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1. L’élection présidentielle 
2. L’abstention et le vote blanc 
3. « Le PS et LR en mort clinique »
4. Le nucléaire : une solution pour le climat ? 
5. Les images et récits de guerre  
6. Le retour de “Répliques” sur France Culture 

7. La parole des enfants dans “Les Pieds sur terre” 

8. Trop de “du coup”
9. Trop de “voilà” 
10. La langue française
11. Coup de cœur des auditeurs : Alpha Blondy dans Boomerang 
12. Les auditeurs ont aimé

Du coup…voilà !  

Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront le 24 avril au second tour de l’élection présidentielle, avec l’avantage au président sortant, sans certitude toutefois sur leurs réserves de voix après l’écroulement de LR et du PS à l’issue du premier tour dimanche, et les reports de voix de Jean-Luc Mélenchon. 

Alors que les sondages donnaient Emmanuel Macron talonné par Marine Le Pen, le président sortant est arrivé en tête dimanche avec 27,85% des voix, plus de quatre points devant la candidate RN (23,15%). Comme la semaine passée, le thème des sondages fait réagir les auditeurs : 

« A cause des sondages, j’ai voté pour X au lieu de voter Y. Je ne suis sûrement pas le seul à avoir été influencé par les sondages plutôt que par les programmes des candidats. A quel point peut-on tolérer que les sondages influencent les votes ? Ne devrait-on pas consacrer le temps passé à commenter les sondages à la comparaison des programmes des différents candidats ? Est-ce que les médias feront un jour une auto-critique sur ce point ? » 

« A écouter tous les commentaires depuis hier soir, j’ai l’impression que ce sont les sondages qui nous tiennent la main dans l’isoloir (j’en fais partie). Est-ce normal ? » 

« Je suis déçue par la couverture de la campagne électorale. Vous commentez les sondages en boucle et insistez sur les indécis, les déçus, les abstentionnistes dans tous vos débats. C’est la même chose dans beaucoup de vos reportages. C’est peut-être une certaine réalité mais vous semblez occulter les citoyennes et les citoyens qui vont voter qui sont quand même une part non négligeable. Je trouve cela très dommage. Un meilleur équilibre serait à trouver me semble-t-il. » 

Force est de constater que les commentaires sur les sondages occupent largement l’espace médiatique, tout comme les projections sur l’abstention et ses conséquences. Il est vrai qu’après des mois d’une campagne atypique qui a peu mobilisé, l’abstention a été plus élevée qu’il y a cinq ans : 26,31% en 2022 contre 22,23% en 2017, ce qui invite évidemment les journalistes ou les éditorialistes à l’analyse qui, cette semaine encore, crispe des auditeurs : 

« Au lieu de faire des émissions tous les jours sur l’abstention qui incitent encore plus à s’abstenir il faudrait en faire sur les gens qui sont encore une majorité et qui iront voter. Mais cela de toute évidence ne vous intéresse pas. » 

« Je suis une fidèle auditrice de France Inter depuis toujours. Une nouvelle fois je suis choquée que le service public, au lieu de promouvoir ‘le vote’, blablate tous les jours sur l’abstention. Ce discours ne peut que banaliser, légitimer l’abstention. C’est totalement irresponsable de la part de la radio. Vous jouez avec le feu et en tout cas vous sortez de votre mission de service public. » 

Où sont les femmes ? 

Dans le flot de courriels reçus cette semaine, des auditeurs pointent des séquences politiques électorales exclusivement masculines : dimanche, soirée France Culture animée par deux hommes, et lundi, matinale de France Inter avec six hommes invités.

« Ce lundi matin sur France Inter les invités politiques sont des hommes. Normal faut emmener les gosses à l’école et puis tout ça c’est compliqué quand même… » 

« Une raison particulière de n’avoir choisi que des hommes pour cette édition spéciale France Inter ? » 

« En tout cas c’est sympa la diversité « cinquante nuances d’hommes blancs »… » 

« Il y a un problème avec les femmes politiques ? Elles avaient toutes tricot ? » 

« Et les femmes ? Où sont-elles ? Vous êtes désespérants … » 

« France Inter, ça ne vous tente pas d’inviter des femmes ? C’est quoi le problème ? » 

« Encore une belle entorse à la parité. Un couple masculin orchestre la soirée de l’élection sur France Culture et le plateau est, encore une fois, à majorité masculine. Aucune surprise mais immense ras-le-bol de ce mansplaining qui sévit sur Radio France. La quasi-totalité des émissions sont pilotées par des hommes sur France Inter et Franceinfo. Les voix masculines dominent dans toutes les émissions. La discrimination à l’égard des femmes continue sur les radios publiques. Rien ne change. C’est désespérant. Vous ne contribuez pas de la sorte à défendre les droits des femmes. Ce n’est pas à Radio France que les jeunes filles trouveront des modèles, modèles nécessaires à leur épanouissement.  Votre déni est une insulte et une injustice à l’égard des femmes. » 

Ces messages très à charge méritent d’être relayés, ils reposent sur des constats que chacun peut faire quant à la soirée et la matinale électorales mentionnées, cependant le dernier courriel appelle la nuance car si les deux premières phrases sont recevables, le reste du propos est construit à partir d’impressions, de simples perceptions, il n’est en rien factuel et ne repose pas sur une étude méthodologique sérieuse. 

Or cette étude est menée et présentée par l’ARCOM (ex- CSA) dans un rapport fait chaque année sur la place des femmes dans les médias à retrouver ici. Il s’avère que Radio France fait mieux que la moyenne télé et radio sur le pourcentage de voix de femmes à l’antenne : 44% pour Radio France et 43% pour la moyenne télé et radio. Parmi les chaînes généralistes, France Inter présente le taux de parole des femmes le plus élevé à la radio en 2021 : 43 % (+4 points par rapport à 2020), devant RFI (40 %, +4 points), Europe 1 (40 %). Pour Radio France, l’ARCOM note une augmentation du temps de parole des femmes conséquente depuis deux ans : FIP (79 % soit +9 points), Mouv’ (35 % soit +8 points), France Inter (43 % soit +7 points), France Culture (39 % soit +2 points) et Franceinfo (33 % soit +2 points). 

Si l’on détaille les résultats de trois études sur l’année 2021, illustrant les efforts de Radio France en matière de parité : 

En septembre et octobre 2021, le pourcentage de voix de femmes sur les antennes de Radio France s’élève à 44%, en progression de + 1,5 point par rapport à 2020.  
La méthodologie a été la suivante : deux personnes ont suivi l’ensemble des programmes diffusés sur 6 antennes du groupe (sauf France Bleu) pendant deux mois : septembre et octobre 2021 à la demande de l’ARCOM) 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en prenant en compte les présentateurs/présentatrices, les animateurs/animatrices, les chroniqueurs/ chroniqueuses, les invités-ées politiques et autres intervenants.  
A noter que le pourcentage de voix de femmes dans les catégories présentateurs/présentatrices et chroniqueurs/chroniqueuses tend à la parité avec 45,8% de voix de femmes, en progression par rapport à 2020 : 45%. Quant aux expertes, on note une progression de + 7 points par rapport à l’année dernière : 38% en 2020 –> 45% en 2021. 

Le climat sur les ondes 

Le prochain quinquennat sera crucial pour la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Le dernier rapport des experts de l’ONU pour le climat (Giec) a mis en avant la nécessité d’agir dans les toutes prochaines années pour espérer contenir le réchauffement climatique. Sous la prochaine mandature, la France va devoir plancher sur la première loi de programmation quinquennale sur l’énergie et le climat (LPEC), pour fixer les priorités des politiques climatiques et énergétiques du pays. Avec une ambition européenne relevée à 55% de réductions d’émissions d’ici à 2030, le pays devra vraisemblablement accélérer son propre rythme.  

Pour les auditeurs, sur les antennes, le compte n’y est pas. Ils regrettent que depuis le début de la campagne présidentielle le climat, qui est pourtant leur 3ème préoccupation soit trop peu abordé, par les journalistes :  

« Je vous supplie de soumettre aux candidats, ou leurs représentants à votre antenne, le problème du climat : que comptent-ils faire pour réduire le réchauffement climatique, notre consommation des énergies fossiles, comment concilieraient-ils le maintien du pouvoir d’achat avec les restrictions nécessaires ? »  

« J’écoute Franceinfo tous les matins et tous les soirs pour être au top de l’info. Merci pour le travail de qualité que vous fournissez ! Cependant, j’ai remarqué que les sujets en lien avec la planète (biodiversité, environnement, climat…) sont extrêmement peu abordés (comme dans la plupart des grands médias). Ne pensez-vous pas que notre avenir à tous mérite plus de couverture médiatique ? » 

« Serait-il possible de parler un peu plus de solutions pour diminuer notre consommation, notre pollution ? Comment faire preuve de plus de sobriété ? Je pense que si vous abordez ça d’un côté positif cela peut redonner le moral aux auditeurs, et donc associer Franceinfo à des nouvelles agréables, donc les pousser à davantage vous écouter, en particulier les jeunes. » 

Que pensez de ce type de préconisations ? Franceinfo est-elle favorable au journalisme de solutions ? Dimanche dans le rendez-vous de la médiatrice à 11h51, Matthieu Mondoloni répond aux questions des auditeurs. 

« En veux-tu, en voilà ! » 

Dans certaines émissions, « Voilà » contamine littéralement le propos des invités. Vocable joyeux pour achever une phrase sans chute, symptôme de la pensée paresseuse, béquille lexicale palliant l’absence de point de vue, couperet bisyllabique qui dispense de tout argumentaire, « Voilà » est un vernis qui masque la dilution du propos dans un flou conclusif échappant même à son auteur.
​​​​​​​Chacun pourtant comprendra qu’il est difficile pour le journaliste menant l’interview de faire à son invité le reproche d’abuser de « Voilà » ; cependant, de l’autre côté du poste cette profusion de « Voilà » agace et génère des plaintes : 

« Le tic généralisé depuis des années, tout le monde conclut, ponctue, par le « et voilà », je ne supporte pas cette expression. Elle traduit pour moi, l’expression d’une communauté qui est incapable de pousser sa réflexion plus loin qu’un constat vide, qui se suffit de ce qu’elle voit. » 

« Ce serait très utile de faire afficher une fiche de bonne pratique dans vos studios, portant sur l’usage du mot Voilà, qui rythme trop souvent et de façon très agaçante les interventions. » 

« Terme utilisé plus de 50 fois (marge d’erreur possible) au cours de votre émission par les deux invités intervenants… et pas une seule fois dans sa signification d’origine, mais simplement comme un artifice de langage, introduit çà et là comme une ponctuation qui servirait la rhétorique pour on ne sait quelle raison. Très à la mode depuis quelques temps, est-il indispensable que votre antenne s’aligne sur ce genre de « tics » verbaux ? »  

« Je n’en peux plus ! Je me demande d’où vient cette façon de ponctuer, que je trouve d’ailleurs très péremptoire d’un air de rien !  Ne pouvez-vous pas réveiller les personnes en mettant sur la porte des studios, merci d’employer le moins possible le mot « VOILA » !! Les auditeurs vous remercieront ! » 

L’emploi de « Voilà » tel qu’on l’entend sur les différentes antennes est fautif. Comme le rappelle l’Académie française : « les présentatifs Voilà et Voici sont composés de l’indicatif voi, forme ancienne de vois et des adverbes là ou ci. Voilà sert à présenter ce qui est éloigné ou ce qui est passé et voici, ce qui est proche ou à venir. On dira ainsi Voilà ce que vous avez fait, voici ce qui reste à faire. On pourra présenter une personne en disant Voici l’ami dont je vous ai parlé et conclure un propos par Voilà ce que j’avais à vous dire. Ce sont les emplois corrects de ces présentatifs. »  

Les Immortels précisent qu’« il convient de ne pas en faire une forme d’adverbe de phrase servant à introduire ce que l’on va dire ou à signaler que l’on n’a rien à ajouter. » 

Du coup de massue lexicale 

Autre location adverbiale mise à l’index « Du coup », très en vogue chez les journalistes et leurs invités et sujet de crispations pour les oreilles attentives : 

« Du coup par-ci du coup par-là : il y a du coup partout et abondamment à tout instant à France Inter comme à France Culture comme partout en France, une épidémie du coup s’est abattue sur la population telle la peste d’antan. Au secours, on ne sait donc plus comment parler « ordinaire » sans la béquille « du coup ». […] Mais pourquoi cette épidémie ? Relève-t-elle d’une nouvelle forme de flagellation verbale ? Signifie-t-elle le besoin d’une ponctuation qui n’existait pas en « parler français » ou relève-t-elle d’un nouveau snobisme du parler « populaire » par nos élites autant que par le bon peuple, les uns comme les autres perdus « du coup » pour notre si « belle langue » ? » 

« Nous entendons à longueur de journée sur nos antennes, dans la rue, au travail, à la radio, le terme « DU COUP ». Cela traduit malheureusement la pauvreté du vocabulaire des intervenants. DU COUP faut-il s’en inquiéter ? DU COUP oui, non seulement c’est très agaçant voire ridicule mais DU COUP on entend plus que cela. DU COUP, c’est de plus en plus agaçant. Qu’en pensez-vous, DU COUP ? »  

« Du coup ? Ras-le-bol ! Dans la rue, à la maison, à la télé ou à la radio, il n’est pas une phrase qui ne soit ponctuée par la locution « du coup ». Du coup, c’est agaçant. C’est un tic de langage insupportable, une expression envahissante, un chiendent sémantique qui se répand comme la mauvaise herbe dans toutes les conversations. Du coup est partout, tout le temps. Une infection, un vrai virus purulent dans la langue de Molière ! » 

L’Académie française rappelle que : « la locution adverbiale du coup a d’abord été employée au sens propre : Un poing le frappa et il tomba assommé du coup. Par la suite, on a pu l’utiliser pour introduire la conséquence d’un évènement : Un pneu a éclaté et du coup la voiture a dérapé. Mais, ainsi que le dit Le Bon Usage, il exprime « l’idée d’une cause agissant brusquement », et à sa valeur consécutive s’ajoute donc une valeur temporelle traduisant une quasi-simultanéité. Du coup est alors très proche d’aussitôt. On ne peut donc pas employer systématiquement du coup, ainsi qu’on l’entend souvent, en lieu et place de donc, de ce fait, ou par conséquent. On évitera également de faire de du coup un simple adverbe de discours sans sens particulier. 
On dit : « Il a échoué à l’examen. De ce fait, il a dû le repasser l’année suivante » mais on ne dit pas : « Il a échoué à l’examen. Du coup, il a dû le repasser l’année suivante ».  

Voilà ce qu’il convient de retenir ! 
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Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
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