Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 24 au 29 février 2024 :

  1. Anouchka Delon, invitée de Léa Salamé sur France Inter
  2. La crise agricole
  3. « Le Grand face à face » sur France Inter : « Peut-on nourrir la planète sans la détruire ? »
  4. L’Ukraine
  5. Le pluralisme sur les antennes
  6. Une “tendre et douce épouse” dans « La Bande originale » sur France Inter
  7. « Répliques » sur France Culture : « Faut-il réinventer l’amour ? »
  8. Langue française

Anouchka Delon dans la matinale de France inter 

L’interview d’Anouchka Delon mercredi dans la matinale de France Inter a été la séquence la plus critiquée de la semaine dans les messages des auditeurs.  

L’échange entre Léa Salamé et la fille d’Alain Delon a suscité une profonde consternation, de la gêne, voire de la colère, parmi les fidèles de la station. De nombreux auditeurs ont critiqué le caractère sensationnaliste et voyeuriste de cette interview, axée sur des affaires familiales à caractère privé. Ils soulignent que les propos échangés ne présentaient aucun intérêt et ne contribuaient en rien à leur enrichissement intellectuel : « Quel festival de mauvais goût ! ». Ils estiment, à l’unisson, que cette interview est contraire à l’image d’une radio publique dédiée à l’information et au débat d’idées : 

« Je viens d’écouter l’interview de Léa Salamé ce mercredi 28 février. Le choix de l’invité s’est porté sur la fille de Alain Delon, Anouchka Delon. Pourquoi ce choix d’invité ? Dans quel but ? France Inter est un média généraliste d’intérêt public qui valorise le savoir et l’information au détriment de la polémique et du buzz.  
Aujourd’hui à 9h20 une invitée people au micro pour parler de ses problèmes familiaux en direct (de surcroît argumentant qu’elle ne veut pas polémiquer par média interposé mais elle a un micro France Inter devant son visage) une interview malsaine, inutile, voyeuriste, qui ne regarde qu’eux, pas nous.  
Ne sortez pas l’argument « C’est une information publique on doit la traiter » ou « Alain Delon fait partie de notre histoire » ça ne marche pas. Alain Delon fait partie de notre histoire commune par son incarnation, son cinéma et la marque qu’il laissera sur notre culture cinématographique est indéniable, mais nous parlons ici d’un conflit familial d’héritage, pas de culture ! Tout ça est de l’ordre du privé ! Ne jouez pas les magazines people bas de gamme pour garder le leadership, il y a beaucoup mieux à faire et tant d’invités plus intéressants à interviewer. C’est dommage. » 

Globalement, toutes les réactions des auditeurs témoignent d’une forte attente de sujets plus sérieux et d’une volonté de voir la radio publique rester fidèle à sa mission première : informer et élever le débat citoyen. 

La crise agricole 

Les auditeurs continuent à massivement nous écrire au sujet de la crise dans le monde agricole, cette actualité suscite une série de réactions diverses et nuancées. Certains soulignent le manque de visibilité accordé à la Confédération Paysanne, le seul syndicat agricole qui, selon eux, défend une approche plus en phase avec les aspirations de la société en matière d’agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Ils regrettent que son point de vue ne soit pas suffisamment intégré dans le débat médiatique, considérant cela comme un signe de partialité en faveur des idées plus traditionnelles. 

D’autres expriment leur inquiétude quant à la montée de la violence et à la polarisation politique autour des problèmes agricoles, mettant en garde contre les conséquences potentiellement néfastes pour le secteur. Ils appellent à une unité face aux défis réels tels que la préservation de l’agriculture locale, de l’environnement et de la sécurité alimentaire, tout en rejetant la stigmatisation et la politisation excessives du débat. 

De plus, certains soulèvent des questions précises sur les indicateurs de revenus agricoles, soulignant l’importance de comprendre la réalité économique des agriculteurs au-delà des chiffres bruts. Ils appellent à une reconnaissance plus approfondie des difficultés financières rencontrées par de nombreux agriculteurs, notamment en ce qui concerne les coûts de la vie et les investissements nécessaires pour maintenir leurs exploitations. Ainsi un auditeur écrit :  

« Quand on parle du revenu des agriculteurs, s’agit-il de l’excédent brut d’exploitation, ou du résultat net ? Pour faire simple : avant ou après avoir payé l’habitation, le chauffage, l’électricité, l’eau, la voiture ? Parce qu’il me semble important de savoir comment on peut acheter un tracteur à 150 000 euros quand on gagne la moitié du SMIC. » 

Enfin, plusieurs auditeurs expriment leur frustration quant à la couverture médiatique de la crise agricole, soulignant un biais perçu dans la représentation des opinions et des réalités du monde agricole. Ils appellent à un traitement plus équilibré et nuancé, mettant en lumière la diversité des perspectives et des expériences au sein de la profession agricole :  

« Je suis choqué par la couverture et le traitement de la crise du secteur agricole français par la radio. En effet, les journalistes ont tendance à globaliser les situations et les revendications des agriculteurs. De façon quasi-systématique, les journalistes et chroniqueurs disent « les agriculteurs » pour décrire les opinions ou les actes de certains agriculteurs, parfois majoritaires en matière de chiffre d’affaires certes. Ainsi, ils invisibilisent la parole de nombreux d’entre eux et en particulier ceux qui défendent une agriculture plus respectueuse de l’environnement, à taille humaine, plus locale, plus durable. » 

Dans l’ensemble, ces messages soulignent la nécessité d’une approche plus  équilibrée dans la discussion sur l’avenir de l’agriculture française, en mettant l’accent sur la diversité des points de vue et des solutions possibles pour relever les défis actuels. 

« Peut-on nourrir la planète sans la détruire ? »  

Samedi dernier, la crise agricole était au menu du « Grand face à face » sur France Inter avec Erik Orsenna, membre de l’Académie française, Julien Denormandie, ancien ministre de l’Agriculture, Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech et Christiane Lambert, présidente de la COPA, ex-FNSE. Les auditeurs ont été nombreux à réagir et exprimer diverses réactions à la suite de l’émission: ils ont majoritairement salué une émission intéressante et instructive, appréciant le professionnalisme des invités et leur bonne connaissance du sujet : 

« Je vous remercie de votre émission d’aujourd’hui depuis le Salon de l’Agriculture, c’était formidable de vous écouter : intéressant, instructif, de bonne tenue, avec de l’écoute entre les intervenants, bien documentés sur le sujet de l’agriculture française et européenne. Grand merci ! » 

L’émission a également été l’occasion pour d’autres auditeurs de faire part de leur déception quant à la prédominance de la FNSEA dans les journaux ou les interviews, suggérant que cela ne favorise pas un débat équilibré sur l’agriculture et l’écologie. Certains ont également souligné des préoccupations environnementales telles que le remembrement avec la disparition des haies et des arbres dans certaines régions, ainsi que les conséquences de l’utilisation intensive de pesticides sur la biodiversité. Enfin, plusieurs auditeurs ont regretté l’absence de discussion sur la Politique Agricole Commune (PAC), la qualifiant d’inégalitaire et pointant du doigt son impact sur l’agriculture respectueuse de l’environnement. 

Politique et pluralisme  

Au sujet du pluralisme, des auditeurs expriment majoritairement leur inquiétude au sujet de ce qu’ils perçoivent comme une surreprésentation du Rassemblement National (RN) sur les antennes de Radio France. Ils dénoncent le fait que le nom de certains membres du RN, notamment celui de M. Bardella, est mentionné à de très nombreuses reprises chaque jour. 

Certains auditeurs soulignent également leur mécontentement face à la présence fréquente de représentants du RN lors des débats politiques organisés par Radio France. Ils estiment que cette tendance contribue à renforcer la légitimité et la visibilité du RN, au détriment d’autres partis politiques, et qu’elle réduit la politique à une lutte entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ils expriment leurs craintes quant aux potentielles conséquences d’une telle représentation médiatique sur le paysage politique et sur la crédibilité des médias publics. 

En outre, certains auditeurs remettent en question le traitement journalistique accordé aux différentes composantes politiques, en particulier en ce qui concerne le RN. Ils critiquent le fait que les journalistes semblent se concentrer davantage sur les gestes et les propos du RN que sur les opinions et les préoccupations d’autres acteurs politiques. Certains auditeurs expriment leur « ras-le-bol » face à cette situation et appellent à un réel pluralisme des opinions et des points de vue sur les antennes. 

A contrario, et de façon beaucoup plus minoritaire, dans les messages reçus ces derniers jours, des auditeurs expriment leur mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme un biais politique dans la programmation de Radio France. Ils critiquent la prédominance supposée d’une orientation politique de gauche radicale, qu’ils estiment conduire à une vision unilatérale et partisane de l’information. 

Par ailleurs, ces auditeurs dénoncent l’absence de débats contradictoires et la diffusion de messages en continu par des intervenants qu’ils qualifient d’idéologues, sans que ces points de vue soient contredits ou remis en question. Ils expriment leur exaspération face à ce qu’ils perçoivent comme une pensée unique de gauche et critiquent l’attitude béate de certains animateurs ou journalistes vis-à-vis de ces points de vue. 

Qu’ils regrettent d’entendre trop parler du RN sur les antennes, ou qu’ils fustigent une ligne éditoriale jugée trop à gauche, les auditeurs estiment dans chacun des cas, que cela nuit à l’image et à la crédibilité du service public.  

En somme, leurs messages, qui reflètent une préoccupation quant à l’équilibre politique dans le débat d’idées, mettent paradoxalement en évidence une diversité d’opinions présente sur les antennes. 

Une “tendre et douce épouse” dans la Bande originale sur France Inter 

Des auditeurs se disent très étonnés d’avoir entendu Nagui, présentateur de l’émission « La Bande originale », interviewer son épouse, Mélanie Page, pour faire la promotion de la pièce de théâtre dans laquelle elle joue.  

La proximité personnelle entre l’animateur et son invitée a soulevé des questions légitimes sur l’équilibre entre l’intégrité éditoriale et la promotion d’un intérêt personnel : 

« Je constate ce jour que Nagui reçoit dans son émission sa propre épouse afin d’assurer la promo du spectacle de celle-ci, je pense que cela porte atteinte à la crédibilité de tous les personnels, journalistes, animateurs et producteurs et d’un service public déjà très attaqué et auquel je suis très attaché. Par avance merci de bien vouloir tenir compte de mon indignation qui j’en suis sûr est partagée par de nombreux auditeurs et collaborateurs de votre antenne. » 

S’il est important de reconnaître que les relations personnelles entre les présentateurs et les invités peuvent parfois être inévitables, il est néanmoins nécessaire de gérer ces situations avec professionnalisme. Il aurait été plus éthique que Mélanie Page soit interviewée par Leila Kaddour afin que les attentes du public en matière de déontologie soient pleinement garanties. 

La direction de France Inter a tenu à leur adresser cette réponse :

Votre message est arrivé au bon endroit et nous le considérons avec intérêt. L’invitation de Nagui faite à sa femme vous questionne et nous le comprenons.
Nous avons validé cette invitation à la condition que dès les premières minutes et pour une raison de transparence le lien entre Mélanie Page et Nagui soit énoncé. D’autre part, Nagui n’est pas le producteur du spectacle dans lequel sa femme joue, il n’y a donc pas de conflit d’intérêt.
Aussi, cette interview n’est pas menée dans un cadre politique mais dans le contexte d’une émission culturelle et de divertissement qui reçoit chaque jour des artistes.
Nous prenons en considération vos remarques et à l’avenir nous appréhenderons ces situations avec vigilance.
Merci pour l’intérêt que vous portez à nos programmes et à notre antenne.

Yann Chouquet
Directeur adjoint des programmes et de la stratégie éditoriale

« Faut-il réinventer l’amour ? » 

Samedi dernier, dans « Répliques », Alain Finkielkraut explorait la possibilité de repenser notre héritage amoureux avec, en filigrane de son émission, ces questions : « Doit-on faire table rase de nos traditions amoureuses pour réinventer l’amour ? Existe-t-il un risque que l’amour tel que nous le connaissons devienne obsolète ? ». Victoire Tuaillon, journaliste et autrice des podcasts devenus des livres, « Les Couilles sur la table » et « Le Cœur sur la table », et Noémie Halioua, journaliste et essayiste qui publie « La Terreur jusque sous nos draps » étaient conviées à aborder cet inépuisable sujet. 

La première s’est basée sur des données statistiques et sociologiques. Pour elle, la lutte contre les meurtres de femmes par leurs partenaires incarne la lutte contre la violence entre les sexes, surtout celle des hommes envers les femmes. En revanche, la seconde, avec le soutien d’Alain Finkielkraut, préfère s’appuyer sur la littérature et les multiples chemins que peut emprunter le sentiment amoureux tout au long de la vie. 

L’émission a suscité de nombreux commentaires d’auditeurs, qui ont salué un débat riche et passionnant. Sur le fond, ils expriment leur admiration pour les prises de position d’Alain Finkielkraut, même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec lui, soulignant qu’il mène des débats constructifs. D’autres au contraire le critiquent pour son manque de compréhension envers les femmes, le qualifiant de dépassé, tout en lui reconnaissant cependant le mérite d’organiser ces débats.  

Des auditeurs évoquent le changement des mentalités en matière de relations hommes-femmes, mettant en avant la diversité des représentations dans les médias comme un levier d’évolution, mais critiquent également une tendance à glorifier un passé qu’ils jugent rétrograde. 

Sur la forme, des auditeurs émettent des réserves concernant des aspects de l’échange. Une auditrice souligne l’importance du respect mutuel entre femmes, critiquant l’attitude perçue comme contradictoire lorsqu’une femme disqualifie une autre pour des opinions divergentes en matière de féminisme.  

Des deux invitées, Victoire Tuaillon est incontestablement celle qui a le plus clivé l’auditoire.  
Des auditeurs émettent des réserves sur ses prises de position et son agressivité lors du débat, estimant que ses arguments sont discutables, critiquant même son militantisme. 
D’autres au contraire saluent son courage lors de cette discussion sur l’amour. Ils soulignent la violence subie par les femmes dans différents contextes, tels que le travail et la famille, et apprécient la perspective apportée par Victoire Tuaillon sur les relations amoureuses et amicales.  

Les nombreux messages, tenant parfois en quelques phrases ou, au contraire, très argumentés, envoyés par les auditeurs après cette émission, témoignent de l’engouement passionné pour le vaste sujet de l’amour, démontrant ainsi son importance et sa pertinence dans les débats contemporains : 

« Quelle magnifique émission ! Quel riche débat ! Merci Alain Finkielkraut pour cette pépite, vous avez été très mesuré même si je vous sentais bouillonner ! » 


Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France