Voilà plusieurs jours que je remarque avec étonnement l’usage, par vos équipes, de l’expression « convoi(s) autoproclamé(s) de la liberté ».
Pourquoi cet ajout, inutile et ridicule, du terme « autoproclamé » ? Parlez-vous de « La France supposément insoumise » ? Du « Rassemblement soi-disant national » ? Du « parti autoproclamé des Républicains » ? Ou même « des jeux prétendument olympiques », de « la soi-disant association des amicales du don du sang », j’en passe et des meilleurs ?
Ce genre d’adjectif n’est jamais utilisé pour un autre mouvement, un parti, une association ou un groupe militant. Son usage systématique, lorsqu’il s’agit des convois de la liberté (dont on peut très bien penser ce que l’on veut), est pour moi significatif du mépris à peine dissimulé d’une partie de la classe journalistique pour les participants à ces convois et, plus largement, pour les classes populaires dans leur ensemble (nous avons assisté, en 2018-2019, aux mêmes réflexes lorsqu’il s’agissait des Gilets jaunes).

La réponde de la médiatrice Emmanuelle Daviet à lire ici :

À plusieurs reprises dans les journaux, plusieurs présentateurs voulant parler des « convois de la liberté », ont usé de la formule « convois de la liberté autoproclamés », drôle d’épithète.
Elle se ressent comme une minoration de cette action, voire un dénigrement. La péjoration est induite par le fait qu’accoler « autoproclamé » au convoi de la liberté, renvoie à une prise de distance assez discriminante et, pour tout dire, méprisante.
Après tout, ce pourrait être un point de vue. Mais encore faudrait-il l’affirmer, car je ne crois pas que cette formule doive au hasard.
Sautant d’une bouche à l’autre, de journal en journal, elle n’est pas le fait d’un journaliste maladroit à qui elle aurait échappé. Ainsi rabâchée, elle finit par ressembler à un « élément de langage » qui a pour fonction d’insinuer. Une partie de la rédaction aurait-elle des éléments de langage à distiller ?
Je ne comprends pas pourquoi certains journalistes se sentent obligés d’accoler « autoproclamé » à cet événement. C’est juste un événement et il doit être traité comme tel, et non en fonction d’une doxa qui n’appartient qu’à une partie d’entre vous.
N’est-il pas dit dans le BABa du petit journaliste illustré qu’il faut impérativement fuir les qualificatifs et les adverbes, quand on porte un fait. Parlez-vous de la médaille d’or chanceuse de la France au biathlon ? La mise en examen abusive (ou méritée) de tel ou tel ? De la même façon, pour les manifestations d’hommage à Charlie Hebdo avez-vous parlé des cortèges des « Je Suis Charlie autoproclamés » ? En revanche, Emmanuel Macron joue les médiateurs Russie-Ukraine : est-il mandaté par l’ONU ? Le parlement Européen ? La représentation nationale ?
Ne s’agit-il pas, dans ce cas précis d’un « médiateur autoproclamé » ? Personne, ce me semble, n’a usé de la locution qui, en l’espèce aurait pourtant tout lieu d’être appliquée. Vous allez, dans ce cas, me répondre que vous vous en tenez au fait. Et vous aurez raison : Macron joue les médiateurs. Point.
Alors pourquoi infliger « le convoi-de-la-liberté-autoproclamé » comme une petite ritournelle chargée de mépris ?

J’ai entendu plusieurs fois cette semaine dans le 13h de France Inter l’appellation « les autoproclamés convois de la liberté ». J’attends donc avec gourmandise d’entendre parler des « prétendus socialistes » des « autoproclamés écologistes » ou des « soi-disants républicains ».
Comment faites-vous la différence entre des mouvements dont le nom qu’ils se sont choisi est respectable en tant que tel, et d’autres dont le même nom serait suspect ? On peut aimer ou pas ce mouvement des convois, être d’accord ou pas avec ses actions et ses revendications, on peut même critiquer la façon dont il a été nommé. (Il y a pour cela des éditoriaux, des billets de blog et autres tribunes.) Mais prendre des pincettes avec ce nom comme vous le faites-vous conduit tout droit à ne rien comprendre et à ne rien expliquer de ce genre de mouvement. Il y a une vie au-delà du périphérique, et on y a droit au même traitement que les politiciens d’en haut. Sinon, c’est l’abstention qui gagne. Que direz-vous quand un candidat à l’élection présidentielle parlera de « l’autoproclamée Radio-France » ?

J’entends aujourd’hui sur plusieurs émissions les journalistes de France Inter utiliser le même élément de langage : les convois « autoproclamés » de la liberté. Pourquoi ce terme, est-ce une volonté délibérée de mise en doute, une volonté de rabaisser ? Pourquoi ne pas aussi utiliser ce terme pour les partis politiques le mouvement autoproclamé la république en marche (LREM) ou le mouvement autoproclamé démocrate (Modem) ou encore les autoproclamés insoumis ?

Depuis plusieurs jours, votre journaliste parle des « autoproclamés convois de la liberté ». Je ne conteste pas l’idée, mais l’expression. Je sais bien que les jeunes journalistes ont appris le français en lisant le Washington Post, cette façon d’antéposer systématiquement les adjectifs n’en est pas moins insupportable en français – peut-être la journaliste n’en est-elle pas consciente (il suffit pourtant d’avoir fréquenté notre littérature pour s’en rendre compte). Ce n’est qu’une des nombreuses violences contre la langue dont certains journalistes de France Inter sont hélas coutumiers. Or, la langue est un bien commun, personne n’a le droit de la malmener. Merci de votre attention.

A propos des manifs de ce week-end, Franceinfo a choisi de nous parler, non pas de convois de la liberté, mais des « convois dits de la liberté ». Fort bien et pourquoi pas, si c’est la neutralité de journaliste, et ne pas se laisser enrôler dans une locution de propagande (encore que… le parti dit des républicains, le parti dit socialiste, le rassemblement dit national, etc. ?). Mais alors, en face, au lieu du mot neutre de police, pourquoi se laisser piéger par une autre propagande, celle du pouvoir (de tout pouvoir en place, y compris le jour où nous aurions une dictature ?) en parlant forcément, avec connivence, de forces de l’ordre (locution introduite par le ministre de l’Intérieur Marcellin, de piètre mémoire, après les événements de 68 pour rassurer le bourgeois…), et non de « forces dites de l’ordre » ?

Evitez, s’il vous plaît, de donner trop d’importance à ces protestataires, qui n’ont pas tous les mêmes griefs mais qui abusent du mot ‘liberté » et du drapeau français. Ne nous faites pas entendre leurs propos, souvent peu cohérents. Ils parlent de « dictature ». Ont-ils ma moindre idée de ce qu’est une dictature ? Ils protestent « pour le pouvoir d’achat », mais ils traversent la France en voiture alors que le prix des carburants est exorbitant. S’ils protestaient à pied ou à vélo, dans leurs régions, cela aurait du sens… Dites -nous qui les manipule et à qui profite ce « mouvement » et continuez à bien nous informer, surtout en cette période préélectorale si peu sereine.

Il est normal que vous nous informiez sur les « convois de la liberté ». Mais tout d’un coup on ne parle plus ni des malades, et pas non plus des soignants qui ont la « liberté » de soigner les non-vaccinés.
J’ai un ami « anti-vax » qui est en réanimation depuis un mois. Comment va-t-il s’en sortir ? Combien coûte-t-il à la collectivité ? Les antivax feraient bien d’aller faire un tour de ce côté, et les journalistes de ne pas oublier cette cruelle réalité. Je vous laisse disserter sur la liberté d’être hospitalisé… Et de toutes les conséquences sociales de cette misère !

Je suis écœurée que vous ouvriez vos journaux avec les « convois de la liberté « . Une poignée de gens s’alignent sur les décérébrés trumpiens, d’extrême droite et on nous casse les oreilles avec leur prose. Le but 1er des Gilets jaunes était le prix de l’essence, non ?
Vos auditeurs méritent mieux. Les opinions nauséabondes rampent et vont finir par devenir LA vérité si nous n’y prenons pas garde.

Comment pouvez-vous passer autant de temps sur ces convois (polluants) alors que les problèmes climatiques sont cruciaux ? C’est le journal qui devrait passer plus de 70% de son temps sur les océans pour 1 fois dans l’année !

Ouvrir le journal de 8h avec le convoi de la Liberté (convoi des complotistes) et parler ensuite du sommet de la mer avec La Réunion des chefs d’état c’est inverser les valeurs. Arrêtez de parler de ces zozos qui vont dépenser bien de l’argent en essence et autoroute et qui demanderont ensuite un chèque énergie !