France Inter en partenariat avec Konbini a consacré mardi 5 octobre une journée aux femmes afghanes, celles restées dans leur pays et aujourd’hui rayées du monde mais aussi celles en France et en Europe. Tout au long de cette journée, les auditeurs ont écrit :

Bravo pour cette journée de solidarité pour les femmes afghanes ! Moi qui connais bien le pays frontalier qu’est l’Iran, la musique afghane ressemble un peu à la musique persane. Je ne peux m’empêcher de penser à ce pays dont les femmes aspirent également à la liberté. Pourquoi ne parle-t-on jamais ou très peu de ce que vivent les gens dans ce pays ? Pourquoi pas une journée femmes iraniennes ? Pierre Haski parle parfois de l’Iran, certes, mais sur les aspects géopolitiques.

Merci pour votre belle émission consacrée aux femmes afghanes mais aussi à Charlotte de Turckheim qui a témoigné de la détresse des hommes aussi à travers celle de son mari, n’oublions pas les hommes qui les soutiennent et sont aussi menacés pour cela. Mon fils a accueilli un jeune Afghan devenu notre ami et obligé de fuir son pays suite à l’engagement de son propre père. Toute notre solidarité avec le peuple afghan dans son pays comme ailleurs dans le monde.

Je me permets de vous écrire concernant votre journée pour les femmes afghanes. Etes-vous conscient du sexisme de votre démarche ?
Définition du sexisme selon le petit Larousse : “Attitude discriminatoire fondée sur le sexe.”
Imagineriez-vous une journée pour les hommes afghans ? Non. Alors pourquoi une journée pour les femmes afghanes ?
N’aurait-il pas été plus juste de faire une journée pour les Afghans en général ?
Connaissez-vous ce que vivent les hommes afghans ? ou pour vous les hommes afghans sont-ils tous des talibans ?
Savez-vous que les talibans passent depuis des années dans les familles afghanes pour leur réclamer un de leur fils (et pas les filles) pour se battre avec eux ? et que si les parents refusent les talibans tuent souvent leurs fils ?
J’ai eu la chance de travailler avec de jeunes afghans immigrés en France et je peux vous dire que ce que vivent les garçons en Afghanistan est aussi horrible que ce que vivent les filles.
Je ne nie pas bien au contraire les horreurs vécues par les filles, les femmes mais cette horreur est partagée par tous les Afghans, hommes et femmes.
Pour revenir sur le sexisme, êtes-vous conscients que le fait de séparer les hommes et les femmes en Afghanistan ou ailleurs crée du sexisme ?
De plus en mettant en avant les femmes afghanes avez-vous conscience de mettre les femmes dans une position de fragilité, « des pauvres petites » qu’il faut protéger et ainsi les rabaisser car si vous faites une journée pour elles c’est qu’elles ont besoin d’être protégées contrairement aux hommes (vu que vous les excluez).
Toute distinction, toute séparation entre les hommes et les femmes créent du sexisme.
Je sais que ce n’était pas votre objectif… mais c’est le résultat final malheureusement.
J’ai deux filles et un fils et je n’ai pas à protéger plus l’un par rapport à l’autre. J’éduque mes enfants de la même manière et je n’ai pas envie qu’un de mes enfants de par son sexe soit vu différemment des autres.
Et encore une fois malheureusement c’est ce que vous causez en dissociant les personnes de par leur sexe dans une journée comme hier.
Je n’ai aucun doute sur l’inutilité de ma démarche quand je vous fais ce courrier mais peut être que ça fera réfléchir au moins une personne (vous qui lisez) et si c’est ça ce courrier aura toute sa justification.

Merci pour cette superbe soirée autour des voix et de la musique afghanes qui disent magnifiquement la richesse et la beauté de la culture de ce pays. En union de pensée avec vous tous et nos amies et amis Afghans. Une belle soirée d’humanité.

Merci France Inter pour cette journée consacrée aux femmes afghanes, pour tous ces témoignages et cette réflexion, dont on manque beaucoup dans ces médias de l’instantané. Je protège moi-même un jeune afghan qui aura 24 ans le 10 oct. Avec quelle détresse, quelles blessures, physiques et mentales, qui les suivent même 6 ans après ! Quel chagrin pour ces hommes et ces femmes, de laisser le reste de la famille, de tout reconstruire, de se heurter aux difficultés de notre langue, bien peu de femmes osent parler mais combien se taisent ?
Mon protégé, qui habite Guéret, qui travaille, a à plusieurs reprises présenté une expo photo de sa migration, bien sûr irrégulière, intervention dans mon ancien collège, pour faire changer le regard sur les « migrants ». Ces hommes et ces femmes vivent désormais coupés en deux, avec d’autres références culturelles. Quel courage leur faut-il ! Ali ne peut plus parler de son pays. Son ami, Haroon a honte d’être afghan ; quand on lui demande « de quel pays viens-tu ? Il cache sa nationalité.
Que vont devenir ces gens oubliés en Afghanistan.
S’il vous plaît, essayez de ne pas parler que de Kaboul ; De tous les nombreux afghans (beaucoup de jeunes hommes) que je connais, beaucoup sont des ruraux et des provinciaux. Le contexte y est très différent, et les talibans encore bien plus présents !

Mais que font les hommes : les frères, les pères, les époux Afghans pour combattre l’obscurantisme des talibans ?

Ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan est bien sûr épouvantable et devrait aussi nous donner à réfléchir sur notre propre situation.
Depuis 20 ans la majorité du peuple afghan pensait être sorti des systèmes autoritaires et semblait voguer vers la démocratie. En quelques jours le rêve a été anéanti par une poignée d’extrémistes certainement soutenus par une part non négligeable de la population.
En France et dans d’autres états démocratiques nous avons peut-être trop oublié que nos libertés ne sont pas si anciennes que ça et restent fragiles. Surtout quand la démocratie permet aux réactionnaires et autres obscurantistes de prendre le pouvoir.
Ici, chez nous, l’extrême droite fait son chemin et pourrait bien remettre en cause et supprimer une multitude de droits fondamentaux. On imagine aisément les suites dans cet aspect de leur programme. Aider les femmes afghanes c’est aussi nous aider nous-mêmes.
La démocratie n’est pas un état perpétuel nous devrions toujours avoir cette réalité à l’esprit.

En cette journée spéciale en soutien aux femmes Afghanes, pourquoi France inter (et plus) ne diffuse pas « en boucle » la très belle, vraie et virulente chanson de Pierre Perret : « La femme grillagée » ? et pas que ce jour…
N’est-il pas temps d’agir car cette idée est simple et tellement éducative auprès d’hommes qui agissent telle que cette chanson le dit ouvertement, n’est-ce pas, et qu’elle ouvre aussi une perspective aux femmes !

La journaliste qui réagit sur l’Afghanistan dit que c’est un échec pour les Américains ! Non on ne peut pas dire ça pour les militaires morts pour défendre ce n’est pas un échec ils ont mené leur mission ! Partis vite car les Afghans n’étaient pas prêts pour combattre le terrorisme ! C’est peut-être la préparation du départ qui a failli !

Ce qui se passe en Afghanistan est horrible !
Mais n’oublions pas ce qu’il se passe en Arabie Saoudite, et autres, qui sont adoubés par les Européens et les Américains. Alors que le sort des femmes n’y est pas plus enviable.

Juste pour souhaiter la bienvenue en France à vos invitées et merci à tous les bénévoles qui participent à leur accueil.