1. Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels :

    La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre
    La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre : messages de soutien à Guillaume Meurice (après le 12 novembre)
    La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre : messages d’auditeurs indignés (après le 12 novembre)
    La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre : messages de soutien à Guillaume Meurice (après le 29 octobre)
    La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre : messages d’auditeurs indignés (après le 29 octobre)
  2. La marche contre l’antisémitisme le dimanche 12 novembre
  3. Les Matins de France Culture, les vidéos de l’attaque du Hamas
  4. Conflit entre Israël et le Hamas : « selon le hamas »
  5. Conflit entre Israël et le Hamas : remarques diverses
  6. « Et en Ukraine, la guerre est terminée ? »
  7. La Terre au Carré sur France Inter: « L’impuissance face à la crise écologique » avec l’historien Johann Chapoutot
  8. Débat de l’actu : « Comment surmonter l’actualité anxiogène ? »
  9. Plébiscite pour « Les Pieds sur terre » sur France Culture
  10. « A voix nue » sur France Culture : Raphaël Pitti, médecin d’action
  11. Hommages d’auditeurs à Michel Ciment, critique cinéma au « Masque et la Plume » sur France Inter

La chronique de Guillaume Meurice  

A la suite de la chronique de Guillaume Meurice, le 29 octobre, dans “Le Grand Dimanche soir”, sur France Inter, le service de la médiation de Radio France a reçu 1 500 mails. J’ai lu chaque message et cet édito synthétise les principales observations que l’on peut en tirer.   
Avant d’en analyser le contenu, il est indispensable de rappeler les faits: 

Il y a trois semaines, dans « Le Grand Dimanche soir » Guillaume Meurice a comparé le Premier ministre israélien à “une sorte de nazi sans prépuce ». A l’occasion d’Halloween, l’humoriste suggérait un déguisement « qui marche pas mal en ce moment », celui de Benjamin Netanyahou, « Vous voyez qui c’est ? C’est une sorte de nazi mais sans prépuce ».  

Son propos a déclenché une vague d’indignation et, à la suite des centaines de messages reçus au service de la médiation de Radio France, Adèle Van Reeth a adressé, dès le 31 octobre, une réponse aux auditeurs. La directrice de France Inter exprime son « malaise » jugeant : « ce choix des mots (…) particulièrement malvenu (…). Pour beaucoup, une limite a été franchie : non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité. Si je suis garante de la liberté d’expression sur France Inter, je le suis aussi des propos qui s’y tiennent. C’est ce que j’ai rappelé aujourd’hui à Guillaume Meurice. J’ajoute qu’il reçoit depuis lundi des menaces de mort qui sont inacceptables et pénalement répréhensibles.” 

Des auditeurs ont également saisi le Comité relatif à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes de Radio France. Le Comité s’est réuni pour procéder à l’examen de cette saisine le 6 novembre, son communiqué est publié ici.  

Le même jour, Guillaume Meurice a reçu un « avertissement » de la direction de Radio France. Il a plaidé le droit à l’outrance, qu’il a de nouveau pratiqué dimanche dernier dans son billet d’humeur, s’en prenant au Hamas et au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.  

Une blague entre les larmes de certains et le rire des autres 

Après la chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre, des auditeurs ont massivement et très vivement réagi. Ils ont exprimé leur désapprobation envers l’utilisation du terme « une sorte de nazi sans prépuce » pour décrire le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou, ou toute autre personne de confession juive. Certains auditeurs ont considéré cette expression comme répugnante, voire abjecte, car elle évoque la méthode nazie consistant à faire baisser les pantalons pour discerner les juifs. Ils estiment que de tels propos ne sont pas tolérables sur une émission de radio publique et ont demandé des excuses publiques de la part de l’humoriste. 

D’autres auditeurs ont souligné que, même dans le cadre de l’humour, de telles expressions étaient inappropriées, compte tenu de la recrudescence des actes antisémites en France et de la montée des tensions liées au conflit israélo-palestinien. Ils estiment que l’humour ne doit pas servir à attiser la haine et que Guillaume Meurice aurait dû mieux cerner les enjeux de son propos. 

A la suite de sa nouvelle intervention, très attendue dimanche dernier, des auditeurs ont exprimé un fort sentiment de déception à l’égard de l’humoriste estimant qu’il n’avait pas su se remettre en question en persistant avec des interventions déplacées, malgré le contexte actuel. Certains auditeurs ont également estimé qu’il n’avait pas fait preuve d’empathie envers le public heurté par ses propos et ne comprennent pas qu’il n’ait tout simplement pas regretté sa formule.  

Enfin, certains auditeurs remettent en question la place de ce type d’humour sur une radio comme France Inter et estiment que cela ne correspond pas aux attentes de l’auditoire. Tout en exprimant leur attachement à la station, ils souhaitent que des mesures soient prises pour garantir le respect de ses auditeurs et la qualité de son contenu. 

En revanche, depuis le début de cette polémique, d’autres auditeurs expriment leur soutien total à Guillaume Meurice, même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec ses positions. Ils estiment que la liberté d’expression, lorsqu’elle s’exprime à travers l’humour, ne devrait pas être remise en question, sauf en cas d’appel à la violence. Ils considèrent que l’humour et la satire sont des moyens importants de faire entendre des opinions divergentes et de traiter des sujets sensibles. 

Des auditeurs remercient l’équipe du Grand dimanche soir et l’encouragent à continuer malgré la polémique et les menaces évoquées par Charline Vanhoenacker au début de l’émission dimanche dernier. Cette dernière a pris la défense de son chroniqueur, qui a reçu des menaces de mort : « Écoutez bien ce silence. C’est celui qui s’installe après les menaces et intimidations contre les humoristes », a-t-elle dit pour commenter l’absence du public habituellement présent lors de l’enregistrement.  

« Dans l’émission du 29 octobre, une blague a provoqué une polémique. Si cette blague vous a choqué ou blessé ou les deux, si cette blague vous a fait rire, ou si vous avez regretté d’avoir ri, si elle vous a gêné, divisé, fait réfléchir, ou si vous êtes passé par plusieurs états à la fois, eh bien sachez qu’il en est de même au sein de notre équipe », a-t-elle poursuivi. « Si nous sommes là ce soir, c’est que nous avons surmonté nos divergences, et que nous avons confiance en Guillaume ».  
« Réduire une blague à la lecture qu’en fait l’extrême droite, c’est un dangereux procès d’intention. Dangereux parce que certains (…) dessinent une cible sur le front des clowns », a déclaré la productrice de l’émission.  

En résumé, ces auditeurs ont exprimé leur soutien inconditionnel à Guillaume Meurice et à la bande de Charline Vanhoenacker, saluant leur engagement en faveur de la liberté d’expression à travers l’humour, même si cela peut susciter des controverses. 

Avant d’aborder les différents points que soulève cet abondant courrier reçu, dont nous publions une sélection dans cette Lettre, il est intéressant d’observer la mise en avant, par les relais d’opinions, de cette polémique depuis trois semaines, plutôt qu’une attention portée à d’autres enjeux nationaux d’envergure et urgents pour nos concitoyens.  

Pourquoi focaliser l’attention sur une blague controversée alors que des conflits internationaux graves se déroulent au Moyen-Orient et en Ukraine et que les Français, le matin, en partant au travail, ou à la recherche d’un emploi, ont autre chose en tête que la blague de Guillaume Meurice ?  

Il sera un jour intéressant d’analyser plus avant cette séquence inscrite dans une actualité tragique : alors que le monde vit des événements cruels et atroces, comment une blague choquante pour certains, potache pour d’autres, a-t-elle pu provoquer un tel emballement chez les commentateurs et dans la classe politique avec notamment, mercredi, une prise de parole dans la matinale de France Inter de Gérard Larcher, président du Sénat, dédiée à Guillaume Meurice ? En préambule de toute autre analyse sur l’actualité très dense, le deuxième personnage de l’Etat, a positionné – devant un conflit majeur au Moyen -orient, la mobilisation de près de 200 000 Français contre l’antisémitisme dimanche et le projet de loi immigration- la formule, certes contestable, d’un humoriste ? De nombreux auditeurs ont été sidérés par cette intervention et ont jugé le ton employé “menaçant “. 

L’analyse des messages des auditeurs met en évidence les tensions entre la liberté d’expression et la responsabilité sur une radio du service publique.  

Une blague diversement appréciée     

Il est indéniable que la formule qui se voulait drôle n’a pas eu l’effet escompté puisqu’elle n’a pas atteint son objectif humoristique pour de nombreux auditeurs. Beaucoup se sont sentis offensés et ont été heurtés par l’indignité du propos. Les mots prononcés ont pu se percuter à une actualité éprouvante, évoquer un passé douloureux ou une histoire familiale. La portée du propos ne doit pas être sous-estimée, et il est nécessaire de prendre en compte les réactions des auditeurs avec respect et compréhension. 

La lecture des messages nous enseigne que l’expression de critiques à l’égard de la formule de Guillaume Meurice n’implique pas seulement une idéologie politique spécifique, située à droite de l’échiquier politique. Réduire l’indignation aux crispations connues de quelques habitués de certains plateaux de télévision, qui à travers Guillaume Meurice vise Radio France et l’audiovisuel public, serait un examen paresseux. Si nul n’est dupe de l’instrumentalisation de la séquence, il n’en demeure pas moins que les réactions des auditeurs sont également le reflet de leurs sensibilités ou de leurs expériences de vie, et non la simple traduction d’une affiliation politique. Les faits appellent à la nuance. 

Les facteurs contextuels 

L’humour, en tant que forme d’expression artistique et satirique, repose largement sur des facteurs contextuels qui contribuent à définir sa portée et son impact. Or il semble que l’aspect contextuel ait été négligé ou insuffisamment pris en compte par l’humoriste.  

Avoir cette formule après les massacres du 7 octobre en Israël était indéniablement déplacé pour plusieurs raisons importantes. 

Selon les autorités israéliennes, près de 1 200 personnes ont été tuées par le Hamas sur le territoire israélien, en majorité des civils massacrés le jour de l’attaque d’une violence et d’une ampleur inédite depuis la création d’Israël en 1948. Parmi ces victimes, figurent quarante de nos compatriotes.   
Le Hamas a enlevé plus de 240 personnes, des Israéliens, des étrangers ou des binationaux, selon l’armée israélienne. Huit citoyens français sont otages ou portés disparus, selon le ministère français des Affaires étrangères. 

Dans de telles circonstances, la décence et la compassion exigent de la retenue et du respect envers les victimes et leurs familles. Faire une blague sur un sujet aussi grave à un moment de douleurs et de souffrances peut non seulement offenser les personnes directement touchées par les événements, mais aussi provoquer des réactions négatives plus larges de la part du public qui considère que l’humour ne devrait pas être utilisé pour traiter légèrement de ce conflit dans un contexte aussi dramatique. 

« Nazifier » un juif 

Nous observons, à part égale dans les courriers des auditeurs, des avis divergents sur la comparaison entre un juif et “une sorte de nazi” : certains s’indignent de la comparaison, d’autres au contraire trouvent que le terme « une sorte de nazi » accolé au nom du Premier ministre israélien est pertinent. 

A ce titre, il est instructif de lire l’interview du politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite, datée du 3 novembre dernier, dans l’Express. Je ne fais jamais de référence à des articles journalistiques dans cet édito, il me semble cependant intéressant de livrer ici les grandes lignes de l’analyse du codirecteur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès et chercheur à l’Iris, l’Institut des relations internationales et stratégiques.  

Il observe une tendance croissante à comparer les gouvernements israéliens successifs et, par extension, les juifs, aux nazis. Cette équivalence vise, explique-t-il, à diaboliser les juifs en associant les victimes d’hier aux bourreaux d’aujourd’hui. Cette rhétorique s’est répandue dans l’espace public, diffusée par : « de multiples émetteurs, notamment sur les réseaux sociaux ». Pour Jean-Yves Camus, nazifier une personnalité comme Netanyahou insinue que le Premier ministre israélien aurait : « avec d’autres, écrit un plan d’extermination du peuple palestinien ». 

Reflet d’un déficit de connaissances, le politologue constate que les références historiques à la période nazie s’estompent de plus en plus, en partie à cause de la difficulté à les transmettre dans l’éducation. Le terme « nazi » est donc de plus en plus utilisé dans un contexte éloigné de sa signification historique précise. Cette banalisation rend, par exemple, difficile une analyse de l’extrême droite et contribue à la perte de sens du terme “nazi » qui devient dans le langage courant « une banale insulte, une manière de bloquer l’analyse ». Jean-Yves Camus insiste sur l’importance de préserver la signification historique et scientifique du terme « nazi » en le réservant à ceux qui adhéraient à l’idéologie nazie et ont participé activement à la mise en œuvre du plan d’extermination des juifs. L’usage banalisé du terme peut détourner l’attention de l’analyse rigoureuse des mouvements politiques et nuire à la compréhension des idéologies extrémistes et totalitaires.  
Il importe donc d’éviter l’instrumentalisation du terme à des fins politiques ou de discrédit, afin de préserver l’évocation de la Shoah et de ses horreurs. 

La liberté d’expression 

Les nombreuses réactions d’auditeurs mettent également en lumière la complexité des questions entourant la liberté d’expression et le rôle des médias publics dans notre société. La liberté d’expression est l’un des piliers fondamentaux de notre démocratie. Elle garantit le pluralisme des opinions et Radio France s’engage à la protéger tout en respectant les limites éthiques et légales qui lui sont imposées.  

L’outrance, chère à Guillaume Meurice, devient problématique lorsque, par métonymie (Benjamin Netanyahou = les juifs), elle stigmatise un groupe humain. En France, les juridictions accordent la liberté d’expression, y compris dans le cadre humoristique, permettant ainsi la méchanceté et l’insolence. Cependant, cette liberté n’est pas absolue et connaît des limites bien définies, nécessaire pour garantir que la liberté d’expression ne soit pas utilisée à des fins malveillantes. 

L’injure, la diffamation et les provocations à la discrimination ou à la haine envers des individus en raison de leur origine, religion, orientation sexuelle, genre, etc. sont ainsi formellement interdites par la loi. Cette distinction entre ce qui est permis dans le cadre de l’humour et ce qui ne l’est pas repose sur le respect des droits et de la dignité des individus, ainsi que sur la préservation de la cohésion sociale. La question de savoir où placer la limite de l’interdit est donc complexe et peut être sujette à des débats passionnés.  

Il est impératif de souligner que, quel que soit le caractère controversé d’une blague, cela ne justifie en aucun cas des menaces de mort à l’encontre de l’humoriste qui l’a formulée. Le droit à la liberté d’expression est un pilier fondamental de la société française, et il inclut également le droit de s’exprimer de manière humoristique, même si cela peut parfois choquer ou déplaire à certaines personnes. Les menaces de mort sont une violation grave de ce principe fondamental.  

La liberté d’expression accordée par la loi (et toutes les jurisprudences qui s’y rapportent) est un principe à défendre tant qu’elle respecte effectivement le cadre légal fixé.  

La violence verbale ou physique n’a pas sa place dans une société civilisée, quelle que soit la controverse. Il est essentiel de promouvoir le débat, la critique constructive, même sur des sujets sensibles, plutôt que l’intimidation ou la menace. Les désaccords doivent être exprimés et le dialogue doit prévaloir sur la violence. Le respect des droits fondamentaux de chacun sont essentiels pour maintenir une société démocratique et ouverte au débat. 

L’humour, un exercice périlleux 

L’exercice de l’humour est assurément un terrain glissant où les frasques langagières se heurtent parfois à la sensibilité du public. Les humoristes, en tant qu’artisans de l’amusement et de la satire, se retrouvent dans une position particulièrement délicate. En effet, ils jonglent avec les mots et les idées pour susciter le rire, mais, tout comme le reste de la société, ils ne sont pas à l’abri de commettre des erreurs. Un artiste n’est pas infaillible. 

L’humoriste, en cherchant à faire sourire, à provoquer le rire ou à susciter la réflexion, peut parfois franchir involontairement des limites lorsqu’il tente de jouer sur des stéréotypes, des préjugés ou des sujets sensibles sans prendre en compte l’impact que cela pourrait avoir sur certaines personnes ou sur des groupes. 

Il est essentiel de se rappeler que l’humour est subjectif, ce qui peut faire rire une personne peut déranger profondément une autre. Les différences culturelles, les expériences personnelles et les sensibilités individuelles influencent la manière dont chacun réagit à l’humour. 

Les erreurs commises par un humoriste ne doivent pas nécessairement être perçues comme une malveillance délibérée, mais plutôt comme une conséquence possible de l’exercice complexe du rire. Les humoristes ont souvent pour mission de repousser les limites, de questionner les normes sociales et de mettre en lumière les absurdités de la vie quotidienne ou de l’actualité. Cependant, cette démarche peut parfois échouer ou être mal interprétée au regard du contexte dans lequel il s’inscrit. 

C’est pourquoi l’humour est une forme d’art délicate. Il dépend en grande partie de la manière dont il s’inscrit dans une situation globale pour être apprécié dans toute sa subtilité. Les humoristes, tout en jouissant de la liberté de s’exprimer, ont également la responsabilité de faire preuve de discernement afin de minimiser les risques de mécompréhension, de préjudices et de polémiques. Ce contexte, est-il nécessaire de le rappeler, peut inclure des éléments tels que les événements récents, les parallèles historiques, les références culturelles, l’endroit d’où parlent les humoristes, en l’occurrence une antenne de service public et la première radio de France.  

Par ailleurs, les réactions négatives à une blague ne doivent pas nécessairement condamner l’ensemble du travail d’un humoriste. Il est important de considérer l’intention derrière le propos, la capacité de l’humoriste à reconnaître ses erreurs et à s’excuser le cas échéant. 

Admettre qu’une formule humoristique est passée à côté de son effet attendu ne signifie pas un échec. Or, dans la séquence qui nous intéresse, c’est précisément ce qui fait défaut. Il nous semble que l’humoriste aurait pu faire preuve d’humilité, reconnaître que l’effet de sa formule n’a pas été celui escompté et que des personnes ont été offensées ou heurtées. C’est un signe de maturité artistique que de reconnaître que toutes les tentatives humoristiques ne sont pas toujours couronnées de succès. Son obstination dans l’outrance ne dessert-elle pas un collectif ? 

Dans son livre « La nuit sera calme », Romain Gary met en avant une perspective intéressante sur le rire, la satire et l’outrance : « “Je” me fais rire c’est un grand comique… Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de déblaiement, ils préparent des salubrités futures. La source même du rire populaire et de tout comique, c’est cette pointe d’épingle qui crève le ballon du « je » gonflé d’importance. C’est Arlequin, c’est Chaplin, tous les soulageurs du « je ». Le comique est un rappel à l’humilité. Le « je » perds toujours son pantalon en public. ». 

L’écrivain suggère que nul n’est à l’abri de la maladresse, ou d’une faiblesse qui érode l’image d’un ego triomphant. Le comique nous invite à l’humilité. Le rire, in fine, peut être un moyen de transcender nos vanités et nos prétentions. 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France