Je suis enseignante et je viens d’écouter le programme « Le Téléphone Sonne ». Je veux vous remercier d’avoir donné la parole à des personnes qui sont sur le terrain et qui font face à la réalité quotidienne au sein des écoles. J’ai enfin l’impression que nous commençons à être entendue. Je ne souhaite pas la fermeture des écoles, je souhaite seulement qu’on nous donne les moyens de mettre en place de réelles mesures de sécurité sanitaire et qu’on nous présente un protocole réaliste. Je suis très respectueuse des gestes barrière au sein de mon collège et à l’extérieur, dans ma vie quotidienne. Mais j’ai conscience de me mettre en danger chaque fois que je vais travailler. Ce qui est un comble ! La question n’est pas de savoir si je vais attraper la Covid, mais quand ! J’espère que des émissions comme la vôtre vont permettre aux choses de s’améliorer et à tous les usagers de l’école de se sentir en sécurité.

Ayant entendu l’annonce du thème de votre émission, je me suis dit : enfin “Le téléphone sonne” va parler de la médecine scolaire et de son rôle crucial pour aider à gérer la crise sanitaire. Mais non pas une seule fois on a prononcé le terme de médecin scolaire, alors que nous sommes au front pour le contact tracing. En Normandie la cellule COVID est débordée par les cas d’élèves et de personnels positifs. Pour vous rattraper il faut faire une émission sur le travail de médecin scolaire au temps du COVID !! C’est urgent de le faire car même notre ministre a oublié qu’il ne reste que 800 médecins scolaires pour 12 millions d’élèves !!

L’application des demi-classes est très problématique : les élèves qui sont chez eux (1 jour sur 2) ne sont absolument pas pris en compte par les professeurs, qui font leurs cours pour les élèves en présentiel uniquement.
Lors de la précédente phase il est arrivé que mon fils en 2nde passe la journée à attendre les consignes des professeurs… (un seul professeur faisait son cours avec la visio allumée)
C’est une catastrophe éducative. Et je ne suis pas sûr de l’impact sanitaire

Un témoignage d’une enseignante en primaire. Sans arrêter l’école, mais alléger les classes, les professionnels de l’éducation restent en poste et accueillent les élèves à mi-temps un jour sur deux.
Pourquoi radicaliser (arrêter l’école) alors que nous pouvons aménager ?

Depuis la rentrée de septembre, notre lycée de 1000 élèves fonctionne à plein régime, lorsque des professeurs ou élèves attrapent la Covid , ils sont écartés pendant le temps nécessaire puis réintègrent l’établissement. Ayant connu l’enseignement à distance durant le confinement en mars avril l’an dernier, je préfère vraiment venir en cours même avec le masque. J’ai des classes de 30 et parfois des demi-groupes. Les élèves sont heureux de venir au lycée, voir les copains et portent le masque avec décontraction.

La cantine est un faux problème, les élèves, devant le lycée, dans le lycée continuent à se dire bonjour par bise, continuent à se toucher en permanence pour jouer, font des empilages, se tripotent discutent sans masque dès que l’on ne les surveille pas, en classe mettent le masque sur le menton en permanence, on doit leur dire 20 fois par heure de remettre le masque, d’utiliser du gel etc. La distanciation les dépasse totalement.

Je suis gestionnaire d’un lycée accueillant 1500 élèves en milieu rural. L’accueil à la demi-pension est indispensable, mais les locaux ne permettent pas la distanciation. Installer des barnums, ce ne serait pas un problème, mais trouver des personnels pour assurer la production des repas alors que le protocole alourdi énormément les taches, ce n’est pas facile ; d’autant que ces mêmes personnels sont réquisitionnés aussi pour l’entretien des locaux avec protocole lourd. On ne peut pas simplement dire que l’on ne fait rien…et tout ce qui est fait semble gâché par l’attitude de certains à l’extérieur de l’établissement !

Je suis très étonnée qu’on ne parle pas sur vos ondes (et dans les autres médias) des fermetures d’écoles à Paris. Ce n’est pas une perspective plus ou moins vague, c’est déjà une réalité. Parlons-en !

Si les contaminations ne sont pas un problème, la réalité en revanche est que les enseignements ne se font plus sereinement et le climat scolaire se détériore fortement, l’institution ne peut tenir aussi longtemps en classe entière, elle devient maltraitante. Il y a de plus en plus de punitions, de harcèlement entre élèves de conflits parents professeurs. Et faire tenir les gestes barrière, notamment au lycée devient très difficile. Beaucoup de collèges n’ont pas pu mettre en œuvre les protocoles, beaucoup reviennent en arrière pour éviter l’implosion et les arrêts maladie.

Pourquoi n’y a-t-il pas de reportage dans les établissements scolaires en particulier dans les cantines ? Pourquoi les journalistes ne font pas leur travail ?

Suite à plusieurs cas positifs, mon mari, directeur d’école rurale, s’est lancé cette semaine sur la piste des tests salivaires. Ni la CPAM, ni l’ARS, ni l’inspection académique n’ont su lui répondre. On lui a même suggéré d’appeler la préfecture… 

Je suis très en colère, aujourd’hui, il y avait un dépistage Covid-19 au collège de mon fils, seulement ce test est soumis à autorisation parentale : 7 enfants sur 28 se sont fait tester et 4 sont avérés positifs ce qui potentiellement porte à 16 le nombre de positifs sur cette classe. Conclusion la classe est fermée pour une semaine. Il se trouve que deux autres classes sont dans le même cas. Donc trois classes fermées et à priori le collège sera fermé lundi.
25% des parents seulement ont donc accepté de faire tester leur enfant, les mêmes qui se plaignent que la gestion de la crise sanitaire laisse à désirer !!!!!!! Je suis révoltée et pense qu’il faudrait rendre le dépistage et la vaccination obligatoire !!!

Je suis enseignante de CP dans le 78. Nous venons de recevoir une instruction de l’Inspection académique qui a décidé, en plein confinement du département, la réouverture des piscines : 
– 13 élèves garçons dans le même vestiaire et 14 filles dans le leur 
– masque laissé dans les vestiaires 
– partage du bassin, douche commune 
– enseignante qui aide les enfants à s’habiller…. Comment est-ce possible ????? en plein confinement ??

Le nouveau protocole ferme les classes pour 1 cas parmi les élèves mais les enseignants et AESH présents dans les classes en élémentaires ne sont pas considérés comme cas contact et peuvent rester à l’école !

Comment se fait-il que dans tous vos journaux, on ne mentionne jamais que les lycées ne sont pas que à 50 % d’élèves en présentiel. Un exemple, l’hypokhâgne du lycée Jules Ferry à Paris est à 100 % en présentiel. Quand le service public de l’information va-t-il cesser de couvrir les pratiques élitistes d’une certaine “intelligentia” au prix de la santé de tous ? En tant que professeur dans un lycée toulousain lui aussi à 50 % géométrie variable, ceci me choque. Où est le quatrième pouvoir ?

Pourquoi tous les invités étaient à charge dans votre émission ? Pas de débat tout le monde était contre le ministre, les mesures. Pourquoi ne pas prendre des initiatives dans les écoles sans attendre les directives ?

J’entends bien la gravité du poids sanitaire mais la situation scolaire est aussi est très grave : en lycée les élèves (à mi jauge depuis novembre dans mon lycée) décrochent toujours plus ! et pourtant j’enseigne dans un secteur favorisé, tous ont un ordinateur et les professeurs font des cours virtuels en direct pour les élèves restés à la maison par alternance…Les plus faibles sont perdus ! Génération perdue ! On voit les dégâts au quotidien… Et dans les zones défavorisées, n’en parlons pas ! En plus les jeunes dépriment…

Personne ne parle de notre situation. Nous sommes déjà débordés au quotidien, là c’est devenu ingérable, suspicion de cas, espionnage des parents .je n’arrive plus à rentrer au collège. Personne ne nous a aidé à trouver des lieux de vaccination.

Non seulement j’envie mes collègues et compatriotes allemands pour leur meilleur salaire que le nôtre mais surtout, en ce moment, aussi pour les soins que prennent leurs ministres pour eux – ils sont confinés pour une grande partie. J’enseigne l’allemand, j’ai des groupes avec des élèves venant de 4 classes différentes – masqués certes, mais soi-disant, on veut éviter le « brassage »… Il m’arrive aussi d’enseigner dans une salle où une fenêtre sur 5 s’entre-ouvre… pendant qu’en Allemagne on exige des filtres à air et autres installations techniques qui ne semblent pas exister dans le langage de l’EN… En tant que professeur, il faut avoir bon dos ici !!!

Je suis enseignante en primaire qui a choisi de garder le rythme scolaire à 4,5 jours. De ce fait, nous subissons un jour de brassage supplémentaire dans la semaine, et les agents de nettoyage ne disposent jamais du temps nécessaire (que donnerait une matinée sans élève) pour nettoyer correctement les classes.
A l’heure où l’État incite au télétravail, ne pourrait-il pas prendre ses responsabilités d’employeur et arrêter de laisser aux communes le choix des questions qui touchent à la santé du personnel de l’éducation nationale, et des élèves. Une mesure simple qui aurait sans doute plus d’effet qu’un nouveau protocole…

En pleine écoute de votre émission, je souhaite témoigner. Enseignante en école maternelle j’ai été contaminé à deux reprises par ce virus en mars 2020 et en février de cette année et j’ai contaminé ma famille. Je suis choquée par les réactions de certains parents, la réaction de notre hiérarchie qui ne nous répond que très rarement. Comment faire pour continuer…mais je soutiens le fait que les écoles doivent rester ouvertes !

La question des cantines. Talon d’Achille car lieu où les enfants sont sans masque. Quid des maternelles où les enfants sont sans masque, sans distanciation toute la journée.
Et je ne parle pas des parents qui refusent le gel hydroalcoolique sur les mains de leur enfant … au motif que ça aura peut-être des conséquences sur sa santé dans 10 ou 20 ans!!!

Et les personnels de vie scolaire alors ?
II n’y a pas que les enseignants dans l’éducation.

Les crèches

Pourriez-vous faire un sujet sur le personnel de crèche en cette période de Covid…il existe des centaines de crèches en France avec des centaines de professionnels en premières lignes et beaucoup sont tombés malades…reviennent travailler…prennent des risques et personne n’en parle. Lors des annonces du gouvernement, l’école est citée mais jamais les crèches et le personnel…

Je m’étonne et suis très en colère, jamais on ne parle de la situation catastrophique des crèches et des clusters qui s’y déroulent. Vous parlez des écoles, lycées, collèges.
Jamais de nous, le personnel petite enfance déjà mis à mal par les décrets augmentant nos capacités d’accueil régulièrement dans l’indifférence totale. Nous fonctionnons à plein effectifs d’enfants depuis un an avec des mesures d’hygiène en hausse. Nous sommes touchées de plein fouet (11 cas sur ma structure sur 25!!!!) Et les établissements restent parfois ouverts malgré tout ça.
Parlez de nous, notre métier a besoin de lisibilité au même titre que les autres.

J’écoute vos émissions avec beaucoup d’intérêt, vous êtes ma radio préférée.
Votre travail est remarquable, pour cela j’ose vous écrire en vous demandant pour quelle raison, quand on parle du COVID et des métiers de première ligne, deuxième ligne…jamais le personnel qui travaille en crèche est cité.
Tous les médias parlent souvent des « oubliés » citant les caissières de supermarché, des éboueurs, les agents de sécurité et de nettoyage. Le personnel des écoles…et ….jamais du personnel en crèche. Et pourtant, lors du premier confinement, nous étions là, nous avons accueilli les enfants du personnel soignant pour qu’ils puissent continuer leur travail ( il y a eu des reportages sur les écoles et personne n’a parlé des crèches ouvertes pour la même raison). Le personnel des écoles a reçu une prime, nous, personnel de crèche, rien.
J’ai parfois le sentiment que notre travail est moins valorisant/valorisé que les autres, que même au regard des médias nous ne sommes pas intéressants.
Et pourtant il y a de la matière pour faire des reportages à ce sujet: les conditions de travail parfois difficiles avec des gestes répétitifs, que nous devons faire à la hauteur des enfants. Travailler à la longueur des journées avec un mobilier adapté à la taille des enfants ( pas aux adultes) nous oblige à être « plies », assises par terre, à genoux ( quand il n’y a pas du matériel de travail qui nous facilite la tâche)…tous ses positions que nous sommes tenus de conserver à la longueur des journées, que avec les années deviennent plus dures à exécuter ( mais parce que notre travail n’est pas reconnu, notre pénalité non plus…alors nous devons continuer à travailler jusqu’à l’âge de retraite normal, c’est à dire, 64 ans si nous avons tous les trimestres, 67 ans si nous avons peu travaillé).
Quand nous sommes jeunes, tenir cette cadence de travail actuel (avoir 14 ou 15 petits enfants à prendre soin dans un même groupe, au même temps, parfois plus) … Cela se fait, mais après quelques années, jusqu’à 64 ans…
Ce sujet et d’autres …sur notre métier, n’intéressent pas à la presse, aux médias, pour faire connaître au public ce qui se passe derrière les murs d’une crèche. Des reportages avec des personnes qui écrivent sur le travail du personnel de crèche, qui sortent des livres sur le sujet, des entrevues. Les gens ont peur.
Les métiers de la petite enfance sont « les oubliés » … du système. Il y a bien beaucoup de choses qui dérangent ….il ne faut pas provoquer la colère des grands groupes de crèches privés qui deviennent de plus en plus puissants économiquement parlant….et les politiques n’ont pas autre solution pour un mode de garde des enfants… Ils en dépendent de ces « tous puissants » qui exploitent des gens (qui aiment le travail qu’ils font, sont dévoués) qui ont besoin de travailler.
Je suis une professionnelle de crèche. Je voulais juste que dans vos reportages, dans vous émissions, vous puissiez trouver une place pour nous , personnel de crèche  » les oubliés » du système.

Les sujets réalisés par les antennes sur la situation des crèches :

FRANCE CULTURE 

Journal de 8h du 30 mars, Les personnels de la petite enfance se mobilisent ce mardi : https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-8-h/journal-de-8h-du-mardi-30-mars-2021  

FRANCEINFO 

Dans les titres du 30 mars au matin : grève dans les crèches aujourd’hui contre les conditions de travail, alors que le Covid a compliqué les choses  

FRANCE BLEU 

Une campagne de tests salivaires dans les crèches de Moselle, une première en France : https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/une-campagne-de-tests-salivaires-dans-les-creches-de-moselle-une-premiere-en-france-1616697423  

Covid-19 : grève dans les crèches parisiennes ce jeudi : https://www.francebleu.fr/infos/societe/covid-19-greve-dans-les-creches-parisiennes-ce-jeudi-1605722388