Dans l’Expresso du 3 février :
- Le son de l’interpellation de Tyre Nichols
- Engrenage de violence meurtrière entre Israéliens et Palestiniens
- Réforme des retraites : Les invités des Matins de France Culture le 30 janvier
- Réforme des retraites : La pluralité des points de vue sur les antennes
- Réforme des retraites : Avis sur la réforme
- Réforme des retraites : La grève du mardi 31 janvier
- Réforme des retraites : Le message de grève
- Réforme des retraites : La programmation musicale des antennes
- Pap Ndiaye, invité du Grand entretien de France Inter
- Raphaël Dupond-Moretti
- Langue française
L’interpellation fatale de Tyre Nichols
Vendredi dernier, les images choquantes de l’interpellation fatale d’un jeune Afro-Américain par cinq policiers noirs ont suscité horreur et incompréhension aux Etats-Unis. Depuis que Tyre Nichols, 29 ans, est mort début janvier, sa famille a sans cesse appelé au calme. Et avant la publication, en début de soirée vendredi de la vidéo, reprise en direct et sans coupes par les plus grandes chaînes de télévision, le président Joe Biden a appelé sa mère et son beau-père et exhorté à des manifestations pacifiques.
La vidéo publiée par la police montre un insoutenable passage à tabac après un banal contrôle routier le 7 janvier à Memphis, dans l’Etat du Tennessee. A coups de poing, de pied, de matraque, les policiers s’acharnent sur le jeune homme, l’aspergent de gaz lacrymogène et le visent avec un pistolet Taser à décharges électriques. A aucun moment on ne voit Tyre Nichols riposter. Il tente de s’enfuir, il est rattrapé. » Maman. Maman. Maman !« , crie-t-il dans un des extraits. Les faits se seraient produits à une centaine de mètres de chez sa mère. L’ambulance n’est arrivée qu’au bout d’une vingtaine de minutes. Tyre Nichols est mort trois jours plus tard dans un hôpital de Memphis.
Les cinq policiers ont été licenciés, inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d’entre eux ont ensuite été libérés sous caution.
Vendredi, tout en se disant horrifiée, la famille s’était déclarée » satisfaite » des chefs d’inculpation retenus contre les cinq policiers.
Samedi, dans la matinale de France Inter, au cours d’un journal, les images de cette vidéo ont été détaillées et des extraits sonores diffusés, notamment le passage où Tyre Nichols hurle en appelant sa mère.
Des auditeurs se disent extrêmement choqués par la diffusion de ce sujet :
« Cette bande-son était tout simplement insupportable »
« Je suis hantée depuis ce matin par cette bande-son et les appels désespérés de ce garçon qui appelle sa mère au secours. Je ne veux pas avoir à subir cela, la journaliste aurait pu au minimum prévenir de la violence de cette bande-son, j’aurais éteint la radio.»
« Je suis très triste et en colère d’avoir eu à subir cette violence »
« Les supplications de ce jeune homme, que je n’ai pas choisi d’entendre et qui me sont imposés, sont d’une violence extrême »
« Cet enregistrement, diffusé sans aucun avertissement, m’a semblé d’une violence inouïe à mes oreilles de femme et de mère et je suis encore sous le choc. »
« La diffusion du son de cette vidéo abominable sur votre antenne m’a horrifiée »
Dans leurs courriels, les auditeurs regrettent qu’aucune mise en garde n’ait été formulée avant la diffusion du sujet, or il va de soi, et c’est la règle, qu’un auditeur doit être averti que des propos ou des sons d’un reportage « éprouvant » peuvent heurter sa sensibilité. Comme le rappelle Vincent Giret, directeur de l’Information et des Sports de Radio France, sur les antennes, ce type de sujet doit être relayé de manière très encadrée :
« Peut-on filmer ou enregistrer une personne entravée, prisonnière ou dans une situation jugée dégradante ? Cette question éthique fait toujours débat dans la profession de journaliste. La Convention de Genève, rédigée au lendemain de la Seconde Guerre, et ratifiée par plus de 150 Etats, proscrit les interviews et images des prisonniers au nom de la protection de leur dignité et entend ainsi les mettre à l’abri de la « curiosité publique ». Les médias sérieux s’abstiennent, par exemple, de diffuser des extraits vidéos d’otages récitant un texte appris sous la menace de leurs ravisseurs. Cette règle de droit pourrait aussi s’appliquer dans le cas américain. Mais elle fait débat car il est des cas précis où le devoir d’information doit pouvoir primer.
Dans l’affaire Tyre Nichols, comme dans celle dont a été victime George Floyd en 2020, l’agression de la police américaine doit pouvoir être caractérisée et donc montrée et racontée. Mais de manière très encadrée : en bannissant tout voyeurisme et en donnant des éléments de contexte et de recul. C’est un chemin de crête que nous défendons avec responsabilité ».
Raphaël Dupond-Moretti
Des auditeurs ne comprennent pas que l’on ait évoqué vendredi dernier le placement en garde à vue du fils d’Éric Dupond-Moretti, pour des soupçons de violences conjugales, estimant qu’il s’agit là d’une affaire privée. Le lendemain Raphaël Dupond-Moretti était mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Dès le placement en garde à vue de son fils, le garde des Sceaux réagissait : « En tant que père, je suis dévasté. J’ai une pensée pour la victime. Chaque violence, quelle qu’elle soit, est intolérable. En tant que ministre, je n’ai cessé de lutter contre les violences faites aux femmes et pour que leur parole soit prise en compte. En tant que citoyen, je demande qu’on respecte ma vie familiale. Il appartient désormais à la justice de faire son travail« , a-t-il ajouté.
Dès lors qu’un ministre s’exprime publiquement sur une affaire relevant de la sphère familiale, son propos peut être relayé. Les faits, confirmés par les autorités judiciaires, ont donc été rapportés sobrement sur les antennes. A contrario que n’aurait-on dit si les médias n’en avaient pas parlé, alors que le garde des Sceaux est en première ligne dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?
La réforme des retraites
Une réforme des retraites « juste » mais qui demande des « efforts » martèle le gouvernement qui cherche le message pour convaincre les Français, toujours nombreux à la contester.
Les « interrogations » et les « doutes » suscités, « nous les entendons », a assuré Elisabeth Borne après la journée de mobilisation mardi contre son projet. Mais la Première ministre maintient le « cap » : le report de l’âge de départ à 64 ans, tant décrié par les syndicats et l’opposition.
Cette semaine encore les auditeurs sont nombreux à nous donner leur avis sur la réforme et s’expriment sur les différents points de vue de spécialistes entendus sur les antennes, ainsi les propos des invités des Matins de France Culture, lundi 30 janvier, ont suscité un flot de messages critiques, en particulier au sujet de la pension de réversion pour les femmes :
« Comment ne pas réagir face à ce que dit votre invité sur les pensions de réversion des veuves… L’égalité pour les femmes c’est se marier (« faire un bon mariage » comme on le disait autrefois) pour espérer avoir une retraite complète à la mort de son mari. Vous vous rendez-compte de l’absurdité ? »
« Comment est-ce possible de « résumer » le problème des retraites des femmes par la pension de réversion ! Encore une fois réduire les femmes à la dépendance des maris ! Et perpétuer les modèles dominants du patriarcat… »
« Je déplore les propos sexistes tenus par les invités durant la matinale de lundi 30 janvier. »
« Je viens d’entendre, dans l’interview, des propos sur les retraites des femmes qui me scandalisent. »
Le conflit israélo-palestinien
Quelle est la couverture éditoriale du nouvel engrenage de violence meurtrière entre Israéliens et Palestiniens ? Frédéric Métézeau, correspondant de Radio France à Jérusalem, répond aux questions des auditeurs, demain, dans le rendez-vous de la médiatrice, sur Franceinfo à 13h20 et 16h20.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France