Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 3 au 10 mars 2023.

1. Des bulletins météo décalés

2. 8 mars, Journée internationale des droits des femmes
3. Réforme des retraites : la pluralité des points de vue sur les antennes

4. Réforme des retraites : la programmation musicale sur les antennes
5. Geoffroy de Lagasnerie, invité de 7h50 de France Inter
6. Le podcast : « Jean-Marie Le Pen, l’obsession nationale »
7. La vaccination contre le papillomavirus
8. Coup de cœur des auditeurs pour « Le Bach du dimanche » sur France Musique
9. Langue française

Des bulletins météo décalés

Un hiver printanier : les mois de décembre, janvier et février ont été marqués en France par une relative douceur et surtout un déficit de pluie et de neige entrainant une sécheresse préoccupante, a indiqué Météo-France en début de semaine. Cette période a été illustrée par une séquence record de 32 jours sans pluie. 

Lundi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a réuni les préfets pour les inciter à prendre des arrêtés de restriction d’eau « dès maintenant » afin d’anticiper d’éventuelles situations de crise pendant l’été.  

Les auditeurs qui nous écrivent, très sensibilisés aux questions climatiques, déplorent le contraste entre cette situation qualifiée d’alarmante par les autorités, et le contenu des bulletins météo sur les antennes de France Inter, Franceinfo et France Culture : 

« Je suis dégoûtée d’entendre des bulletins météo où la pluie est considérée comme une calamité ! Ce mercredi matin sur Franceinfo, (mais c’est pareil pour TOUTES les chaînes) entendu « les averses vont ÉPARGNER » les départements du sud !! Vos intervenants ne sont pas au courant que certains départements sont en alerte sècheresse ???? Et que la pluie y serait considérée comme une bénédiction ??? C’est une honte de véhiculer encore des schémas pareils ! Un peu de nuance, s’il vous plaît ! » 

« Journal du mardi 7 mars sur France Culture : la météo annonce un épisode pluvieux. Je cite : « Seules la région PACA et l’Occitanie seront préservées ». Y’a encore du boulot à Radio France… Vous pouvez passer le mot à la rédaction ? » 

« Je ne comprends pas que toute séquence météo confondue, sur Franceinfo et France Inter, vous êtes toujours à :  
– utiliser un ton enjoué pour parler du soleil et un ton dépité pour annoncer la pluie quel que soit la saison et la sècheresse en cours  
– utiliser des termes mélioratifs pour le soleil « il gagnera largement… » encore ce matin alors qu’on vit une sécheresse historique…  
Sans être anxiogène vous pourriez adaptez vos choix de champ lexical et de ton en fonction des saisons et des épisodes climatiques en cours… Cela participerait à la sensibilisation des gens… » 

« Dans un monde heurté par le changement climatique, il pourrait être bien de faire évoluer l’angle de vue et le vocabulaire des présentateurs météo sur les antennes de Radio France. Pourquoi être positif quand il fait beau et chaud en plein hiver ? » 

Les remarques des auditeurs concernant les bulletins météo ont bien sûr été relayées auprès de toutes les directions des rédactions des chaînes. 

Samedi, dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo, à 13h20 et 16h20, nous reviendrons sur le souhait des auditeurs d’un changement de vocabulaire dans la présentation des bulletins météo, avec un champ lexical plus pertinent au regard du contexte qualifié de « situation de crise » par le ministre de la Transition écologique. Nous évoquerons également la couverture éditoriale de l’actuelle sécheresse par la rédaction de Franceinfo qui a fait de la transition écologique l’un des axes forts du traitement de l’information sur son antenne depuis le début de l’année.  

8 mars, Journée internationale des droits des femmes 

De Paris à Kaboul en passant par Barcelone, des femmes du monde entier ont manifesté pour défendre leurs droits, bafoués en divers endroits de la planète. Talibans au pouvoir en Afghanistan, répression de la contestation provoquée en Iran par la mort de Mahsa Amini, remise en cause du droit à l’avortement ou féminicides : les motifs de mobilisation étaient nombreux ce mercredi 8 mars et les auditeurs ne se sont pas privés de commenter les choix éditoriaux ou musicaux des antennes : 

« Quelle bonne idée France Inter ! Inviter en matinale le ministre qui porte la réforme des retraites dont les effets vont se faire sentir très majoritairement sur les femmes qui vont avoir des pensions inférieures de 40% à celles des hommes… Quelle performance !  
On aimerait bien entendre :  
1) plus de femmes  
2) des femmes qui ont un avis au moins aussi autorisé sur cette réforme que M. Dussopt  
3) quelques-uns, autre qu’Olivier Dussopt (3 fois sur votre antenne en moins d’un mois !)  
Stop ! » 

« France Inter déroule le tapis rouge à Olivier Dussopt, le jour de la Journée des droits des femmes qu’il bafoue vulgairement avec sa réforme ! Bravo !!! » 

« Aujourd’hui 8 Mars, Journée internationale des droits des femmes, je suis réveillée par votre radio qui diffuse « I got a woman » de Ray Charles. Ce n’est sans doute pas le titre le plus approprié à cette journée des droits des femmes et sans doute (outre les talents de musicien de Ray Charles) ce titre n’est d’ailleurs pas du tout approprié… Je vous laisse en traduire les paroles et sans doute vous excuser auprès de vos auditrices pour ce choix très très moyen. En espérant que cela n’était pas volontaire mais simplement l’expression d’une non-maitrise de l’anglais à France Culture. » 

« Toute contente ce matin de retrouver ma radio France Inter après un jour de grève. Tout va bien jusqu’à la revue de presse. Les articles sélectionnés ne parlent que de femmes victimes, pauvres, fragiles. C’est la réalité mais pas que. Je suis fière d’être une femme et j’aime bien aussi quand Léa Salamé parle des femmes de pouvoir. Le changement passe aussi par une perception différente des femmes. » 
  

« Jean-Marie Le Pen, l’obsession nationale » 

Après « Le fantôme de Philippe Pétain » et « Léon Blum, une vie héroïque », « Jean-Marie Le Pen, l’obsession nationale », est la nouvelle série de podcasts consacrés à l’Histoire, proposée par Philippe Collin.  

Décliné en sept épisodes et réalisé par Violaine Ballet, ce nouveau podcast est conçu à partir d’archives rares et accompagné par d’éminents universitaires, historiens et politistes. Philippe Collin analyse la trajectoire du leader du Front national en souhaitant prémunir les auditeurs de leurs émotions.  

Ces derniers ne se sont pourtant pas privés de nous les transmettre. Leurs réactions sont partagées, entre incompréhension, indignation et félicitations : 

« Incroyable, France Inter faisant la promo d’un parti raciste et xénophobe !! À partir d’une collection de Philippe Collin qui a le culot de positionner Le Pen au rang de Napoléon, et autres grands hommes, France Inter ose nous proposer une semaine de promotion de l’ancien chef du Front et de son action.  
Nous qui avons entendu la première émission de propagande, refusons que la radio de service public soit au service de la promotion d’un parti dont on connaît les thèses et les fondements. Honte à vous. »  

« Juste pour remercier Radio France et féliciter Philippe Collin pour la magistrale série sur Le Pen. Pouvez-vous transmettre ? Merci. Encore des podcasts de cette qualité ! » 

« J’aime beaucoup la série de Philippe Collin sur Jean-Marie Le Pen mais j’ai aussi été étonné par cette affirmation que la pratique de la torture par ce dernier en Algérie ne serait que de la forfanterie. Des précisions seraient bienvenues… »  

Tout au long des épisodes, Philippe Collin interroge ce qu’incarne Jean-Marie Le Pen dans l’histoire de France, estimant qu’il faut sonder son destin pour éclairer notre présent, sans diabolisation ni préjugés.  

Dans la présentation de cette nouvelle série de podcasts, France Inter rappelle que : « Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen et son Front National accèdent au second tour de l’élection présidentielle. Ce soir-là, peu après 20h, le leader de l’extrême droite s’adresse aux Françaises et aux Français. (…) Puis il appelle à un redressement national, l’expression est mûrement choisie (…). Le redressement national, c’était l’obsession de Philippe Pétain, et ce n’est en rien caricatural, c’est Le Pen lui-même qui a choisi cette expression. La suite du discours cherche à nourrir le lien, entre un peuple et un chef. Jean-Marie Le Pen appelle les Français à se regrouper autour de lui pour sauver une patrie en danger, une nation entravée. Enfin, Le Pen résume son programme et définit son identité politique : « Je suis socialement de gauche, économiquement de droite et nationalement de France ». 
Au second tour, le 5 mai 2002, Jean-Marie Le Pen sera largement battu par Jacques Chirac avec 82% des voix mais désormais plus rien ne sera comme avant. En avril 2022, vingt ans plus tard, Marine Le Pen, sa fille, est à nouveau au 2nd tour de l’élection présidentielle, avec cette fois 41,5% des suffrages. Et dans la foulée, en juin, 89 députés du Rassemblement national, sont entrés au Palais-Bourbon. Ils sont tous les héritiers de Jean-Marie Le Pen. Alors, quelle est leur matrice idéologique ? »

Dans ce podcast, Philippe Collin met en lumière l’évolution de Jean-Marie Le Pen en appliquant : « une seule règle, toujours la même, expliquer, faire de l’histoire. » 

Geoffroy de Lagasnerie 

Dans son nouveau livre, conçu comme un éloge de l’amitié, et intitulé « 3, une aspiration au dehors » aux éditions Flammarion, le philosophe et sociologue, Geoffroy de Lagasnerie décrit le trio de penseurs de gauche qu’il forme avec Didier Eribon et Édouard Louis. Une amitié prodigieuse et fertile qu’il analyse comme un « principe d’existence, qui structure nos rapports à l’espace et au temps, aux institutions, aux autres ».

Invité de Léa Salamé, lundi à 7h50, sur France Inter, son passage a été largement commenté par des auditeurs interloqués de sa vision de la famille associée à « la déperdition, la tristesse, l’ennui, la sociabilité, l’obligation, la classification des identités ». 

La famille serait, selon lui, un mode de vie répressif et la parentalité une source de perte de liberté. Au fil de l’interview, le philosophe et sociologue se demande pour quelles raisons nous vivons dans une société de « familialisme autoritaire ».  

Ses prises de positions ont déchainé les critiques : 

« Comme d’habitude notre apôtre de la radicalité d’extrême-gauche vient nous apporter son message « biblique ». Une idée, au départ qui est intéressante, devient une logorrhée extrémiste qui devient assez pathétique. Tout extrémisme devient inquiétant et on imagine ce que de tel personne ferait au pouvoir.  
On se rappelle ces paroles fascistes sur votre antenne demandant une censure dans les médias et dans les lieux scolaires (que l’on voit arriver en France).  
En même temps, quand on sait que ces 3 copains soutiennent le pire du populisme d’extrême-gauche : Assa Traoré, Tariq Ramadan, les islamistes… bref de bons républicains… vous riez même de ses outrances mais malheureusement ces idées deviennent des ordres dans certains milieux… »  

« Était-il indispensable de nous faire entendre les propos de M. G. de Lagasnerie ? Ils sont loin d’être « stimulants » comme l’exprime Léa Salamé qui a eu toutefois le mérite de lui apporter un peu de contradiction. Avons-nous besoin de cet argumentaire confus et qui respire l’entre soi (E. Louis avait créé la polémique en parlant de sa famille dans ses écrits…). La famille serait « fasciste », la réforme des retraites « barbare » (quels mots utilise-t-il pour qualifier les crimes commis en Ukraine ?), etc. Et il veut faire de l’amitié « un mode de vie », c’est une plaisanterie. Il a fait rire la rédaction, semble-t-il, pas nous. Nous entendons trop souvent ces personnes qui ayant été incapables de trouver leur place dans notre société veulent imposer leur opinion minoritaire. Malheureusement avec ce ressentiment qui se répand dans notre société, ils peuvent avoir une influence nocive. Cessez donc d’ouvrir votre antenne à ces personnages qui n’existent que par la polémique. On voit à nouveau les limites de ce parti pris de faire état de la « diversité des opinions » versus un journalisme rigoureux fondé sur les faits, l’expertise. Respectez vos auditeurs dans le choix de vos invités. » 

« Qu’est-ce que c’est que ce gars-là ?… Ou plutôt, qu’est-ce que c’est que cette vision de la vie là ? Binaire. Clivante. Pffff… Je suis d’accord avec Léa Salamé : la famille n’empêche pas l’amitié !!! Et vice versa, non de non !!! Ce monsieur devrait peut-être suivre une psychanalyse pour remonter là où ça coince dans son désamour de la cellule familiale et de l’effort personnel… » 

Coup de cœur des auditeurs 

Chaque dimanche matin, dès 7h sur France Musique, deux heures sont intégralement consacrées au Cantor de Leipzig : concerts, publications, pépites, hommages, comparaison d’interprétation, actualité du disque, «  Le Bach du dimanche », de Corinne Schneider, enchante littéralement les auditeurs :  

« Pour ne manquer sous aucun prétexte « Le Bach du dimanche » le radio-réveil est réglé à la bonne heure. Donc ce dimanche matin, je me réveille avec les premières notes de la première cantate en début d’émission. Il ne peut y avoir de plus beau réveil que celui de ce matin, tant la cantate, émouvante et mélancolique, si bien composée et si magnifiquement interprétée, m’a porté, envouté et transporté dans un monde plus harmonieux. J’essaye d’imaginer JS Bach composant un tel joyau, une écriture du chant de l’âme. » 

« Bonjour à vous, excellent dimanche, avec l’indispensable « Bach du dimanche ». Déjà que Radio France – et France Culture en particulier – est une radio géniale, avec cette émission on atteint un sommet, merci à vous c’est tout simplement splendide ce que vous faites.  
Je vous livre cette pensée qui me vient à chaque fois que j’écoute Bach : « Il y a Bach donc je peux mourir. Il y a Bach donc je veux vivre ! »  
Bien amicalement et très bon dimanche »  

« Chère Corinne, chers tous qui faites des petits matins du dimanche un moment de joie et de jubilation ! Et oui, même à potron-minet !  
Merci de nous offrir l’excellence en toute simplicité, avec énergie, finesse et intelligence. Grâce à vous, nous devenons meilleurs car la musique servie par d’aussi bons journalistes adoucit la vie et la rend plus belle, plus humaine. Aussi, de tout mon cœur, merci ! » 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes

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