LETTRE A MON VOISIN DU QUAI D’EN FACE
Ce soir, comme toi mon voisin du quai d’en face, j’ai ouvert ma fenêtre et j’ai applaudi tous ces héros qui pour nous sortir de cet effroyable cauchemar prennent chaque jour tant de risques.
Ce soir, comme tous les soirs j’ai résisté à l’idée de me saisir d’une casserole et d’une cuiller. Je ne sais pas ce qu’il en est pour toi mais moi j’applaudis longtemps. Et tant pis pour cette dérisoire douleur qui me picote le creux des mains…
Si comme moi tu es confiné seul, alors ces quelques minutes sont peut-être le temps d’un échange attendu, quoique furtif. A ma fenêtre de droite habite A. une violoniste. Depuis des mois je ne l’entendais plus jouer… et puis ce soir des sons se sont échappés de chez elle. Elle est venue applaudir à son tour. C’est accoudés aux balustrades que nous nous sommes rencontrés, avec mon voisin de gauche. Mais la distance qui nous sépare ne nous permet pas de nouer un dialogue. Alors nous nous faisons des signes, des sourires… rapides. Mais sincères. C’est curieux qu’habitant si près nous ne nous sommes jamais croisés. Les autres ont déserté l’immeuble.
Quant à toi, et tous ceux du quai d’en face je ne peux que vous imaginer. Le canal nous sépare. A première vue je dirais qu’à vol d’oiseau nous sommes à environ six cents mètres… Mais je vous entends. Et après des heures de solitude, de s’entendre les uns les autres, siffler, frapper, tambouriner, ça réchauffe.
Aimes-tu comme moi le bruit des cornes des péniches qui tous les soirs, à 20 h, lancent le coup d’envoi ? Elles enveloppent cet instant d’une tonalité particulière nous rappelant la présence singulière, marginale, de ceux qui vivent sur l’eau…
As-tu comme moi, un court instant le cœur serré tandis qu’à nos fenêtres nous nous rassemblons, faisant entendre nos vies battre, malgré nos solitudes.
As-tu remarqué que ce soir les applaudissements se sont faits plus courts ? La plupart des fenêtres se sont refermées, les mains se sont tues, moi je suis restée à regarder, à écouter. Ce soir on entend moins les sirènes des ambulances résonner dans la ville. Même si de temps en temps passent des camions sanitaires aux lumières bleues… Apprécies-tu ce retour du silence ? Après tant d’années où nous avons été envahis par tant de bruit… pour rien ?
De chaque côté du quai, nous avons la chance de pouvoir contempler ce bassin qui déploie une vie d’une richesse à chaque instant renouvelée.. Comme celle de cette famille de cygnes ou de canards qui glissent sur l’eau. Ou celle des mouettes dansant avec le vent…
Regrettes-tu toi aussi les va-et-vient de la petite navette fluviale qui embarquait il y a quelques semaines encore, les cinéphiles ou simples spectateurs d’une rive à l’autre ?
Réchauffais-tu parfois ta solitude aux reflets des néons des cinémas et des cafés, tandis que des foules se précipitaient à ces séances nocturnes ? Au scintillement du soleil ou au crépitement argentés de la lune pleine, sur l’eau ? A ces ciels d’Ile de France qui s’étalent dans l’écran géant de mes fenêtres, semblables à des visions en cinémascope…
Entends-tu le métro aérien qui traverse le ciel, et prend la nuit surtout, un air surréaliste, avec les striures lumineuses de ses wagons suspendus ?
Es-tu comme moi agacé par tous ces gens qui malgré le confinement grouillent sur les quais ? Joggeurs, promeneurs, gymnastes suspendus à des barres plantés dans le sol…, auxquels s’ajoutent ceux qui, sur les pistes cyclable, pédalent, patinent, roulent, glissent…
Tu ne peux percevoir puisqu’elle se déroule sur le quai où tu te tiens, la poésie de cette vision fugace. Je vais tenter de te la décrire de la pointe de mon stylo. Un homme arpente nonchalamment le quai quand il accélère brusquement comme mû par une volonté précise.
Il se dirige droit vers la maison des canaux, et je me demande ce qu’il peut bien avoir en tête,
quand, s’approchant du buisson de roses qui la borde, il approche sa main vers une de ces fleurs épineuses, la sent délicatement, et repart tout aussi nonchalamment.
Toujours à la fenêtre, j »entends, sans bien pouvoir définir d’où viennent ces sons, un chant d’anniversaire… J’invente, tâtonnant à l’oreille : trois convives, le visage éclairé de bougies allumées sur un gâteau. Mais tout à coup comme une bande-son qui s’éraille ma vision se distord à la vue de celle ou de celui qui va souffler… Te paraît-elle à toi aussi insouciante, cette coutume ? Presque barbare ! Comment avons-nous pu pendant tant d’années projeter ainsi nos miasmes à la figure de tout un chacun… ? Voilà une habitude qui pour sûr va changer. De ta fenêtre tu ne peux voir non plus tous ces pauvres hères, massés à l’abri du vent qui s’est mis à souffler.
Ils sont rassemblés autour de matelas alignés sur un des côtés du cinéma. Leurs cigarettes brillent comme des signaux incandescents que nul ne veut voir. Là, une tente d’un bleu insolemment gai campe, solide, posée sur le bitume. Je me disais que la misère rapproche ces pauvres âmes, les condamnant à se contaminer, quand pour d’autres, le virus ancre un peu plus l’éloignement. Oui, le dire encore une fois : il éclaire de façon aigüe nos inégalités. Il y a ceux qui peuvent se confiner chez eux et ceux qui n’ont que la rue. Ceux qui ont de l’espace et ceux qui vivent les uns sur les autres. Ceux que l’on entend hurler sous la violence d’un prédateur à proximité. Ceux qui ont un travail, ceux qui n’ont d’autre choix que d’être en première ou deuxième ligne. Ceux qui sont confinés à plusieurs et ceux qui ont la solitude pour compagne, ceux qui ont des balcons, des jardins, qui vivent dans des immeubles de musiciens…
De ma fenêtre je les vois, ceux-là qui n’ont rien que la chaleur de l’autre. Ils se tiennent serrés, malgré la mort qui rôde.
J’ai lu récemment que les vendeurs de drogue ne trouvaient plus à se réapprovisionner depuis la fermeture des frontières. Nourris-tu comme moi des pensées inquiètes ? Comme la crainte de croiser un homme saisi d’un vent mauvais par la violence du manque hurlant dans ses viscères.
Laisse-moi te raconter l’étrange rêve que j’ai fait la nuit dernière : La nuit était tombée et malgré l’heure tardive, presque matinale, je me retrouvai soudainement propulsée dehors. Il faisait froid. Autour de moi des hommes marchaient, tête baissée. Ils semblaient tourner en rond, les yeux rivés au sol. A un mètre de distance quatre traits épais tracés à la craie à même le bitume délimitaient chaque lit. Les hommes se pressaient pour rejoindre le leur… Comme dans le jeu des chaises musicales, la plupart tournaient autour de ces rectangles vides et petit à petit, pour chacun, se dessinait un espace où passer la nuit. Ils le signaient jalousement d’une couverture ou d’un tissu… De cette ronde nocturne j’essayais de m’enfuir, mais chaque pas esquissé, me ramenait dans ce labyrinthe infernal avec l’intime conviction que je n’y avais aucune place… J’aurais dû me méfier. Ne pas sortir. Et toi, quel âge as-tu ? Es-tu une « personne à risque »
D’ici je les vois, installés sur leurs campements de fortune. Peut-être jettent-ils leurs yeux vers les fenêtres d’en face, celles de mon immeuble, s’inventant dans la noirceur de leur nuit, des jours meilleurs, se projetant aux côtés de ces familles, de ces chanceux qui possèdent un toit, de ceux qui sont bénis par le sort et ne le savent même pas. Ils sont heureux de ne pas avoir à marcher dans la nuit, solitaires, exposés à la folie d’autres qui comme eux n’ont rien, excepté leur colère et qui injustement la retournent vers leurs frères d’infortune. Mais qu’en sera-t-il pour eux demain ?
La nuit s’écoule et mes pensées vagabondent. Je me revois, il y a une quinzaine d’années, plantée dans une file d’attente du cinéma situé sur le quai où tu habites, attendant la projection d’« In the mood for love ». Serrée frileusement contre mon ami d’alors, je lui désignai l’immeuble du quai d’en face, précisément celui où je vis aujourd’hui, pointant peut-être même la fenêtre où je me tenais il y a quelques instants, habitée de ces visions cauchemardesques. Je lui soufflais, sans croire un seul instant qu’il en serait un jour ainsi « Comme j’aimerais habiter… là ! ». Tu vois, je suis exaucée aujourd’hui d’un vœu que j’osais à peine former…
Je remarque soudain alors que je te confie ce souvenir, que dans l’embrasure de ma fenêtre allumée, une femme se tient. De son stylo elle tente d’attraper l’instant fugace qui se déroule sous ses yeux. Et tandis qu’elle reste captive dans cet enclos, mon esprit lui, s’est envolé. Peut-être rejoindra-t-il le tien, voguant par-delà le canal ? Michèle

MA LETTRE DE CONFINEMENT

Dès Aujourd’hui
Comme la plupart des journées d’avril que nous traversons, les rayons du soleil s’immiscent dans le logement dont je connais désormais les moindres recoins, après de longues semaines de confinement. Je ne peux en profiter que derrière la vitre, ce que j’ai déjà la chance d’avoir. Me voilà alors isolé à Dublin, où j’exerçais l’activité d’associé chercheur à l’Université de Dublin, Trinity College – loin de mes parents, de ma famille confinés en France dans la tendre ville de ma jeunesse.
Comme chaque français – et quelle que soit sa situation – je pourrais soupirer ou me lamenter. Ces réactions sont légitimes : la période que nous traversons est difficile et révèle bien plus de nos faiblesses que nous le pensons. Attention toutefois dans cette légitimité à ne pas se perdre dans des revendications individualistes, en ignorant qu’aujourd’hui près de trois millions de français vivent dans des conditions de logement difficiles. Parfois entassés dans l’insalubrité et confrontés à des tensions et violences accentuées. Il y a donc ceux pour qui les conditions de confinement franchissent les frontières de l’acceptable, mais il y a aussi ceux qui sont sur le front pour apporter à chacun d’entre nous les ressources vitales: l’incroyable personnel médical dans les hôpitaux, les livreurs, les agriculteurs, toutes les professions tenues par le courage de personnes sur lesquelles repose désormais la société entière.
Je pense, malgré tout, que l’heure n’est pas seulement à l’attente, à l’espoir d’un futur meilleur, ou encore à l’imagination d’un monde changé. Au contraire je crois que l’heure du changement s’impose à nous dès aujourd’hui. Un changement sur nous-mêmes. Un changement de vision pour notre société, notre monde et les pratiques que nous y exerçons. Ces mots sont l’essence de ce que nous entreprenons au quotidien : savoir qui l’on est, ce que l’on fait et où l’on va. Cette réflexion ne doit pas seulement se faire à l’échelle de l’individu, de chacun d’entre nous, elle doit se réaliser en commun.
Les conséquences de cette épidémie sont désastreuses, vous le savez, et peut-être l’avez-vous vous-même endurée – je ne vous apprends rien. Nous devons tout de même voir ce qu’il y a de positif : nous apprenons aujourd’hui à découvrir nos faiblesses, certains de nos traits de personnalité, nos excès, nos craintes. Mais le plus important reste que nous apprenons à nous les approprier, à nous renforcer et à vivre avec ce qui nous semble être des faiblesses. Nous en ressortons plus fort que jamais. Cette phrase de Nelson Mandela résonne alors peut être dans l’esprit de certains : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». C’est vrai. Nous tirons toujours de belles leçons de ce que nous traversons de plus difficile.
Désormais nous ne pouvons plus nous échapper de certaines réalités, les diversions ne sont plus dans nos options. Une rencontre spontanée avec des amis pour oublier la pénibilité d’un travail n’est plus possible. Mais dans la contrainte nous réalisons la réelle force qui est en nous. Celle de nous unir pour combattre la propagation d’un virus coriace, celle de prendre sur nous, celle de mettre de côté nos frustrations personnelles pour une ambition bien plus grande.
Qui suis-je, du haut de mes vingt ans, pour vous dire à vous que vous êtes à la hauteur de cette ambition? Qui suis-je pour vous partager cet optimisme ? Il me semble que chacun d’entre nous pourrais tenir ces mots et avoir ces réflexions. Il appartient à chacun d’entre nous, dès aujourd’hui, d’ouvrir son esprit, de prendre du recul, de réfléchir. Qui que vous soyez, vous avez la légitimité, le droit le plus entier d’apporter votre réflexion à la société. Vous êtes l’espoir, non pas de demain, mais bien d’aujourd’hui.
Nous découvrons soudainement les erreurs de notre modèle de société. Les métiers essentiels à notre survie ont-ils été assez valorisés avec les investissements nécessaires ? Avons-nous été, et sommes-nous à la hauteur ? Beaucoup de questions se posent. Dans le milieu de la recherche auquel j’appartiens, j’espère que tous les efforts, et non plus une partie, seront concentrés sur les problématiques sanitaires, médicales et sociales qui émanent de cette crise et seront mises en avant. Que les réponses de la science et de l’innovation technologique seront des réponses à des problèmes réels. J’ai l’intime conviction que nous pouvons redessiner nos ambitions, dans le domaine de l’ingénierie biomécanique. Nous devons nous concentrer sur les besoins d’amélioration des équipements hospitaliers.
En ces temps de solitude et de platitude, nombreux sont ceux qui s’essayent à de nouvelles pratiques, de nouveaux rituels, une nouvelle vie quotidienne en somme. La découverte de nouvelles activités est précisément une autre belle perspective que nous a permise cette distanciation sociale : nous apprenons à apprivoiser et à découvrir ce qui est au plus près. Nous reprenons nos activités artistiques longtemps délaissées par une vie au rythme effréné. Nous explorons les vastes possibilités des technologies de communication. Combien d’entre nous avions utilisé l’application Zoom avant cela ? Enfin je terminerai ainsi: gardez à l’esprit que lorsque tout ceci – cette pandémie – sera terminée, tout sera devenu incroyable. Chaque détail dont nous aurons été privés nous procurera un bonheur difficilement descriptible. Une simple sensation d’effleurement d’un être cher sera exaltante. Et cela, parce nous apprécions toujours plus, ce que nous avons, voyons et vivons rarement. Nous vivons désormais dans les souvenirs du passé le meilleur, mais le futur le sera encore.
À ceux qui sont en difficultés : tenez bon ! La société vous viendra en aide, elle en a aujourd’hui le devoir. Elle ne peut plus fermer les yeux sur vos difficultés. Elle ne peut plus tourner le dos à vos revendications. Nous avons trop souvent pris l’habitude de repousser le changement au lendemain d’une crise, et de balayer ce besoin d’introspection lorsque nous la surmontions. Ne commettons pas l’erreur d’oublier encore, de laisser passer l’opportunité de faire grandir un désir de changement pour notre société, pour les plus faibles d’entre nous et les plus exposés aux dangers. N’oublions pas de valoriser les activités et professionnels piliers de notre pays. N’attendons pas demain comme nous l’avons toujours fait. Je crois la France capable de ne pas laisser de place à la procrastination, et d’agir maintenant face à cette crise.
Demain sera meilleur, mais aujourd’hui en est la première étape. Yann

Nous sommes confinés.
Mars-Avril 2020, nous nous souviendrons de ces jours où presque tout était à réinventer.
Les nuits, les jours, les chansons de la sieste, les livres du soir. Plus rien n’a la même odeur ou le même goût. Ce n’est pas un symptôme de ce virus mais le symptôme de cette vie qui change et qui reprend le dessus quoi qu’il arrive. Je vous regarde vivre, vous adapter, souffrir de ce qui vous manque tout en dégustant ce que vous gagnez. Je me sens seule alors que vous êtes là, tout le temps. Je me sens seule alors que je rêve de solitude tant il est parfois compliqué de respirer, tous les 5, dans cet appartement.
Je pense à vous alors que vous êtes là sous mes yeux à vivre votre vie. Je pense à vous comme si vous n’étiez plus là, pas là, ou en vacances à 5000 km.
Je me sens une responsabilité entière et immense.
Celle de comprendre, de proposer, de ne plus jamais regarder le monde de la même manière. Alors je vous propose mille activités comme s’il fallait profiter de ce moment pour être ensemble, faire ensemble, créer, grandir. Et je suis au cœur, dans l’essentiel du problème. Celui de ne pas accepter le vide. Ce vide qui nous aiderait à construire l’après. L’après de nos vies, l’après de nos cœurs, pour que votre héritage ne soit pas que vitesse et précipitation. Jouissance et oubli.
Je vous aime pour ce que vous êtes et je vous aime aussi pour ce que j’ai envie de faire de vous. Je la sais cette maitrise que je veux avoir de vos vies tout en la démentant parfois, ou souvent peut-être. J’aimerais que vous sachiez vous adapter, que vous sachiez créer, militer, aimer avec joie. Ces intentions de vie, ces intentions de bonheur pour vous m’épuisent autant qu’elles me nourrissent. Elles sont le reflet de mon impuissance à agir. De mon manque de courage sans doute. Et de ce demain que finalement, bien peu travaillent à penser vraiment. Ce manque de réflexion individuelle et collective me fait crever à petit feu.
Mes enfants, j’aimerais tellement que vous n’ayez pas peur. Que nos réflexions sentent le courage et la joie et qu’elles soient contagieuses.
J’aimerais tellement que ce que vous entendez maintenant fassent vibrer vos rêves de demain. Nous sommes face à une occasion inouïe, celle de penser nos vies autrement et de donner la furieuse envie aux autres d’en faire autant.
Mes enfants, je vous souhaite du vide, je nous en souhaite. Je vous souhaite du silence rempli de réflexions que d’autres auront semées.
Je vous souhaite que notre monde sente l’ampleur de sa responsabilité.
Je m’en vais rêver un monde courageux dans lequel je sèmerai, heureuse, des graines de changement. Je vous aime confinés.

Le confinement c’est 11 lettres pour enfermer physiquement les gens 
Mais finalement avec le confinement on prend le temps.  
Tout ce que l’on n’a pas pu faire avant, c’est le moment.  
On découvre de nouveaux passe-temps et on admire les soignants 
  
Connexion connexion heureusement que tu es là car grâce à toi le lien social perdurera. 
  
Depuis que je suis confiné je ne peux plus me coiffer. 
Mais j’ai pris le temps d’apprendre à jardiner. 
Adieu la liberté maintenant il faut un papier pour faire une randonnée. 
  
Connexion connexion heureusement que tu es là car grâce à toi le lien social perdurera. 
  
Depuis que l’homme ne fait plus la loi, la nature reprend ses droits. 
Maintenant que l’on est à la maison il n’y a plus de pollution.  
Peut-être devrions-nous en tirer une leçon.  
  
Connexion connexion heureusement que tu es là car grâce à toi le lien social perdurera. 
  
Finalement ce confinement nous a montré ce qui est important :  
Les enseignants, les soignants, l’environnement et bien utiliser son temps 
Nous pensions devenir fou, tous ensemble confiné,  
Mais finalement nous nous sommes rapprochés  
  
Corentin, Elève de 5eme 3 

Aujourd’hui je déprime…
Je suis terriblement attristée d’entendre les propos de certaines personnes qui lynchent leurs voisins(es) parce que ce sont des personnes à risque (infirmière,etc).
Je déprime parce que je constate les aberrations concernant les amendes distribuées par les gendarmes (aller à la poste en vélo à plus de un km parce que tous les bureaux de poste sont fermés MAIS vélo interdit!)
Je déprime parce qu’on nous dit tout et son contraire et qu’on ne sait plus qui croire.
Je déprime parce qu’on nous dit que les masques en tissus ne servent à rien et pourtant nous partirons au travail avec des «mouchoirs» sur le visage.
Je déprime parce que…
Je déprime parce que…
Tant de choses…
Je déprime parce que le temps passe et qu’on nous déshumanise de plus en plus…
Je ne renie pas l’existence de ce virus mais je me demande de plus en plus si l’Etat ne profite pas de la situation pour imposer des normes de plus en plus insidieuses qui contrôlent nos vies (drones qui survolent nos vies, traçage avec nos portables, etc).
Je déprime parce que j’ai peur de l’avenir….non pas du virus mais de ce que l’homme est en train de devenir…

Je ne suis ni écrivain, ni actrice, ni connue… une simple anonyme
mais j’ai aussi écrit ma lettre d’intérieur en écho à celles que j’écoute chaque matin. Emplie d’amour, de colère et de chagrin, j’adresse cette lettre à ceux qui nous privent de nos amours, de nos proches, enfermés, cloitrés malgré eux derrière les murs des Ehapd et qui en meurent… à petit feu. Il y a ce virus et il y a l’intérêt général de préserver la santé de tous
Mais il y aussi nos proches dont le souffle de vie s’essouffle, jour après jour, entre les murs des Ehpad et plus encore dans les secteurs protégés de ces mêmes Ehpad.
Et ce n’est pas un masque à oxygène que quémandent ces regards désespérés derrière la vitre…
c’est un peu de la chaleur humaine de leurs proches dont ils ont un besoin vital.
Après 38 jours de séparation…
je dis séparation car bien qu’étant en cantou dans un ehpad à cause d’une sale maladie neuro-dégénérative, j’allais voir mon mari tous les jours et l’emmenais même à la maison pour nous assurer une petite continuité de vie intime.
Patrick, après 38 jours de séparation,
je n’en peux plus de voir le désespoir dans ton regard quand je te fais coucou à travers la vitre du patio ou de la salle à manger – d’ailleurs hier tu m’as à peine regardée, sans doute ta façon de me dire que, puisque je ne rentre pas, tu préfères ne pas m’avoir vue
je n’en peux plus de te voir te rabougrir jour après jour, te recroqueviller, plié en deux
je n’en peux plus de te voir presque incapable de marcher seul puisque tes 3 séances de kiné hebdomadaires ne viennent plus au secours de ta démarche de plus en plus cahotante
je n’en peux plus de ne pas avoir pu fêter la Saint Patrick avec toi– la seule fois de notre vie commune sans doute
je n’en peux plus de n’avoir pu mettre ma tête sur ton épaule le jour anniversaire de notre rencontre ce 2 avril, il y a 38 ans !
Je n’en peux plus de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras pour apaiser l’angoisse que je vois dans tes yeux, puisque tu ne peux l’exprimer autrement, et l’incompréhension face à nos 38 rendez-vous manqués
je n’en peux plus de contenir mes larmes quand je te vois déambulant je n’en peux plus du signe de la main qui m’invite à entrer quand tu m’aperçois derrière les carreaux… puis du haussement d’épaules quand tu vois que je ne réponds pas à ton invitation je n’en peux plus des sanglots qui m’envahissent quand j’ai fermé la porte de ma voiture et que je rentre à la maison je n’en peux plus de constater que l’envie de vivre t’abandonne un peu plus chaque jour
Mon mari ne mourra sans doute pas du coronavirus… mais de la privation du réconfort de nos moments quotidiens ensemble, de nos goûters où je lui préparais ce qu’il aime puisque les plaisirs de la vie lui sont impitoyablement réduits.
Il mourra du manque d’amour, de calins, de baisers, de l’impossible tendresse, des mots que je ne lui susurre plus à l’oreille, de l’absence de ma tête sur son épaule…
Et je n’aurais plus que ma détresse de n’avoir pu accompagner l’amour de ma vie.
Je culpabilise de ne pouvoir adoucir ses jours maintenant comptés. Je me souviens de ce que me disait sa neurologue : vous ne pouvez rien contre cette maladie mais vous pouvez apaiser sa désorientation, faire que ses angoisses soient moins fortes…
Alors j’ai endossé le rôle d’étoile polaire : je suis devenue son repère, son réconfort, le meilleur moment de sa journée – c’est son sourire qui me le disait quand je franchissais la porte et qu’il m’apercevait… et c’était ma récompense.
Mais depuis plusieurs semaines il ne sourit plus… et moi non plus – les larmes me montent irrépressiblement aux yeux quand j’aperçois sa silhouette devenue si fragile.
Et la seule question que je me pose aujourd’hui est :
Jusqu’à quand durera cette inhumanité cruelle qui fait mourir de chagrin dans les cantous des Ehpad ?
Et si mon mari survit à cette inhumanité, à quel état de dégradation sera-t-il descendu en sachant que dans ces maladies un palier franchi vers le bas est sans retour ?
Porter assistance à une personne en péril est une obligation morale, légale et déontologique, qui s’impose à tout citoyen, et à plus forte raison aux professionnels de la santé pour lesquels le principe est souvent rappelé dans leurs codes de déontologie respectifs.
En France la non assistance à personne en danger est un délit. Alors qu’attendez-vous, vous qui décidez pour nous ?
Nous sommes prêts à porter le masque, à mettre des charlottes, des gants et des sur-blouses ou tout ce que vous voudrez… à nous laver les mains toutes les 10 minutes s’il le faut…
mais laissez nous les aimer et les chérir jusqu’à leur dernier souffle. Annaïk

Eloge de l’ennui
« Rien n’est plus insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide… ».
(Découverte de l’ennui)
Lire ces lignes de Pascal te confortent encore plus vivement dans ton sentiment d’ennui profond.
Dans ce gouffre, dans cette distance insupportable avec les autres, avec toi même. Dans cet abysse dont il est si difficile de discerner la fin. Dans ce puzzle dont les pièces peinent à s’assembler.
Tu le ressens, tu le vis. L’ennui. Il t’épuise et t’obsède. Il trahit ton ambition et gangrène ta pensée. Ton flot habituel d’idées, ton dynamisme, ta vivacité… tout s’altère.
Il te pousse néanmoins à le comprendre, lui, l’Ennui. Tu découvres alors que la Haine coule dans ses racines latines. Inodiare, s’ennuyer. Odium, la haine. Tu t’ennuis. Donc tu te hais ? Ou bien te hais-tu de t’ennuyer ? Une chose est sûre, tu hais ton ennui.
Tu hais cette obscurité qui ronge ton cœur.
Tu hais cette mélancolie vertigineuse à laquelle tu t’abandonnes pourtant.
Tu hais ce théâtre nécrosant ta peine.
Cet ennui qui traduit odieusement la substitution de ta passivité à ton activité. Tu as le temps, et pourtant tu ne l’as pas. Tu le perds. Il se dérobe à toute vitesse. Frustration et déception s’emparent désormais de toi.
Quand est-ce que cet hymne à la lâcheté et à la paresse s’essoufflera-t-il ? (Naissance de la révolte)
Le patrimoine intellectuel, ce temple de la pensée, cette bâtisse imprenable, est pourtant immuable t’avait-on dit. Ton ennui ou quelqu’autre ennemi peuvent-ils t’arracher à cela ?
Face à la solitude qui blanchit tes nuits et noircit tes jours, ta révolte naît. Un cri d’ennui vaut mieux qu’un ennui profond dont la longueur t’accable. Ce cri, c’est le symbole de ta pugnacité et de ton indignation. Tu n’es donc plus si passif…
(Une mécanique paradoxale)
Si ta lutte contre l’ennui est le fruit de celui-ci, alors t’ennuyer n’est plus vraiment un ennui.
La mécanique de l’Ennui te semble soudainement très paradoxale. C’est un vide qui comble pourtant tes heures, même les plus matinales. C’est la quintessence d’un état de mollesse et d’insurrection.
(Eveil de l’espoir)
Etat donc, qui te place face à toi-même. Qui t’offre le temps de découvrir l’Etranger, aussi absurde soit-il, qui sommeille en toi. Qui te questionne sur le regard parfois indifférent et insensible que tu portes sur le monde.
Peut-être est-ce le temps de l’espoir, de la redécouverte des soirs, du noir, des choses que tu ne vois pas ou peu, des personnes auxquelles tu ne penses plus ou parles peu. Peut-être est-ce l’embryon d’un retour à la folie, à la passion, aux larmes.
(Injonctions à toi-même)
Prends ta plume et noircis ta page.
Enchante l’espace de tes mots… bleus.
Reprends ton souffle et espère.
Fabrique des souvenirs et des idées.
Fais qu’après cette tempête accourent les jours de fête.
(Bénéfices de l’ennui)
Alors que les branquignols subissent cet ennui, toi, tu le choisis. De sorte à ne pas tomber dans le piège de la médiocrité. De sorte à ne pas laisser la citoyenneté céder face à l’individualité.
A l’heure où ton cri, ton cri d’ennui peut sauver des vies, la poésie et la folie, plus modestement, contribuent au moins à les égayer. En pensant que les mots combattent les maux, tu n’invites rien. T’en persuader t’aide néanmoins à avancer.
Tu restes troublé, pris dans la tourmente de la modernité qui cristallise les violences et les peines. Pris dans l’effervescence d’un monde agité et balafré. Un monde qui te soumet désormais au calme. Peut-être pour que, sortant de ton repos, tu l’affrontes, plus responsable, tolérant et passionné.
(La nécessité de l’ivresse)
Ne renonce pas à l’idéal que tu souhaites bâtir, ton spleen présent éveille un espoir futur. Cherche cette ivresse, ce remède au temps qui fuit et s’écoule. Hier, le temps était rapide. Aujourd’hui, il te semble plus lent. Quoique. Ne t’ennuie pas de ton bonheur. Cherche-le sans relâche si tu l’égares. Agis, oui, certainement. Réfléchis, évidemment. Vis, obstinément.

Je suis une saisonnière viticole à Pomerol en Gironde. J’ai 54 ans , depuis janvier je travaille au prix fait je me fais de bon salaire pour un travailleur précaire, 2000€ c’est pas mal. Je vis bien le confinement . J’ai la chance de travailler en plein air avec un très bel environnement et de sortir d’une situation précaire, j’ai un fils de 18 ans qui m’aide et qui se gère pour ses études. Je voudrai saluer tous les saisonniers viticoles , grâce à eux ,nous continuons à participer à développer un terroir. La France ne manquera pas de bons vins. Merci à tous les saisonniers agricoles, métiers très durs , toujours présents malgré les intempéries et autres contraintes physiques en plus du confinement. Merci de passer le message. Bravo pour le personnel soignant et tous les travailleurs malgré le confinement se lèvent tous les matins pour aller travailler.
Merci France Inter qui me tient compagnie quand je travaille dans mes parcelles.

Merci de nous lire de beaux textes vous avez la voix qu’il faut pour marquer chaque mot et chaque phrase. Puis-je me permettre de vous joindre un poème: Mes héros du confinement
Mes héros du confinement
A toi qui te penches au-dessus des malades
Toi qui panses, qui soigne sans relâche en bravade
Toi qui fermes des yeux, le cœur dans la noyade
Toi qui risques ta vie avec tes camarades
Tu es mon héros…
A toi dont les rides t’ont choisie pour candidate
Privée des visages familiers qui t’éclatent
Toi qui comptes les jours, les semaines et les dates
Devant ce long temps qui s’étale et se dilate
Tu es mon héros…
A toi qui travailles pour que l’autre se nourrisse
Dans l’ombre où derrière une caisse où s’enhardissent
Des incivils, des sauvages, qui vrombissent
Des goujateries qui ne te réjouissent
Tu es mon héros
A toi qui vis transit de peur cachant tes pleurs
Toi qui reçois les coups d’un mari abuseur
Qui ne peux se sauver vers un consolateur
Toi qui vis des heures de hantise et d’horreur
Tu es mon héros…
A toi qui te lèves chaque jour devant ta fenêtre
Qui rêve de marcher, de courir sur des kilomètres
Mais qui pour protéger l’autre oubli le podomètre
Et piétine dans ta pièce au carré de vingt mètres
Tu es aussi mon héros….
A tous ces grands héros du printemps deux mille vingt
A ceux que l’on connait et à ceux que l’on plaint
Mais aussi à tous ceux qui dans l’ombre, sereins
Œuvre pour le bien de l’autre, pour tous les humains.
A vous tous merci nos héros.
Colette

Monsieur le président,
Ce que je demande avant tout au sortir de la crise est que l’on cesse de maltraiter et mal considérer ceux qui nous soignent, à commencer par les médecins. Qu’on cesse de les faire souffrir d’atroces contradictions et qu’on leur permette d’exercer leur métier comme il se doit, c’est-à-dire comme un art et non comme une technique au service des puissants.
Ils ne sont pas de pions sur l’échiquier, de braves soldats, ou rois, ou reines, ils sont des personnes sensibles, formées et dévouées au service du vivant. Je demande en premier lieu que cesse cette sélection mortifère par les mathématiques à l’entrée en médecine. Oui nous avons besoin des sciences pour exercer en conscience une médecine moderne et non basée sur le seul sentiment qui, on l’a vu souvent, peut être en prise avec des interprétations fausses. Oui, nous avons besoin de l’objectivité. Mais pas seulement. Il y a toutes sortes de gens à soigner, qu’il faut pouvoir aborder de toutes sortes de façons et les médecins doivent être le reflet de cette diversité humaine. Pourquoi pas des médecins-poètes ? Des médecins-musiciens ? Des médecins Bricoleurs ? Des médecins écrivains ? Il y en a certes. Mais surtout il y en a eu. Je pense à Tchekov. Qui abordent l’humain par un autre angle. Il n’y a pas lieu de mettre en opposition ces différentes manières de voir. Ou alors seulement à la manière du pouce et des autres doigts pour saisir l’objet. Ou des yeux pour saisir le relief. Travailler ensemble à la même chose par des moyens différents. Certains le font déjà, mais ils sont marginaux. Être complémentaires. Sans se défier. Ça devrait être la norme. Il conviendrait de les mettre ensemble, ces différents « profils » comme on dit aujourd’hui et ne pas faire de clones. Ne pas mettre dès le départ ceux-là de côté au profit de ceux-ci. Que serait l’habilité d’une main qui n’aurait qu’un index ? Ou bien qu’un pouce ? Sélectionné parce qu’on aurait jugé que c’était le meilleur ?
Mais non seulement cela ; je voudrais que cesse pendant les études de ces valeureux, courageux jeunes gens qui arrivent à se plier aux règles pour arriver à leur fin : être au service des gens. Je voudrais que cesse l’agression de leur activité pensante par l’intrusion permanente de QCM. Cette invention de chiens savants qui est une meurtrissure pour la capacité d’une pensée saine. Ils ont besoin des bases d’une connaissance solide et complète. Mais on l’a vu, pas seulement. Ils ont besoin aussi, comme chacun, d’entre nous mais à leur niveau, d’une façon plus intense, d’être capable d’analyser seuls un cas dans leur cabinet et d’avoir un cerveau capable de chercher, de questionner, de recouper, d’associer librement pour que l’intuition, cette part belle et cachée de la science, ne soit pas mise au rebut au moment de choisir par où commencer et ce qui est important.
Nous sommes plus performants que les machines que nous inventons car nous sommes sensibles.
Faire un usage constant et intelligent de cette sensibilité est un gage de progrès. Cessons de leur couper les ailes. Permettons-leur de penser par eux-mêmes comme aux plus belles heures de la transmission, avec un bel enthousiasme intellectuel et humain communicatif, et vous aurez à nouveau et rapidement une médecine d’excellence car beaucoup de nos jeunes ont l’esprit vif et motivé.
Une chose encore. Pour ne dire que l’essentiel, cessons à d’autre endroits de scinder les domaines. On le sait, on le voit, bien souvent un malheur n’arrive pas sans l’autre et la misère s’abat souvent par tous les bouts. Sociale, familiale, médicale, psychique. Aidons les hommes à prendre levier sur les difficultés pour se remettre debout.
Il y a pour ça des gens compétents dans quantité de centres de soin qui sont empêchés de travailler depuis quelques années par des harcèlements administratifs qui les détournent de leurs compétences. Il a été nommé à la tête de nombres de ces centres, comme à la tête des hôpitaux, des administratifs qui n’ont en tête que de gérer. La vie ne se gère pas comme un fond de commerce. Elle a ses propres lois qu’il convient de connaitre et de respecter.
Là comme ailleurs, mais avant tout là, dans la médecine qui est un des plus beaux leviers de retournement de l’homme, si elle est exercée comme il se doit, en conscience. Il faut redonner aux hommes et aux femmes de l’art les moyens d’exercer leur talent.
J’espère être entendue.
Nathalie Kinésithérapeute et poète.

Sur le coronavirus et les soignants
Tu n’es pas seul
Cet inconnu insaisissable
Tenace et redoutable
Te poursuit pas à pas
Mais tu ne le vois pas
Toi qui as si souvent soigné
Ces corps meurtris
Tu as fini par t’oublier
Pour combattre cet ennemi
Toi qui n’avais que ton énergie
Pour faire face à l’invisible
Toi qui n’avais que ton empathie
Pour faire face à l’indicible
Et, si, parfois tu doutes
Avançant sans certitude
Souviens- toi que tu n’es pas seul
Un peuple te soutient
Cet inconnu insaisissable
Tenace et redoutable
Te poursuit pas à pas
Mais tu ne le vois pas
Toi qui as si souvent sauvé
Ces âmes perdues
Tu as fini par te dépasser
Pour lutter contre cet inconnu
Toi qui n’avais que ton énergie
Pour faire face à l’invisible
Toi qui n’avais que ton empathie
Pour faire face à l’indicible
Et, si, parfois tu doutes
Avançant sans certitude
Souviens- toi que tu n’es pas seul
Un peuple te soutient
Cet inconnu insaisissable
Tenace et redoutable
Te poursuit pas à pas
Mais tu ne le vois pas
Toi qui as si souvent couvé
Ces corps endormis
Tu as fini par te surpasser
Pour combattre cet ennemi
qui n’avais que ton énergie
Pour faire face à l’invisible
Toi qui n’avais que ton empathie
Pour faire face à l’indicible
Et, si, parfois tu doutes
Avançant sans certitude
Souviens- toi que tu n’es pas seul
Un peuple te soutient
Cet inconnu insaisissable
Tenace et redoutable
Te poursuit pas à pas
Mais tu ne le vois pas
Et, si, parfois tu doutes
Avançant sans certitude
Souviens- toi que tu n’es pas seul
Un peuple te soutient
Souviens- toi que tu n’es pas seul
Un peuple te soutient

AUX « CONFINES » QUE NOUS SOMMES
Poème d’Alexia Carr – 27 mars 2020
Quand la vie se plie au blocus,
On est debout, face à l’amer.
Si au corps on a le virus,
Il vous met à plat, sans repère.
Lui seul sait ce qu’attend la terre.
Enfermé dans une cellule,
Chacun patiemment se supporte
Et tous envient la libellule,
La mouche et même le… cloporte !
Quand donc vont se rouvrir nos portes ?
Ne pas laisser l’angoisse croître
Au fond de notre pyramide
Dont on veut fuir, mais qui nous cloître
Dans ce présent soudain rigide
Que le temps, faisant fiasco, vide.
Notre esprit lentement s’enfonce
Aux confins du confinement
Tandis que surgissent des ronces
Autour de nos renoncements.
Un désir, mort d’étouffement,
Tout interdit d’être renié,
Autorise alors que l’on touche
À la douleur du prisonnier
Qui gémit le soir sur sa couche,
La voix calfeutrée dans la bouche.
La prière ? On l’a oubliée
Dans un de nos lointains tiroirs !
Nos genoux vont-ils se plier
Devant l’Etre ou devant l’Avoir ?
Regardons-nous dans le miroir :
Qui a entravé nos anciens
Aux murs de maisons de retraite ?
Est-ce là vraiment pour leur bien ?
Est-on profondément honnête ?
Ne marche-t-on pas sur la tête ?!
Qu’avons-nous fait des animaux
Inhumainement confinés
En cage : poules, cochons, veaux
Qu’à ce sort, on a condamné ?
Sommes-nous à ce point damnés
Pour créer tant d’affreux mouroirs ?
La seule Bête qui, dans l’heure,
Devrait crever à l’abattoir
Pour avoir créé ces horreurs,
C’est le Veau d’Or, poison des cœurs !
L’industrie, souffrant de cancers,
Et l’agriculture intensive
Se targuaient d’être nécessaires !
Mais elles se savent nocives
Et, enfin, s’essoufflent, poussives. Le monde e
ntier tombé malade,
Immobile dans sa psychose,
Face à la mort, se barricade,
Obligé de se mettre en pause.
À tous, la réflexion s’impose.
Après cette guerre morbide,
Devrait-on retourner aux champs,
Sortir de nos bureaux sordides,
Pour vivre un peu plus simplement
Et redécouvrir nos enfants ?
Comprendra-t-on enfin le tigre,
Frustré derrière ses barreaux ?
Depuis le temps que l’on dénigre
La liberté, joyeux flambeau,
Pour la garder sous le boisseau !
Dans ce monde en état de siège,
Est-ce vers un futur meilleur
Et pour nous extirper d’un piège
Que ce virus annonciateur
Nous prend par la main et la peur ?
Lui qui meurt d’un coup de savon,
Nous fera-t-il changer de vie ?
Elle est si courte et nous savons
Qu’on la quitte sans préavis
Peu lui important notre avis !
On se cache alors sous un masque,
Puisque la mode est médicale !
Bientôt, portera-t-on un casque
De science-fiction sidéral
Dans ce macabre carnaval ?!
L’Homme sera-t-il plus mature
Quand il quittera son abri ?
S’en lavant les mains, la nature,
En vacances jusqu’à Paris,
Ne lancera pas ce pari !
En attendant, elle est radieuse
Offrant ses parfums printaniers
À une faune bienheureuse
Que nul ne vient plus contrarier :
La chasse est privée de gibier !
Il faut un temps nous faire moine
Pour que meurt le superficiel
Comme en sa grotte Saint Antoine,
Et écouter chanter le ciel
Par les oiseaux de l’essentiel.
Alors dans son box, un cheval,
Galopant dans l’espace en rêve,
Emportera notre idéal
Jusqu’au bout de la longue trêve
Pour qu’un monde nouveau se lève !
Alexia

Mais qui est donc cet infiniment petit,
Qui révolutionne et fait la nique
A ces chercheurs orientés vers le profit
Et se joue de nos plus grands scientifiques.
A lui seul il immobilise la planète,
Et à ceux qui pensent passer au travers
Par mensonges ou par ce qu’ils sont malhonnêtes
Il leur demande de revoir leur jeu pervers.
Rien ne sera plus comme avant,
Même après le onze mai !
Quand nous reverrons nos parents,
Il restera malgré tout un mais !
Une crainte, bien loin de se dissiper
Planera à chaque retrouvaille
Si dans nos bras on aimerait les envelopper
Même si la douleur noue nos entrailles,
Il faudra alors se retenir
Et dissimuler notre douleur
Cachée derrière nos plus beaux sourires
En espérant un jour retrouver le bonheur.

Déjà 39 jours de confinement. 39 jours…
C’est rien dans une vie. Quand tu es en vie
39 jours à se demander ce qui se passe
Ce qui t’échappe, ce qui achoppe
Ce qui t’arrive, et ce qui arrive aux autres
39 jours que tu vis au ralenti
Quand il en meurt 100 à l’heure
et que la vitesse n’existe plus
Sauf pour redonner la vie en urgence
À ceux qui risquent de la perdre
À ceux qui voient défiler la leur
Et ne la reconnaissent plus
39 jours sans voir personne
et pourtant on les croise tous les jours
Exagérément tristes, exagérément gais
Virtuellement excités, réellement énervés
Jamais dans la demi-mesure
Comme si demain n’allait plus exister
Comme si le passé n’avait jamais compté
Et comme si nous repartirions de zéro
Non, nous vivrons comme avant
39 jours de ta vie, à faire semblant, à faire comme si
Ne changeront jamais qui tu es
Que tu sois resté sur le carreau
Ou que tu ais ouvert plein de fenêtres
Celles de l’amitié, de l’amour ou du désespoir
Tu ne donneras jamais le change
Mais tu auras changé toutefois
Nos regards ne seront plus comme avant
On a pris le temps de le prendre
On s’est regardé moche dans la glace
On s’est regardé menteur ou mentor
On a pris des nouvelles, on a zappé les anciennes
Ne sortez pas, mais sortez
Ce que vous n’avez jamais dit aux autres
C’est le moment, demain nous serons tous dehors
et c’est dedans que ça va faire mal
Le virtuel fait des dégâts, le réel garde les empreintes
39 jours à ne pas savoir, mensonge ou vérité
Bientôt, tout le monde saura
Qu’on a tenu le coup
Qu’on pourra aller en partager
Et qu’on pourra le tordre
À ceux qui nous prédisaient la fin
39 jours, on a tenu
Ce n’est presque rien dans une vie
Nous la remplirons demain de fleurs, d’amour, et de projets
Avec des cartes à jouer
Fini le poker, on joue à la bataille maintenant
Les masques tomberont, le souffle reviendra
39 jours et tellement d’émotions
Notre vie sera marquée
Mais elle continue, demain, et les jours à venir
Et elle sera belle, demandez-lui
Prenez soin de vous, surtout de vous.
Laurent

Il est 20 h, nous allons diner, un mot a suffi et notre vie s’est arrêtée
Pays de liberté, de droit et d’égalité la démocratie s’allie à la santé :
Nous sommes confinés.
Liberté chérie, je ne t’ai plus quand je t’apprécie
Je redécouvre l’essentiel, la vie
Est-ce la bonne décision, telle est la question ?
Il est si simple de critiquer ceux qui nous en ont privé
Avaient-ils perdu la raison ou bien cherchaient ils notre protection ?
Liberté chérie, je ne t’ai plus quand je t’apprécie
Je redécouvre l’essentiel, la vie
La vie a changé et ne sera plus jamais comme avant
Etions nous prêts à de tels bouleversements ? La réponse est NON assurément
Nous sommes tous de grands enfants, qui n’aimons ni les règles ni le changement
Liberté chérie, je ne t’ai plus quand je t’apprécie
Je redécouvre l’essentiel, la vie
Nous en sortirons grandis, fiers et avertis
Un verre, un restaurant et même quelques pas
Plus rien n’aura la même saveur, ici ou ailleurs
A tous ceux qui nous aurons sortis de là, nous pouvons leur dire MERCI
Ils sont et resteront nos sauveurs

A toutes et tous les Camille du monde,
Camille, toi qui regardes la nature avec un regard vrai, honnête, sincère,
Toi qui pourtant, dénigré par ton père, peu soutenu par tes pairs, méconnu par les critiques, n’a cessait de te battre et de travailler pour enfin être reconnu et apprécié après tes cinquante ans. Tu n’as écouté que toi, contre vents et marées, sans te laisser influencer par une quelconque modernité, sans travestir le vrai. En conscience comme tu aimais le dire.
Je ne t’ai pas connu. Et pourtant je me sens si proche de toi, de ta palette, de ton regard sur la vie. Merci à toi.
Camille, toi qui regardes la nature par la racine, pour une guerre que tu n’as pas voulu,
Toi qui pourtant aurais préféré une vie de paysan, dur à la tâche, généreux avec la terre, accueillant pour une famille, n’a pas eu le choix et n’a cessé de se battre, juste pour tenter de survivre, jusqu’à l’issue fatale.
Je ne t’ai pas connu. Et pourtant je me sens si proche de toi, de ta résilience face aux évènements, mot qui se voudrait à la mode aujourd’hui. Merci à toi.
Camille, toi qui nous accueillais sur le pas de porte avec le sourire,
Toi qui pourtant, aurait pu être une grande modiste, mais tes parents ont préféré le piano, n’a cessé d’être accueillante pour tes enfants et petits-enfants.
Je t’ai connu. Et je me sens si proche de toi, de ta générosité, de ta joie de vivre. Merci à toi.
Camille, toi qui assure la cohésion d’équipe dans une grande entreprise française,
Toi qui pourtant, au travers d’une mondialisation galopante, de loi économique pour enrichir les plus riches, n’a œuvré que dans un esprit d’adhésion de tous vers une cible commune.
Je te connais, et je me sens si proche de toi, sensible, humaine, honnête, tout en conscience. Merci à toi.
Camille, toi qui nous assure notre pain quotidien,
Toi qui pourtant, malgré les horaires décalés, la pression patronale, deux jeunes enfants, n’a cessé de se battre et d’œuvrer pour l’amour du métier.
Je te connais, et je me sens si proche de toi, travailleur, humble, père. Merci à toi.
Camille, enfin toi, du haut de tes quatre ans, notre futur,
Toi qui pourtant, dans ce temps de crise sanitaire, de confinement, d’incertitude, n’a qu’un appartement pour exprimer sa joie de vivre entre deux parents généreux.
Je te connais, et je me sens si proche de toi, … et pourtant qu’allons-nous te laisser ! Pardonne-nous.
Camilles, avec un s, guidez-nous.
Merci à vous toutes et tous, à ceux qui font notre quotidien.
Merci Pierre , 27 avril 2020