1. L’attaque à Annecy : le son diffusé à 7h30 sur France Inter 
2. ​​L’attaque à Annecy : le profil de l’assaillant
3. L’attaque à Annecy : Henri, catholique
4. L’attaque à Annecy : divers avis d’auditeurs

Des cris, des pleurs : le son de choc 

De nombreux auditeurs ont partagé avec nous leur opinion concernant la couverture médiatique des événements à Annecy.  
Le jeudi 8 juin, un réfugié syrien armé d’un couteau a blessé six personnes, dont quatre très jeunes enfants dans un parc de cette ville paisible de Haute-Savoie. Cette attaque, qui a suscité une vague d’émotion en France et en Europe, a semé l’effroi chez les Annéciens. 

« Effroi » est également le mot employé par des auditeurs qui ont écouté le journal de 7h30 de France Inter, le lendemain du drame. Ils nous ont fait part de leur profonde indignation à la suite de la diffusion d’un reportage utilisant la bande sonore d’une vidéo contenant des scènes atroces de l’attaque d’Annecy. Ces auditeurs se sont dits extrêmement choqués : 

« Vous êtes sérieux ? Vous faites un reportage sur la honte de diffuser des images d’un drame atroce… ET VOUS PASSEZ LA BANDE SON DE CETTE VIDÉO EN FOND SONORE ? LES CRIS RÉELS DE PERSONNES SE FAISANT POIGNARDER OU ASSISTANT À UN MASSACRE ! Je suis outrée que vous utilisiez les mêmes mécanismes que ceux que vous êtes censés dénoncer, et par l’insensibilité dont vous faites preuve envers les personnes impliquées et vos auditeurs. »  

« Je n’écris jamais. Je fais néanmoins cet acte exceptionnellement qui est à la hauteur de mon effroi. A 7h33 ce matin, dans le journal de France Inter, vous diffusez un sujet sur le crime à Annecy et notamment vous informez que la vidéo de l’acte peut encore se trouver sur internet. Ce que vous condamnez si je me souviens bien. Néanmoins dans ce sujet vous mettez en fond sonore cette vidéo. On entend un(e) adulte crier et un nourrisson pleurer. Mais c’est extrêmement choquant ! Qui était prêt à entendre cela ? Vous n’avez averti personne. Et pire vous diffusez cet acte, comme les plates-formes mettent la vidéo accessible. Cette bande son s’imprègne en moi et je ne peux qu’imaginer la scène d’autant que le journaliste fait référence à une agression dans un landau…. Et on entend pleurer le nourrisson. C’est scandaleux. Je ne comprends pas votre ligne éditoriale. » 

« J’ai été très choquée d’avoir à subir la bande son des vidéos de l’attentat d’Annecy ce matin dans le journal de 7h30, à cette heure de grande écoute. D’autant plus que cette bande son était en contradiction totale avec le contenu même du reportage : il s’agissait de constater que les vidéos étaient toujours accessibles sur Internet, alors que leur contenu extrêmement violent exigeait modération. C’est pourquoi je m’adresse à vous : je ne comprends pas ce parti-pris radiophonique et en suis profondément bouleversée. » 

Nous comprenons évidemment l’émotion que ce choix éditorial a pu susciter et la direction de France Inter a présenté ses excuses le jour même dans le journal de 13h (diffusion à 13h12) :  

“Nous tenons, nous France Inter, à présenter nos excuses. Ce matin dans le journal de 7h30, nous avons diffusé un reportage montrant la vidéo de l’attaque d’Annecy. La reprise de très courts extraits sonores a choqué un certain nombre de nos auditeurs. Cette diffusion était une erreur et nous le regrettons. »  

Pour la rédaction de France Inter, il ne s’agissait en aucun cas de choquer ou de manquer de respect envers les personnes impliquées dans ces événements tragiques, ni envers ses auditeurs.  

Rappelons que tout contenu sensible et potentiellement choquant mérite que l’on exerce une grande vigilance lors de son traitement. En l’espèce, le choix de passer la bande sonore de cette vidéo était réellement inapproprié car, comme l’indique la législation française, des documents audios révélant des atteintes à l’intégrité des individus – enregistrement d’actes de cruauté, de sévices, de cris de souffrance – ne peuvent en aucun cas être considérés comme des supports d’information.  

Par ailleurs le reportage a été lancé sans aucune mise en garde au public avant sa diffusion, or, il va de soi, et c’est la règle journalistique, qu’un auditeur doit être averti que les propos d’un papier ou les sons d’un reportage « éprouvant » peuvent heurter sa sensibilité.  

L’indignation des auditrices et des auditeurs est donc parfaitement compréhensible et légitime d’où les excuses formulées par France Inter. 

Le courage d’un jeune homme  

Pèlerin « amoureux des cathédrales », agents municipaux, professeur de mathématiques en sortie avec des élèves… L’attaque au couteau survenue jeudi matin dans une aire de jeu proche du lac d’Annecy a révélé plusieurs héros. Parmi eux, Henri, 24 ans, le plus populaire sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo authentifiée par l’AFP on le voit tenter de stopper l’assaillant avec son sac à dos quand l’homme s’attaque aux enfants dans l’aire de jeu puis se lancer à sa poursuite quand il tente de fuir avant d’être interpellé par la police.  

La mention de la religion de ce jeune homme dans des journaux d’information a suscité une vague d’incompréhension chez les auditeurs :  

« Le journaliste a indiqué que « Henri, celui qui a maîtrisé l’attaquant est catholique ». En quoi cette indication est intéressante ? Depuis quand la religion d’un individu est importante quand il agit comme citoyen et être humain ??? » 

« Mais pourquoi spécifier que la personne courageuse, avec son sac à dos, est catholique ?! Depuis quand dans un pays laïc quelqu’un est qualifié par sa religion ? Faites attention à ce que vous dites…c’est grave ! » 

« Depuis quand les journalistes informent de la religion des citoyens, à l’antenne ? Ce midi, concernant l’affaire d’Annecy, l’agression faite aux enfants, un homme qui a éloigné l’agresseur est présenté ainsi par la journaliste :  » Henri, catholique…. « . On va où là ? Quel est l’objectif ? L’intention ? » 

« Fidèle auditrice de France Inter. A propos du drame insupportable d’Annecy, je suis très choquée d’avoir entendu que l’homme au sac à dos, qui a eu le courage d’éloigner ce monstre était « catholique ». Je ne comprends pas ce que sous-entend cette précision. Fidèle auditrice très contrariée par cela. » 

Il est important pour nous de reconnaître que la religion d’une personne n’est pas être un critère déterminant lorsqu’il s’agit de son action en tant que citoyen ou être humain. Nous comprenons vos interrogations.   

En tant que service public de l’information, notre objectif est de fournir une information complète et équilibrée en accord avec les principes d’éthique journalistique. Dans certains cas, la mention de la religion d’une personne peut être faite pour apporter des éléments de contexte. 

Cependant, nous sommes conscients que cette mention peut être perçue différemment par nos auditeurs et peut susciter des questionnements et des réactions divergentes. 

Nous prenons en compte vos commentaires et nous continuerons à réfléchir à nos pratiques éditoriales afin de veiller à respecter les valeurs qui nous animent. 

Surmédiatisation de l’attaque à Annecy ? 

Des auditeurs reprochent la surmédiatisation de cet événement. Il est vrai que les médias, qu’ils soient télévisés ou radiophoniques, peuvent parfois se concentrer de manière excessive sur un événement, au détriment d’autres sujets pertinents, tels que les débats à l’Assemblée nationale pour abroger la loi retraite, le jour de ce drame. 

En l’occurrence, il est important de noter que la nature tragique de l’attaque au couteau à Annecy, qui a touché à la fois des enfants et des adultes, a suscité une grande émotion et une vive inquiétude au sein de la société. Dans de telles circonstances, il est normal que les médias accordent une attention accrue à un événement de cette nature.