considérant qu’il y avait réellement un biais dans la présentation, la baisse de la natalité étant d’emblée considérée comme un problème à résoudre, sans expliquer ni justifier cette perspective.
Ils ont été très nombreux à écrire que l’angoisse liée au changement climatique n’avait pas été suffisamment prise en compte dans les différentes interventions, débats, ou reportages sur la natalité, alors que cela constituait une préoccupation majeure pour de nombreux jeunes couples.
Plusieurs auditeurs ont soulevé la question de savoir si une baisse de la fertilité était réellement un problème compte tenu de la surpopulation mondiale, remettant profondément en question l’idée que la natalité devrait nécessairement augmenter. Les préoccupations financières des jeunes couples ont également été évoquées dans les messages, avec des auditeurs partageant leurs inquiétudes quant à la capacité à subvenir aux besoins de leurs enfants dans un contexte de hausse des coûts de la vie.
Le billet de Sophia Aram
Des auditeurs félicitent Sophia Aram pour son billet lundi dernier, intitulé “Mme Bovary est-elle une p*te?”, consacré à la difficulté de nommer, de voir, d’identifier l’obscurantisme religieux. Ils saluent sa pertinence, son courage et sa capacité à dénoncer des faits, parfois passés sous silence, au sein d’établissements scolaires.
Ces auditeurs estiment qu’on peut être de gauche sans être « atteint de cécité face à l’obscurantisme ». Ils apprécieraient que les politiques aient l’intelligence de faire la même analyse que Sophia Aram dans son billet :
« Franchement que l’on puisse aujourd’hui prendre Mme Bovary pour une pute ou que l’on refuse de se rendre au musée d’Orsay sous prétexte qu’on y voit des madames toutes nues nous dépasse totalement.
Mais depuis le temps qu’on le nie, qu’on l’évite et qu’on tourne autour, et au moment où les dérives d’un lycée catholique parisien sont, à juste titre, au cœur de toutes les attentions, il faut peut-être aussi regarder l’éléphant qui est au milieu de la pièce.
L’obscurantisme religieux est de retour et je ne vois pas pourquoi sous-prétexte qu’il serait propagé dans les quartiers populaires par un islam de plus en plus politique et de moins en moins modéré, ça devrait nous empêcher de le voir et de le combattre aussi.
Ces nouveaux bigots n’ont malheureusement rien à envier aux ligues de vertu et aux censeurs du 19ème siècle, parce qu’ils partagent le même rêve : expurger le monde de tous désirs, de toute envie et de tout ce qui fait la vie en dehors de la morale et du dogme religieux. Cette obsession de pureté est un obscurantisme totalitaire dont ces petits bigots sont les pions et dont les promoteurs d’un monde garantissant à chacun le droit de ne pas être “Offensé-choqué-blessé-meurtris“, sont les idiots utiles. »
Merci aux auditeurs
Je remercie les auditeurs qui prennent le temps de nous écrire. Leurs remarques, leurs compliments ou leurs critiques témoignent de leur attachement et de leur exigence à l’égard des chaînes de Radio France. Leur engagement se manifeste également sur le site de la médiatrice qui enregistre une croissance significative du taux de fréquentation.
Au cours du dernier mois, nous avons observé une augmentation exceptionnelle de 357% du nombre de visiteurs, une statistique qui témoigne de l’intérêt grandissant que vous portez à notre travail. Sur un temps plus long, les douze derniers mois, on note une hausse de 258% de la fréquentation du site. Ces chiffres reflètent votre intérêt de participer activement à un dialogue constructif avec les professionnels de l’information et des programmes
Toute l’équipe de la médiation vous remercie chaleureusement pour cette précieuse contribution à notre mission de médiation et pour votre engagement constant envers Radio France.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France