Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 2 au 8 février 2024.
Nous publions une sélection de leurs messages ci-dessous :
1. Témoignage dans le 13/14 sur France Inter à l’occasion de l’hommage aux victimes du 7 octobre
2. Ukraine, des civils dans la guerre – Interception sur France Inter
3. Education nationale :
– Les salaires des enseignants
– Les groupes de niveau
– La démission du recteur de Paris
4. Attaque au couteau à la gare de Lyon
5. Le témoignage de Judith Godrèche
6. Le vote sur le stationnement des SUV à Paris
7. Le cancer de Charles III
8. Avis sur le Masque et la Plume
9. Critiques du film « La Zone d’intérêt » dans le Masque et la Plume
10. Langue française
Un témoignage dans le 13/14 en direct des Invalides pour l’hommage national aux victimes des attaques du 7 octobre en Israël
De nombreux auditeurs ont exprimé leur profonde indignation à la suite de propos tenus par une invitée sur France Inter, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre aux Invalides. Lors de l’attaque du Hamas, cette femme a perdu son mari et l’un de ses fils, et a échappé de peu à la mort.
Bien qu’ils reconnaissent la légitimité de sa douleur, les auditeurs condamnent fermement ses déclarations déshumanisantes envers les Palestiniens, les qualifiant de « bêtes » et appelant à leur disparition : « Je veux qu’on les efface », dit-elle dans l’entretien, puis quelques instants plus tard : « ils sont des bêtes ».
Les auditeurs estiment que de tels témoignages doivent être encadrés avec responsabilité. Ils soulignent l’absence de réaction du journaliste face à de telles affirmations et s’interrogent sur le fait que ces propos aient été diffusés sans être contrebalancés par des analyses d’experts présents lors de l’émission. Certains auditeurs expriment leur solidarité envers Israël et Gaza, et rejettent fermement la promotion de la haine envers toute communauté humaine.
En tant que médiatrice des antennes de Radio France, je tiens tout d’abord à exprimer ma compréhension face aux réactions fortes et légitimes formulées par les auditeurs. Les déclarations émises ont clairement suscité une vive émotion au sein de l’auditoire de France Inter et il est essentiel d’en prendre acte.
L’intense douleur ressentie par cette femme est tout à fait compréhensible, et il est naturel qu’elle exprime sa détresse et sa colère d’épouse et de mère après les massacres du 7 octobre. Il est aussi fondamental de considérer la profonde indignation des auditeurs face aux déclarations qu’elle a tenues envers les Palestiniens. Ces propos, qui vont à l’encontre des valeurs de respect et de dignité humaine, ne peuvent être tolérés et, j’ajoute que, de telles déclarations sont absolument contraires aux valeurs de Radio France.
Les rédactions et les programmes connaissent pleinement la responsabilité éthique qui leur incombe dans la diffusion d’informations et de témoignages. Cet impératif implique de veiller à présenter, avec équilibre, les différents points de vue, en les contextualisant dès que nécessaire, afin de favoriser des prises de parole respectueuses et d’éviter la propagation de discours préjudiciables ou discriminatoires.
Comme vous le savez, toutes vos remarques sont transmises quotidiennement aux directions des chaînes et une réflexion approfondie sur la manière dont ces sujets sensibles sont abordés à l’antenne font l’objet de nombreux échanges entre les professionnels de Radio France. L’objectif de la médiation est de promouvoir un dialogue constructif entre les auditeurs et les équipes. Dès réception de vos messages, Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter, a souhaité vous apporter une réponse, ainsi que Jérôme Cadet, le présentateur du 13/14 qui est revenu sur ce témoignage dès le lendemain de la prise de parole de cette victime du 7 octobre.
Réponse de Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter :
“Chers auditeurs, Chères auditrices,
Je comprends parfaitement que les propos tenus par notre invitée aient pu susciter de l’émotion, ou heurter certains d’entre vous. Je précise que ces propos ont été tenus en direct, sur place, quelques minutes seulement après la cérémonie aux Invalides durant laquelle la France venait de rendre hommage aux 42 victimes françaises de l’attaque du 7 octobre, durant laquelle cette femme a perdu son mari, et l’un de ses fils, dans des conditions atroces. Mais rien ne peut justifier, dans aucun cas, de qualifier quiconque de « bête », ni d’appeler à « effacer » un peuple, quel qu’il soit. Ces propos, que la rédaction de France Inter ne cautionne pas, sont contraires à ce que sont nos valeurs journalistiques, ou tout simplement humaines. » Marc Fauvelle
Réponse de Jérôme Cadet, hier dans le 13/14 sur France Inter :
“Je prends un instant pour revenir sur notre émission d’hier, c’était une “Emission spéciale”, depuis les Invalides où se déroulait l’hommage aux victimes du 7 octobre. Le témoignage en direct de Sabine Zvili Tasa vous a fait particulièrement réagir. Elle a raconté l’assassinat sous ses yeux de son mari et de l’un de ses fils, puis elle a tenu des propos sur les Palestiniens qui ont choqué certains d’entre vous, si c’est le cas nous nous en excusons. Ce n’est pas l’objet de cette interview qui a été réalisée juste après cette cérémonie. Nous avons simplement considéré qu’il était de notre devoir, de faire entendre la parole des familles dans ce moment d’hommage.” Jérôme Cadet
Ukraine, des civils dans la guerre – Interception sur France Inter
Alors que la guerre en Ukraine va entrer dans sa troisième année, le magazine Interception sur France Inter proposait dimanche dernier un reportage de Claude Guibal avec des civils au combat, drones en mains, et des habitants qui résistent dans tout le pays.
Les auditeurs ont vivement salué ce reportage au plus près des lignes du front ukrainien et exprimé leur admiration pour l’héroïsme des Ukrainiens. Ils appellent à une action politique plus résolue pour soutenir l’Ukraine, soulignant l’importance de défendre la liberté et l’intégrité territoriale du pays.
Certains regrettent un relatif désintérêt médiatique envers la situation en Ukraine et remercient à ce titre la capacité de France Inter et d’Interception de continuer à sensibiliser le public. Signalons que depuis le début du conflit, Radio France a toujours maintenu un dispositif en Ukraine afin de remplir sa mission d’information. Actuellement, les auditeurs peuvent entendre régulièrement les reportages de la journaliste Vanessa Descouraux.
Attaque au couteau à la gare de Lyon
Des auditeurs expriment une certaine consternation devant ce qu’ils considèrent comme de la désinformation systématique des autorités, lorsqu’il s’agit de relater des événements tragiques telles que les attaques sur la voie publique. Ils critiquent la tendance à attribuer rapidement des troubles psychiatriques aux auteurs d’agressions sans une base médicale solide, et s’interrogent sur les moyens de vérifier les faits par les journalistes. Un auditeur relève la confusion entre les termes « troubles psychologiques » et « troubles psychiatriques », mettant en lumière les conséquences de cette confusion sur la perception de la santé mentale. D’autres auditeurs considèrent que certaines informations sont biaisées. Minimiser les attaques sur la voie publique, « en suggérant l’hypothèse d’une déresponsabilisation au moins partielle de l’auteur des faits », élude les véritables questions de fond soulevées par la répétition de ces agressions.
Le cancer de Charles III
Les auditeurs se montrent assez critiques à l’égard de la manière dont le cancer de Charles III a été évoqué en début de semaine. Ils estiment qu’une importance démesurée a été accordée à cet événement personnel et que cette focalisation excessive sur la santé d’une personnalité royale détourne l’attention du public d’autres enjeux de société. Ils regrettent que des événements géopolitiques d’ampleur mondiale ne reçoivent pas la même attention et déplorent la priorisation des informations concernant « des célébrités » par rapport à un journalisme plus « sérieux et informationnel ».
Nous reviendrons sur ce traitement éditorial dans le rendez-vous de la médiatrice demain à 13h20 et 16h20 sur France Info avec Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction et Richard Place, correspondant à Londres de Radio France.
Le vote sur le stationnement des SUV à Paris
Il est intéressant d’observer que le traitement éditorial du vote sur le stationnement des SUV à Paris a suscité de nombreuses réactions. Des auditeurs critiquent la partialité des rédactions dans la couverture de cette actualité, estimant que les reportages ou interviews ne reflètent pas la complexité du sujet. Ils critiquent la simplification des arguments par les journalistes, soulignant que tous les SUV ne sont pas nécessairement polluants et que des erreurs factuelles d’ordre technique ont été entendues sur les antennes, contraires à ce que les auditeurs sont en droit d’attendre, à savoir des informations justes et précises. Plus généralement sur cette possibilité offerte aux Parisiens de voter sur divers sujets, des auditeurs se disent inquiets des libertés individuelles et des possibles abus politiques lors des votations dans la capitale. Les messages évoquent également un manque de transparence sur le processus de votation.
Critique de « La zone d’intérêt » dans le Masque et la Plume
Dans le film « La Zone d’Intérêt », inspiré du roman de Martin Amis, le spectateur est plongé dans la vie quotidienne de la famille de Rudolf Höss, commandant du camp d’Auschwitz. Installés juste à côté du camp, les membres de la famille semblent vivre dans un monde à part, avec une maison, un jardin et des domestiques. Jonathan Glazer évite de montrer explicitement l’intérieur du camp, mais laisse entendre les horreurs qui se déroulent de l’autre côté du mur avec le bruit des trains, les pas des soldats, les tirs, le son des machines de mort et les cris des victimes.
A la suite du dernier Masque et la Plume consacrée en partie à la critique de ce film, des auditeurs ont souhaité exprimer leurs points de vue sur « La Zone d’Intérêt » et vigoureusement défendre le film. Ils soulignent sa capacité à traiter de manière explicite l’horreur de l’Holocauste et critiquent l’assertion (de l’un des intervenants du Masque) selon laquelle le film pourrait servir de support à des courants révisionnistes. D’autres auditeurs remettent également en question cette critique, soulignant la nécessité de considérer le film comme une œuvre cinématographique complexe plutôt que de le réduire à un simple dispositif visant à éviter la confrontation avec l’horreur. Enfin, des auditeurs s’interrogent sur la pertinence de critiquer ce film simplement parce qu’il ne montre pas explicitement les images des camps, ces auditeurs soulignent en effet que cela ne garantirait pas nécessairement une meilleure compréhension ou sensibilisation à la Shoah.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France