Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels du 24 novembre au 1er décembre :

1. Jérôme Cahuzac dans le 7h50 sur France Inter
2. Le drame de Crépol :
– Remarques diverses
– Le vocabulaire employé ​​
– Utilisation du terme « ultra-droite »
3. Conflit entre Israël et le Hamas :
– Libération des otages et des prisonniers
– Déficit d’informations sur les prisonniers palestiniens
– Partialité du traitement éditorial : pro-israélien versus pro-palestinien
– Remarques diverses
4. L’extrême-droite au pouvoir en République Tchèque ?
5. “Radio classique, une radio conservatrice ?” sur France Culture
6. “Le Grand face à face” sur France Inter : l’astrophysicien Aurélien Barrau : “Nous sommes des vivants qui n’aimons plus la vie”
7. Trop d’informations anxiogènes
8. “Napoléon” de Ridley Scott
9. Soutien à Charline Vanhoenacker
10. Guillaume Meurice : diverses remarques d’auditeurs
11. Langue française


Jérôme Cahuzac sur France Inter : « Choquant », « scandaleux » 

Jamais « L’invité de 7h50 », rendez-vous emblématique sur France Inter, n’a suscité un tel flot de messages. Les auditeurs ont été très nombreux à manifester leur totale désapprobation à l’invitation de Jérôme Cahuzac, lundi, dans la matinale de la première radio de France.  

En raison de son passé controversé, de sa condamnation pour fraude fiscale, et de son comportement considéré comme immoral, l’ancien homme politique ne méritait pas une telle tribune médiatique estiment des auditeurs particulièrement indignés. 

La pertinence de cette invitation est interrogée dans la quasi-totalité de leurs courriels, et se résume en une question : pourquoi un individu sans mandat politique et sans contribution constructive à l’actualité est invité à s’exprimer sur une radio publique « financée par nos impôts » (l’argument revient fréquemment) ? 

Des auditeurs estiment qu’une telle invitation abime la confiance du public envers leur radio ; certains, très déçus, formulent l’hypothèse qu’offrir un micro à Jérôme Cahuzac a dû être davantage motivé par des considérations sensationnalistes plutôt que par un véritable intérêt pour l’information et le débat constructif. Un désir de buzz au détriment de l’utilité informationnelle en somme… Qu’en est-il exactement ? Pourquoi Jérôme Cahuzac a-t-il été invité sur France Inter lundi dernier ? 

Marc Fauvelle, Directeur de l’information de France Inter et Sonia Devillers, en charge du 7h50, ont tenu à répondre aux auditeurs : 

Réponse de Marc Fauvelle : 

Chers auditeurs, chères auditrices, 

Je comprends bien sûr que le choix d’inviter M. Cahuzac a pu provoquer des réactions chez certains de nos auditeurs. C’est parfaitement normal. Nous nous sommes posés, nous aussi, ces questions avant de lui proposer d’être interrogé par Sonia Devillers à 7h50. La révélation par Mediapart de son compte caché en 2013, son mensonge « les yeux dans les yeux » à la représentation nationale, puis sa condamnation en 2018 pour fraude fiscale ont été abondamment traités sur notre antenne à l’époque. Il reste aujourd’hui encore un symbole d’une forme de défiance envers une partie de notre classe politique. 
Par ailleurs, il a purgé sa peine, qui ne peut être synonyme d’un bannissement à vie me semble-t-il. Vu l’écho qu’a eu cette affaire sur la classe politique, il nous semblait légitime de l’entendre, à l’heure où il dit vouloir revenir sur la scène politique. Avait-il des regrets ? Est-il conscient d’avoir participé par ses mensonges à la défiance envers les gouvernants ? Et d’un point de vue moral, pense-t-il que les Français lui ont pardonné, au-delà de la décision de justice ? Sur tous ces sujets, Sonia Devillers l’a interrogé sans concession, sans compassion, et avec la pugnacité qu’on lui connaît. 

Marc Fauvelle 
Directeur de l’information de France Inter  

Réponse de Sonia Devillers : 

Chers auditeurs, Chères auditrices, 

Nous avons choisi de recevoir Jérôme Cahuzac car nous avons estimé qu’il a été jugé, condamné, qu’il a purgé sa peine et réglé ses dettes. Cela fait de lui, aujourd’hui, un citoyen comme les autres. Par ailleurs, je l’ai reçu sans jamais participer à une quelconque « opération de réhabilitation ». Au contraire, j’ai cherché à mettre un ancien élu et homme politique de premier plan face à ses responsabilités et face à ses contradictions et ce, sans concession. 
La question sous-jacente à cet entretien était : peut-on revenir en politique avec un casier judiciaire ? Elle me semble intéressante en démocratie, surtout dans la période de défiance que nous traversons.  

Sonia Devillers 
« L’invité de 7h50 » sur France Inter

Le drame de Crépol 

Les auditeurs qui nous écrivent continuent à exprimer leur incompréhension quant à la couverture éditoriale de l’agression et de la mort du jeune Thomas à Crépol dans la nuit du 18 novembre au 19 novembre. 

Ils notent que les journalistes ont initialement qualifié les faits de « bagarre » ou de « rixe », ce qui, selon les auditeurs, ne correspond pas à la gravité de la situation. Ils soulignent que les neuf personnes impliquées ont été mises en examen pour « tentative de meurtre en bande organisée », ce qui indique la violence de l’agression.  

Certains auditeurs considèrent que le traitement sur les antennes a semblé minimiser la gravité des faits et peut être interprété comme une tentative de dissimulation d’informations importantes. Ils ont exprimé « leur inquiétude », voire une certaine forme de « colère », « ce manque d’informations » les incitant à aller chercher des informations ailleurs. Un auditeur note cependant que France Bleu a adopté une approche plus précise dans sa couverture de l’affaire.  

En outre, des auditeurs soulignent que des interviews de témoins du drame sont disponibles sur internet via des médias de la presse locale notamment, et ils se disent surpris de ne pas avoir entendu parler, sur les antennes nationales de Radio France, de ces témoignages et de ces allégations selon lesquelles des cris incitant à « tuer des blancs » auraient été proférés lors de « la rixe ». Certains s’interrogent sur le choix de ne pas aborder ce sujet avec les précautions habituelles, telles que « il est possible que… » ou « des témoins auraient entendu que… ». 

Au-delà des éléments factuels, des auditeurs demandent aux journalistes d’examiner finement la signification du drame de Crépol, notant les affirmations contradictoires émanant d’experts et de représentants du gouvernement quant à savoir s’il s’agissait ou non d’un « fait divers ». Ils expriment le besoin d’une analyse approfondie pour mieux comprendre les imbrications de ce drame. 

Dans le contexte de cette actualité, des auditeurs font également part de leur incompréhension sur l’utilisation du terme « ultra-droite » par les journalistes. Ils souhaiteraient une clarification pour comprendre la différence entre les termes « extrême-droite » et « ultra-droite » et connaître les raisons qui motivent ce changement de terminologie pour décrire des groupuscules. Nous leur proposons dans cette Lettre une sélection de chroniques et un podcast évoquant l’ultra-droite sur Franceinfo et France Inter.  

Israël : un déficit d’informations sur les prisonniers palestiniens 

Cette semaine encore, dans leurs messages, des auditeurs évoquent longuement la couverture médiatique des prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de la trêve. Ils souhaitent en savoir plus sur leur identité, leur parcours, les motifs de leur détention, les conditions de leur incarcération.  

Autre sujet d’interrogations : les raisons pour lesquelles un plus grand nombre de prisonniers a été libéré par rapport au nombre d’otages israéliens.  

Certains auditeurs soulignent aussi un déséquilibre dans le temps d’antenne accordé aux otages israéliens par rapport aux prisonniers palestiniens. Ils estiment que ces derniers sont également des otages en raison de leur détention arbitraire et de la détention administrative sans jugement. Ils appellent à une couverture équilibrée et à des informations détaillées sur les prisonniers palestiniens. 

Radio Classique, une radio conservatrice ? 

Des auditeurs ont fait part de leur « étonnement », « perplexité », « déception » à l’écoute de la chronique de Lucile Commeaux, lundi, dans la matinale de France Culture. « Le regard culturel » était consacré à Radio Classique. Un billet « caricatural » selon des auditeurs. Plusieurs ont soulevé la question du mépris de classe estimant que le propos pouvait être interprété comme une critique condescendante envers un public considéré comme « bourgeois » et « conservateur ». 

Des auditeurs ont souhaité apporter de la nuance en soulignant que la musique devrait être appréciée pour sa diversité et sa capacité à transcender les étiquettes. Ils ont exprimé leur désaccord avec l’idée que la musique classique était associée à une couleur de peau ou à des privilèges de classe. 

Lucile Commeaux a tenu à leur répondre :

Chers auditeurs,  

À tous les auditeurs qui se sont sentis blessés par ma chronique sur Radio Classique du 27 novembre dernier, je tiens à préciser que mon propos n’allait pas à l’encontre des auditeurs de cette antenne et que son objet n’était pas de porter préjudice à la réputation d’un média, quel qu’il soit. Mon propos décrivait un enchâssement de la culture musicale dans tout un appareillage (journaux, magazines, publicités) politiquement orienté.   

Ma chronique, qui s’appelle d’ailleurs à juste titre “Regard culturel”, propose une vision subjective, et n’a pas vocation à être un lieu d’enquête ou même d’information journalistique. Il s’agit bien davantage d’humeur, de vision subjective – d’où mon emploi répété du pronom “je”, et la référence permanente à mon expérience singulière. Je parle chaque matin en critique, avec ce que cela suppose d’humour et d’engagement.  

Quoiqu’il en soit, et comme vous le dites d’ailleurs vous-mêmes dans vos courriers, vive la radio, et vive toutes les radios ! Je vous remercie de nous écouter et d’avoir pris le temps de me faire part de vos réactions.  

Lucile Commeaux 
Critique et chroniqueuse du « Regard culturel » à la matinale de France Culture
 

Les auditeurs de France Culture ont également appelé à un respect mutuel entre radios concurrentes. Ils considèrent que critiquer ou dénigrer d’autres stations n’est pas nécessaire et qu’ils sont capables de faire leurs propres choix en matière d’écoute. 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France