La campagne électorale
1. Les règles du temps de parole critiquées
2. L’environnement insuffisamment traité
3. Ce que les auditeurs en pensent
4. La suppression de la redevance audiovisuelle ?
5. Mc Kinsey et les cabinets de conseil
6. La guerre en Ukraine
7. Yvan Colonna
8. Les NFT : le nouveau phénomène spéculatif
9. Les auditeurs ont aimé…
10. La langue française
La politique du chronomètre
Les règles des temps de parole qui régissent la campagne électorale font vivement réagir les auditeurs.
Du 8 au 26 mars, les candidats bénéficiaient d’une exposition comparable, tous ayant le droit d’être entendus aux mêmes moments, la journée étant découpée en quatre tranches: la matinale de 6h à 9h, la journée de 9h à 18h, la soirée, de 18h à minuit, et la nuit, de 0h à 6h.
Parmi les émissions ayant suscité des critiques, « Questions politiques » diffusée dimanche dernier sur France Inter à laquelle participaient, par ordre de passage, Xavier Bertrand, soutien de Valérie Pécresse, Amélie de Montchalin, soutien d’Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, Anne Hidalgo, candidate PS, Jean Lasalle, candidat Résistons, Nathalie Arthaud, candidate LO.
En raison du principe d’équité des temps de paroles, fixé par l’Arcom (ex-CSA), les quatre derniers candidats ont eu droit chacun à cinq minutes pour s’exprimer, dans cette émission d’un format de 56 minutes. Un principe fustigé par les auditeurs :
« Juste un petit mot pour vous dire que je m’interroge sur cette mascarade que vous avez organisé dans votre émission, à quoi sert ce défilé de candidats auxquels vous ne laissez pas le temps de parler ? Tout le monde est frustré, les candidats comme les auditeurs. Ces règles de temps de parole ne sont pas justes et vous, journalistes, vous pourriez refuser de les cautionner en refusant de participer à ce style de mascarade. Cette campagne est vraiment décevante à tous points de vue. »
« Je suis choqué par l’écoute de votre émission dominicale du 27 mars. Cinq minutes par candidats à l’élection, sérieusement ? Comment peut-on permettre une émission aussi gadget, aussi inutile dans un contexte où le risque d’abstention est si fort. »
« Je suis ébahi de vous voir défendre et revendiquer la règle de l’équité, sans jamais la remettre en question alors que votre émission en démontre de manière évidente les limites, c’en est presque une caricature. »
« Je trouve tellement médiocres les conditions de cette émission, avec 5 minutes par candidat, que je me demande les raisons pour lesquelles vous acceptez de la faire ??? »
« Quand est-ce que les journalistes politiques de Radio France se révolteront contre les conditions d’entretien avec les candidats aux élections ? Au nom d’une égalité qui est une équité sans aucun sens, on a qu’à déplorer les 5 minutes données aux petits candidats, qui du coup n’ont d’autre choix que de dénoncer la situation, perdant leur temps au profit de ceux qui ont établi la règle du jeu. L’audiovisuel public se doit de ne plus obéir mais se révolter au nom du principe d’égalité et non de pseudo égalité qu’est l’équité. »
Depuis lundi 28 mars à 0 heure, nous sommes entrés dans la dernière période de la campagne, appelée « campagne officielle », qui oblige à une égalité parfaite des temps de parole entre tous les candidats et à une exposition comparable pour chacun d’eux. Elle prend fin à minuit, le vendredi qui précède le scrutin.
Ces règles conduisent les chaînes à faire davantage de comptabilité qu’à remplir une mission journalistique regrettent des professionnels de l’information. De leur côté, les auditeurs ont observé des changements dans la grille de leurs programmes, ce qui a suscité quelques crispations, en particulier sur France Inter :
« Le moment Meurice » remplacé dans le 5/7
« Vers 5h45, la journaliste nous annonce qu’en raison de la campagne officielle qui a débuté, France Inter ne pourrait rediffuser la chronique « politique » de Guillaume Meurice. En clair, le discours populiste d’extrême-gauche habituel ne convient pas aux règles d’équité en vigueur. En échange, nous allons pouvoir écouter un autre « humoriste France Inter » qui fait une chronique, tout aussi populiste, tout aussi gauchiste. L’organe de régulation constate que la chronique de M. Meurice ne respecte pas l’équité mais ne trouvera rien à redire à celle de cet autre « humoriste France Inter ». C’est à n’y rien comprendre. »
« Je n’ai pas compris votre étrange décision de nous priver de Guillaume Meurice dans le 5/7, sous prétexte d’implication politique…en le remplaçant par un autre, tout aussi saignant. Alors non, je ne comprends pas ! Rendez-nous Guillaume ! »
Guillaume Meurice a choisi de continuer à parler des douze candidats pendant cette période de la campagne officielle. Il a commencé lundi en accordant 1 minute et 22 secondes pour le premier candidat, il doit donc donner exactement ce même temps d’antenne aux onze autres postulants à l’Elysée jusqu’à la fin de cette période
La chronique de 5h45 de Guillaume Meurice étant proposée dans une version plus courte et remontée, sa diffusion fausserait les calculs pour la matinale. Elle est en revanche proposée en version intégrale lors de la rediffusion de « Par Jupiter » entre minuit et une heure du matin.
Des auditeurs disent également ne pas comprendre le remplacement de Guillaume Meurice par un autre humoriste qui étrille les politiques, estimant qu’il n’y a pas de différences de contenu entre ces deux chroniques. Pourtant une différence existe, chacun jugera de sa pertinence : les propos caricaturant ou dénigrant un candidat ne comptent pas dans le temps de parole, en revanche l’expression du candidat, le soutien au candidat ou le commentaire de son programme sont pris en compte. Guillaume Meurice donnant, dans sa chronique, la parole à des candidats et/ou des militants, ces temps de parole sont donc comptabilisés.
« La Terre au carré » écourtée
« Je suis surpris du choix de l’horaire de passage des spots promotionnels des candidats à la présidentielle 2022. En effet, écourter l’émission « La Terre au carré » pour ces spots est une aberration. C’est la seule émission, avec « CO2 mon amour », qui traite du sujet écologique, tellement important alors que le réchauffement climatique est un enjeu majeur de cette campagne. »
« Pourquoi prend-on 20 minutes sur l’émission « La Terre au Carré » pour la campagne ? Cela peut montrer un manque d’intérêt pour l’environnement. Par ailleurs, est-ce la bonne heure d’écoute pour la campagne ? Je propose de prendre ces 20 minutes sur des émissions d’amusement (que j’apprécie par ailleurs) comme « La Bande Originale », « Popopop ». »
Les heures de diffusion de la campagne officielle sont proposées à l’Arcom (ex CSA) sous réserve d’acceptation. France Inter a décidé de transposer le même dispositif que lors de la précédente élection présidentielle en 2017 :
– du 28 mars au 8 avril (sauf le dimanche 3 avril) la chaîne doit diffuser des clips de campagne de 14h45 à 15h et de 23h10 à 23h40.
– du 15 au 22 avril (sauf le dimanche 17 avril) la chaîne doit diffuser des clips de campagne à 14h55 / 20h50 / 23h50.
Comme l’indique Jean-Christophe Ogier, adjoint au Secrétaire général de l’information de Radio France, en charge des temps de parole sur les antennes : « Cela oblige les antennes à une gymnastique de programmation particulièrement ardue. D’autant plus que toutes les radios et télés étant concernées, dans un paysage audiovisuel qui n’a cessé de s’élargir ces dernières décennies, il faut convaincre les candidats et leurs soutiens de l’impérative nécessité qu’ils ont à répondre aux sollicitations des uns et des autres. L’affaire est fort complexe. Certaines antennes la jugent impossible à résoudre, notamment dans la dernière période, celle de l’égalité avec exposition comparable – les fameuses tranches : de 6h à 9h, 9h à 18h, 18h à minuit, 0h à 6h – qui s’est ouverte lundi. »
Chacun a le droit de trouver les règles qui régissent le pluralisme politique sur les antennes « inutiles, trop sévères ou injustes ». Elles sont : « le fruit d’une longue évolution dont le but est de garantir sur les antennes audiovisuelles un pluralisme politique qui n’allait pas de soi. Ses limites sont celles d’une démocratie sans doute toujours perfectible et les réelles difficultés pour les radios et télés à la respecter, avec la meilleure volonté du monde. Au point de les obliger parfois, pour ne pas être prises en faute, à lever le pied sur la politique, au moment même où le débat se cristallise dans le pays » constate Jean-Christophe Ogier dans un article à lire ici où est utilement rappelé l’historique de ces règles.
Des auditeurs s’interrogent sur les mécaniques que cette stricte égalité du temps de parole impose à une chaîne d’information en continu dont la mission première est d’être au plus près de l’actualité. Dans le rendez-vous de la médiatrice, dimanche à 11h51, Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo détaillera les méthodes appliquées pour mettre en œuvre ce dispositif. Il répondra également à cette question : « Je suis une auditrice assidue de Franceinfo et je trouve que les interviews sur les questions économiques, politiques et sociétales sont très intéressantes mais je viens d’entendre un reportage sur les sondages d’opinion sur la présidentielle et là je suis décontenancée. Comment imaginer que 300 personnes reflètent l’opinion de tous les Français. Pourquoi nous abreuver quotidiennement des résultats de ces sondages ? Quelle est la finalité de ce choix éditorial ? »
Disparition dans le paysage fiscal ?
Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour souhaitent la suppression de la redevance, les deux derniers cités envisageant même de privatiser une partie ou la totalité des médias publics puisqu’ils n’en voient ni « l’utilité », ni « la spécificité ». Pour Valérie Pécresse, cette taxe est « obsolète », pour Emmanuel Macron, cette suppression est « cohérente avec la suppression de la taxe d’habitation », rappelant que 80% des Français ne la paient déjà plus.
Le paiement de la contribution à l’audiovisuel public se fait en même temps et dans les mêmes conditions que la taxe d’habitation. Elle est payable par les foyers détenant un téléviseur et s’élève à 138 € en France métropolitaine, 88 € dans les DOM. Cette année, la redevance audiovisuelle doit rapporter 3,2 milliards d’euros nets qui financent les différents médias publics, Radio France, France Télévisions, INA, France médias monde.
Depuis cette annonce par les différents candidats, des voix d’auditeurs s’élèvent pour dire leur inquiétude et mettre en garde contre une perte de qualité des programmes et d’indépendance de l’audiovisuel public vis-à-vis de l’Etat :
« Je suis un auditeur fidèle de France Inter depuis 1966. Il ne me semble pas aberrant de payer de bons professionnels du journalisme pour avoir accès à une bonne information.
Quoi qu’il en soit, si la suppression de la redevance doit me mettre en situation d’endurer plus de messages publicitaires qu’aujourd’hui, je ne souscris pas à cette mauvaise combine.
La radio d’Etat d’un grand pays démocratique comme la France a, plus qu’une autre, hors de tout esprit partisan, non seulement la mission d’informer, mais aussi le devoir d’enseigner. La publicité ne se soucie pas de ces exigences. »
J’en conclus que dans notre pays, une radio d’information authentique doit être financée par des fonds publics et qu’il est normal de faire appel aux auditeurs pour cela. »
« Le service public est ma seconde famille. Une famille dans laquelle je me sens tellement bien. J’EXIGE donc de verser mon écot à son financement, seul impôt que je revendique. Comptez sur moi ! »
« Je suis absolument contre la suppression de la redevance. Pour avoir un service public un peu indépendant je pense qu’on peut payer environ 0,30 € par jour. Moi qui écoute France Inter et France Culture de l’aube jusqu’à minuit je trouve que ce n’est pas très cher payé. »
« Que deviendrons-nous sans redevance ? La réponse est connue, nous aurons la disparition de la culture, de l’information. La vente à la découpe au « Privé » n’est pas un programme souhaitable. Gardez la redevance, vous pourriez même la monter à 150 € ! J’aime trop ma radio. »
« Je voudrais réagir à cette idée saugrenue de supprimer la redevance audiovisuelle. A l’heure actuelle, de nombreux Français ont un abonnement privé, Netflix ou autre. Pourquoi alors ne devrait-on pas financer individuellement le service public d’information qui permet d’avoir une garantie de qualité, tant des journalistes, que des émissions, ou des financements des films.
D’autre part, à l’heure où un pays est capable de bloquer des médias libres (La Russie), où tout pays non démocratique veut contrôler l’information, n’est-ce pas un risque majeur de faire dépendre le financement du service public d’information du budget de l’état alors que le financement par l’ensemble des Français même s’il est géré par l’état permet d’avoir symboliquement un financement démocratique de l’information et des médias. En effet, peut-on être sûr que nous n’aurons jamais en France un président autocrate qui voudra contrôler l’ensemble des médias et particulièrement le service public.
On aimerait que nos responsables politiques voient un peu plus loin que leur seule échéance électorale, d’autant plus lorsqu’un financement par les Français est supprimé, on ne revient jamais en arrière.
Payer des impôts pour mieux vivre ensemble et assurer notre vie démocratique, les Français sont sans aucun doute d’accord pour les financer : hôpital, sécu, médias, routes, éducation, recherche… »
Le « maître du Kremlin »
Parmi les messages relatifs à l’invasion russe en Ukraine envoyés cette semaine, nous retenons cette remarque d’un auditeur :
« Je trouve très dérangeant de continuer à appeler Poutine « le maître du Kremlin », ce qui lui donne une sorte d’aura et peut être même interprété comme une marque de respect. Evitons de flatter et de vénérer, au moins dans les termes, les pires dirigeants de l’époque ! »
D’où vient l’expression « maître du Kremlin » ? Son usage est-il fautif ? Cette formule est-elle réellement déférente à l’égard du dirigeant russe ? L’analyse de Michel Tissier, Maître de conférence à l’Université Rennes 2, spécialiste de la Russie :
« Il ne me paraît pas que l’opinion des journalistes en France soit unanimement favorable à Vladimir Poutine, ni à ce qu’il représente politiquement. Cela ne date pas du début de l’invasion massive de l’Ukraine il y a quelques semaines. Donc la connotation de cette tournure journalistique témoigne moins, selon moi, d’une marque de respect que d’une représentation très courante sur la nature du pouvoir en Russie (…). L’impression qui domine est celle d’un pouvoir non seulement autoritaire, mais même de type absolu. En ce sens l’expression « maître du Kremlin » semble surtout placer le pouvoir de Vladimir Poutine dans la continuité de celui des tsars, par-delà la période soviétique au XXe siècle.
À Moscou, le Kremlin (c’est-à-dire d’abord le lieu fortifié, puis le palais) était à la fois le siège de ce pouvoir, et son symbole (avant le transfert de la capitale à Saint-Pétersbourg, à l’époque de Pierre le Grand qui a pris le titre d’empereur au début du XVIIIe siècle). Cependant les tsars prétendaient être les maîtres d’un domaine bien plus vaste que le seul Kremlin ou que leur capitale (Moscou, puis Saint-Pétersbourg). En 1897, l’empereur Nicolas II répondit au questionnaire du premier recensement général de son immense empire en indiquant que son genre d’occupation (sa « profession ») était d’être le « maître de la terre russe ».
La figure du « maître » est présente depuis très longtemps dans l’histoire russe. C’est le maître du domaine (le seigneur), qui a autorité sur ses serfs, ses gens, au XVIIIe et au XIXe siècle. Et c’est donc aussi le maître de l’empire, le tsar, dont le pouvoir vient de Dieu et qui s’inscrit dans une lignée dynastique. En utilisant cette image du « maître » pour parler du président russe actuel, on passe en quelque sorte par-dessus la période soviétique (1917-1991) (…).
Le problème avec l’expression « maître du Kremlin » pour désigner le président russe actuel est qu’elle entretient l’idée que la Russie non seulement n’a jamais connu la démocratie, mais aussi qu’elle ne pourra jamais la connaître, que sa population est vouée à obéir à un chef absolu. Cette question est source de controverses récurrentes entre spécialistes, mais d’abord au sein de la population russe. Certains pensent qu’en Russie la nature du pouvoir ne pourra jamais changer. D’autres insistent sur le fait que l’histoire politique du pays est traversée de luttes entre des forces antagonistes. Les défenseurs d’un pouvoir autoritaire ont souvent prétendu que la Russie risquait de se disloquer ou de sombrer dans le chaos si le pluralisme politique y était établi et respecté. D’autres mouvements ont contesté cette idée, sans avoir d’ailleurs les mêmes objectifs politiques. Ces luttes font donc partie de l’histoire russe.
Aujourd’hui, Vladimir Poutine dépeint les opposants à sa politique et à la guerre en Ukraine comme des traîtres, comme des gens vendus à l’Occident. Ils ne sont pourtant pas moins russes que lui. Vladimir Poutine est peut-être le « maître du Kremlin », mais le Kremlin (d’hier et d’aujourd’hui) n’est pas la Russie. »
L’intégralité de l’interview de Michel Tissier est à lire ici.
Yvan Colonna
Il y a une semaine à Cargèse, en Corse, élus, habitants, militants nationalistes ont assisté aux obsèques d’Yvan Colonna, décédé des suites de son agression par un codétenu, le 2 mars dernier, à la prison d’Arles où il purgeait sa peine pour l’assassinat du préfet Claude Erignac.
Deux jours plus tard, le dimanche 27 mars, plus de 500 personnes ont manifesté dans une atmosphère tendue devant une caserne de CRS près de Bastia à l’appel d’organisations indépendantistes accusant des CRS d’avoir chanté la Marseillaise le jour des obsèques d’Yvan Colonna.
Ces différentes informations ont été relayées sur les antennes et les auditeurs se montrent extrêmement critiques avec la couverture journalistique jugée complaisante :
« Je trouve insupportable la place donnée aux obsèques d’Yvan Colonna, terroriste condamné pour assassinat. Cet homme était un criminel, il détestait la France et la République. Et il est mis à l’honneur comme un héros. Et on entend des témoignages de gens qui refusent de se dire français ! Et aujourd’hui, on nous donne comme choquant le fait que des CRS chantent une Marseillaise (notre hymne national, faut-il le rappeler) et fassent un barbecue le jour des obsèques. Pourquoi ? Ils ont enfreint un jour de deuil national ? »
« Chaque jour je suis déconcertée par les informations concernant la Corse. Vous parlez d’une partie de la population qui sème le trouble et à qui vous donnez beaucoup d’importance. Et le reste de la population ? On ne lui demande pas son avis. Les collégiens ont été empêchés d’accéder à leurs établissements pendant 2 semaines, par des jeunes qui ont repris en main la cause d’hier de leurs parents. Aujourd’hui lundi les collèges sont à nouveau interdits aux collégiens par ces jeunes (feu et dégradations). Je ne comprends pas leur démarche et je comprends encore moins la publicité que vous leur offrez. »
Philippe Lefébure, directeur de la rédaction de France Inter répond aux auditeurs :
« Les obsèques d’Yvan Colonna sont une actualité qui méritait d’être couverte et il était impossible de la passer sous silence ou de la traiter à minima au regard des conséquences politiques qu’entraine l’agression mortelle d’Yvan Colonna à la prison d’Arles. Je précise qu’il n’a jamais été présenté en martyr sur l’antenne de France Inter et les présentateurs des journaux ont reçu des consignes pour rappeler systématiquement qu’Yvan Colonna avait été condamné pour l’assassinat du préfet Erignac.
De leur côté, les reporters ont essayé de tendre leur micro à ceux qu’on appelle « la majorité silencieuse » de l’île, ceux qui expriment moins facilement leur opposition à toutes ces tensions, on les a donc entendus et ils rappelaient qu’ils avaient manifesté après la mort du préfet Erignac.
Nous avons vraiment tenté d’équilibrer les témoignages même s’il est plus facile de recueillir les propos des soutiens d’Yvan Colonna.
J’ajoute qu’il y a eu en parallèle des sujets afin d’en savoir plus sur les circonstances de l’agression dans la prison d’Arles. Nous avons donc couvert cette actualité dans sa juste proportion en traitant tous les aspects du dossier. »
Sur Franceinfo, quels ont été les arbitrages éditoriaux pour traiter cette actualité ? Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction répond aux questions des auditeurs dimanche à 11h51 dans le rendez-vous de la médiatrice.
Par contre ou en revanche ?
« J’entends de plus en plus fréquemment l’expression “par contre” chez vos invités quand vous les interviewez. On m’a toujours dit qu’il ne fallait pas l’employer et dire » en revanche ». Qu’en est-il exactement ? »
L’expression « par contre » a longtemps été critiquée par les linguistes et généralement on lui préfère » en revanche » sur les antennes. Ces deux locutions adverbiales sont proches, elles expriment apparemment la même idée d’opposition, cependant leur sens n’est pas exactement le même. D’où vient la mauvaise réputation de « par contre » ? Ne serait-ce pas « la faute à Voltaire » ? Quelle est la forme recommandée ? La réponse en vidéo de Christophe Benzitoun, maitre de conférences en linguistique française à l’université de Lorraine et à l’ATILF (laboratoire de recherche Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française).
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France