Le Covid-19 :
1. La couverture éditoriale des manifestations anti-passe sanitaire
2. Les anti-passe assimilés aux antivaccins 
3. Donnez davantage la parole à ceux qui sont pour la vaccination ou le passe sanitaire 
4. Points de vue sur l’obligation vaccinale 
5. Protocole sanitaire à l’Éducation nationale
6. Les policiers et le passe sanitaire 
7. Le parcours vaccinal
8. Une 3ème dose ? Et les pays pauvres ?
9. Le QR Code 
10. Les lieux de culte et le passe sanitaire

11. Débat de l’actu : l’Afghanistan
12. Messi en majesté
13. Langue française : une médaille olympique = une breloque ?

Les programmes de l’été 
14. « Sous le soleil de Platon » sur France Inter
15. « Rendez-vous place du marché » sur France Inter
16. « Qui veut gagner la flûte à bec ? » sur France Inter
17. « L’Afrique en solo » sur France Inter
18. « Blockbusters » sur France Inter
19. « Les Grandes traversées » sur France Culture
20. « Les films qui ont changé nos regards » sur France Culture
21. « Retour de plage » sur France Musique

22. Joyeux anniversaire au média global Franceinfo
23. Les grilles de rentrée 2021-2022 des antennes de Radio France

L’été à rebours

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Après huit semaines de grilles d’été, cette Lettre vous propose la synthèse des 21 000 messages reçus au service de la médiation entre le 3 juillet 2021 et le 29 août 2021. Quelles sont les remarques des auditeurs sur le traitement éditorial de l’actualité ? Quels programmes ont été plébiscités ?  

Décryptage des tendances majeures des courriels envoyés par les auditeurs de Radio France, très engagés dans l’écoute de leurs stations et prompts à réagir afin de livrer leur point de vue sur le travail des antennes. 

Au menu de cet édito : la couverture journalistique des manifestations contre le passe sanitaire, le transfert de Lionel Messi, des « breloques » remportées aux Jeux Olympiques, les émissions estivales, l’anniversaire du média global Franceinfo. 

« Pourquoi donnez-vous autant d’écho à ces manifestations ? » 

Incontestablement le courrier consacré au Covid-19 domine largement l’ensemble des milliers de messages reçus avec neuf grandes thématiques, référencées dans le sommaire de cette Lettre. Parmi ces différentes thématiques l’une d’entre elles domine très nettement : la couverture jugée surdimensionnée des manifestations anti-passe sanitaire organisées chaque samedi : 

« Je suis scandalisé qu’une radio publique diffuse les déclarations péremptoires de personnages qui n’ont AUCUNE compétence et qui colportent des mensonges. Une radio digne devrait qualifier les propos de ces incompétents complotistes a minima d’opinion car leurs déclarations péremptoires ne sont rien d’autres que des opinions et n’ont aucune valeur. Un auditeur indigné du service public »  

« Dans le journal un manifestant a tenu des propos conspirationnistes au micro (sur la présence de puces dans les vaccins). D’autres propos tout aussi délirants ont été diffusés lors d’autres éditions du journal, sans jamais être accompagnés de démentis. La propagation de fausses nouvelles et la désinformation sont graves et doivent être prises au sérieux. Il n’est pas acceptable de donner autant de crédit à des rumeurs farfelues circulant sur internet sans les décortiquer. Il s’agit du travail des journalistes et je vous écris pour me plaindre du fait que ce travail n’est pas effectué correctement pendant les journaux. » 

« Mais pourquoi ne donnez-vous la parole qu’aux partisans de ces révoltes ? On n’entend qu’eux sous prétexte qu’ils manifestent chaque samedi maintenant, un ramassis de décérébrés, d’agitateurs de tous les extrêmes et de déçus des « gilets jaunes » qui voient là une opportunité de se refaire une voix. Non, toutes les opinions en l’occurrence ne se valent pas. Vous relayez leurs points de vue et ainsi, participez à la diffusion de leurs idées malsaines et nauséabondes. » 

« Je comprends que les journalistes de Radio France soient soumis à un devoir de neutralité, et qu’ils n’aient pas à faire la morale aux personnes qu’ils interviewent, aussi farfelues que soient leurs prises de position. En revanche, je ne comprends pas qu’ils ne confrontent pas ces personnes à d’autres opinions. » 

« Comment pouvez-vous titrer “le passe sanitaire ne convainc toujours pas les Français” ? Que je sache, il y a des manifestants (environ 200000) mais que faites-vous de l’immense majorité de non-manifestants qui au contraire acceptent ou encore se sentent rassurés par cette mesure de bon sens ?  Vous devriez faire attention à modérer vos propos, car il y a certes quelques français non convaincus ce que démontre ces manifestations, mais cela est loin d’être la majorité : votre présentation des faits déforme la réalité. Merci d’être un peu plus objectifs et équilibrés car en ce moment vous dérivez. » 

Ces messages d’auditeurs reflètent bien la teneur des courriers de l’été et soulèvent un certain nombre de questions sur le traitement journalistique. 
Pourquoi parler de manifestations qui s’apparentent à des formes de coalitions réactives hétérogènes, sans réelle colonne vertébrale, avec une arborescence hétéroclite où s’agrègent pêle-mêle des citoyens lambda, des familles hésitantes à se faire vacciner, des anti-passe sanitaire mais pro-vaccins, des complotistes, des militants aux idéologies très éloignées des valeurs républicaines, ou encore des analphabètes de l’Histoire instrumentalisant la Shoah en arborant une étoile jaune ? 

Ne pas en parler serait ne pas accomplir notre mission de journaliste qui consiste à être là où se déroulent les faits, à en être témoin et donner la parole afin de comprendre les motivations des acteurs sur le terrain, sans les juger, puis les rapporter au public. Ne pas en parler serait également accréditer la thèse tenace d’une allégeance au pouvoir politique et achèverait de consommer la rupture entre la presse et une partie du public. Ne pas en parler serait bafouer le postulat journalistique consistant à faire entendre tous les points de vue qui traversent notre société.  

Mais trop en parler c’est octroyer aux manifestants des mobilisations anti-passe sanitaire une visibilité disproportionnée au regard de ce qu’ils représentent réellement : 0,3% de la population française totale. Adossons à ce pourcentage les 67% de Français vaccinés – calcul sur la population française totale- la majorité silencieuse celle que, par définition, on n’entend pas, ce qui alimente d’ailleurs une interrogation et attise un regret pour les auditeurs : 

« Pourrait-on aussi entendre, à temps de parole égal, la voix de ceux qui pensent que ce passe est une nécessité pour sortir de cette pandémie (…) s’il vous plait tendez votre micro à ceux qui sont vaccinés, qui pensent collectif » 

« Dans les informations j’aimerais qu’on fasse parler un peu plus les gens qui sont d’accord avec le vaccin obligatoire ». 

Ajoutons qu’il y a aussi dans ces manifestations des auditeurs anti-passe sanitaire regrettant d’être confondus avec des antivaccins: 

« Il y a une différence fondamentale entre les anti-passe et antivaccins. Cet amalgame est lui-même une contre-vérité à combattre. » 

« Encore une fois, vous, journalistes, mélangez les antivaccins aux anti-passe. Nombre d’anti-passe ne se reconnaissent pas dans les antivaccins, ni dans les Gilets jaunes, ni dans l’extrême gauche ou droite. Merci de tenir compte de cet aspect, d’affiner vos propos et vos investigations.  

« Je suis très choquée par le mot « antivaccs » qu’utilisent les journalistes à tort et à travers pour parler des « anti-passe ». Votre journaliste ce matin l’a employé en permanence alors que ses invités précisaient bien que ce ne sont pas que des gens opposés aux vaccins. En tant que journalistes, sur une radio nationale comme la vôtre, vous, journalistes, avez le devoir d’être prudents sur les mots employés. Merci d’en tenir compte pour continuer à rester crédibles. » 

Rester crédible c’est également pouvoir informer dans des conditions normales d’exercice de ce métier lorsqu’on couvre une manifestation. Lors du mouvement des Gilets jaunes, battre le pavé et agresser les journalistes témoignait de l’ampleur du discrédit de la profession auprès des manifestants. Cette ritualisation de la violence à l’égard de la presse s’est ancrée au cours de l’été avec des démonstrations d’hostilité répétées. Les locaux de France Bleu Belfort ont été visés. Des journalistes ont été pris à parti dans ces manifestations qu’ils doivent désormais couvrir avec un équipement particulier de protection, voire accompagnés d’officiers de sécurité dans certaines villes, ce qui ne manque pas de faire réagir des auditeurs : 

« J’ai entendu l’autre jour le Secrétaire général de l’information de Radio France commenter les manifestations des antivaccins et anti-passe sanitaire et expliquer qu’il fallait désormais des « gardes du corps » pour sécuriser les journalistes sur le terrain. Ceux-là même qui couvrent l’événement, qui vont au-devant des manifestants pour recueillir leur avis, leur témoignage et à l’arrivée sont agressés ou malmenés. Mais retournent tous les samedis faire leur métier… Devoir organiser leur sécurité pour ce faire me paraît aberrant. Ramené au pourcentage des manifestants, l’événement qui se répète au fil des semaines, mérite-t-il une telle couverture ? La rédaction pourrait choisir de donner l’information sans tendre le micro systématiquement à ceux qui dénigrent le même micro. »  

Le pays doit relever un défi majeur de santé publique. Pour les journalistes rendre compte de ce réel suppose de nombreux choix sur le terrain et en conférence de rédaction puisque l’information donnée participe de la construction sociale de la réalité et définit donc une modalité essentielle de la perception de notre société par l’auditeur. 

Messi en majesté  

L’arrivée de Lionel Messi au PSG méritait-elle une couverture aussi large sur les antennes? Pour les auditeurs qui nous ont écrit la réponse tient en trois lettres : non. Ils ont abondamment écrit sur le sujet : 

« Je suis choqué par la façon dont vos radios alimentent l’hystérie collective autour du transfert de Messi. Le joueur n’a pas changé, il ne s’agit que d’un transfert de club à club, et vous montez cela en épingle au point d’en parler dans chaque fil Info et d’en faire le « sujet principal » d’un de vos journaux – dixit la présentatrice elle-même. Franchement, c’est grotesque. N’avez-vous pas d’autre préoccupation, ou d’autres occasions de dépenser les fonds du service public que d’aller longuement interviewer un fan qui a passé la nuit à faire la queue pour s’acheter un maillot ? Quant à l’enthousiasme, vrai ou factice, de vos journalistes chaque fois qu’ils abordent le sujet, on a envie de se pincer. » 

« Je trouve déplorable tout le temps que vous avez attribué au transfert de Messi. Et encore plus déplorable quand on compare au temps attribué au rapport du GIEC. A croire que le devenir de cet homme est plus important que celui de la planète » 

« Le dérèglement climatique touche tous les Français. Le GIEC a émis un nouveau rapport à ce sujet dont vous vous êtes fait l’écho pendant… 24h. De son côté, la vie de Messi en est à son 4ème jour d’exposition sur vos ondes avec moult analyses, intervenants et interviews. »  

« Laissez-moi vous faire part de mon étonnement compte tenu de ce qui se passe en Afghanistan en ce moment vous passez la moitié de votre journal à parler du match Reims PSG. »  

Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo, répond aux questions des auditeurs dimanche à 11h51 dans le rendez-vous de la médiatrice. 

Une médaille olympique est-elle une breloque ? 

Les auditeurs, très nombreux, s’étonnent d’avoir entendu tout au long des commentaires relatifs aux Jeux olympiques et paralympiques le mot de « breloque » utilisé comme synonyme de « médaille ».  

« Quand cesserez-vous de parler de “breloques” au sujet des Médailles des Jeux olympiques. C’est terriblement péjoratif, regardez la définition du dictionnaire. Quand on pense au travail fourni par les athlètes, c’est insultant. » 

« Je me permets de réagir vivement à l’inclinaison, largement partagée, des présentateurs des informations qui osent qualifier de « breloque » les médailles remportées par nos championnes et champions olympiques. C’est un manque de reconnaissance et tout simplement de respect vis-à-vis de personnes ayant consacré des années d’efforts à cet accomplissement. Est-il dans l’air du temps de tout rabaisser ??? » 

« Il est extrêmement choquant que la présentatrice du journal ait parlé de « breloques » à propos des médailles gagnées par nos athlètes aux jeux para-olympiques. Qu’elle en fasse donc autant » 

« Une médaille olympique, valide ou paralympique n’est pas une « breloque » comme c’est régulièrement utilisé chez vos chroniqueurs ou présentateurs des journaux. Un peu de respect pour les athlètes et pour le pays. »  

Une breloque étant un objet décoratif de peu de valeur les remarques des auditeurs sont parfaitement fondées comme l’explique le linguiste Jean Pruvost dans cette vidéo. Une breloque n’est absolument pas synonyme de médaille olympique. 

Les programmes de l’été 

« Sous le soleil de Platon » (France Inter), « Retour de plage » (France Musique) « Qui veut gagner la flûte à bec ? » (France Inter, « L’Afrique en solo » (France Inter, « Les films qui ont changé nos regards » (France Culture) sont les émissions estivales plébiscitées par les auditeurs avec une mention toute particulière pour « Les Grandes traversées » (France Culture) : 

« Formidables épopées !! Une grande chance que notre belle radio France Culture. » 

« Les programmes « Les Grandes Traversées » et notamment les séries sur Gisèle Halimi et Louise Michel sont tout simplement exceptionnels !! Pourriez-vous remercier les équipes s’il vous plaît pour ce travail génial ? » 

« Je n’aime pas le football, Je suis brésilien, et je n’ai jamais suivi la carrière de Pelé, Platini, Maradona, etc. Votre documentaire sur le joueur argentin est une pure merveille ! Merci, merci, merci ! » 

« Je tiens à vous adresser toutes mes félicitations sur la série consacrée à Benito Mussolini. J’ai appris énormément et a fait preuve de grande objectivité quant au personnage. Bravo ! »  

« Je souhaitais juste remercier l’équipe qui a pensé et réalisé la série des Grandes Traversées sur Louis-Ferdinand Céline. J’ai trouvé cela magistral, sur le fond comme sur la forme. » 

« Cette émission est un bonheur d’écoute. La qualité de ses choix, de leurs sujets, de ses intervenants en fait un type d’émission qu’on souhaiterait voir figurer à une bonne heure d’écoute – hors vacances – aux programmes réguliers de France Culture ».  

Quant à « Rendez-vous place du marché » (France Inter) elle a inspiré nombre d’éloges : 

« Belle et excellente émission de service public qui va à la rencontre de la France dans toute sa diversité… Les deux animateurs sont tout à fait dans le ton. Excellent ! » 

« J’adore votre émission et durant mon télétravail, je m’évade avec vous. On découvre notre pays avec humanité, intelligence et tact.  
J’aimerais tant que votre émission se poursuive car il y a encore plein de villes, villages qui ont sûrement envie de se dévoiler pour notre plus grand bonheur.  
Et si cela n’est pas possible, un grand MERCI pour cette idée de reportage qui a ensoleillé notre été. » 

« Quelle joie de retrouver cette émission. Humaniste, curieuse… Je ne pars pas en vacances mais je vais voyager en France grâce à vous. Quand je vous écoute ma radio est pleine d’images.  
Merci à vous.  Je suis fier de notre service public. »  

« Merci de nous faire voyager là où c’est bien trop loin pour nous et de nous présenter ces portraits d’habitants si sincères, si forts. J’y étais, avec vous au bout du monde. On vous suivrait partout je crois, avec votre micro qui se promène comme ça, on a l’impression que tout est léger. Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point cela peut faire du bien. » 

« Grand merci à Aurélie et Antoine pour leur émission que j’écoute tous les jours avec beaucoup d’intérêt et grand plaisir.  
Ils nous font visiter la France, rencontrer des personnalités locales, toutes plus intéressantes les unes que les autres, entendre un tas d’histoires du cru qui, toutes ensemble, font notre Histoire de France.  
Leurs interviews, menées avec beaucoup de naturel, de spontanéité et de proximité avec leurs interlocuteurs, me laissent à penser qu’elles nécessitent cependant un gros travail de préparation.  
Bravo à tous les deux. » 

Une émission qui résonne particulièrement avec la ligne éditoriale de Radio France en cette rentrée où l’on met en avant les valeurs de proximité et de pluralité, afin de valoriser la diversité des points de vue de nos concitoyens pour refléter au mieux leur quotidien et offrir à chacun un espace radiophonique de réflexion et d’analyse en cette année marquée par l’élection présidentielle. 

A l’approche de cette échéance majeure de la vie politique française, où l’information se doit d’être rigoureuse, vérifiée et analysée les groupes publics Radio France, France Télévisions, France Médias Monde (France 24) et l’INA ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération dans l’information à l’occasion de la date anniversaire des 5 ans du média global Franceinfo qui concentre la radio, le canal 27 en télé, et la plateforme d’actualité en ligne.  

« Joyeux anniversaire Franceinfo !!! Merci pour ce beau combo radio/tv/application !!! Vous m’informez dès le réveil et tout au long de la journée ! » 

« Bravo Joyeux Anniversaire longue vie à Franceinfo, continuez à nous informer c’est un bonheur de vous écouter et de vous suivre merci ! » 

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Emmanuelle Daviet 
Médiatrice des antennes de Radio France