Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 9 juin au 16 juin 2023 :

1. L’attaque à Annecy : le son diffusé à 7h30 sur France Inter 
2. ​​L’attaque à Annecy : le profil de l’assaillant
3. L’attaque à Annecy : Henri, catholique
4. L’attaque à Annecy : divers avis d’auditeurs
5. La suppression des journaux d’informations de France Musique et le journal de 22h de France Culture
6. L’émission « C’est encore nous » sur France Inter

7. La mort de Silvio Berlusconi
8. Le traitement de l’actualité sportive

9. Et le bac pro ? 
10. L’installation des médecins

11. Le podcast « Ma vie face au cancer » sur Franceinfo​​​​​​​
12. Kamel Daoud, invité du Grand entretien de France Inter
13. Les anglicismes
14. La langue française

​​​​​​​Des cris, des pleurs : le son de choc 

De nombreux auditeurs ont partagé avec nous leur opinion concernant la couverture médiatique des événements à Annecy.  
Le jeudi 8 juin, un réfugié syrien armé d’un couteau a blessé six personnes, dont quatre très jeunes enfants dans un parc de cette ville paisible de Haute-Savoie. Cette attaque, qui a suscité une vague d’émotion en France et en Europe, a semé l’effroi chez les Annéciens. 

« Effroi » est également le mot employé par des auditeurs qui ont écouté le journal de 7h30 de France Inter, le lendemain du drame. Ils nous ont fait part de leur profonde indignation à la suite de la diffusion d’un reportage utilisant la bande sonore d’une vidéo contenant des scènes atroces de l’attaque d’Annecy. Ces auditeurs se sont dits extrêmement choqués : 

« Vous êtes sérieux ? Vous faites un reportage sur la honte de diffuser des images d’un drame atroce… ET VOUS PASSEZ LA BANDE SON DE CETTE VIDÉO EN FOND SONORE ? LES CRIS RÉELS DE PERSONNES SE FAISANT POIGNARDER OU ASSISTANT À UN MASSACRE ! Je suis outrée que vous utilisiez les mêmes mécanismes que ceux que vous êtes censés dénoncer, et par l’insensibilité dont vous faites preuve envers les personnes impliquées et vos auditeurs. »  

« Je n’écris jamais. Je fais néanmoins cet acte exceptionnellement qui est à la hauteur de mon effroi. A 7h33 ce matin, dans le journal de France Inter, vous diffusez un sujet sur le crime à Annecy et notamment vous informez que la vidéo de l’acte peut encore se trouver sur internet. Ce que vous condamnez si je me souviens bien. Néanmoins dans ce sujet vous mettez en fond sonore cette vidéo. On entend un(e) adulte crier et un nourrisson pleurer. Mais c’est extrêmement choquant ! Qui était prêt à entendre cela ? Vous n’avez averti personne. Et pire vous diffusez cet acte, comme les plates-formes mettent la vidéo accessible. Cette bande son s’imprègne en moi et je ne peux qu’imaginer la scène d’autant que le journaliste fait référence à une agression dans un landau…. Et on entend pleurer le nourrisson. C’est scandaleux. Je ne comprends pas votre ligne éditoriale. » 

« J’ai été très choquée d’avoir à subir la bande son des vidéos de l’attentat d’Annecy ce matin dans le journal de 7h30, à cette heure de grande écoute. D’autant plus que cette bande son était en contradiction totale avec le contenu même du reportage : il s’agissait de constater que les vidéos étaient toujours accessibles sur Internet, alors que leur contenu extrêmement violent exigeait modération. C’est pourquoi je m’adresse à vous : je ne comprends pas ce parti-pris radiophonique et en suis profondément bouleversée. » 

Nous comprenons évidemment l’émotion que ce choix éditorial a pu susciter et la direction de France Inter a présenté ses excuses le jour même dans le journal de 13h (diffusion à 13h12) :  

“Nous tenons, nous France Inter, à présenter nos excuses. Ce matin dans le journal de 7h30, nous avons diffusé un reportage montrant la vidéo de l’attaque d’Annecy. La reprise de très courts extraits sonores a choqué un certain nombre de nos auditeurs. Cette diffusion était une erreur et nous le regrettons. »  

Pour la rédaction de France Inter, il ne s’agissait en aucun cas de choquer ou de manquer de respect envers les personnes impliquées dans ces événements tragiques, ni envers ses auditeurs.  

Rappelons que tout contenu sensible et potentiellement choquant mérite que l’on exerce une grande vigilance lors de son traitement. En l’espèce, le choix de passer la bande sonore de cette vidéo était réellement inapproprié car, comme l’indique la législation française, des documents audios révélant des atteintes à l’intégrité des individus – enregistrement d’actes de cruauté, de sévices, de cris de souffrance – ne peuvent en aucun cas être considérés comme des supports d’information.  

Par ailleurs le reportage a été lancé sans aucune mise en garde au public avant sa diffusion, or, il va de soi, et c’est la règle journalistique, qu’un auditeur doit être averti que les propos d’un papier ou les sons d’un reportage « éprouvant » peuvent heurter sa sensibilité.  

L’indignation des auditrices et des auditeurs est donc parfaitement compréhensible et légitime d’où les excuses formulées par France Inter. 

Le courage d’un jeune homme  

Pèlerin « amoureux des cathédrales », agents municipaux, professeur de mathématiques en sortie avec des élèves… L’attaque au couteau survenue jeudi matin dans une aire de jeu proche du lac d’Annecy a révélé plusieurs héros. Parmi eux, Henri, 24 ans, le plus populaire sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo authentifiée par l’AFP on le voit tenter de stopper l’assaillant avec son sac à dos quand l’homme s’attaque aux enfants dans l’aire de jeu puis se lancer à sa poursuite quand il tente de fuir avant d’être interpellé par la police.  

La mention de la religion de ce jeune homme dans des journaux d’information a suscité une vague d’incompréhension chez les auditeurs :  

« Le journaliste a indiqué que « Henri, celui qui a maîtrisé l’attaquant est catholique ». En quoi cette indication est intéressante ? Depuis quand la religion d’un individu est importante quand il agit comme citoyen et être humain ??? » 

« Mais pourquoi spécifier que la personne courageuse, avec son sac à dos, est catholique ?! Depuis quand dans un pays laïc quelqu’un est qualifié par sa religion ? Faites attention à ce que vous dites…c’est grave ! » 

« Depuis quand les journalistes informent de la religion des citoyens, à l’antenne ? Ce midi, concernant l’affaire d’Annecy, l’agression faite aux enfants, un homme qui a éloigné l’agresseur est présenté ainsi par la journaliste :  » Henri, catholique…. « . On va où là ? Quel est l’objectif ? L’intention ? » 

« Fidèle auditrice de France Inter. A propos du drame insupportable d’Annecy, je suis très choquée d’avoir entendu que l’homme au sac à dos, qui a eu le courage d’éloigner ce monstre était « catholique ». Je ne comprends pas ce que sous-entend cette précision. Fidèle auditrice très contrariée par cela. » 

Il est important pour nous de reconnaître que la religion d’une personne n’est pas être un critère déterminant lorsqu’il s’agit de son action en tant que citoyen ou être humain. Nous comprenons vos interrogations.   

En tant que service public de l’information, notre objectif est de fournir une information complète et équilibrée en accord avec les principes d’éthique journalistique. Dans certains cas, la mention de la religion d’une personne peut être faite pour apporter des éléments de contexte. 

Cependant, nous sommes conscients que cette mention peut être perçue différemment par nos auditeurs et peut susciter des questionnements et des réactions divergentes. 

Nous prenons en compte vos commentaires et nous continuerons à réfléchir à nos pratiques éditoriales afin de veiller à respecter les valeurs qui nous animent. 

Surmédiatisation de l’attaque à Annecy ? 

Des auditeurs reprochent la surmédiatisation de cet événement. Il est vrai que les médias, qu’ils soient télévisés ou radiophoniques, peuvent parfois se concentrer de manière excessive sur un événement, au détriment d’autres sujets pertinents, tels que les débats à l’Assemblée nationale pour abroger la loi retraite, le jour de ce drame. 

En l’occurrence, il est important de noter que la nature tragique de l’attaque au couteau à Annecy, qui a touché à la fois des enfants et des adultes, a suscité une grande émotion et une vive inquiétude au sein de la société. Dans de telles circonstances, il est normal que les médias accordent une attention accrue à un événement de cette nature. 

Demain, à 13h20 et 16h20 sur Franceinfo, le rendez-vous de la médiatrice sera consacré à la couverture journalistique de l’attaque à Annecy avec Philippe Rey, directeur de la rédaction. 
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Les journaux de France Musique et le journal de 22h00 sur France Culture 

À la rentrée prochaine, il est prévu que les rendez-vous d’information de France Musique et le journal de 22h00 sur France Culture soient supprimés. 

« Nous apprenons avec sidération la suppression du journal de 22h. Quelles en sont les raisons ? Est-ce un programme trop cher à produire ? » 

« Je proteste vigoureusement contre la suppression des bulletins d’information sur l’antenne de France Musique et France Culture. Ces journaux ont un grand intérêt car d’une part, ils sont d’un format plus court que le 7-9 de France Inter, par exemple, mais surtout ils ne reprennent pas ce qu’on entend à longueur de journée sur les autres radios. Si vous les supprimez, beaucoup d’informations dignes d’intérêt passeront sous les radars. Notre démocratie a besoin de cette pluralité. » 

« Quel scandale, supprimer le journal de 22h sur France Culture. Ne plus pouvoir écouter, en rentrant du travail, un des rares journaux d’information intelligents. Je suis choquée et j’espère que cette décision n’est pas définitive. » 

La direction de Radio France indique que : « ces décisions sont prises fréquemment dans les médias afin de s’adapter aux usages des auditeurs ; pour France Culture, où l’information occupe une place centrale, il s’agit de simples redéploiements afin de concentrer nos efforts et nos forces sur les temps forts de la radio (et donc d’abord sur la matinale) et sur la production numérique. Quant à France Musique, les rendez-vous d’info avaient progressivement diminué ces dernières années, mais l’actualité musicale gardera toute sa place, sur l’antenne et sur le numérique. Nous renforçons ainsi l’identité et la complémentarité de chacune de nos chaines ». 

Leçon de vie 

Un jour ou l’autre, le cancer fait irruption dans nos vies. Soit en nous touchant directement, soit en affectant un être cher. Cette réalité peut sembler lointaine lorsque l’on a trente ans. Pourtant, c’est précisément ce que vit Clémentine, une jeune journaliste de Franceinfo qui affronte cette redoutable maladie. Dans son podcast intitulé « Ma vie face au cancer », elle ouvre les pages de son journal intime et nous livre un récit poignant, authentique, empreint d’une maturité saisissante. 

Au travers de son témoignage sur les traitements, les espoirs, les déceptions, l’aide des proches et la peur de la mort, Clémentine nous offre une véritable leçon de vie. Son récit, plein de nuances, déborde de dignité et de force. Elle évoque avec sensibilité ces « moments dorés », ces instants précieux qui éclairent le quotidien d’un malade. 

À travers son podcast, Clémentine brise les tabous entourant le cancer. Elle parvient à transcender son expérience individuelle pour nous offrir une vision universelle de la maladie. Écouter ce récit est une expérience captivante et émouvante. La clarté de son propos et son sens du récit nous emportent, tandis que la sobriété de la réalisation de Samuel Aslanoff met en valeur la profondeur de ses mots.  

Les auditeurs sont unanimes : ils saluent la qualité et la puissance de ce podcast : 

« Je viens d’écouter votre témoignage qui est d’une exceptionnelle qualité tant sur la forme que sur le fond. Chirurgien thoracique de l’hôpital de Saint-Brieuc, en retraite depuis 18 mois, je prenais en charge des patients atteints de cancers thoraciques depuis 1987. Mon expérience est certes plus chirurgicale que médicale-oncologique. Cependant, votre témoignage a fortement résonné en justesse et véracité. Votre « chapitre » “Je ne suis plus comme ces petites meufs » a été pour moi une découverte. Certes je n’ai pas eu beaucoup de patients de votre âge. Mais vous transmettez très bien ce bond en avant que la maladie et ses traitements vous font faire dans le temps de votre vie. Je recommanderai votre témoignage auprès de la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, en particulier dans sa mission d’enseignement (dit « le Collège ») : chacun de ces 10 chapitres pouvant introduire un partage entre jeunes et chirurgiens matures. Cela pourrait prévenir, pour tous et chacun de nous, des attitudes professionnelles mal ou non ajustées. « Qu’importe le but et les projets, l’important est le chemin ». Cette confidence d’un de mes patients rejoint vos propos de la fin de votre témoignage. Comme pour chacun d’entre-nous, les ombres et les lumières vont se succéder et s’entremêler. Je vous souhaite de continuer à tracer votre route, tel que vous le faites, dans le partage, la vérité, l’espérance et l’amour. »   

« Un grand merci pour ce témoignage plein de justesse qui fait découvrir la vie avec le cancer. Merci aussi pour tous les principaux concernés dont je fais partie qui se reconnaîtront dans ce témoignage. Ça fait du bien de voir que ce que l’on vit, et qui nous paraît des fois surréaliste, pleins d’autres gens le vivent aussi. J’ai les mêmes mots clés qui reviennent que ceux que Clémentine utilise. Je me sens comprise, et presque accompagnée. Merci. »  

« J’ai 55 ans, j’écoute toujours les podcasts de Radio France, je n’ai jamais vécu l’horreur du cancer. Je souhaiterais que vous transmettiez à Clémentine Vergnaud tous mes remerciements et mon admiration pour sa capacité à nous parler d’elle et son combat, dans le podcast « Ma vie face au cancer ». C’est simple, c’est limpide, clair, c’est plein d’humanité, de douleur, d’espoir … J’ai été surprise de la maturité de cette très jeune femme. Clémentine nous apprend la vie ! Bravo Clémentine ! Merci ! »  

Ce podcast est une invitation à l’introspection, à la réflexion sur la façon dont nous pouvons trouver la force de surmonter les épreuves, quels que soient les obstacles qui se dressent devant nous. « Je ne suis pas une battante » dit Clémentine, pourtant elle témoigne que, même dans les moments les plus sombres, il est possible de puiser en soi une détermination à vivre pleinement chaque instant.  

Clémentine nous rappelle l’importance de l’empathie, de la solidarité et de la compréhension envers ceux qui traversent des épreuves similaires. Son récit éveille en nous une conscience nouvelle, lorsque l’on soutient et accompagne un proche qui lutte contre le cancer. 

Dans ce monde parfois si tumultueux, les récits comme celui de Clémentine sont des rayons de lumière qui nous encourage à embrasser la beauté fragile de notre existence.  

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Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France