A la Suite de l’attaque au couteau de ce week-end, je suis contrariée que vos antennes mettent dans l’ombre de la radicalisation, le sujet tellement important des non moyens mis pour la santé mentale de tous, pour la psychiatrie au long court en France. Un ministre qui revendique des injonctions de soins supplémentaires alors que les institutions médicales en ont de moins en moins c’est tout aussi abject que lorsqu’il annonce la lutte contre les violences faites aux femmes sans policiers supplémentaires pour les enquêtes, sans une justice avec des hommes pour la mettre en place.
Encore un mort au couteau et deux blessés ce samedi soir à Paris. Pendant ce temps, vous continuez à saturer les ondes avec l’ultra-droite qui n’est en rien responsable des morts violentes que nous déplorons. Ainsi vous évitez les sujets qui fâchent, vous allumez des contre-feux, vous mettez la poussière sous le tapis et vous célébrez le politiquement correct au mépris des tristes réalités de notre pays. Ce faisant vous ulcérez les Français qui ne sont pas idiots et qui, par désespoir, vont finir par se jeter majoritairement dans les bras de l’extrême-droite !
Pourrait-on ériger une statue à Renaud Dély (Les Informés), qui, à sa façon, précise et élégante, présente le terroriste de Paris comme un « Français d’origine iranienne », pour ainsi dire en passant, sans en rajouter. Mais l’info est là, tandis que ses collègues s’obstinent depuis deux jours à taire de manière éhontée l’origine ethnique de l’assassin. Vos journalistes se sont déjà discrédités en taisant les prénoms des membres de la horde de Crépol, et bien sûr, ils n’en ont pas tiré la leçon. Se rendent-ils compte que c’est précisément ce déni qui fait le lit de l’extrême-droite ?
J’écoute France Culture pour avoir un avis éclairé sur l’actualité qui ne reprenne pas la médiatisation effrénée des autres chaines d’information.
Je suis déçue que le meurtre d’hier soir soit systématiquement décrit comme un acte terroriste quand il semble que ce soit l’acte d’un homme malade mental. Il faudrait davantage interroger la prise en charge de la maladie psychique en France que celle du terrorisme dans ce cas précis.
Il s’agirait de ne pas tout mélanger et d’hurler avec les loups…
« On » s’est pour une fois empressé de donner le prénom de l’agresseur dans Paris samedi 2 décembre. « Armand » hein ? Pas de bol. Il s’appelle Imane. Mais oui, c’est Armand en arabe, on sait.
Franchement, vous cherchez quoi à prendre vos auditeurs pour des demeurés ?
– À mettre de l’huile sur le feu ? C’est réussi.
– À nier, à masquer le fait qu’il y a un GROS problème d’immigration et d’islamisation en France ? C’est raté.
– À faire arriver des gens détestables au pouvoir ? Alors là bravo, on y va tout droit.
C’est offensant pour les (il famoso) « français de souche » mais aussi et surtout pour les immigrés maghrébins (oui j’ose l’écrire) qui tous en ont marre de ces bobos qui couvrent encore et encore les exactions de ces fascistes.
Bon courage pour la suite, car vous allez en avoir besoin.
Êtes-vous systématiquement obligé de préciser que l’assaillant des attaques dans le XVe arrondissement est français d’origine étrangère ?
N’est-ce pas faire le jeu du Rassemblement National merci d’y faire attention !
Un article de la page de Franceinfo « Publié le 03/12/2023 à 08h39 » nous informe que l’auteur de l’attentat est « né en 1997 de parents iraniens », info connue donc dès le matin. D’autres articles suivent, avec cette même information. En revanche, à la radio, – tiens, tiens, comme c’est bizarre… – l’origine de l’assaillant est tue tout au long de la journée, alors qu’on nous rabâche son passé psychiatrique. Sinon, l’individu est présenté par divers journalistes comme « un jeune homme de 26 ans », « suspect… français fiché S », « l’homme suspecté, Armand R 26 ans », « un Français de 26 ans », etc. Cette volonté de la rédaction de taire son origine pour ne pas stigmatiser les personnes issues de l’immigration est cousue de fil blanc : vos auditeurs ne sont pas dupes et ils peuvent se procurer « l’info juste » ailleurs, et bien malgré eux, sur des médias de droite voire d’extrême-droite. Et voilà, une fois de plus, vous tendez à vos auditeurs les verges pour vous battre, le dernier exemple en date étant le drame de Crépol et l’omission des prénoms des assaillants. Aujourd’hui dimanche, heureusement, vos collègues de la rédaction internet sauvent l’honneur : merci à eux !
Je suis surprise que le jeune allemand assassiné soit encore qualifié de touriste, de jeune allemand… à croire qu’il n’existe pas…
Du moins pas autant que « le jeune Nahel « … qui lui a bien rapidement été cité par son prénom puisque victime de violences policières.
La violence djihadiste tue des « jeunes touristes », il a un prénom ce jeune homme, il a une famille … La moindre des choses serait enfin de le nommer ; et je ne crois pas encore avoir entendu son prénom…
Les ARS ont fermé à tours de bras les lits dans les hôpitaux psychiatriques, il y a eu des coupes claires dans le personnel ; cette politique n’a pas cessé d’être dénoncée par les psychiatres dont beaucoup ont dû démissionner faute de moyens. La chaîne de responsabilité pour l’action de ce malade mental devrait commencer par les ARS qui ont de plus été récompensés (primes). Il y a dans les prisons beaucoup de malades mentaux. Cette désastreuse politique à court terme des coûts financiers n’est pas pratiquée par les pays voisins dont l’Allemagne ou l’Italie.
A propos du meurtre sur le pont de Bir Hakeim, mais 35 ans passées dans les fonctions de praticien en psychiatrie me poussent à vous écrire :
La mère de l’agresseur avait signalé son fils à la police. L’avait-elle signalé au service de psychiatrie ?
Mon expérience me fait penser que probablement oui, hélas, et que, comme c’est banal, le service a fait la sourde oreille. Cette supposition s’appuie sur l’expérience. La psychiatrie est très rétive à assumer les obligations de soins, qui existent depuis des décennies. L’argument étant que les soignants en psy ne sont pas chargés du maintien de l’ordre. Cette prudence légitime masque parfois des insuffisances de diagnostic, et surtout une insuffisance dramatique des suivis. Cet homme, s’il est, comme on peut le supposer, délirant, avait besoin d’être suivi, écouté, soutenu, et de prendre un traitement en continu, et non pas d’être lâché dans la nature dès l’obligation de soins échue.
Un exemple parmi plusieurs de ces lâchages scandaleux : une amie médecin s’était trouvée à 40 ans aux prises avec le harcèlement d’un ancien camarade de fac qui, schizophrène, avait autrefois agressé une amie commune au couteau. Ses signalements au service psychiatrique en charge sont restés lettre morte. Les miens, de la part d’une collègue donc, n’ont pas eu plus d’effet. Il a fallu que je signale le cas à la structure de veille située à Ste Anne à Paris pour que le message passe. Cet homme a été hospitalisé immédiatement.
Aujourd’hui, j’ai de la peine aussi pour la mère de cet homme, qui s’est trouvée sans soutien devant le comportement de son fils, très probablement lié à sa pathologie non traitée. Si quelqu’un de l’antenne s’intéressait à ce sujet, qu’il contacte l’UNAFAM, association des parents de malades mentaux. Il recueillera de nombreux cas d’abandon des malades et de leurs familles.
Et en plus, ce drame, parce qu’il est interprété en termes de terrorisme, renforce la rhétorique de l’extrême droite. Peur, haine. Si ça se trouve, cet homme une fois traité et soutenu dans le temps est aimable, sensible, et reconnaissant d’être apaisé. Je vous parle d’expérience.
Pourquoi l’auteur de l’attentat du quai de Grenelle est-il présenté comme un « Français radicalisé » alors qu’il est franco-iranien ? De quelle radicalisation parle-t-on, ne conviendrait-il pas de le préciser ?