Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels en cette mi-septembre.
​​​​​​​​​​​​​​
1. Traitement éditorial de la mort d’Elizabeth II

La cause environnementale :
2. La formation scientifique des journalistes

3. Gérard Larcher et l’empreinte carbone de la viande
4. Débat de l’actu : sport et environnement
5. L’urgence climatique
6. Propos anti-chasse

7. Des bulletins météo décalés
8. La publicité Air France pour Dubaï

9. La publicité du secours catholique

10. Débat de l’actu : la fin de vie
11. Olivier Véran : « Bas les masques »
12. Trop de rap sur Fip ? 
13. La langue française

Les joyaux de l’info 

Au menu de cet édito : la couverture éditoriale de la mort de la reine Elizabeth II -avec la réponse de Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France, le point de vue de Gérard Larcher sur l’empreinte carbone de la viande, la formation scientifique des journalistes, la publicité Air France pour Dubaï – avec la réponse de la direction de Radio France, Olivier Véran et la promotion de son livre, le rap sur l’antenne de FIP – avec la réponse de Ruddy Aboab, le directeur de la station. 

Saturation royale 

« Vous en faites trop » : ces quatre mots résument tous les courriels reçus depuis le 8 septembre, à la suite de l’annonce de la mort de la reine Elizabeth II : 

« La reine d’Angleterre est décédée. Soit. Que l’information soit donnée. Est-ce nécessaire d’arrêter tous les programmes, de passer en édition spéciale ?  
Nous ne sommes pas Anglais, les valeurs de la monarchie sont très discutables. Notre peuple a lutté pour s’en libérer. Le ton et le niveau de détail sur les règles de la monarchie anglaise et du protocole donné sur vos antennes sont ahurissants. Je suis très déçu de cette lente dérive de Radio France. Dans des moments pareils, je coupe ma radio : Franceinfo, France Inter, France Culture. Toutes le même programme !!! »  

« Que de louanges, de discours pontifiants. Arrêtez tout ce cirque médiatique ! Dans un pays républicain, comment est-ce possible d’encenser autant cette personne et tous autour d’elle, dans cette monarchie d’un autre temps ? » 


Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France explique ce choix éditorial :  

« Je comprends, en partie, les messages des auditeurs. La disparition de la Reine a entraîné une immense émotion dans le monde entier dont nous avons rendu compte, mais nous devons aussi aller plus loin. C’est ce que nous tâchons de faire à la Rédaction internationale et dans les différentes rédactions de Radio France pour décrypter cet événement historique. Avec la mort d’Elizabeth II, un très long chapitre de notre Histoire s’est refermé. Même si son rôle politique a été secondaire, il n’était pas inexistant. Le souverain britannique est un garant de la démocratie, et la Reine était une figure fédératrice dans un pays aujourd’hui déchiré, par le Brexit, les inégalités sociales, la poussée indépendantiste en Ecosse… Charles III devra à son tour tenter de rassembler son peuple, une tâche difficile pour un héritier souvent contesté. C’est tout cela que nous essayons de raconter sur les antennes de Radio France. Nous nous sommes aussi efforcés de varier les sujets, les angles, de donner la parole aux opposants à la monarchie, aux militants républicains, ou à ceux que la royauté britannique indiffère. Et nous avons continué à laisser beaucoup de place aux autres sujets d’actualité, en particulier à la guerre en Ukraine et au recul récent des forces russes. » 

Tous les aspects de la vie de la monarque ont été analysés, jusqu’au contenu de son assiette à l’occasion d’une chronique consacrée aux « petits plaisirs » culinaires de la Reine d’Angleterre :  

« Une chronique sur « les interdits et les préférences alimentaires d’Élizabeth II » !?! 
– « la Reine ne mangeait pas d’ail, ni d’oignons »  
– « la Reine ne mangeait pas de fruits de mer »  
– “la Reine limitait sa consommation d’amidon, elle mangeait peu de pain et toujours sans la croûte” 
– “La Reine adorait le chocolat noir” 
– « la Reine ne mangeait pas de viande crue, mais la préférait cuite à point ».  
Franchement, ce n’est pas du niveau que j’attends d’une antenne nationale. » 

Le degré de cuisson de la viande mitonnée au palais de Buckingham importe peu à certains auditeurs, en revanche celle qui est servie au palais du Luxembourg a bien épicé les courriels après l’interview de Gérard Larcher sur France Inter.  

La viande au Sénat : saignante ou à point ? 

Question de Léa Salamé au président du Sénat, dans le Grand entretien, le 7 septembre dernier : « Le mot de la rentrée c’est la sobriété, qu’est-ce que ça va changer au Sénat (…) ça veut dire le chauffage à 19 degrés ? Ça veut dire on débranche le wifi ? Ça veut dire on mange moins de viande au restaurant du palais du Luxembourg ? » 

Réponse de Gérard Larcher : « Ce n’est pas la viande qui est en cause ». Propos qui fait immédiatement réagir les auditeurs sur l’appli de France Inter, Nicolas Demorand cite l’un d’eux en direct : « Monsieur Larcher est déconnecté ».  

Le président du Sénat rétorque : « Je suis connecté quand je dis que les émissions de CO2 c’est 14% de transport aérien, près de 14% de transport maritime, pardonnez-moi, la part de la viande c’est comme le barbecue, c’est comme les jets privés, c’est pas négligeable, les agriculteurs sont attentifs à tout ça mais n’en faisons pas, pour la viande, le bouc émissaire de nos propres faiblesses ». Léa Salamé précise aussitôt que l’agriculture et l’élevage de masse sont aussi responsables des émissions de CO2 dans une part très importante ( l’interview est à réécouter ici). 

Chacun appréciera le degré de connexion de Gérard Larcher à l’aune des chiffres publiés: l’aviation représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Quant aux émissions de gaz à effet de serre en France, l’agriculture représente 19% dont environ la moitié est liée à l’élevage, pour viande et produits laitiers (source : ministère de l’Agriculture). 

Des données parfaitement connues des auditeurs, consternés par Gérard Larcher : 

« Les propos de M. Larcher sur la viande font penser qu’il n’a aucune conscience du sujet. Sa façon de l’écarter en parlant des petits moutons dans la montagne est tragique et en dehors de toute réalité. » 

« Quel scandale le point de vue de Gérard Larcher sur le poids de la viande dans les émissions de CO2. Il n’a aucune idée des ordres de grandeur, c’est affligeant. Ça fait peur puisque vous avez raison, c’est plus que le transport aérien et il est temps de s’attaquer aux vrais sujets. Bien sûr les moutons en montagne ne posent pas de problèmes mais l’élevage intensif oui. Comment peut-on être à ce niveau de responsabilités en France et ignorer cela ? C’est inquiétant. 
Il faut lui proposer de faire une fresque du climat qu’il se rende compte 
Je suis animatrice de la fresque, je peux lui animer cet atelier et l’atelier 2 tonnes pour qu’il comprenne ses leviers d’actions » 

« Bonjour Léa, 
Je vous remercie d’avoir insisté sur l’impact environnemental de la viande. 
Pour répondre à votre questionnement, l’élevage représente, à l’échelle mondiale 15% des émissions de gaz à effet de serre soit la même contribution que les transports (tous moyens réunis : avion, voiture, bateau…) Source GIEC 
Je suis atterrée que Monsieur Larcher fasse preuve d’irresponsabilité en ne recommandant pas la réduction de la consommation de viande. La poésie de l’éleveur faisant brouter ses vaches dans un joli paysage cache la réalité : en France, l’élevage, c’est 80% d’élevage intensif (animaux enfermés, en univers surpeuplé…). » 

La formation scientifique des journalistes  

La veille de cette interview, sur la même antenne, au même micro et à la même heure, la climatologue Valérie Masson-Delmotte décrétait l’intérêt de former les politiques et les citoyens. Un constat partagé de l’autre côté du poste puisque, depuis peu, des auditeurs réclament également que les journalistes soient formés sur les questions climatiques et scientifiques, jugeant que les lacunes, les approximations et les erreurs commencent véritablement à s’entendre dans des flashs, des journaux, des reportages ou lors d’émissions où les invités peuvent tout exprimer (chiffres, données, prospectives, historique) et dérouler un argumentaire sans crainte d’être contredits par des journalistes insuffisamment au fait de ces questions.   

« Chers journalistes, travaillez un peu vos chiffres sur l’environnement, faites aussi la formation du GIEC, le sujet est trop grave pour que vous ne soyez pas intransigeants et ne colliez pas au mur instantanément vos interlocuteurs qui disent des énormités monstrueuses !  
Allez, courage, on compte sur vous » 

« Il ne s’agit pas de faire des journalistes des représentants d’EELV, mais de ne pas laisser passer des énormités environnementales de nos jours, chose qu’ils ne laisseraient pas passer sur d’autres sujets de notre époque (égalité femmes/hommes, racisme, discrimination…)  
Merci à vous pour le développement de cette sensibilisation à Radio France, en espérant que ces lacunes soient bientôt du passé. »  

« A la réécoute de votre interview du ministre, je dois dire que j’ai été vraiment déçu par le manque total de connaissance sur le domaine de l’environnement dont ont fait preuve l’équipe d’intervieweurs. Le ministre a été capable de dérouler ses « actions » et déminer 2/3 polémiques à la noix type Mbappé etc… Bref, en 5 minutes il y avait moyen de démonter l’intégralité des inepties de langue de bois, et d’inconséquence de ce monsieur sur le sujet… Ces gens sont inconscients des dangers qui nous guettent collectivement et vous leur demandez s’ils condamnent Mbappé… Franchement ce n’est pas au niveau de journalisme qu’on peut attendre. »  

« Mesdames et Messieurs les journalistes de Radio France, il devient urgent que vous vous formiez au sujet énergie / climat pour éviter de dire des bêtises à des millions de personnes. »  
  
« Il faut une formation à l’écologie pour les journalistes. Ça changerait peut-être le ton naïf adopté sur ces questions. Je me demande quelle proportion de vos auditeurs est bien plus avancée que vous sur ces questions. Pour cela, il vous faudrait être formés au mieux. » 

Cette requête des auditeurs est sans précédent. Au cours des années et des mois passés, nous n’avons jamais été destinataires de courriels évoquant le déficit de connaissances des journalistes en matière d’environnement, de biodiversité, d’énergie ou du climat. Ce fait nouveau dans les thématiques reçues au service de la médiation coïncide avec le lancement en cette rentrée du plus grand plan de formation de l’histoire de Radio France à destination de ses journalistes, de ses producteurs, de ses animateurs et des équipes de production sur les questions climatiques et scientifiques. “Nous changeons de philosophie”, indique le Manifeste de Radio France, “l’environnement et la science ne seront pas l’affaire des seuls journalistes spécialisés, ils constitueront le socle de connaissances indispensables mobilisables par toutes nos équipes éditoriales.”  

S’envoler en toute élégance avec Air France ? 

Le manifeste de Radio France évoque aussi l’accélération de la « transition vers une publicité plus responsable en visant l’exclusion progressive des produits et services les plus polluants ». Pour les auditeurs ayant pris connaissance de ce « Tournant » environnemental, qu’ils saluent vivement, la publicité pour Air France à destination de Dubaï est incompréhensible :   

« Je me permets de vous écrire car je suis scandalisée et en même temps déprimée d’entendre que France Inter puisse encore diffuser des publicités pour des compagnies aériennes en 2022 !   
On ne cesse de parler d’urgence écologique, d’urgence de changer nos modes de vie. Comment, à une heure de grande écoute (publicité entendue ce matin vers 8h45) vous pouvez faire de la pub pour Air France, et faire la promotion des vols pour Dubaï (en plus …. Dubaï !!!!).  
Vous avez un rôle énorme à jouer dans ce changement de mode de vie qui doit s’opérer dès maintenant ! Je vous félicite pour tous les programmes de votre antenne qui vont en ce sens… mais s’il vous plaît, il est urgent d’arrêter ce genre de publicité.  
J’espère être entendue, j’imagine ne pas être la seule à être choquée par cela… » 

« J’ai lu qu’il y avait un « Tournant environnemental » à Radio France, y compris sur la publicité. Bravo ! Alors, comment est-ce possible d’entendre encore ce matin, une pub pour Air France pour aller à Dubaï “en toute élégance”. C’est complètement discordant. Stop ! » 

« Je suis un fidèle de votre antenne et vous félicite pour la façon avec laquelle vous traitez l’actualité écologique et environnementale au travers de vos émissions. Cependant je sursaute lorsque que j’entends un message publicitaire incitant vos auditeurs à une escapade aérienne vers Dubaï… ou ailleurs… Quelle incohérence et quel dommage ! Réagissez, je vous en prie. » 

La direction de Radio France a tenu à répondre aux auditeurs : 

“Nous accélérons notre transition vers une publicité plus responsable et vertueuse au regard des enjeux climatiques. Nous agissons sur deux leviers. 

Premier levier : sensibiliser et inciter au changement. Nous augmentons de 15 % par an le volume de publicités des produits, services et entreprises responsables. Nous ferons mesurer ce volume par un organisme extérieur. Par ailleurs, nous élargissons le nombre d’espaces publicitaires gratuits à disposition d’acteurs agissant activement en faveur de la transition écologique (+ 20 % d’espaces « transitions en commun »). 

Deuxième levier : viser à exclure progressivement les biens et services les plus carbonés. Pour rendre cela possible nous devons modifier notre cadre juridique, économique et opérationnel donc notamment modifier nos conditions générales de vente. Nous devons disposer de critères objectifs permettant de qualifier comme trop polluant un bien ou un service. C’est un travail que nous lançons avec le Tournant, nous le mènerons avec des scientifiques et des organismes comme l’ADEME. Les premiers changements apparaitront progressivement dès 2023.” 

On ne badine plus avec la météo  

Tout présentateur ou présentatrice qui n’a pas intégrer ce changement de paradigme est désormais destinataire de courriels d’auditeurs excédés ou affligés, exigeant de la cohérence dans la présentation de la météo au regard du contexte climatique : 

« Aujourd’hui, j’ai encore pu entendre la présentation récurrente de la météo ressemblant en résumé à :  
– Bonne nouvelle le beau temps revient !  
– Ne vous inquiétez pas, il ne va pas pleuvoir.   
Je me demande où vivent (à Paris, on s’en doute), mais même sur quelle planète les journalistes et présentateurs et présentatrices météo ??? Est-ce qu’ils/ elles ont entendu parler du réchauffement climatique, la crise énergétique et les restrictions d’eau ?   
Un seul bon point : les locales de France Bleu, dans le sud, présentent souvent la météo de façon plus réaliste ! » 

« Je suis une grande auditrice de France Inter et j’ai une remarque sur le traitement de la météo que je viens d’écouter à l’instant. Nous sortons d’un été catastrophique sur le plan du climat, nous attendons pour la semaine des chaleurs absolument anormales qui viennent nous rappeler l’urgence de la question climatique. Et de ce fait, je trouve qu’il serait grand temps d’arrêter de traiter de la météo en se réjouissant de la chaleur et en se désolant de la pluie. Mi-septembre, 30°C, c’est une anomalie, c’est quelque chose d’inquiétant. Entendre donc qu’il faudra « être patient » et « attendre demain » pour avoir chaud, cela me semble anormal. » 

« Il faut vraiment que les présentateurs et présentatrices de météo sortent de ce discours de valorisation systématique de la chaleur. » 

« Il est temps de changer de discours … et la météo est l’occasion d’éduquer les auditeurs. En tant que radio publique, c’est votre rôle. » 

« Après des mois de sècheresse et toutes ses conséquences que les journaux d’Inter n’ont pas manqué de relayer et développer, je m’attendais à ce qu’une prévision de pluie soit une très bonne nouvelle. Et bien non, chaque bulletin est encore présenté avec une joie non feinte pour les belles éclaircies, le soleil dominant, la hausse des températures et l’acharnement des dépressions à rentrer en Bretagne semble être une triste nouvelle…mais moi j’attends la pluie avec impatience !! Le manque d’eau nous oblige à choisir entre les usages agricoles, ménagers ou industriels !! N’oubliez pas que pour la plupart de vos auditeurs, chaque nuage est porteur de cette bonne nouvelle que nous attendons depuis des semaines. Les restrictions d’usage de l’eau sont bien présentes et la sécheresse n’a pas disparu. La nature a soif. J’espère que nous serons prochainement les témoins de votre prise de conscience. Avec toute mon admiration et mes remerciements pour la qualité des programmes d’Inter. » 

Olivier Véran : « Bas les masques »  

Etonnés ou consternés, des auditeurs de France Inter n’en ont pas cru leurs oreilles lorsqu’ils ont entendu lundi matin dans le Grand entretien, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, chargé du renouveau démocratique, faire la promotion de son livre « Par-delà les vagues, journal d’une crise au cœur du pouvoir « , aux éditions Robert Laffont.   

Dans une « succession de scénettes », l’ancien ministre de la Santé revient sur sa gestion de la pandémie de Covid-19. Une écriture amorcée dès le soir du premier confinement : « il était tard, j’ai été pris d’une émotion qui était forte, comme tous les Français ». Ce qui n’était au début, qu’une prise de notes régulière, aux heures avancées de la nuit, est devenue, au fil des mois, une matière suffisamment dense pour prétendre à une publication : « un livre de combat », qui « explique le pourquoi du comment », « un exercice de transparence », un ouvrage qui « est politique dans le sens où il ne l’est pas » confie Olivier Véran, au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand.   
« Où avez-vous trouvé le temps d’écrire ce journal alors que vous dormiez à l’époque à peine quelques heures par nuit, et que les vagues de Covid et d’incertitudes se succédaient et se fracassaient sur le pays ? »  s’enquiert Nicolas Demorand.  

« Mais oui… où a-t-il trouvé le temps ? » se demandent en cœur des auditeurs, qui se sont précipités sur leur clavier pour partager leur indignation : 

« Non mais sérieux, il n’avait que ça à faire ?… Affligeant ce besoin de reconnaissance et de pouvoir gratter quelques milliers d’euros avec son bouquin au passage. » 

« Combien de médecins, infirmiers, infirmières, aides-soignants, caissières, routiers, toutes ces personnes en premières lignes, ont trouvé le temps d’écrire un livre sur la période Covid ? Aucun. Un ministre a trouvé le temps pour le faire. C’est que ces premières lignes sont toujours en souffrance et la tête dans le guidon. C’est consternant d’entendre M. Véran vendre sa prose. » 
  
« Comment un ministre peut-il trouver le temps d’écrire un livre ? Grâce aux cabinets de conseils qui lui laissent du temps libre ? Quel culot après la gestion ridicule du début de l’épidémie, de venir refaire le match en prétendant que leurs erreurs sont dues à l’incertitude de la science. »  


Sur l’autel de ses nuits blanches, Olivier Véran a noirci des pages en forme de confession où le politique se défausse sur la science : « La science, elle tâtonne, parfois elle se plante (…) et donc en suivant des recommandations scientifiques, en disant aux Français qu’il ne fallait pas porter de masques, nous avions tort, nous avions tort scientifiquement », déclare l’ancien ministre dans la première matinale de France. Dévoiler les coulisses de ces « moments marquants », est l’occasion d’une promotion médiatique ad hoc pour livrer quelques regrets :  « Je dis ‘pardon’ parce que nous nous sommes trompés », à propos de la gestion du port du masque. Au début de la crise du Covid-19, la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, affirmait en janvier 2020 que « le masque bleu ne protège en rien ». En mars 2020, Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, déclarait que « ce n’est pas nécessaire quand on n’est pas malade ». La suite, on la connaît : le masque est devenu obligatoire dans les transports, tous les espaces clos et dans la rue. « Nous avons suivi des recommandations qui n’étaient pas les bonnes et probablement que nous aurions dû faire différemment ».  

Pour les auditeurs, ce qu’Olivier Véran aurait pu « faire différemment », c’est épargner à ses concitoyens la promotion d’un livre dont la rédaction suscite moult remarques acerbes et que le post-scriptum d’une auditrice estoque : « Qui peut avoir envie de lire un tel livre pour se replonger dans l’année 2020 en ce moment ? » 

FIP en mode Hip-Hop  

Les messages adressés à FIP sont le plus souvent des mots d’affection qui traduisent l’émerveillement des auditeurs à l’écoute de cette programmation qui se veut un voyage sonore sans frontières.  

99% du temps d’antenne de FIP est dédié à la musique et sur 42 000 titres différents joués chaque saison, 83% de ces musiques ne passent nulle part ailleurs. Une antenne garantit sans répétition. Pas d’algorithmes pour trier et choisir les morceaux mais des programmateurs partageant leur passion de la découverte afin d’offrir une antenne aux influences multiples énumérées par Ruddy Aboab, le directeur de la station : « une valse rock, un jazz techno, un afrobeat disco, un poème instrumental, une pop radicale, un hip-hop pas banal ». Le hip-hop précisément c’est « la petite musique » qui revient régulièrement dans les courriels des auditeurs, lassés de la trop grande place accordée à ce genre musical :  

« FIP m’a accompagné une grande partie de ma vie et a largement contribué à ma culture musicale, mais d’année en année, ma radio préférée me devient de plus en plus souvent insupportable ; en cause : l’omniprésence maintenant du RAP, Hip Hop et autres « musiques urbaines » qui n’ont de musique que le nom. Avez-vous un jour fait une enquête à ce sujet auprès de vos auditeurs ? Ce « style » est tellement aux antipodes du bon goût musical que même l’éclectisme qui vous caractérise ne justifie pas, à mon sens, l’omniprésence de cette soupe, une insulte pour les audiophiles. »   

« Tout d’abord, merci d’exister et d’offrir une alternative culturelle aux autres stations. Bravo !  
Ma remarque est la suivante : vous diffusez toutes sortes de musiques et c’est très bien, mais dernièrement, depuis plusieurs mois, le RAP est très, très présent sur votre antenne. Je ne comprends pas cette logique ; vous devez connaitre votre auditoire, je suppose ? Nous n’avons pas 15 ans, et m’interroge sur cette démarche.  
En substance, mon propos dit que j’écoute FIP, pour ne pas entendre de publicité ni trop de RAP ou de HIP-POP, qui agressent mes oreilles de personne de 50 ans et qui inondent le panorama radiophonique. C’est dommage de devoir zapper si souvent ! Je vous félicite, néanmoins, une nouvelle fois pour la qualité de votre station. »  

La part du hip hop sur Fip oscille entre 2 et 3% de l’ensemble des genres diffusés, chiffre stable depuis novembre 2021. (Source : Yacast, Muzicast, Septembre 2021 à Août 2022, 0h/24h, % des diffusions par genre) précise Ruddy Aboab, le directeur de FIP, qui répond aux auditeurs :  

“Chaque jour, nos programmateurs partent d’une page blanche et programment de manière manuelle des tranches de vie musicale dans lesquelles toutes les musiques se doivent de cohabiter. Avec comme ambition première, de satisfaire votre curiosité à toutes et tous. Notre passion pour « toutes les musiques » est la raison d’être de Fip. Ne laisser aucun genre musical sur le côté de la route est notre précepte.  

Le Hip-Hop en fait partie, tout comme le classique, le jazz, la pop, la musique électronique, le reggae, le rock, les musiques de film, la liste est infinie. Fip a depuis toujours baigné dans le Jazz, et le Jazz évolue chaque jour, depuis un siècle, en ayant notamment donné vie à d’autres courants musicaux dont le Hip Hop fait partie. Herbie Hancock, Roy Hargrove, Quincy Jones, De La Soul, Tribe Called Quest, The Roots, MC Solaar, Oxmo Puccino, Erykah Badu, ou plus récemment Kendrick Lamar, Thundercat, Benjamin Epps et j’en passe, autant d’artistes se nourrissant aujourd’hui des racines musicales des musiques afro-américaines. Les barrières en musique n’existent pas, les frontières sur Fip non plus.   

Nous ne jouons pas de Hip Hop juste pour jouer du Hip Hop, nous jouons du Hip Hop car c’est un genre majeur de la musique contemporaine, mais surtout car nous vous savons mélomanes et capables de vous faire votre propre avis sur tout. Au même titre que la musique classique pourra en surprendre plus d’un. Mais comme vous le savez, sur Fip, à chaque nouveau morceau, une surprise vous attend. Bande son de ce message : Herbie Hacock « Rock it » l’un des morceaux fondateurs de la culture Hip Hop par un Jazzman. »

​​​​​​​
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France