1. Réforme des retraites : la pluralité des points de vue sur les antennes
2. « Louise Brévins : pute et pas soumise », invitée de 9h10 sur France Inter
3. « On va déguster » : voyage culinaire dans l’ex-URSS
4. Frédéric Mitterrand, invité des Matins de France Culture
5. L’intelligence artificielle
6. Interception « Déclin démographique, le caillou dans la botte italienne »
7. La Convention citoyenne sur la fin de vie
8. La fatigue informationnelle
9. La langue française
La réforme des retraites
Comme chaque semaine, depuis maintenant deux mois, les auditeurs se plaignent de la partialité journalistique dans le traitement de la réforme des retraites. La valorisation d’opinions unilatérales contre cette réforme et l’absence de diversité de points de vue et d’analyses auraient, selon eux, une influence déplorable sur les citoyens. Elle contribuerait à une dangereuse dévalorisation de nos élus et à la décrédibilisation de leur action politique.
Signalons que leurs messages reflètent cette semaine une préoccupation nouvelle : les auditeurs estiment que ce discrédit pousserait les électeurs à se tourner vers les extrêmes et le vote sanction aux prochaines élections, ce qui risquerait de conduire la France vers l’extrême droite ou l’extrême gauche.
Témoignage sur la prostitution
La prostitution, sujet complexe et sensible, peut susciter de vives réactions chez les auditeurs. Ce fut le cas mardi dernier, à la suite de l’interview de Sonia Devillers à 9h10 sur France Inter. La journaliste recevait une jeune femme relatant ses activités de prostituée durant quatre années, pour subvenir à ses besoins et ceux de son enfant qu’elle a élevé seule alors qu’elle avait 19 ans. Elle raconte cette expérience dans un livre sorti cette semaine aux éditions Grasset : “Pute n’est pas un projet d’avenir”.
Sur la forme, des auditeurs se sont interrogés sur le choix d’évoquer la prostitution à une heure de grande écoute, en particulier en période de vacances scolaires. Ils ont regretté l’absence de mise en garde avant la diffusion de cette interview parfois crue, alors que des enfants et des adolescents écoutaient la radio à leur côté.
Toujours vigilante pour formuler un avertissement préalable lorsqu’un extrait sonore est de nature à heurter la sensibilité, Sonia Devillers regrette sincèrement cette omission au début de son entretien mardi, comme elle nous l’a indiqué lorsqu’elle a pris connaissance des messages des auditeurs.
Sur le fond, des auditeurs questionnent l’utilisation du terme « travail » pour désigner l’activité de prostitution. Selon eux, cela banalise la violence extrême, l’exploitation de la précarité, et légitime un système de domination et d’oppression. Au-delà de ces points de vue étayés qui méritent d’être lus, il est important de ne pas occulter la réalité de cette pratique et de permettre à des personnes directement concernées, de s’exprimer sur leur expérience et ces conditions de vie.
Il convient donc de trouver un équilibre entre le respect de la liberté d’expression et la protection des auditeurs, notamment les plus jeunes. Proposer une rencontre, un témoignage, c’est tout l’objectif de ce rendez-vous de 9h10, bien résumé par le message d’un auditeur reçu mercredi, après la venue du pianiste Riopy : « Bravo Sonia pour vos interviews, pour le choix de vos invités, aux parcours de vie « atypiques », et à votre façon de nous les faire connaître, à la fois avec une grande bienveillance mais aussi en les amenant au plus profond d’eux-mêmes ! Un moment matinal profond, parfois douloureux, mais léger, optimiste, souvent joyeux et universel ! »
Cuisine russe
Dans un tout autre registre, des auditeurs ont été particulièrement choqués par le thème de l’émission « On va déguster » sur France Inter. Dimanche dernier, François-Régis Gaudry proposait un voyage culinaire dans l’ex-URSS avec les deux auteurs d’un livre intitulé : « L’archipel du goulache ».
Parler de la cuisine du bloc de l’Est, sans dire un mot en préambule sur la guerre en Ukraine, a été traduit comme une forme de légèreté et de déconnexion par rapport à cette dramatique réalité. Ce n’est qu’à la trente-septième minute qu’un « toast » a été porté par l’animateur à « ce peuple (NDLR : ukrainien) dont on connaît la situation d’extrême souffrance en ce moment et qui fait preuve d’un immense courage ». Il n’empêche, des auditeurs n’ont pas vraiment goûté la thématique jugée déplacée en cette période de guerre déclenchée par la Russie.
Le titre de l’ouvrage, qui fait un jeu de mots douteux sur le tragique Goulag et une référence explicite à l’ouvrage d’Alexandre Soljenitsyne sur l’univers concentrationnaire soviétique, a également été pointé du doigt. Pour finir, des auditeurs ont qualifié le choix de ce livre « honteux », « désolant » et « affligeant ».
Être correspondant à Moscou
Très attentifs à l’évolution de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, des auditeurs de Radio France s’inquiètent également du sort de notre correspondant à Moscou, Sylvain Tronchet, qu’ils entendent régulièrement sur les antennes.
Ils s’interrogent sur ses conditions de travail depuis que, le 30 mars dernier, la Russie a annoncé l’arrestation pour « espionnage » d’Evan Gershkovich, un journaliste américain du Wall Street Journal. Ce cas, sans précédent dans l’histoire récente du pays, s’inscrit dans le contexte de tensions entre Moscou et Washington sur fond du conflit en Ukraine. Les Etats-Unis ont formellement dénoncé cette » détention arbitraire » et appellent à la » libération immédiate » du journaliste.
Depuis l’arrestation d’Evan Gershkovich, des questions nous parviennent sur le travail de notre correspondant à Moscou et la liberté de la presse en Russie : comment décrirait-il son métier de journaliste dans un tel contexte ? A-t-il observé une évolution de ses conditions de travail au fil des mois passés en Russie ? Parvient-il à trouver des Russes qui acceptent de s’exprimer librement ? Y a-t-il des sujets qui sont difficiles, voire impossibles, à traiter ? Nous lui poserons toutes ces questions, demain, dans le rendez-vous de la médiatrice à 13h20 et 16h20 sur Franceinfo.
« Intelligence artificielle : sommes-nous prêts ? »
C’était la question posée mercredi sur France Inter avec des experts afin de répondre à toute une série de questions : quels sont les risques ou les opportunités pour nos démocraties et nos économies ? Quelles règles définir ? Une intelligence artificielle éthique est-elle possible ? Les auditeurs ont plébiscité cette programmation et ont été nombreux à nous livrer leurs avis, leurs craintes, leurs doutes, ou leur enthousiasme.
Les plus favorables voient dans l’intelligence artificielle la capacité à traiter des quantités massives de données en un temps record, l’amélioration de la précision des processus décisionnels, l’automatisation de tâches répétitives pour les humains, la création de nouveaux emplois dans le secteur de la technologie, l’amélioration des soins de santé grâce à la détection précoce de maladies et à l’optimisation des traitements.
Les plus réticents soulignent le risque de perte d’emplois dans certains secteurs, les biais algorithmiques, lorsque les données utilisées pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle sont biaisées, la dépendance à l’égard de l’intelligence artificielle, ce qui peut rendre les humains moins autonomes, les risques d’abus, notamment dans les domaines de la surveillance et de la sécurité, le coût élevé de la mise en place et de la maintenance de ces systèmes d’intelligence artificielle jugés très peu écologiques. Une sélection de leurs messages est à lire ici.
L’usage de la langue française
Je reçois régulièrement des courriers de la part d’auditeurs qui expriment leur mécontentement au sujet des fautes de français qu’ils entendent sur les antennes. Pour certains d’entre eux, les messages publiés dans la rubrique « Langue française » semblent rester sans effet, ce qui les désespère. Ces réactions sont tout à fait compréhensibles au regard de l’attachement profond qu’ils manifestent à l’égard de notre langue et de sa maîtrise, supposée irréprochable, par les professionnels des médias.
Sachez que des journalistes et des producteurs de Radio France considèrent la rubrique “Langue française” comme une source précieuse d’informations et se réjouissent des contributions des auditeurs pour améliorer leur pratique de la langue. Régulièrement, certains me confient lire cette rubrique avec une attention particulière. Elle leur permet de prendre connaissance des suggestions des auditeurs et elle contribue à une utilisation plus juste et plus précise de la langue française, notamment en les sensibilisant sur l’abus des anglicismes.
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements aux auditeurs qui prennent le temps de nous écrire lorsqu’ils relèvent des approximations ou des erreurs. Leurs remarques sont d’une grande valeur, qu’ils en soient convaincus. Elles nous aident à maintenir et à promouvoir un usage correct et respectueux de cette langue magnifique qui constitue notre patrimoine commun.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France