Dans son édito de la Lettre#51, Emmanuelle Daviet revenait sur la vérification des faits et les rectificatifs donnés à l’antenne.

Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels du 11 au 18 décembre 2020.

  1. Coronavirus : le vaccin
  2. Coronavirus : les tests massifs
  3. Coronavirus : les chiffres
  4. Coronavirus : remarques diverses
  5. Nicolas Dupont-Aignan dans la matinale de France Inter
  6. Remarques des auditeurs sur la fermeture des lieux culturels
  7. Roselyne Bachelot, invitée du Grand Entretien de France Inter
  8. Jeanne Balibar, invitée du 7h50 de France Inter
  9. Interception : « Palestine, l’Etat introuvable »
    Environnement et écologie
  10. « La liste de mes non-cadeaux de Noël »
  11. L’hommage de Denis Cheissoux à Morgan Keane
  12. La journée spéciale climat du 12 décembre sur France Inter
  13. Pêle-mêle de remarques d’auditeurs
    ​​​​​​​Débat de l’actu : Règles assouplies dans les Ehpad à Noël
  14. La langue française

Nicolas Dupont-Aignan 

Faut-il faire du « fact-checking » (ndlr: vérification des faits), c’est-à-dire vérifier en temps réel l’exactitude des propos d’un invité lors de son interview sur une antenne ? Oui estiment des auditeurs. C’est leur suggestion à la suite de l’intervention de Nicolas Dupont-Aignan hier dans le 7h50 de Léa Salamé sur France Inter. Les auditeurs estiment que les erreurs factuelles formulées par le député de l’Essonne et Président de Debout la France peuvent porter préjudice, ou induire le grand public en erreur. 
« Irresponsable » est le qualificatif qui revient le plus souvent dans les messages des auditeurs à son égard : 

« Les propos de M. Dupont-Aignan sont irresponsables ! » 

« Il faut être irresponsable pour tenir des propos pareils sur la vaccination sans parler du reste du discours qui ne tient pas le raisonnement. Je pense que l’on ne devrait plus rembourser les frais de campagne aux politiciens qui, de par leurs propos, mettent en péril la vie des autres. Comment peut-on être aussi irresponsable tout simplement pour viser des objectifs personnels ? »  

« Je pense qu’il est nécessaire de vous donner les moyens de faire du fact checking immédiatement pendant les interventions de vos invités. Je viens d’entendre Nicolas Dupont-Aignan dire qu’Axel Kahn était contre les vaccins ARN. Je viens de vérifier et cette information est complètement fausse. Dans un climat de suspicion qui se généralise, je suis particulièrement inquiet et outré par ces affirmations erronées qui confortent certaines personnes dans leurs « errements ». Je pense qu’il est de votre devoir de corriger ces contre-vérités aussitôt qu’elles apparaissent pour éviter qu’elles se propagent. »  

« Nicolas Dupont-Aignan a cru bon, pour étayer son scepticisme vis à vis du vaccin Pfizer, de déclarer que même le grand généticien Axel Kahn avait déclaré qu’il ne se ferait pas vacciner avec ce vaccin. Or, Axel Kahn a été l’un des plus grands vulgarisateurs des vaccins à ARN messager et a toujours dit qu’il était très sûr et qu’il se ferait vacciner dès que cela serait possible avec ce vaccin (…) Espérant qu’il y aura une mise au point, à la même heure et dans les mêmes conditions afin de rétablir la vérité. » 

Chose faite ce vendredi dans la matinale de France Inter par la journaliste Carine Bécard aux manettes du 7/9 : « J’en profite pour revenir d’un mot sur l’interview sur France Inter avec Nicolas Dupont-Aignan. C’était à 7h50 avec Léa Salamé. Il a affirmé, je le cite, « que de grands généticiens comme Axel Kahn et d’autres ont dit qu’ils ne se vaccineraient pas avec le vaccin à l’ARN Messager. » C’est faux, lui répond Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, qui nous a demandé de le faire savoir. Il a l’intention, je le cite lui aussi, « de se faire vacciner dès que possible contre le coronavirus avec les premiers vaccins qui seront disponibles ». Il était important que cela soit dit. » 
Ce rectificatif est également mentionné sur le site de France Inter.  

Les auditeurs sont évidemment très sensibles à cette prise en considération de leurs remarques et que les correctifs nécessaires soient apportés : « Félicitations à vous pour avoir rapporté le rectificatif émis par Axel Kahn à l’encontre des propos malveillants et faux tenus par Dupont-Aignan hier jeudi, sur la vaccination contre le virus Covid-19. Merci. »

Axel Khan est en effet favorable à la vaccination. Il l’a d’ailleurs indiqué le 9 décembre dernier sur Franceinfo : “Il faut une immunité collective » pour venir à bout de l’épidémie de Covid-19, « et seule la vaccination l’apportera ». C’est, selon lui, l’unique moyen « pour stopper ce cycle infernal des confinements, déconfinements, rechutes ». Sur la chaîne d’info continue, Axel Kahn répondait également à ceux qui émettent des doutes sur les vaccins à base de matériel génétique (ARN messager), comme ceux de Pfizer et Moderna : « ce que l’on injecte ne peut en aucun cas modifier notre ADN », a affirmé le généticien. 

Autres propos tenus par Nicolas Dupont-Aignan au micro de Léa Salamé : “Il faut aussi des lits de réanimation, et soigner les gens avec de l’hydroxychloroquine au lieu de lutter contre elle. J’assume : l’Allemagne le fait beaucoup. Je remarque que des pays qui l’ont fait ont beaucoup moins de morts.” 

Propos aussitôt démentis sur le site de France Inter : « Ce qui est en grande partie faux, puisque les autorités sanitaires en Allemagne ne recommandent absolument pas (au contraire, elles avertissent sur ses effets secondaires graves) le traitement défendu par le professeur Raoult (même si le traitement est autorisé pour traiter « diverses infections bactériennes », ce qui est d’ailleurs aussi le cas en France). Le nombre de morts moindre en Allemagne, lui, est largement dû à sa politique de tests massifs, déployée très rapidement, et à un nombre de lits de réanimation bien supérieur, et pas à un traitement. »

Jeanne Balibar 

Jeanne Balibar, comédienne et réalisatrice, était l’invitée de 7h50 mardi 15 décembre, s’indignant des mesures restrictives qui touchent la culture pendant l’épidémie de Covid : « c’est un choix délibéré que nous ne comprenons pas ». Des propos diversement appréciés par les auditeurs certains soutenant ses prises de position, d’autre signalant les erreurs dites à l’antenne par la comédienne.  

« Je m’envole tout à l’heure pour aller jouer au Portugal, un pays qui n’a jamais fermé ni ses cinémas, ni ses théâtres, ni ses musées, ni même ses restaurants depuis le 1er juin », a notamment expliqué Jeanne Balibar. Propos rectifiés sur le site de France Inter qui indique que la comédienne « omet de préciser que le Portugal a connu une explosion des cas depuis, et que le nombre de morts de la Covid y a été multiplié par six entre le 1er juin et aujourd’hui. »

Autre affirmation de Jeanne Balibar : « Toutes les enquêtes de l’ARS montrent qu’il n’y a pas eu de cluster dans les salles de cinéma ou les théâtres, ni même dans les restaurants ». Faux, a immédiatement précisé le site de France Inter s’appuyant sur le « Checknews » de Libération qui estimait en octobre que ces chiffres sont largement sous-estimés.

Pour quelles raisons s’appuyer sur le travail du journal Libération ? « C’est dans un souci de ne pas laisser le temps à une fausse information de se diffuser largement auprès de l’opinion publique, explique Olivier Bénis, journaliste à la rédaction numérique de France Inter, cela nous permet de corriger plus vite et c’est précieux pour la crédibilité journalistique. Le journal Libération a un service dédié à cette vérification qui est un travail long à réaliser. Cependant, quand une information particulièrement importante semble fausse dans une interview, la rédaction numérique de France Inter produit alors un article, réalise une enquête afin de rétablir l’exactitude des faits. Cela a par exemple été le cas après l’interview de Rachida Dati le 22 septembre 2020 au sujet de la police municipale à Paris » 

Roselyne Bachelot 

Roselyne Bachelot était hier l’invitée du Grand entretien sur France Inter. La ministre de la Culture a indiqué qu’il était nécessaire de ne pas rouvrir trop vite les lieux culturels. « Devant cette crise sanitaire, on ne comprendrait pas que nous ne prenions pas un certain nombre de décisions. On était sur un fil de décisions : la réouverture des commerces, puis des lieux de culture, des lieux de cultes. Mais cette flambée des cas a surgi. Les commerces étaient ouverts, mais nous avons durci les règles d’ouverture. Nous avons retardé la réouverture des lieux de culture. » 

“Quant aux lieux de culte, ce n’est pas nous qui avons décidé de rouvrir : c’est le Conseil d’État qui a jugé que la liberté de culte était un droit constitutionnel, empêchant ainsi les mesures sanitaires.” 

Faux a expliqué l’éditorialiste Thomas Legrand dans sa chronique ce matin sur France Inter. La ministre s’est défaussée sur le Conseil d’Etat : « Roselyne Bachelot a affirmé que ce n’était pas le gouvernement qui était la cause de cette différence de traitement entre les spectacles et les cultes mais le Conseil d’Etat ! Donc le droit… En réalité le Conseil d’Etat ne s’est prononcé, début novembre, que sur la jauge. La question, à ce moment-là, n’était pas ‘ouverture ou fermeture ?’ mais la jauge ! Puisque les cultes étaient ouverts, leur imposer de façon uniforme une jauge de 30 personnes était absurde, considérant la variété des tailles des églises, temples, mosquées ou synagogues. Le conseil d’Etat s’était contenté de demander au gouvernement de revoir sa copie. Ce fut fait et c’est une jauge de 30% de la capacité habituelle du bâtiment qui fut adoptée, de façon beaucoup plus logique. Mais si le premier ministre avait décidé de faire fermer les églises, comme les salles de spectacles (provisoirement et pour raison sanitaire), il n’est pas du tout certain (renseignement pris au conseil d’Etat) que le juge administratif ait demandé de les faire rouvrir. C’est donc bien une décision gouvernementale contrairement à ce que dit Roselyne Bachelot. Le Conseil d’Etat s’était appuyé sur la liberté religieuse, un droit inscrit dans la constitution, pour que, (puisque les Eglises sont ouvertes) ce droit puisse s’exercer de façon satisfaisante. ». 

L’exactitude de l’information est une exigence primordiale sur les antennes de Radio France. Apporter les correctifs dans les meilleurs délais est un impératif car non seulement des inexactitudes peuvent injustement causer des torts à ceux qui en sont victimes mais également induire durablement les auditeurs en erreur. Dans les différents cas mentionnés, le fait erroné n’est pas du fait des journalistes mais des invités. Les rectificatifs ont été apportés sur l’antenne, sur le site de la chaîne, sur le site de la médiatrice et via les réseaux sociaux.  

Dans le domaine de la certification de l’information, franceinfo a créé une structure unique en France au sein d’un média : l’Agence franceinfo qui fêtera ses cinq ans en janvier prochain. Pierre angulaire de sa stratégie éditoriale, l’objectif de la chaîne est de prioriser la vérification des faits à la course à l’information explique Vincent Giret, directeur de Franceinfo: « En créant, au sein de la rédaction, une agence dédiée à la veille et à la vérification, Franceinfo a fait œuvre de pionnier : cinq ans après sa création, l’agence publie près de 20 000 dépêches par an et défend sur toutes ses antennes radio, numérique, télé et réseaux sociaux, les standards les plus élevés en matière d’honnêteté et de fiabilité de l’information. Elle est le socle d’un média de confiance de service public »