Plusieurs auditeurs se sont étonnés que France Culture ait diffusé l’interview de Bachar Al-Assad, réalisée par Alice Serrano. « Je suis triste pour les victimes syriennes que vous diffusiez leur assassin », écrit Daniel. Et Magalie ajoute : « En son temps, auriez-vous diffusé une interview d’Hitler ? ».
Frédéric Barreyre, directeur de la rédaction de France Culture, répond aux auditeurs au micro du Médiateur, Bruno Denaes.
Que peut apporter cette interview ?
Bachar Al-Assad s’exprime très rarement. C’est une information importante. Les crimes commis en Syrie sont dénoncés dans les reportages diffusés sur France Culture ; mais dire et donner à entendre la réalité fait partie du travail du journaliste. Le travail d’Alice Serrano est très éclairant sur qui est réellement Bachar Al-Assad.
Les circonstances de l’interview
Peut-on réaliser l’interview d’un dictateur aussi librement que l’interview d’un dirigeant de pays démocratique ? Non, car le dictateur choisit le moment de l’interview le plus favorable pour lui. Et Alice Serrano a recontextualisé l’entretien.
Ce type d’interview donne toujours lieu à des critiques, à des débats mais ce sujet terrible fournit de l’information. Bachar Al Assad fait sa propagande; les journalistes le savent et ne tombent pas dans le piège.
Exercer librement son travail de journaliste
Plusieurs auditeurs avaient écrit également au Médiateur lorsque Valérie Crova, grand reporteur à France Culture, avait accompagné le mois dernier l’armée de Bachar Al-Assad au moment des derniers combats contre Alep. « Embarquée avec les militaires syriens, nous disait Jacques, il faut admettre que ses reportages ne peuvent être que de la propagande ». C’est dans cette situation, certes, mais les journalistes ont le recul nécessaire pour effectuer leur travail au mieux, notamment en recontextualisant les propos recueillis.
Pourquoi employer le terme « rebelles »?
« Ce ne sont que des terroristes, affiliés à une myriade de groupes islamistes, dont certains ont prêté allégeance à Al-Quaïda ». Oui, ce conflit est d’une grande complexité.
Il faut savoir qu’il n’est plus possible pour les journalistes de se rendre en Syrie côté rebelles ; c’est devenu trop dangereux avec des risques d’enlèvement ou d’assassinat.