Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels du du 4 au 10 juin 2021.

1. Jean-Luc Mélenchon : les propos mêlant attentats et élection présidentielle
2. Jean-Luc Mélenchon : contrevérité historique sur Edouard Daladier
3. La gifle : la violence à l’égard des élus
4. La gifle : « mouvance anarchiste d’extrême droite » ?
5. Covid : la vaccination
6. Covid : remarques diverses
7. Le tournoi de Roland Garros
8. Le débat éco avec T. Piketty et D. Seux
9. La panne des numéros d’urgence
10. Les États généraux de la justice
11. La musique sur France Culture
12. Coup de cœur des auditeurs : Edgar Morin dans Boomerang
13. Le mois de « jouin »
14. Le choix des mots

15. Remarques diverses des auditeurs

​​​​​​​Ondes de choc 

Jean-Luc Mélenchon invité de « Questions politiques » 

« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre », a affirmé Jean-Luc Mélenchon (LFI) dimanche dans l’émission Questions politiques (France Inter/Le Monde/Franceinfo).  

Le chef de file des insoumis et candidat à la présidentielle a ensuite développé son propos : “Ça a été Merah en 2012 (auteur djihadiste des tueries de Toulouse et de Montauban, notamment dans une école juive), ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées (en 2017, un djihadiste assassine le policier Xavier Jugelé), avant on avait eu Papy Voise (Paul Voise, un retraité agressé chez lui à Orléans en avril 2002), dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance ».
« Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile, voilà, c’est bateau tout ça », conclut le député LFI.  

Réduire ces morts à des machinations électorales a suscité une série de réactions indignées dans la classe politique, qui l’accuse de « complotisme », et parmi les familles des victimes des attentats de terroristes islamistes : Latifa Ibn Ziaten, dont le fils militaire a été tué par Mohammed Merah, a dénoncé des propos « inadmissibles« , réclamant du « respect pour les victimes« .  

Sur Franceinfo, maître Patrick Klugman, avocat de Samuel Sandler qui a perdu son fils et ses deux petits-fils en 2012, abattus par le terroriste Mohamed Merah devant l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse, estime que les propos de Jean-Luc Mélenchon sont « d’une extraordinaire gravité ». 

« Il s’agit de voir un leader politique souscrire à des thèses complotistes dont on sait qu’elles font un ravage parmi la jeunesse, dans des consciences déjà abîmées. Si on laisse ces propos sans réponse, on laisse un attentat passer pour autre chose, c’est-à-dire une décision qui aurait été calculée. On laisserait presque passer Mohamed Merah pour un agent de l’État ! »
 a déclaré Maitre Klugman sur Franceinfo. 

En 2012, à Toulouse et Montauban, Mohamed Merah a tué sept personnes, trois militaires et quatre personnes de confession juive, avant d’être abattu par les forces de l’ordre.  

Les propos du chef de file de « La France Insoumise » ont également suscité l’indignation des auditeurs qui auraient souhaité que les journalistes l’interrogent : 

« Je suis sidéré par le silence des journalistes devant le discours honteux et abject de M. Mélenchon. » 

« Je suis scandalisée, non seulement par les propos indignes (virant au complotisme, voire à l’antisémitisme) de l’invité politique de ce midi, Jean-Luc Mélenchon, mais par l’absence de réaction. En effet, Jean-Luc Mélenchon a clairement laissé entendre que les attentats, et notamment ceux de 2012 (« de Merah »), c’était eux déjà (« le système, l’oligarchie ») étaient écrit d’avance pour organiser un attentat la dernière semaine de campagne. Quelle honte d’avoir laissé prospérer de tels propos (..) l’idée que l’attentat antisémite de l’école juive de Toulouse serait un « grave incident prévu d’avance » pour fausser une élection. » 

« Nathalie Saint-Cricq, rendons lui justice, a réagi, surprise et interloquée. » 

« En réécoutant, on entend la voix de Mme Nathalie Saint Cricq, un peu choquée quand il veut énumérer les effets de pseudo instrumentalisations » 

« J’ai écouté l’entretien que vous avez organisé avec M. Mélenchon. Bien sûr, ses dernières déclarations complotistes ne représentent que 1 ou 2 minutes sur toute la durée de l’émission ; elles ont fait presque la une de tous les journaux. N’aurait-il pas fallu arrêter M. Mélenchon dans son dérapage ? » 

Dès les premiers messages reçus, Catherine Nayl, directrice de l’information sur France Inter a tenu à répondre aux auditeurs : 

« Vous êtes nombreux à nous interroger, nous interpeller même suite aux propos tenus par Jean-Luc Mélenchon lors de l’émission « Questions Politiques » sur notre antenne dimanche 6 juin. 
Nombreux à vous demander pourquoi aucun des 4 journalistes présents sur le plateau de l’émission ne l’a questionné sur la compréhension même de ses propos ou de leur pertinence. 
Effectivement il aurait fallu pour le moins lui demander de préciser ce que ces mots signifiaient. Nous en avons discuté avec l’équipe, tous le reconnaissent, ils auraient dû le faire. 
Un mot de contexte, cette phrase a été prononcée 45 minutes après le début de Questions Politiques, après une émission très difficile à mener, durant laquelle Ali Baddou a dû plusieurs fois « recadrer » Jean-Luc Mélenchon après des attaques à l’encontre de l’une des journalistes. La tension était palpable du début à la fin. Mais il ne faut jamais, et ceci en est la preuve, relâcher un seul instant sa vigilance et son attention. » 

Réaction d’un auditeur à cette mise au point :  

« Merci pour votre réponse et pour la prise de conscience. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Les réactions sont à la hauteur de l’intérêt que nous portons à votre antenne, à la qualité de ses émissions, et à la crédibilité que nous accordons à vos journalistes. Comme vous le dites la vigilance permanente est de mise, plus que jamais, a fortiori dans la période qui s’ouvre, où tous les excès sont à redouter. Ce sera une tâche ardue que de garder la route éclairée ! Très fidèlement » 

Ce dimanche 6 juin, les auditeurs ont également relevé la contrevérité historique proférée par Jean-Luc Mélenchon lors de l’émission : 

« Jean-Luc Mélenchon a dit que Daladier a été collaborateur pendant la guerre et fusillé à la Libération. On peut penser ce que l’on veut de l’homme politique des accords de Munich, mais on ne peut laisser dire qu’il a été collaborateur car il a été aux côtés de Pierre Mendès France, un des accusés du procès de Riom, et il est mort – de mémoire – vers 1970. » 

« Je suis encore sous le choc ! Vous avez laissé M. Mélenchon affirmer que M. Daladier avait collaboré et avait été fusillé en 1945. C’est une énormité que personne n’a relevé, (un petit démenti pratiquement inaudible de Mme Fressoz). Edouard Daladier a été emprisonné en France et en Allemagne. Libéré et élu député il meurt en 1970. » 

« Vous laissez dire à Jean-Luc Mélenchon des énormités scandaleuses sans même réagir. Daladier n’a jamais collaboré. Il a été arrêté comme tous les députés ayant voté contre Pétain, emprisonné en France puis en Allemagne, il redeviendra député en 1945 et mourra en 1970 et pas fusillé comme cet ignorant de Mélenchon l’a prétendu. Il est inacceptable qu’un personnage que l’on prétend intellectuel puisse proférer des énormités de ce genre sans même être corrigé. » 

Mais, de cette émission, la seule séquence retenue et abondamment commentée est évidemment celle des propos liant terrorisme et élection présidentielle, propos qui ont littéralement embrasé ce début de semaine, ponctué par la diffusion d’une vidéo de menace de mort visant « La France Insoumise. »

Deux jours de polémique intense qui ont conduit Emmanuel Macron, interrogé par la presse lors de son déplacement dans la Drôme, à appeler « tout le monde au respect et au calme ». Car « la haine et la violence (…) fragilisent une seule chose, c’est la démocratie », et les Français, « fatigués de la crise et des mauvaises nouvelles », « ont besoin d’autre chose”. 

Le chef de l’État giflé 

Dix minutes après cette exhortation, cet appel au calme, Emmanuel Macron quitte le lycée hôtelier de Tain-l’Hermitage et s’avance vers un petit groupe de personnes massées derrière des barrières pour les saluer. Un individu saisit l’avant-bras du président et lui porte un coup sur la joue, en poussant le cri de guerre royaliste « Montjoie Saint Denis ! »  

Une gifle qualifiée d’« acte isolé » par le chef de l’Etat : « Il faut relativiser cet incident qui est, je pense, un fait isolé » commis par « des individus ultraviolents« , a commenté Emmanuel Macron quelques heures plus tard auprès du Dauphiné Libéré. « C’est de la bêtise. Et quand la bêtise s’allie à la violence, c’est inacceptable ».

Condamnée unanimement par les politiques, l’épisode de la gifle a été abondamment commenté par les auditeurs, certains n’appréciant pas que l’on minimise les faits : 

« Comment le présentateur du journal de ce 9 juin a pu faire son intro en parlant de, je cite « une vidéo de la tentative de gifle envers le Chef de l’Etat ». Si les mots ont encore un sens et si nous ne sommes pas déjà dans le « quand deux et deux ne font plus quatre… » de Georges Orwell… Si les journalistes parlent le français… S’ils ont des yeux pour voir… Si les vérités ne sont pas alternatives et si les médias d’état que je paye avec mes impôts font correctement et impartialement leur travail… J’aimerais savoir comment un acte, un fait concret, filmé et avéré peut-être présenté comme « une tentative »… ? Et non ce n’est pas un détail, une baffe dans la figure et un geste non abouti, surtout dans ce contexte, sont symboliquement totalement différents. Cela semble une évidence, non ? Et certains s’étonnent que les citoyens démontrent de plus en plus de méfiance envers les médias ? » 

D’autres auditeurs s’interrogent :  

« Je fais le constat que ce ne sont pas seulement les représentants politiques qui sont touchés par la montée de la violence comme mode d’expression, mais beaucoup plus largement l’ensemble des professionnels représentant des diverses institutions (agressions de personnels hospitaliers par des patients, de professeurs des écoles par des parents, etc.).Ce geste n’est-il pas symptomatique d’une normalisation globale de la violence comme moyen d’expression ? » 

« Le Président peut avoir ses raisons de minimiser la portée du soufflet que lui a infligé cet énergumène de l’extrême-droite fascisante ou royaliste. Le geste n’en est pas moins une attaque contre la République et l’indice à la fois de l’audace accrue des ennemis de la démocratie et d’une résignation du corps civique devant la dégradation de l’autorité morale de l’État. L’auteur de cette infamie doit être poursuivi en justice et puni avec rigueur. » 

« Sans cautionner ces actes, il serait bon de s’interroger sur les violences ressenties par toute une partie de la population, le sentiment d’être déclassé, exposé à la paupérisation, peu ou pas défendu y compris par les forces de l’ordre, pas écouté. Comment s’étonner que cette violence contre les politiques soit légitimée à tort ou à raison comme un acte de défense ? »  

Au micro de Camille Revel, mercredi matin sur Franceinfo, l’historien Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite européenne et chercheur au centre d’études de l’Europe latine à l’université de Montpellier a rappelé les chiffres relatifs à la violence subie par les élus : « il y a une enquête faite auprès des maires par le ministère de l’Intérieur en 2020 qui montre que 92% des maires ont été victimes de menaces ou d’intimidations physiques mais que « seulement » 14% ont été victimes de violences physiques directes. Ces violences physiques se situent à plus de 80% dans les toutes petites communes, des communes de moins de 3 500 habitants. Donc ce ne sont pas des choses qui sont liées à des dynamiques de radicalisation forte, mais plus des problèmes d’incivilités. » 

Interrogé sur le profil de l’auteur de la gifle, l’universitaire a indiqué : « Culturellement, il a l’air d’être orienté à droite. Avec son « Montjoie Saint Denis » et le thème du déclin évoqué, on n’est pas dans l’anarchisme. Les violences chez les militants de droite sont souvent des violences interpersonnelles. C’est beaucoup plus des agressions que des affrontements donc cela correspond. ». 

« Mouvance anarchiste d’extrême-droite » ? 

A propos du profil de l’auteur, la formule « mouvance anarchiste d’extrême -droite » a été entendue à plusieurs reprises sur les antennes, ce qui a fait réagir des auditeurs :  

« J’ai pris une gifle sémantique quand Macron se prenait une baffe : votre journaliste a en effet évoqué l’acte d’un homme “proche de la mouvance anarchiste d’extrême droite“. Même si chacun d’eux est multiple et connait ses chapelles et ses courants, l’anarchisme et la droite sont plutôt antinomiques : l’anarchisme prône une absence d’État là où la droite autoritaire ou bonapartiste veut un État fort. Même la droite économiquement libérale, si elle rejette l’État Providence, veut un État qui maintient l’ordre. Quant au néo-libéralisme, on est allé jusqu’à inventer pour le désigner le terme « libertarien » qui rappelle le mot « libertaire ». Mais le libertarien veut un capitalisme sans entrave étatique là où le libertaire veut abolir et l’État, et le capitalisme. Enfin, à l’extrémité de la droite, on a le culte du chef, Duce, Führer ou Caudillo. Revenons à la gifle : quand on pousse une exclamation royaliste (« Montjoie Saint-Denis ») pour accompagner le soufflet asséné à un président d’une démocratie parlementaire, c’est sans doute que l’on a des convictions royalistes. Et, que l’on sache, la monarchie absolue, et même sa petite sœur la monarchie parlementaire, ne peuvent pas être confondues avec la Catalogne de 1936 ou la Commune de Paris. D’ailleurs, dans l’Espagne libertaire, c’est précisément contre les « mouvances d’extrême droite » que l’on se battait. » 

« Je suis particulièrement étonné de la formule utilisée pour illustrer l’origine politique éventuelle des agresseurs du président de la République. Vous évoquez des « anarchistes d’extrême droite ». Permettez-moi de vous préciser que je ne vois pas du tout à quel courant de pensée vous faites référence. » 

« Je suis étonné d’entendre, aux infos, qualifier une personne « d’anarchiste d’extrême droite ». Une telle méconnaissance de l’histoire politique et philosophique du mouvement ouvrier est indigne d’un média culturel, censé avoir une connaissance du socialisme et son histoire et l’extrême droite et son histoire. »  

« Dans un journal, votre journaliste nous a précisé que l’agresseur du président de la République était proche de la mouvance « anarchiste d’extrême droite ». Confusion totale, si l’on se fie aux définitions, aux travaux des historiens. Les valeurs de l’extrême droite sont la négation de celles de l’anarchisme. Entretenir une telle confusion ne contribue pas à informer clairement les auditeurs.  
Selon Michel Winock, historien français, les discours de l’extrême droite répondent à neuf caractéristiques :  
La haine du présent, considéré comme une période de décadence ;  
La nostalgie d’un âge d’or ;  
L’éloge de l’immobilité, conséquence du refus du changement ;  
L’anti-individualisme, conséquence des libertés individuelles et du suffrage universel ;  
L’apologie des sociétés élitaires, l’absence d’élites étant considérée comme une décadence ;  
La nostalgie du sacré, qu’il soit religieux ou moral ;  
La peur du métissage génétique et de l’effondrement démographique ;  
La censure des mœurs, notamment la liberté sexuelle et l’homosexualité ;  
L’anti-intellectualisme, les intellectuels n’ayant aucun contact avec le monde réel (Poujadisme). »  

En ouvrant un dictionnaire voici la définition de l’anarchisme : « Conception politique et sociale qui se fonde sur le rejet de toute tutelle gouvernementale, administrative, religieuse et qui privilégie la liberté et l’initiative individuelles. »  

Au sujet de l’auteur de la gifle, ajoutons cette précision largement relayée sur les antennes : selon le procureur de la République, l’individu est proche de « la mouvance des Gilets jaunes » et partageant des « convictions politiques traditionnelles de droite ou d’ultra droite ».  

Le mois de « Jouin » ? 

Entre le président Macron giflé et la polémique autour de Jean-Luc Mélenchon, un climat délétère enfièvre ce mois de juin, à moins d’un an de la présidentielle et à une dizaine de jours du premier tour des régionales. Un mois de juin dont la prononciation nous vaut des remarques d’auditeurs : 

« La prononciation standard du mois de juin semble devenue être « jouin » sur Radio France. Pourrait-on expliquer à vos journalistes que cela est horripilant pour la majorité des Français qui parlent du mois de jUin ! Dans le même ordre d’idées, certains de vos collègues se rendent insupportables quand cent fois dans la même émission ils rabâchent « aujOrd’hui, aujOrd’hui, aujOrd’hui ? Un de vos plus sympathiques jOrnalistes étant le champion incontesté de cette prononciation. Quand on a l’honneur de tenir le micro sur une chaîne nationale, je pense qu’on a des obligations, et qu’on ne devrait pas faire d’aussi grossières fautes de prononciation. » 

« Vous qui me réveillez chaque matin. Que du bonheur. Le “mais”… La présentatrice du journal peut-elle juste arrêter le dire le mois de « JOUIN ». Il s’agit du mois de juin, tout simplement. Mais sinon, j’aime beaucoup le contenu et le ton de son journal. »  

« Il n’y a pas que les tics de langage qui peuvent agacer mais aussi la façon de prononcer certains mots : j’ai hâte d’être arrivée au mois de « jouillet » car je ne supporte plus d’être au mois de « jouin » !!! » 

Comment se prononce le mot « juin » ? 
Le site « Orthodidacte » indique que la prononciation de « juin » n’est pas unifiée : il y a en effet plusieurs façons différentes de prononcer ce mot, [ʒɥɛ̃] (« ju-in ») et [ʒwɛ̃] (« jou-in », comme le mot joint). À quoi correspondent ces deux prononciations ? 

« La première prononciation, « ju-in » (où le u est prononcé comme dans le mot lui), est la prononciation standard. C’est celle qui est donnée par tous les dictionnaires et qui est majoritaire en France métropolitaine.   

La deuxième, « jou-in » (prononcé comme le mot « joint »), est la prononciation courante en Suisse, en Belgique, ainsi que dans certaines régions de France à la frontière de ces pays et en Corse. Bien que critiquée par l’Académie française, cette prononciation n’est pas une erreur, mais simplement une variante régionale », estime ce site. 

Pour l’Académie française, au contraire, dire « jouin » pour « juin » est fautif : « il existe trois semi-consonnes en français, dont, étonnamment, seules deux ont un nom : yod, que l’on entend au début de yeux ou à la fin de fille ; wau, que l’on entend dans oui ou dans tatouer, et enfin celle que l’on entend dans lui ou dans suer. Il convient de ne pas confondre cette dernière avec wau, puisque l’on ne distinguerait plus alors muette et mouette ou lui et Louis, même s’il existe des régions où ces distinctions se font peu ou mal et dans lesquelles on prononce « ui » pour oui ou « houit » pour huit. » stipule le site de l’Académie française. 

Le tournoi de Roland Garros 

Après une édition 2020 automnale et quasiment privée de public en raison de la pandémie, Roland Garros a rouvert ses portes le 30 mai à des milliers de spectateurs ravis de retrouver le Grand Chelem parisien. Le traitement éditorial du tournoi est commenté par les auditeurs :  

« C’est assez énervant d’entendre sans arrêt sur les ondes : « il n’y a plus de Français en compétition à Roland Garros ! » Alors qu’il y en a dans le tennis-fauteuil !! Est-on déchu de la nationalité quand on est en situation de handicap ! Les matchs en tennis fauteuil sont tout aussi passionnants qu’en tennis debout.  C’est typique du mépris qu’ont les Français vis à vis des rouleurs contrairement à ce qu’on ressent à Québec, en Israël ou aux USA! Nous ne sommes pas des invisibles ni des inutiles. J’ai rencontré plus d’humanité chez mes camarades rouleurs que chez les « marcheurs » ! Nous ce n’est pas qu’on ne peut pas faire, c’est qu’on fait autrement avec créativité ! Allez dire à Philippe Croizon qu’il ne peut pas nager et il traverse la Manche » 

« Ce matin vous avez annoncé qu’il n’y avait plus de Français à Roland Garros. Je pense que dans le monde où la diversité et l’inclusion des personnes en situation de handicap doivent devenir une évidence, oublier les Français des tournois doubles et tennis fauteuils ne rend pas hommage à une radio de service public. Le site du tournoi indique plusieurs succès. En tant qu’enseignante, je me bats tous les jours pour que tous mes élèves, quel que soit leur particularité se sentent citoyens et acceptés. Je pensais que cela était une normalité pour le service public. Je m’aperçois, encore une fois, que cela n’est pas le cas.
Une auditrice assidue » 

« Chaque bulletin d’information martèle qu’il n’y a plus aucun Français en lice or le tennis en fauteuil n’a pas encore débuté. N’oubliez pas le handisport ! C’est malheureusement trop souvent le cas et les athlètes handicapés ne manquent jamais de le souligner. » 

Il est vrai que les disciplines parasportives – qui incluent handisports et sports adaptés aux personnes avec handicap mental ou psychique – peinent à exister dans les médias, faute d’images ou de connaissance du sujet, une lacune que le gouvernement espère combler trois ans avant les Jeux de Paris en 2024.  
Avec moins de 1% de personnes handicapées dans les programmes sportifs en 2018 selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la représentation des 12 millions de Français vivant avec un handicap, soit 18% de la population, n’est pas à la hauteur.  

Nous évoquerons ce dossier demain à 11h51 dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo avec Vincent Rodriguez, directeur des Sports de Radio France. Nous aborderons également avec lui les autres remarques des auditeurs, notamment au sujet des joueuses de tennis : 

« Il semblerait que dans le journal tous les matins de cette semaine, vous ayez oublié qu’il y avait aussi des joueuses de tennis à Roland Garros. Vous avez même annoncé qu’il n’y avait plus de français en lice alors que Caroline Garcia et Kristina Mladenovic étaient encore dans le tournoi. Par contre vous n’avez pas manqué de relever le « caprice » de Naomi Osaka, numéro 2 mondiale, qui préfère renoncer à un tournoi du grand chelem que d’affronter les questions des journalistes. Ce matin pourtant, Tsonga qui demande de la bienveillance envers les jeunes joueurs a le droit à tout un sujet, sans pour autant remettre en cause les pratiques journalistiques lors de ce tournoi. Bref… on n’est pas près d’avoir une information non sexiste sur la radio publique. »  

« Votre reporter a fait le bilan de Roland Garros pour les joueurs français, oubliant qu’il y avait aussi des joueuses. Certes elles n’ont pas fait mieux que les garçons cette année. Le dernier vainqueur d’un tournoi en grand chelem chez les hommes est Noah en 1983 mais chez les femmes il y a eu 5 victoires : Marion Bartoli, Mary Pearce, Amélie Mauresmo entre autres. Le tennis s’écrit aussi au féminin, pensez-y. » 

« Je trouve ça dommage que pendant le journal aujourd’hui, quand le tennis est évoqué par le tournoi Roland Garros, il n’est parlé que des joueurs français dans la Fédération Française de Tennis et absolument pas des joueuses !! Alors qu’il y a des championnes confirmées et de véritables espoirs dans cette discipline. Merci de faire remonter cela. » 

Rendez-vous demain à 11h51 sur Franceinfo. 

La musique sur France Culture 

Les auditeurs de la chaîne s’interrogent sur la présence de la musique à l’antenne : 

« J’écoute avec passion France Culture, le plus souvent possible et depuis déjà très longtemps… Je n’ai que des louanges à vous adresser. Cependant, si vous le permettez, j’aimerais vous faire part d’une chose qui m’agace : les illustrations musicales qui envahissent les lectures et les témoignages, me sont pénibles. Je trouve qu’elles sont redondantes et ne font qu’affaiblir l’intensité de ce qui est dit. » 

« Je vous serais très reconnaissante de m’indiquer pourquoi ces petites pauses musicales pendant les émissions ? Serait-ce qu’à France Culture on craigne que les auditeurs aient une capacité d’attention limitée ? Qu’il faille leur ménager quelques instants de « récupération » après un « effort » d’écoute de quelques minutes ? » 

Hier, dans le rendez-vous de la médiatrice, Sandrine Treiner, directrice de France Culture a répondu à leurs questions : « On n’a pas du tout peur que nos auditeurs aient une capacité d’attention limitée. Encore que ça arrive à chacun d’être certains jours plus fatigués que d’autres, non. Je voudrais peut-être revenir sur ce mot. Illustration musicale ou petite pause musicale ? Et si on disait que c’est de la musique ? Et si on disait que ce sont des chansons ? Et si on disait que la musique et les chansons, ça fait partie de la culture du patrimoine culturel commun ? Et que passer de la musique, c’est tout simplement proposer un moment de culture sur l’antenne. D’ailleurs, le nouveau directeur des programmes, Jean Beghin, fait la chasse aux chansons qui sont coupées justement, aux chansons qui viennent pour illustrer et que l’on coupe. Une chanson, une musique, ça se respecte et ça s’écoute jusqu’au bout. Par ailleurs, il y a peut-être un deuxième élément à ajouter qui est parfois souligné une lecture avec de la musique. En fait, c’est simplement accompagner. C’est accompagner un moment de lecture, c’est accompagner un moment d’antenne. Et ce n’est en aucun cas, évidemment, du mépris pour l’auditeur, mais au contraire, le goût de l’accompagnement des textes. » 

Les auditeurs s’interrogent également sur le pourcentage de musique anglophone diffusée sur l’antenne : 

« J’aimerais bien connaître le pourcentage d’accompagnement musical anglophone qui ponctue les émissions sur France Culture. Quelles sont les raisons qui privilégient ainsi la culture musicale anglo-saxonne ?   
Je reste toujours étonné que l’immense majorité des illustrations musicales diffusées sur France Culture soient composées de chansons en langue anglophone. Où est l’ouverture ? N’y a- t-il pas une règle en matière de francophonie de diffuser au moins 50 % de chansons francophones ? Par ailleurs, pourrait-on, au nom de la diversité, diffuser davantage de musiques du monde ? » 

Réponse de Sandrine Treiner : « Parfois, on me reproche de ne pas assez reconnaître les critiques. Alors, je vais reconnaître une partie de cette critique. Je suis tout à fait incapable de vous dire quel est le pourcentage entre l’anglophone et le non anglophone pour une raison très simple, la musique et des chansons, programmées dans les émissions, relèvent du choix généralement du réalisateur, de la réalisatrice avec le producteur, la productrice et journaliste. Et tout cela est très variable et dépend de leur inspiration, de leurs goûts ou de leur inspiration du moment. Mais au-delà de ça, il est évident que ça fait partie des sujets sur lesquels nous sommes perfectibles. Il faut faire attention à la question de la diversité musicale et ça renvoie à notre première question du reste, la question de la diversité musicale, elle est extrêmement importante puisque précisément, la musique, la chanson, c’est de la culture et que nous devons être garants de la diversité culturelle, y compris en cette matière. Donc, c’est bien que régulièrement, nous soyons tous rappelés à l’ordre. » 

Edgar Morin : « Le propre de l’homme est de toujours espérer le meilleur et d’éloigner le pire » 

Le grand sociologue, historien, philosophe et humaniste centenaire était l’invité de Boomerang à l’occasion de la sortie de ses « Leçons d’un siècle de vie ». Pour sa carte blanche, au micro d’Augustin Trapenard, Edgar Morin a partagé « son ultime souhait », celui de toute sa vie : comment révolutionner les méthodes de réflexion pour mieux penser le monde et tenter ainsi de répondre à la question « qu’est-ce qu’un être humain ?” 

C’est le coup de cœur des auditeurs cette semaine :  

« Magnifique cet entretien avec Edgar Morin… Quelle leçon de vie… Touchant, sensible, poétique et merveilleux… Il nous faut écouter ces gens intelligents, précieux pour notre devenir et qui ont une expérience extraordinaire ! Bravo pour cet entretien ! »  

« Merci, Augustin, pour ce moment de grâce, ce matin avec Edgar Morin. Un entretien sublime à classer parmi les trésors de France Inter. Quel beau métier vous faites. Et quel beau philosophe, qui s’est hissé au rang de sage dont les vérités restent teintées d’humour. » 

« Je me suis complètement reconnu dans la parole de ce centenaire magnifique. Cet hymne à la vie de celui qui devra mourir, cette lucidité qui choisit le côté de la tolérance et du partage, ce besoin de questionner sans cesse un univers dont le tout est inconnaissable, m’ont donné envie, a soixante…neuf ans de ne pas baisser les bras. » 

« Écouter Edgar Morin, rend plus intelligent. Sans aucun doute. Merci Monsieur. » 

« Merci Augustin. Le « vieux chêne » a toujours une aussi belle ramure et de profondes racines. Quel moment de bonheur rare et d’espérance ! » 

« Arrêtez tout, et réécoutez cette interview ! Un bonheur de clairvoyance et d’humanité ! » 

Emmanuelle Daviet 
Médiatrice des antennes de Radio France