Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 10 au 17 septembre 2021 :
​1. Yannick Jadot, vainqueur de la primaire écologiste ? 
2. Anne Hidalgo, invitée du grand entretien de France Inter
3. Christiane Taubira, invitée du grand entretien de France Inter
​​​​​​​4. François Bayrou, invité de Questions Politiques
​​​​​​​5. La mise en examen d’Agnès Buzyn
6. La vaccination obligatoire des soignants
7. Les manifestations anti-passe sanitaire
8. Alain Finkielkraut invité sur France Culture et France Inter
9. « La question trans » dans l’émission Répliques sur France Culture
10. Le 11 septembre 1973 au Chili
11. Débat de l’actu : Les AESH, les accompagnants d’élèves en situation de handicap
12. Débat de l’actu : le salaire des enseignants
13. La langue française

L’humeur des auditeurs 

Miroir des crispations de l’époque, réceptacle des critiques formulées aux médias en général, sismographe de la perception du travail des rédactions de Radio France, le courrier adressé cette semaine au service de la médiation reflète l’état – éphémère ou durable – de sentiments partagés des auditeurs à l’égard de diverses personnalités. 

Cristallisant l’adhésion ou l’aversion, les personnages publics présents sur les antennes cette semaine ont davantage suscité de messages que le traitement éditorial de l’actualité, exception faite de la place accordée sur les antennes aux soignants antivaccins ou aux manifestants anti-passe qui soulève toujours des commentaires très négatifs. 

Yannick Jadot, déjà vainqueur de la primaire écologiste ? 

Le premier tour de la primaire écologiste qui doit désigner le candidat à la présidentielle se déroule jusqu’à dimanche avec 122 670 électeurs inscrits pour y participer. Cette primaire doit départager cinq candidats : la députée Delphine Batho, l’entrepreneur Jean-Marc Governatori, l’eurodéputé Yannick Jadot, le maire de Grenoble Eric Piolle et l’ancienne vice-présidente de la région Hauts-de-France Sandrine Rousseau. Mais pour les journalistes, l’issue du scrutin semble déjà connue regrettent des auditeurs et ils sont nombreux à nous l’avoir écrit en début de semaine : 

« En pleine primaire écologiste et avant le premier tour qui désignera notre candidat ou candidate, de nombreux journalistes sur vos antennes font comme si Yannick Jadot était déjà désigné, ceci au mépris du processus en cours, de plus cela influence et biaise potentiellement le choix des militants qui vont bientôt voter. Je vous témoigne donc ici mon agacement comme de nombreux militants. »  

« Cette désignation de Yannick Jadot est très prématurée et susceptible d’influencer les résultats. Je demande que par respect de la consultation démocratique en cours, un rappel aux bonnes pratiques journalistiques soit fait auprès de toutes les chaînes de service public. Je vous remercie pour votre attention. » 

« Je suis très étonnée et mécontente que les médias citent (presque) toujours Yannick Jadot comme candidat écologiste à la présidentielle. Il va y avoir une primaire écologiste et ce serait beaucoup plus objectif d’en attendre le résultat. Merci de faire remonter ma remarque aux journalistes. J’attends plus d’impartialité de la part des médias (surtout en ce qui concerne le service public) ! » 

« Dans plusieurs de vos émissions, de très nombreuses fois Yannick Jadot est nommé. Ce traitement de l’information met en avant le candidat ayant le plus de notoriété au détriment des autres, c’est ce type de traitement de l’information qui amène nos concitoyens à se détourner de la politique et des chaînes d’informations sérieuses dont vous faites partie au profit de thèses complotistes et populistes. Je souhaiterais que vous le rappeliez à vos journalistes. Il s’agit pour moi d’une faute professionnelle. » 

Anne Hidalgo dans la course présidentielle 

Anne Hidalgo était invitée dans la matinale de France Inter lundi matin. Nous avons reçu de nombreux messages d’auditeurs très inspirés pour commenter cette candidature. Leurs messages se divisent en trois grandes thématiques : outre la gestion de la ville de Paris, les auditeurs ont massivement écrit au sujet des salles de shoot et d’autres redoutent que l’entrée de la maire socialiste de Paris dans l’arène de la bataille présidentielle gonfle encore la liste des prétendants à gauche, ce qui fait craindre aux sympathisants une élimination dès le premier tour.  

La gestion de la ville de Paris : 

« Je conseille à tous les Français de venir voir ce qu’est devenue Paris, depuis l’investiture d’Anne Hidalgo avant de voter pour elle ! La ville subit une pollution visuelle, sonore, de stress sans précédent. Les mobiliers urbains sont remplacés par des horreurs sans nom, les salles de shoot installées à côté des crèches de nos enfants. Voulez-vous réellement ça pour la France ? Elle a en plus été élue en mentant sur le fait qu’elle ne se présenterait pas à la présidentielle. C’est une belle démonstration du respect qu’elle a de ses électeurs. » 

« Comment justifier être candidate alors que vous avez déclaré au journal le Parisien : “je ne serai pas candidate à la présidentielle en 2022. Maire de Paris c’est le plus beau des mandats, je resterai jusqu’en 2026″. Comment avoir confiance avec ces déclarations contradictoires ? » 

L’implantation d’une « salle de shoot » : 

« Madame la Maire Anne Hidalgo, Vous êtes candidate, je suis perplexe, quand je vois la manière dont vous gérez la crise de la toxicomanie à Paris je me demande comment vous pouvez gérer un pays ! Quelles vont être vos actions à venir pour nous libérer de cet enfer ? Comptez-vous nous consacrer du temps pendant votre campagne ? »  

« Pourquoi Mme Hidalgo tient-elle à installer une salle de shoot/soins en lieu et place d’une école maternelle, aux abords immédiats d’écoles primaires et de crèches, qui plus est dans un quartier, le 20e, qui échappe aujourd’hui au fléau du crack ? » 

La saturation de candidatures à gauche : 

« J’ai l’impression que les femmes ou hommes de gauche ont un problème d’ouïe. Pourquoi n’entendent-ils pas que leurs divisions vont encore nous emmener au même 2ème tour que la précédente élection. Pourquoi jouer du violon et de la flûte politique alors que tous les candidats de gauche ne passeront pas le 1er tour ? »    

« À l’heure actuelle il y a déjà saturation de candidatures à gauche. Face à cela les citoyens les plus impliqués politiquement se sont organisés pour mettre en œuvre une primaire populaire et éviter la bérézina annoncée. Il s’agit d’un parangon de démarche démocratique Mme Hidalgo. Ma question est simple : Vous plierez-vous aux résultats de cette primaire populaire ? » 

Christiane Taubira, morceaux de vie 

De son côté, Christiane Taubira ne veut pas « contribuer à l’éparpillement à gauche » en devenant la « 7e ou 8e » candidate. L’ancienne garde des Sceaux a néanmoins indiqué jeudi dans la matinale de France Inter qu’elle prendrait part à la campagne de la présidentielle car « l’enjeu est colossal » face à la montée des discours d’exclusion.  

Réactions d’auditeurs : 

« Merci à Christiane Taubira de ne pas en rajouter sur le nombre de candidats, même si son humilité et sa capacité à ne pas se prendre pour un sauveur contrairement à de nombreux politiciens feraient sûrement d’elle la meilleure candidate. Mais je ne doute pas qu’elle trouvera sa place et saura être tout aussi efficace sur bien d’autres postes. Le président n’est heureusement pas celui qui décide de tout. » 

Des auditeurs ont salué ses prises de position, certains en ont eu des frissons : 

 « Merci pour ce grand entretien avec Christiane Taubira. Des frissons me sont venus à la fin de cet entretien lors de son plaidoyer pour le respect et la justice sociale. »  

D’autres auditeurs évoquent même… des larmes à l’écoute de « la colère » de Christiane Taubira : 

« Juste quelques mots pour saluer et applaudir les mots de Madame Taubira. Enfin une colère à la radio, cela fait tant de bien d’entendre des idées qui viennent contrer ces mots « polissés » qui émettent des idées de haine. »  

Ces manifestions d’indignation et de colère de l’ancienne ministre de la Justice ne touchent cependant pas tous les auditeurs et suscitent même quelques crispations : 

« Abasourdi par cette interview. De la véhémence. Que de la véhémence ! Des certitudes. Que des certitudes ! De la haine ! Que de haine ! Et certains voudraient la voir un jour présidente de la République ? Allons ! Allons ! Un peu de sérieux ! »  

« Il faut que Madame Taubira sorte de sa posture victimaire si elle veut avoir l’ambition de briguer un mandat national ! Elle est extrêmement clivante. Les hommes, blancs, de plus de 50 ans, sont les grands coupables. C’est terrible de penser de cette manière.
C’est tellement réducteur. Cette dame ne peut pas se réclamer de l’universalisme des lumières. » 

Alain Finkielkraut  

A l’occasion de la sortie de son livre « L’après littérature » chez Stock, Alain Finkielkraut de l’Académie française, était l’invité de « La Grande table » mardi sur France Culture où il produit l’émission « Répliques » et au micro du « Grand entretien » sur France Inter, mercredi matin. Selon les chaînes, les réactions diffèrent : les auditeurs de France Culture saluent, de manière très appuyée, la conduite de l’interview par Olivia Gesbert, certains félicitent Alain Finkielkraut pour ses propos. Quant aux auditeurs de France Inter, ils désapprouvent unanimement les prises de position de l’académicien :  

« Choquée… Je ne dirais qu’une chose : “OK boomer”. Analyser une société actuelle avec des références passéistes et “has been”, je dis stop. Un homme issu du patriarcat peut-il avoir la moindre idée du poids du patriarcat dans la vie quotidienne d’une femme ? Absolument pas. Je me ferais une joie de lui raconter… La charge mentale, la peur de marcher seule dans la rue, la pression sociale sur les filles, la loi des genres, la loi des jeux, les stéréotypes, le plafond de verre, la détermination sociale des métiers, la prise de responsabilité, l’image de la femme dans les médias. Nous avons conquis quelques droits. Mais le patriarcat est tellement vivant que la peur de le perdre fait perdre sa pensée a un homme qui, un jour, en posséda une (de pensée). OK boomer. » France Inter 

« Bravo Olivia Gesbert pour votre interview pas facile d’Alain Finkielkraut. Je suis un homme et je peux vous assurer que le patriarcat est bien présent et que les femmes ont encore du boulot ! Cet homme (AF), à la fois intelligent et insupportable, appartient à une autre époque. Je comprends certaines de ses objections qui finissent pour lui de devenir des obsessions jusqu’à la mauvaise foi et la caricature…Le monde est tout sauf linéaire, et il ne lui appartient déjà plus. Toujours la difficulté de vieillir et de trouver que c’était mieux avant ! La confiance en ceux qui nous succèdent n’empêche ni la distance, ni la construction, et le sujet qu’il voulait littéraire dans sa dénonciation fut une tribune éminemment politique. Dommage et encore Bravo à vous Olivia par votre répondant et recadrage de et par la parole. » France Culture 

« Au fait. On ne devait pas parler de littérature ?? Je ne m’en remets pas… C’est peut-être idiot, mais je pense à toutes ces femmes qui n’ont pas accès aux mêmes métiers que les hommes pour des raisons diverses et variées, aux différences de salaires, au difficile accès à l’avortement dans certains pays européens, etc. À ces femmes qui se font violer et qui n’osent encore rien dire… Les propos tenus sont indigestes et non fondés. » France Inter 

« Madame Gesbert Je viens vous remercier pour votre travail et vous exprimer mon admiration pour votre talent et votre sang froid en face de M. Finkielkraut. Je ne commenterai pas ses propos, disons juste que je le plains pour son incapacité à supporter l’époque » France Culture 

« Bravo à Alain Finkielkraut d’avoir dénoncé les excès pour ne pas dire les délires du militantisme féministe d’aujourd’hui. J’espère qu’il pourra longtemps encore s’exprimer sur France Culture que menace le nivellement des discours. Quant à Olivia Gesbert dont je suis fan, je la félicite pour son intelligence, sa diction, sa voix, son talent à la tête de la grande table, de la dictée, etc. » France Culture 

« Comme je suppose que certains auditeurs protesteront (à leur habitude) après avoir écouté Alain Finkielkraut à la Grande Table de ce jour, je m’empresse de lui témoigner ma sympathie et mon intérêt pour ses propos. » France Culture  

Ajoutons à cette sélection de messages, le courriel d’un « auditeur assidu de la Grande table » : « Je ne peux m’abstenir de réagir à l’invitation de Alain Finkielkraut à la Grande table ; sur la forme, je trouve indécent qu’un animateur d’une émission de France Culture vienne faire la promotion de son livre dans une autre émission de France Culture, cela pourrait ressembler à la petite bande de copains coquins qui se rendent service ; Dieu merci je sais qu’il n’en est rien. Sur le fond, franchement ; avons-nous besoin d’entendre encore les jérémiades d’Alain Finkielkraut sur le beau temps passé et l’affreuse époque dans laquelle nous vivons ? » 

Cette question déontologique de la présence des « auteurs maison » pour présenter leur dernier livre dans des émissions a été posée à différentes directrices et directeurs de chaîne. Nous vous invitons à retrouver l’ensemble des réponses en vidéo ici, avec notamment l’interview de Sandrine Treiner pour évoquer la position de France Culture. 

La place des antivaccins sur les antennes 

Avec constance, des auditeurs continuent à nous écrire qu’ils ne comprennent pas la place accordée aux « antivaccins » sur les antennes de Radio France et soulignent l’indigence des arguments avancés par les personnes interviewées : 

« Ça ne suffit pas un peu de donner autant la parole à des soignants antivaccins, sans leur porter la contradiction ? J’entends qu’il faut bien entendre la voie des réfractaires pour comprendre leur façon de penser, mais 1) on les entend beaucoup, et souvent auréolé d’un diplôme d’infirmière. Le fait que ce sont des discours ultra-minoritaires est moins souvent rappelé 2) Quand, comme ce matin, on entend une soignante – présentée comme « n’ayant rien contre le principe de la vaccination » – assimiler la vaccination à un suicide, il manque quand même un commentaire journalistique. Quelques statistiques sur les taux d’effets secondaires et les bénéfices de la vaccination devraient suivre systématiquement ce genre de propos délirants. » 

« Beaucoup d’auditeurs se sont plaints encore récemment de la couverture par le service public des manifestations sur le passe sanitaire (largement couvertes par le service public en faveur des « anti »). J’aimerais que le service public s’interroge sur sa responsabilité dans les effets sanitaires de sa posture « antivaccins » de fait, à force de mettre en avant complaisamment ces manifestants : n’y a-t-il pas matière à mettre en lumière une forme de « mise en danger  » de la vie d’autrui, en omettant de parler des dangers de l’absence de vaccination ? Comment est-il compréhensible que le service public insiste encore -mi-septembre – pour mettre toujours en avant les antivaccins ? » 

« Croyez-vous qu’il soit utile de diffuser continuellement les « âneries » des antivaccins dans tous les journaux d’information de France Inter et autres journaux Franceinfo ? On a l’impression que vous considérez que ces propos méritent d’être répétés d’heure en heure du 5-7au 7-9. Je crains que ce ne soit pas une aide pour faire comprendre la nécessité de se faire vacciner non seulement pour soi, mais aussi pour les autres ! » 

Le traitement éditorial de cette actualité a été abordé dans l’édito de la Lettre#35 à retrouver ici.

L’actualité internationale 

Le 11 septembre n’a pas la même portée historique pour tous les pays. Si pour la majorité des habitants de la planète cette date évoque les attentats aux États-Unis, au Chili le 11 septembre 1973 correspond au putsch militaire et à la mort du président Salvador Allende. Des auditeurs ont écrit à ce sujet car ils regrettent de ne pas en avoir entendu parler sur l’antenne : 
​​​​​​​
« Bonjour France Inter, Je reste toujours pantois de n’entendre du 11 septembre que celui des tours jumelles et jamais celui du 11 septembre 1973 qui vit le coup d’état au Chili et l’assassinat d’Allende par Pinochet contre la démocratie tout cela avec la bénédiction de la CIA de la Maison Blanche, Pourquoi ne parle-t-on jamais de la versatilité du pouvoir US qui soutient de la même manière les dictatures et les démocraties uniquement quand elles supportent leur impérialisme ? »  

« Fidèle auditrice de France Culture, j’ai été étonnée et choquée de ne pas entendre au moins une chronique concernant le 11/09/1973 et l’horrible coup d’état au Chili fomenté par la CIA contre Allende et l’intronisation de Pinochet, avec toutes les exactions et tueries qui ont marqué sa dictature. » 

« Franceinfo semble ignorer que le 11 septembre 1973, avec le soutien très actif des États-Unis, aujourd’hui reconnu officiellement, un coup d’État militaire a renversé le régime démocratique chilien, avec des avions qui dans la matinée bombardaient le palais présidentiel. Aujourd’hui, au Chili, des manifestations importantes ont rendu hommage aux dizaines de milliers de victimes du régime militaire, assassinées, disparues, exilées. Et Franceinfo est restée muette sur le sujet et a passé des heures à “couvrir” les commémorations du 11 septembre 2001 aux États-Unis et les hommages aux quelque trois milles victimes… Deux poids, deux mesures ? On dirait. » 

Jean-Marc Four, directeur de la rédaction internationale de Radio France et Matthieu Mondoloni directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo répondent dimanche aux questions des auditeurs dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo à 11h51. Nous reviendrons également sur la couverture de l’actualité en Afghanistan.  

Emmanuelle Daviet 
Médiatrice des antennes de Radio France 
​​​​​​​