Ce lundi matin 30 janvier 2023, vous nous avez proposé une véritable propagande en faveur de la réforme des retraites de Macron/Borne, que ce soit Franceinfo, Inter et Culture, c’était le même discours : « on n’a pas le choix », « il faut y passer », « les autres sont des utopistes », « tous les pays font pareil », etc. Normal ! Quelle belle stratégie antigrève une veille de jour de grève, bravo ! Et cela sur un service public en plus. Je suis choqué et très en colère, la façon dont est traitée la question (celle du déficit du système des retraites et sa résolution) est incomplète et superficielle, indigne d’un débat de société notamment sur France Culture, parce qu’il n’y a pas de contradicteur face aux propagandistes : vous n’invitez pas Michael Zemmour, ni Barbara Stiglitz, ni Julia Cagé, ni Thomas Piketty, … , vous ne posez pas la question de la productivité par salarié qui a progressé de 40% en 40 ans, ni celle des dividendes qui ont augmenté au détriment des salaires, ni celle du financement des armées à hauteur de 413 milliards d’euros pour 7 ans (mais d’où vient l’argent ?). Je me pose des questions sur votre neutralité dans vos choix thématiques.

France Inter recommence ses errances de 2005, lorsque la quasi-totalité des éditorialistes étaient favorables au TCE (Traité de constitution européenne) quand la population française était majoritairement contre.
Concernant la réforme des retraites, vous remettez le couvert ; vous transformez ce qui devrait être une information équilibrée en une propagande éhontée favorable à cette réforme et au gouvernement.
Étant moi-même économiste, je connais aussi bien, concernant cette réforme, les arguments de ses promoteurs que de ses opposants. Or, force est de constater que, sur votre antenne, lors du7/9, ce sont systématiquement les premiers qui sont avancés, et les seconds ignorés ou alors minorés ou critiqués, alors que les premiers sont exposés comme des vérités premières. Afin d’éviter d’entendre les mea-culpa pitoyables que votre chaîne de radio énoncèrent à demi-mot après les résultats du TCE, je vous demanderai donc de respecter votre mission de service public, qui est d’apporter aux auditeurs des points de vue équilibrés sur les débats politiques ou économiques qui traversent la société française. Croyez bien que je ne suis pas seul à regretter que ce ne soit actuellement pas le cas.

France Inter est une radio de grande qualité, j’apprécie beaucoup son traitement de l’information et ses programmes de manière générale. Je conçois tout à fait que ses journalistes ou animateurs aient des convictions politiques et puissent être en faveur ou en défaveur d’un gouvernement ou d’un autre. Ces journalistes savent très généralement rester neutres, les animateurs ou chroniqueurs moins mais c’est normal, libre à chacun d’écouter ou pas. J’ai moi-même dans mon entourage, professionnel, amical ou social des personnes de tous bords et avec des avis très divers.
Aussi je commence à être exaspéré de n’entendre sur cette radio à laquelle je suis très attaché, à l’occasion de la réforme des retraites en discussion en ce moment, que des témoignages de personnes opposées à cette réforme et s’exprimant sans aucune forme de mesure ni aucune contradiction. Que la majorité des Français soit contre une réforme qui demande de travailler un peu plus longtemps, c’est humain. Moi le premier je ne dirai pas : « super, je vais travailler deux ans de plus » mais de là à ne diffuser quasi-exclusivement que des propos totalement surréalistes tels que, de la part d’une jeune (61 ans) retraitée : « c’est inhumain » ou de la part d’étudiants, à priori pas de futurs mineurs de fond, « je serais physiquement détruit à 60 ans »… un peu de décence !!! Les Français seraient-ils morphologiquement, psychologiquement, intellectuellement une exception à l’échelle européenne ? Je ne parlerai même pas du reste du monde où pour beaucoup la retraite est un pur concept… Malgré de nombreux défauts, notre système social et médical est quand même l’un des plus performants au monde et nous garantit une qualité de vie fort enviée.
Je reconnais tout à fait un traitement impartial et des débats contradictoires lorsqu’il s’agit d’invités politiques ou syndicalistes, Mais pour le reste de la population, ne donner la parole qu’à un seul point de vue ressemble à du bourrage de mou, passez-moi l’expression…

Concernant le fonds de la réforme des retraites, des différents mesures proposées, ce n’est pas en écoutant le 7/9 de France Inter que je suis informée, à l’exception notable de votre éditorialiste éco qui veille à se référer à des chiffres. Qu’il en soit vivement remercié.
Vous référant à des sondages vous affirmez que la majorité des Français sont « massivement » contre la réforme. Vraiment ? Avez-vous déjà oublié toutes les fois où les sondeurs se sont trompés !? Il est urgent de consacrer du temps à expliquer comment fonctionnent ces sondages (cf un excellent article du Monde sur le sujet il y a quelque temps). Je suis curieuse par exemple de savoir quelles questions ont été posées (ex. « Etes-vous d’accord pour travailler plus longtemps » !?). J’aimerais aussi que ces Français soient interrogés sur leur connaissance du détail de la réforme et leur culture économique…
Quant à « toutes » les organisations syndicales appelant à la grève, quand avez-vous rappelé le pourcentage de Français qu’elles représentent ? Idem pour « les » jeunes qui manifestent. Des jeunes manifestent : une infime minorité politisée. Ces approximations entraînent une désinformation. Au détriment d’une bonne connaissance du dispositif (qui seule permet de prendre position). Par ailleurs, sans surprise, France Inter s’est à nouveau trouvée bloquée par une grève le 19 janvier. La moindre des choses est de nous informer sur le nombre de grévistes, le pourcentage qu’ils représentent.

Vivant depuis quelques temps à l’étranger, j’écoute beaucoup Franceinfo pour me tenir rapidement informé des infos principales concernant la France. Ces dernières semaines, j’ai été agréablement surpris par l’équilibre que vous avez maintenu concernant le projet de réforme des retraites : les journalistes étaient souvent incisifs, critiques envers ceux qui étaient contre cette réforme comme envers les tenants de la réforme, représentants du gouvernement ou chroniqueurs défenseurs de la réforme. J’ai été surpris du ton libre sur votre radio, qui dans mon souvenir était plutôt habitué à défendre le discours “officiel” et plus souvent conservateur que progressiste socialement et économiquement en tout cas. Or le ton a radicalement changé courant de semaine dernière ! C’est impressionnant à quel point les journalistes de votre chaîne ont défendu des points de vue presque exclusivement à charge contre les opposants à la réforme. Encore à l’instant dans l’interview de Yann Brossat. La question posée : « au vu de la situation financière du pays, vous pensez donc que tout va bien, qu’il ne faut rien faire ? » !!! C’est assez ahurissant d’oser poser des questions orientées comme celle-ci en étant journaliste au sein d’une radio qui se veut factuelle et non encartée politiquement ! Bref, je suis vraiment déçu, je trouvais votre approche jusque-là juste et impartiale, ce n’est plus du tout le cas. Dommage.

Malgré les efforts de pluralisme de France Inter dans le traitement de l’actualité en en général, j’observe un déséquilibre dans le traitement de la question des retraites. Il est certes, et c’est tant mieux, plus subtil que sur certaines chaînes privées, mais il est bien réel et c’est bien dommage. C’en est même parfois choquant.
J’en veux pour preuve l’éditorial politique ce matin. En somme la réforme des retraites est quasiment déjà adopté et Macron pense à passer à autre chose. Cette « définition de la situation » pour reprendre un certain vocabulaire sociologique, pose problème. En effet elle laisse à penser, implicitement certes, que les jeux sont faits. Par ailleurs, à de rares exceptions, les alternatives crédibles à la réforme proposée par le gouvernement ne sont pas mises en exergue. Ou alors elles sont un peu caricatures. Ou alors, plus subtil, un membre du gouvernement qui les caricature n’est pas repris.