Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans les courriels envoyés du 15 au 22 septembre 2023

1. Le harcèlement scolaire
2. La bénédiction des cartables en Alsace
3. Plébiscite du billet de Christine Angot sur l’inceste

4. « Muriel Robin et l’homophobie dans le cinéma » : débat du 7/10 de France Inter
5. La stigmatisation de la bipolarité dans « Le Masque et la Plume »
6. »Jusqu’ici tout va bien » sur France Inter 

7. « Le grand dimanche soir » sur France Inter
8. La « réintroduction » du loup ?
9. La publicité

10. La langue française

Le fléau du harcèlement scolaire  

Cette semaine, le harcèlement scolaire est le thème qui a suscité le plus grand nombre de messages de la part des auditeurs. Ils remercient France Inter d’avoir organisé dès lundi un « Téléphone sonne » sur les défaillances mortelles du harcèlement, ainsi qu’une table ronde, mardi, dans la matinale avec le témoignage très fort d’une jeune fille victime de harcèlement. 
Qu’il s’agisse de parents inquiets pour leurs enfants, d’éducateurs cherchant des solutions, ou d’enseignants témoignant de leurs expériences, le fléau du harcèlement scolaire a fait écho dans le cœur de nombreuses familles, générant une vague de témoignages poignants et de préoccupations légitimes. Les auditeurs ont partagé leurs histoires, exprimé leurs inquiétudes, et appelé à des mesures pour mettre fin à ce danger qui touche la vie de tant d’enfants : 

Certains auditeurs sont sceptiques quant à l’efficacité des formations des enseignants en matière de lutte contre le harcèlement. Ils estiment que la question des sanctions doit être abordée de manière plus sérieuse. Ils demandent que non seulement les cas de harcèlement soient recensés, mais aussi les sanctions réellement appliquées, soulignant que la loi prévoit des peines sévères qui ne sont pas toujours mises en œuvre. Un ancien professeur souligne l’importance de la formation continue des enseignants tout en critiquant l’inaction de certains collègues face à des situations de harcèlement.  

Un auditeur fournit un élément de réponse à la question posée à l’antenne sur le manque de statistiques sur le harcèlement à l’école. Il explique que l’indemnité de fonction, de responsabilités et de résultats pour les personnels de direction crée une incitation à ne pas signaler les problèmes dans les établissements scolaires. Plus précisément, cette prime aux résultats est plus importante lorsque l’établissement a moins de problèmes, ce qui peut décourager les chefs d’établissement de signaler des cas de harcèlement, puisque cela réduirait leur prime.  

Certains auditeurs estiment que les parents ont également un rôle essentiel dans la prévention du harcèlement à l’école. Ils soulignent l’importance de l’éducation qu’ils doivent donner à leurs enfants, notamment en ce qui concerne les interactions sur les réseaux sociaux.  

L’ampleur des réactions montre à quel point le harcèlement scolaire est un sujet brûlant et douloureux dans notre société, et combien il est important de continuer à en parler, à sensibiliser et à œuvrer ensemble pour le prévenir et le combattre afin de protéger les enfants et à faire de l’école un lieu sûr et accueillant pour tous. 

La bénédiction des cartables  

Un reportage diffusé à la fin d’un grand journal d’information a généralement pour vocation d’apporter une respiration, un moment de légèreté et de détente après une séquence d’informations denses. Il est traditionnellement axé sur un thème sans enjeu majeur, conçu pour clore le journal sur une note plus décontractée. Il est donc rare que le sujet choisi suscite des crispations chez des auditeurs.  

C’est pourtant ce qui s’est produit lundi dernier, à la fin du journal de 13 heures, sur France Inter. Des auditeurs ont vivement réagi à l’écoute d’un reportage consacré à la bénédiction des cartables durant une messe en Alsace. Ils ont exprimé leur indignation quant à ce choix dans le contexte d’une radio nationale de service public considérant que cela n’a pas sa place sur France Inter qui devrait maintenir la neutralité religieuse. Certains se sont déclarés « choqués » par la présentation de cette pratique superstitieuse et ultra-localisée sans distance critique. Leurs réactions légitimes mettent en lumière leurs attentes vis-à-vis d’un média de service public, considérant que l’antenne devrait être dénuée de toute référence religieuse ou spirituelle. 

Rappelons qu’une radio publique comme France Inter s’efforce de couvrir une variété de sujets, y compris des aspects de la culture et de la société qui peuvent sembler inhabituels ou locaux. Les pratiques religieuses et culturelles font partie de la vie quotidienne de nombreux concitoyens. Mais il est vrai qu’un reportage sur la « bénédiction de cartables » peut paraître éminemment folklorique. 

Au-delà de ce reportage, qu’il s’agisse de la religion catholique, musulmane, juive, protestante, etc, il importe que le sujet soit présenté factuellement, sans favoriser ni critiquer une religion en particulier, sans parti pris cultuel. Cette démarche implique le respect des croyances des personnes qui accomplissent ces rituels. Cela évite de ridiculiser ou de stigmatiser ces pratiques, ce qui serait contraire aux principes du respect des droits religieux et culturels dans le cadre d’une mission d’information de service public.  

L’esthétisation de l’inceste, le billet plébiscité de Christine Angot 

Les auditeurs ont réagi de manière très positive à la chronique de Christine Angot hier dans la matinale de France Inter. Son billet abordait le film « L’Été dernier » de Catherine Breillat, en dénonçant une esthétisation de l’inceste. Ils ont salué son courage et sa lucidité dans sa critique de ce film en insistant particulièrement sur sa capacité à démasquer les hypocrisies de la société, souvent présentées par les médias comme des manifestations de liberté et d’audace culturelle ou politique. Les auditeurs ont apprécié cette prise de position en faveur de la protection des enfants contre l’inceste, malgré les critiques et la pression sociale. Ils estiment cette parole indispensable et salutaire. 

« Muriel Robin et l’homophobie dans le cinéma » : débat du 7/10 de France Inter

« Je ne fais pas de cinéma car je suis homosexuelle » a déclaré Muriel Robin dans l’émission « Quelle époque » sur France 2 samedi dernier provoquant de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Le débat du 7/10 mercredi sur France Inter réunissait Laure Adler, journaliste et historienne et Pascal Bruckner philosophe et essayiste pour commenter cette prise de parole. Des auditeurs estiment que la controverse entourant les propos de Muriel Robin ne méritait pas une telle exposition en matinale lors d’un débat, l’échange ne contribuant pas à faire progresser la compréhension des enjeux liés à l’homosexualité et à la diversité des identités sexuelles. Ils critiquent le choix des invités et estiment que la discussion manquait de profondeur et d’expertise. Ils auraient souhaité entendre des spécialistes ou des sociologues pour apporter un éclairage plus pertinent sur le sujet abordé. Ces auditeurs appellent à une approche plus sérieuse et approfondie dans le choix des sujets et des invités pour les débats et préféreraient que la station concentre certains thèmes dans des émissions dédiées, telles que « En marge » de Giulia Foïs.  

La stigmatisation de la bipolarité dans Le Masque et la plume 

Les auditeurs expriment leur indignation vis-à-vis des critiques formulées par le critique de cinéma Eric Neuhoff dans l’émission « Le Masque et la Plume » au sujet du film « Le livre des solutions » réalisé par Michel Gondry. Ils estiment que ses commentaires sont déplacés et manquent de respect envers les personnes atteintes de bipolarité, un trouble mental abordé dans le film. Les auditeurs trouvent choquant qu’Éric Neuhoff ironise sur le traitement médical de Michel Gondry et remette en question les dosages de ses médicaments prescrits par un psychiatre. Ils considèrent que ses remarques ne relèvent pas d’une critique cinématographique valable mais d’un « lynchage médiatique » et qu’elles méprisent la réalité des personnes souffrant de troubles mentaux. Ils appellent à plus de respect et d’empathie dans les critiques cinématographiques, en particulier lorsque les films abordent des sujets sensibles comme les troubles mentaux.  

La réintroduction du loup ? 

Des auditeurs nous ont signalé des informations incorrectes diffusées lundi dans la matinale de France Inter au sujet du loup en France. Ils soulignent que le loup n’a pas été « réintroduit » en France, mais qu’il est revenu de manière autonome dans les années 1990 à partir de populations établies en Italie, en Ligurie notamment. Ils insistent sur le fait que cette réapparition du loup en France est documentée et suivie scientifiquement. Ces auditeurs regrettent que de telles erreurs puissent être diffusées sur la première radio de France. Ils estiment que le sujet du loup est très sensible, notamment dans le monde de l’élevage et de la chasse, et qu’à ce titre il nécessite la plus grande précision et exactitude.  

Dissonance éditoriale 

Les auditeurs font part de leur agacement au sujet de la contradiction entre le contenu éditorial de France Inter, axé sur les enjeux environnementaux et l’écologie, et certaines publicités diffusées sur la station.  
Alors que « La Terre au carré » met en avant des questions liées à l’environnement, à la préservation de la planète et à la réduction des émissions de CO2, France Inter continue de diffuser des publicités pour des croisières, considérées comme étant des activités émettrices de CO2 et néfastes pour l’environnement. Des auditeurs jugent que cela va à l’encontre de l’engagement affiché de la station en faveur de la préservation de l’environnement. Ils espèrent que des mesures seront prises pour aligner davantage les publicités diffusées avec les valeurs écologiques défendues par la station. La cohérence entre le contenu éditorial et les messages publicitaires étant une question particulièrement sensible chez les auditeurs.  

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France