Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels du 20 au 27 novembre 2020.
- Coronavirus : et les étudiants, on en parle ?
- Coronavirus : l’ouverture des commerces
- Coronavirus : le vaccin anti-covid
- Coronavirus : le télétravail
- Coronavirus : remarques diverses
- Amazon
- Le « Black Friday »
- Le procès Daval
- La loi « sécurité globale »
- L’évacuation de migrants place de la République
- Le syndicat « Avenir Lycéen »
- Diego Maradona, Jacques Secrétin, Christophe Dominici
- Anouk Grinberg dans Boomerang
- »Jour de chasse »
- Pêle-mêle de remarques d’auditeurs
- Coup de coeur des auditeurs : « Les Matins » de Guillaume Erner
- Avis des auditeurs sur le rendez-vous de la médiatrice sur France Inter
- La langue française
État des maux
La loi « sécurité globale », l’évacuation des migrants place de la République, la détresse psychique des étudiants, la réforme de l’Université, le syndicat “Avenir lycéen”, les 8 mètres carrés dans les commerces, Diego Maradona, Jacques Secrétin, Christophe Dominici et le coup de cœur des auditeurs sont au menu des thématiques abordées dans leurs messages cette semaine.
Chaque jour vous êtes très nombreux à nous écrire. Vous pouvez retrouver une sélection quotidienne des courriers sur le site de la médiatrice.
Mobilisations contre la loi « sécurité globale »
Samedi dernier, 22 000 personnes ont manifesté en France à l’appel notamment des organisations de journalistes contre le texte pénalisant la diffusion malveillante d’images des forces de l’ordre, adopté la veille par l’Assemblée nationale et jugé par les manifestants attentatoire à « la liberté d’expression » et à « l’Etat de droit ».
Une vingtaine de manifestations et rassemblements étaient prévus dans le pays, dont le principal au Trocadéro à Paris, qui se poursuivait dans le calme en fin d’après-midi, au milieu d’un important dispositif policier.
L’Assemblée nationale a voté il y a une semaine, après l’avoir amendée, la mesure la plus controversée de la proposition de loi « sécurité globale » : l’article 24 pénalisant la diffusion malveillante d’images des forces de l’ordre, tout en l’assortissant de garanties sur le « droit d’informer ». Cet article, mais aussi la possible utilisation de drones lors des manifestations et la crainte de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, ont suscité une intense émotion dans les médias, qui y voient un risque d’entrave à la liberté d’informer.
Des auditeurs ont estimé que le sujet n’avait pas suffisamment été évoqué le week-end dernier :
« Comment cela se fait-il que vous ne parliez si peu de ce qui est en train de se passer par rapport à cette loi ? »
« Je suis très surprise et choquée qu’il n’y ait rien eu dans les informations sur les manifestations contre la loi “sécurité globale” qui vous concerne aussi… »
D’autres reprochent une trop large couverture destinée à défendre des intérêts corporatistes ou commentent le contenu de la loi :
« Est-ce le rôle d’une radio service public d’utiliser le temps d’antenne comme tribune pour défendre des intérêts corporatistes ? »
« La violence de certains manifestants, elle ne vous semble pas condamnable ? Ne pensez-vous pas que la police est lasse d’être mise sur le grill en permanence et d’être le réceptacle du mal être dont certains sont peut-être responsables ? Et si elle doit être mise en accusation sur des comportements, il serait de bon ton qu’il en soit de même de l’autre côté. »
Cette manifestation a fait l’ouverture du journal de 19h de Frédéric Barreyre samedi avec un reportage signé Béatrice Dugué qui a parfaitement souligné en guise de conclusion : « le paradoxe de l’après-midi un brin dérangeant : la manifestation très hétéroclite aura réuni des journalistes attachés aux faits et leur vérification et puis des adeptes de faits alternatifs diffusés sur les réseaux sociaux sans contextualisation ». Cet aspect d’ailleurs n’a pas échappé aux auditeurs :
« Ils sont révélateurs ces rassemblements hétéroclites contre les supposées atteintes au droit d’informer des journalistes contenues dans le projet de loi « sécurité globale ». Partant de la nécessité absolue – aucun doute là-dessus – du journalisme pour le bon fonctionnement d’une Démocratie, on en vient à ces assemblages carpes-et-lapins, ces pots-pourris revendicatifs, où des Gilets Jaunissants essaient de se refaire la cerise, les anti-masques de placer leur démarche d’irresponsables, et des politiciens en quête d’aubaines d’exploiter un énième filon, alors que la plupart d’entre eux, s’ils étaient au pouvoir, dans le contexte à risques multiples que l’on sait, voteraient évidemment le texte, avec les amendements adoptés quoique critiqués, voire quelques-uns supplémentaires de leur crû….. Mais n’ergotons pas sur la revendication du droit à filmer les policiers – avec bien sûr et toutefois la réserve relative à la sécurité personnelle des fonctionnaires… »
« N’ergotons pas sur la revendication du droit à filmer les policiers »
Lundi soir, l’évacuation musclée de migrants, qui venaient d’installer des tentes place de la République à Paris, a suscité de vives critiques. Des images de violences policières ont été relayées sur les réseaux sociaux. On y voit des migrants sortis de leur tente par la force ou des coups de matraque.
Après avoir évoqué dans la nuit des images « choquantes » et réclamé « un rapport circonstancié » au préfet de police de Paris, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi avoir demandé une enquête à l’IGPN, la « police des polices ».
Le parquet de Paris a de son côté annoncé avoir ouvert deux enquêtes pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’association Médecins sans frontières a de son côté annoncé un dépôt de plainte contre le préfet de police de Paris Didier Lallement pour violences volontaires et atteinte aux biens des associations et des exilés. La Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic a elle aussi dénoncé des « images choquantes ». Sur le plan politique, le ministre de l’Intérieur est sous le feu des critiques des oppositions : la gauche lui reproche une « dérive liberticide » et la droite un lâchage de la police.
De leur côté, les auditeurs reprochent un traitement lacunaire des faits estimant qu’ils ne sont pas suffisamment contextualisés. Ils commentent cette information sous divers angles :
« Le 23 novembre, il y a eu une évacuation d’un camp de réfugiés, majoritairement des afghans, de la place de la République. Ce qui a conduit à des affrontements entre les policiers et les demandeurs d’asile. Les agissements des policiers envers les demandeurs d’asiles ont été très choquants, violents et inhumains. Mais je trouve également choquant que ces réfugiés aient été instrumentalisés par des associations et des politiques dont les intentions sont bonnes (montrer la situation dramatique des réfugiés en ce moment) mais les moyens d’action contestables.
Les images qui ont circulé montrent la violence des policiers et aussi la riposte de certains réfugiés. Je redoute que ces images confortent aussi bien le camp des « pour » que celui des « contre » l’accueil des migrants Je ne voudrais pas que l’identité de mes compatriotes soit entachée par ces événements. Leur situation est bien trop grave pour qu’elle devienne l’enjeu de guerres politiques. » Un auditeur afghan.
« Concernant l’évacuation de la place de la République dans la nuit du 23/11/2020, vous n’avez pas mentionné plusieurs choses sur Franceinfo : 1) Les personnes évacuées sont-elles présentes en France en situation régulière ou irrégulière, des clandestins ? Des réfugiés politiques ou des personnes en quête d’un Eldorado ? 2) Ces personnes avaient-elles le droit de s’installer ainsi sur cette place, avant d’y être invitées par des associations ? 3) Ces personnes ont-elles obtempéré aux injonctions des forces de l’ordre d’évacuer les lieux ? Le journalisme est un exercice qui se veut être objectif, présenter les faits dans leur intégralité, si je ne me trompe pas… Tâchez de ne pas tronquer les faits pour verser dans le sentimentalisme ou le buzz, mais de les présenter dans leur contexte global. La forme des faits semble vous gêner, me concernant il s’agit du fond. »
« J’attends des journalistes de France Culture qu’ils m’informent et me donnent des « clés » pour me faire une opinion. Or s’agissant du « camp » de réfugiés démantelé hier au soir à Paris, rien ou presque n’est dit de son installation. Qui l’a organisé ? Avec quels moyens ? N’y avait-il pas une intention délibérée de la part de certaines associations et mouvements politiques de provoquer l’intervention des forces de l’ordre pour ensuite pouvoir montrer des images, forcément choquantes et dénoncer un état policier ? S’il vous plait, allez au-delà des images « chocs » et faites un vrai travail d’éclairage. »
« Il faut tout de même que vous osiez dire une fois de temps en temps que les policiers et policières, ont eu à subir d’invraisemblables violences des Gilets jaunes et de ceux qui étaient soi-disant de braves manifestants pacifiques !!! Quand un policier ou son équivalent féminin est roué de coups lorsqu’il est à terre et qu’il finit à l’hôpital je serais personnellement content que le responsable qui s’est rué dessus soit identifié. »
« Tout d’abord, merci pour votre traitement de l’actualité. D’autre part, je suis particulièrement gêné par l’usage permanent du terme de « violences policières ». Ce faisant, vous actez que la violence des policiers est toujours une violence de l’institution policière. Ce faisant, vous prenez parti. Les termes sont importants, et j’aurai trouvé plus juste, pour votre indépendance, que vous alterniez régulièrement de « violences policières » à « violences de policiers ». C’est important car d’une part, pour les personnes que vous informez, c’est marquer que vous ne prenez pas parti (ce n’est pas la police en tant qu’institution, mais aussi les personnels policiers), et d’autre part, ça renforce la responsabilisation des acteurs (auteurs, victimes, chaines judiciaires et journalistes) dans ces actes. »
« Cela arrive souvent mais là le journaliste de Franceinfo réagit suite au démantèlement d’un camp ou regroupement de réfugiés place de la république en y allant de sa petite réflexion personnelle sur l’intérêt de filmer les policiers ! J’écoute depuis longtemps cette chaîne et si nous n’avons pas les mêmes idées de fond, elle respecte en général les autres opinions. Mais force est de constater que cette période tape sans doute sur le système des journalistes eux-mêmes puisque les dérapages anti-gouvernementaux y vont bon train. On écoute une chaîne info pour les infos, déjà sujette à interprétation, on n’écoute pas pour avoir l’opinion de celui qui les énonce. Pour ça on peut regarder des talk-show »
Répondons à cet auditeur que la suite des événements de la semaine confirme l’intérêt de filmer.
La majorité, la gauche et les écologistes ont condamné jeudi le passage à tabac par des policiers d’un producteur noir à Paris, des violences documentées par des images largement diffusées sur les réseaux sociaux. Publiée hier matin par le site Loopsider, cette vidéo – dont une nouvelle version glaçante est sortie en début d’après-midi ce vendredi – a été vue 12,4 millions de fois sur Twitter, devenant d’ores et déjà une des vidéos les plus virales en France sur ce réseau social.
Elle montre un homme qui subit une volée de coups assénés par des policiers samedi dans l’entrée d’un studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris.
Jean-Luc Mélenchon y a vu la « preuve terrible du caractère vital du droit à filmer l’action policière »
Commentaire d’un auditeur :
« Sans ces images ce monsieur serait lui en détention et nous serions en présence d’une énorme erreur judiciaire. L’article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale » aurait certainement empêché la vérité d’apparaître. Combien de personnes avant Michel ont été victimes de cette violence gratuite et ne seront jamais reconnues comme victimes ? »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé la révocation des policiers.
Qu’adviendra-t-il de l’article 24 qui cristallise ces derniers jours passions et antagonismes? Plébiscité par les syndicats policiers, soutenu par la droite et l’extrême droite, l’article 24 suscite une levée de boucliers à gauche et chez les défenseurs des libertés publiques qui y voient « une atteinte disproportionnée » à la liberté d’informer.
Face à la contestation, le Premier ministre Jean Castex a annoncé hier la création d’une « commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture » de l’article, une initiative qui a provoqué « l’étonnement » de Christophe Castaner, patron des députés LREM, soucieux de défendre le travail parlementaire.
Quant à Hugues Renson, vice-président LREM de l’Assemblée nationale, il a estimé, à la mi-journée ce vendredi sur franceinfo qu’ »il n’appartient pas à une commission administrative dont on ne connaît ni la légitimité, ni la composition de contourner l’activité des représentants du peuple. » « Il y a une façon que je trouve particulièrement maladroite de vouloir se sortir d’une ornière », a-t-il commenté. Il appelle le gouvernement à « renoncer » à l’article 24 pour rediscuter du sujet « sereinement ».
Plusieurs syndicats de journalistes avaient prévu de manifester demain, samedi, pour contester l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi controversée « sécurité globale », mais cette marche est interdite par la préfecture, a appris hier franceinfo. Cependant si la marche est interdite, un rassemblement – lui – « peut se tenir place de la République à Paris. »
Les manifestants brandiront-ils la « déclaration d’amour » aux journalistes de Christophe Castaner publiée il y a six jours, promettant de continuer « à défendre votre liberté d’écrire, de produire et de nous égratigner » ? Extrait :
« Chers journalistes,
Nous venons de vivre une semaine pleine de malentendus, d’incompréhensions, de craintes parfois. Une semaine qui nous pousse à vous écrire pour une déclaration d’amour peu usuelle. Vous nous connaissez, responsables de la majorité, et vous n’avez pas toujours été tendres avec nous. Mais comment vous en vouloir ? C’est votre rôle d’informer, de critiquer, de commenter. Nous avons parfois eu des différends, c’est vrai. Mais il est hors de question pour nous comme pour quiconque de s’immiscer dans vos salles de rédaction, dans vos reportages ou sur vos réseaux sociaux. Tout comme il n’est pas question de vous demander de vous accréditer pour pouvoir couvrir une manifestation. Votre liberté de ton, c’est notre liberté démocratique. (…) ».
Les grands principes d’indépendance de la presse et le communiqué signé récemment par plusieurs directions de rédactions ont été évoqués hier dans le rendez-vous de la médiatrice avec Sandrine Treiner, directrice de France Culture.
Nous y reviendrons également demain dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo avec Éric Valmir, secrétaire général de l’information de Radio France. Il répondra aux auditeurs qui estiment que la loi sécurité globale est un “sujet factice” et que son traitement éditorial ne serait que le “reflet d’un corporatisme”. Il indiquera si un journaliste est soumis ou non à des conditions particulières pour couvrir une manifestation.
Toute cette actualité a été très largement traitée par les antennes avec reportages, analyses, invités en plateaux, experts, politiques de tous bords et syndicats de plusieurs corporations.
« La catastrophe silencieuse »
« Je suis mère de lycéens et étudiants et, suite aux annonces, nous, parents, sommes désespérés. Cela fait maintenant de longs mois que l’on ressent nos jeunes démobilisés, démoralisés, seuls en manque de lien social et il y a autour de nous une vague de fond de crises anxieuses, dépression, abandon des études… avec le sentiment bien réel que cette fois-ci, ils sont les plus touchés. On sacrifie une génération ? (…) La vague de désespoir, et je pèse mes mots, passe inaperçue ! Merci de relayer cette catastrophe silencieuse… pour faire rouvrir plus vite et que ces jeunes pleins d’avenir ne soient pas les seuls restants confinés ou semi confinés alors que les personnes âgées vont reprendre leur cinéma, courses, balades ! C’est un cri du cœur ! Merci pour toutes vos interventions si justes et si humaines ! »
Un message comme celui-ci reflète la tendance de ceux que nous avons reçus cette semaine. Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a en effet annoncé que les lycées pourront être « pleinement ouverts, avec la totalité des élèves » autour du 20 janvier, si le nombre de contaminations quotidiennes par le Covid-19 en France reste sous la barre des 5 000. Deux semaines après les lycées, « ce sont les universités qui pourront reprendre les cours, avec là aussi une présence physique de tous les élèves », a ajouté le président de la République.
Dans l’enseignement supérieur, la règle est depuis fin octobre le « distanciel » pour tous les cours, à l’exception des travaux pratiques et de l’enseignement professionnel nécessitant du matériel spécialisé. Pour les examens qui démarrent en décembre dans les universités, la priorité est en revanche donnée au présentiel et les établissements font ensuite en fonction de ce qui est le mieux adapté à leur configuration.
Comment les étudiants vivent le reconfinement et la perspective de rester en « distanciel » jusqu’au mois de février ? De nombreux auditeurs s’étonnent de ne pas en entendre davantage parler, perception qu’il convient de nuancer et, à cette fin, nous mettons dans cette Lettre les liens des émissions, journaux ou reportages consacrés à cette question sur les antennes.
« Aucun média ne s’intéresse au sort réservé aux étudiants. Ils passent jusqu’à 9h par jour en cours sur des écrans, sans aucun contact pour certains… imaginez la souffrance psychologique et cette impression d’être en train de préparer un diplôme au rabais ! Nous sommes en train de sacrifier cette jeunesse et toute le monde s’en fout. »
« Je suis consternée par le journal de ce matin. L’Université n’existe pas pour vous ? Pourquoi ne mentionner du discours du Président de la République hier uniquement les magasins, le couvre-feu… bref toutes les annonces sauf la mention de réouverture des universités. »
« En attendant, combien de familles ne paient pour rien un logement pour leur étudiant souvent rapatrié pour le confinement dans la maison parentale ? Combien d’étudiants privés de leurs “petits boulots” dans la restauration ne peuvent plus payer leur loyer ? Pouvons-nous prendre conscience de toute cette belle énergie que l’on met sous cloche physiquement, intellectuellement, socialement, moralement. »
« Médecin hospitalier au front COVID, je suis choquée par la quasi-absence d’informations concernant les étudiants. Ils sont en distanciel quasi à 100%. Les conséquences sont majeures : isolement scolaire et social, angoisse pour leur avenir, décrochage des primo entrants, perte inéluctable du niveau attendu de connaissances, pauvreté pour certains. Quand se décidera-t-on à traiter tous les jeunes de la même manière, et de se préoccuper des étudiants au même titre qu’on a pris en compte l’isolement des écoliers, collégiens, lycéens ? Ne pourrait-on pas en parler plus à des heures de grande écoute »
« On peut aller à l’église mais pas à l’université… Il y a des choses qui m’échappent, dont le silence sur l’état des étudiants… On a eu le droit à de longs discours sur l’article 24, mais rien sur la pénalisation de réunion et blocage à l’université. Je ne sais quoi écrire pour alerter sur l’état actuel de l’enseignement supérieur. »
L’état actuel de l’enseignent supérieur ne se limite pas au vide des amphithéâtres. Il s’illustre également par la réforme de l’université, absente des journaux d’informations ou des émissions selon des auditeurs :
« J’espère que vous allez faire une large place dans vos informations sur la réforme de l’université, qui est une catastrophe pour la qualité de la recherche et de l’enseignement. Les réformes passent à bas bruit derrière les informations sur la pandémie. »
Mardi, entre 300 et 400 chercheurs et enseignants-chercheurs se sont rassemblés à Paris devant la faculté de Jussieu, pour « exiger » le retrait de la loi de programmation de la recherche (LPR), adoptée au Parlement la semaine dernière. Plusieurs autres rassemblements étaient organisés dans une quinzaine de villes en France, dont Lyon, Strasbourg, Rennes, Nice et Montpellier.
Les opposants à la LPR sont mobilisés depuis le début de l’année contre une réforme en « trompe-l’œil » qui va selon eux faire « exploser la précarité ». Ils entendent empêcher la promulgation des décrets d’application du texte adopté définitivement au Parlement ce vendredi. Leur objectif ? Le retrait total de la LPR car « cette loi est un marqueur de plus vers une dérive néo-libérale de l’enseignement » estiment les chercheurs.
Indiquons que France Culture a consacré plusieurs rendez-vous à cette réforme. Nous invitons les auditeurs à écouter le rendez-vous de la médiatrice hier sur France Culture où Sandrine Treiner, directrice de la chaîne, a largement détaillé les différentes émissions consacrées à cette question. La rédaction web de France Inter s’est également penchée sur cette réforme, article à retrouver ici.
Avenir lycéen
Autre sujet qui aurait mérité d’être plus traité estiment les auditeurs : le syndicat « Avenir lycéen ».
De quoi s’agit-il ? Selon le journal Libération, Avenir lycéen, créé en 2018, a « germé » au ministère avec l’idée de « servir la communication » de Jean-Michel Blanquer et s’est distingué par sa défense des réformes gouvernementales. Mediapart a, lui, révélé début novembre qu' »Avenir lycéen » avait reçu 65 000 euros de subventions en 2019 qu’il avait dilapidés en frais de bouche et hôtels de luxe.
Message d’auditeur :« Je m’étonne de ne pas entendre parler du syndicat lycéen de Jean-Michel Blanquer ! C’est quelque chose que se doit d’être rapporté aux auditeurs… Un ministre qui crée le syndicat avec lequel il veut parler et qui lui donne de fortes subventions ».
Cette affaire a pourtant été évoquée sur les antennes, les liens des différents reportages sont dans cette Lettre. Dans la matinale de France Inter, mardi, dans le Grand entretien, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé le ministre Jean-Michel Blanquer à « s’expliquer » sur le « scandale » de ses liens avec le syndicat Avenir lycéen.
Déjà soupçonné d’avoir dilapidé des subventions publiques, le syndicat est accusé d’être téléguidé par le ministère de l’Education pour soutenir les réformes du gouvernement. Le ministre a réagi dimanche en jugeant qu’il s’agit d' »une affaire à partir de rien » et en démentant toute instrumentalisation du syndicat par lui ou le ministère.
Mais pour Olivier Faure, « à l’évidence Jean-Michel Blanquer doit s’expliquer car ce n’est pas banal qu’un ministre en exercice cherche à créer ex nihilo un syndicat lycéen pour pouvoir contourner ceux qui existent et éviter la contestation ».
Alors que Léa Salamé lui faisait remarquer que le PS avait été très proche du syndicat étudiant Unef, Olivier Faure a estimé que la situation de Jean-Michel Blanquer n’avait rien à voir avec cela : le ministre « ne cherche pas à établir un lien privilégié avec un syndicat. Il cherche à créer de toutes pièces un syndicat pour écarter ceux qui ont une activité syndicale », cela avec « de l’argent public au service de sa propre communication. C’est très différent », et « c’est un scandale », a-t-il conclu.
LFI a demandé une commission d’enquête parlementaire et en début de semaine une trentaine de députés LREM ont pris la défense de Jean-Michel Blanquer en tirant à boulets rouges sur LFI, Mediapart et Libération, à l’origine des enquêtes sur le syndicat « Avenir lycéen », soupçonné d’être téléguidé par le ministère de l’Education.
Dans une tribune publiée sur le site Atlantico, ces députés estiment que les deux médias, « bien décidés à monter cela en épingle », cachent en vérité une mouvance politique, « l’extrême gauche », qui aurait décidé de « nuire » au locataire de la rue de Grenelle en raison de sa dénonciation de “l’islamo-gauchisme ».
8 mètres carrés d’incompréhension
Au rayon des sujets de la semaine qui ont suscité des remarques mais pas de reproche éditorial : la réouverture des commerces demain, samedi 28 novembre, première étape d’un déconfinement en trois temps et sous condition dévoilé mardi par Emmanuel Macron, qui a justifié ce calendrier prudent par un virus encore « très présent ».
A l’instar de ce qui est annoncé dans d’autres pays européens, le chef de l’Etat lève donc les contraintes sur les achats de Noël en rouvrant tous les commerces dits « non essentiels » comme les librairies ou les boutiques de vêtements, jusqu’à 21h00, avec « des protocoles sanitaires stricts ».
Ces protocoles, négociés avec l’ensemble des professionnels, prévoient notamment de durcir la jauge limitant le nombre de clients pouvant être présents dans un magasin, à une personne pour 8 mètres carrés, contre 4 mètres carrés jusqu’ici. Incompréhension des auditeurs :
« J’aimerais comprendre pourquoi il a été décidé de passer la jauge à 8 mètres carrés par client alors qu’on est considéré comme étant cas contact uniquement si on se trouve pendant quinze minutes à moins d’un mètre sans protection d’une personne contaminée ce qui n’arrive jamais quand on fait les magasins. »
« Pourquoi imposer les 8 mètres carrés aux commerçants alors qu’un voyageur dans un train va passer 5 heures à côté d’un autre voyageur ?????? »
« Je sors d’un train bondé, d’un supermarché avec nombre de clients et je suis dans un métro bondé. Pourquoi exiger 8 mètres carrés de distanciation sociale des « petits » commerces ? Pourquoi autoriser la tenue de réunion de cultes ? Etrange. »
Un « Dieu » et des étoiles
Le deuil et la tristesse ont gagné les passionnés de football après la mort de l’Argentin Diego Maradona, légende du football disparue mercredi à 60 ans, laissant les férus du ballon rond orphelins de l’un des joueurs les plus charismatiques et controversés de l’histoire.
Dans le quartier de Boca à Buenos Aires, mais aussi en Europe à Naples et Barcelone, hauts lieux de la carrière du « Pibe de Oro » (« gamin en or »), l’émotion s’est répandue dans les rangs des fans, quelques heures après l’annonce du décès du champion du monde 1986 des suites d’un arrêt cardiaque.
Le même jour, la Fédération de tennis de table a annoncé la mort d’un autre champion, Jacques Secrétin, 71 ans, le pongiste le plus titré du tennis de table français. Il avait contribué à populariser son sport grâce à son talent et à son célèbre duo avec Vincent Purkart.
La veille, l’ancien joueur international de rugby Christophe Dominici, âgé de 48 ans, a été retrouvé mort dans le parc de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine.
Cette succession de décès en l’espace de 24 heures a évidemment entraîné une hiérarchisation du traitement éditorial selon le degré de notoriété et le parcours singulier de chacun de ces sportifs. Maradona, star planétaire, a inévitablement eu la faveur des journaux, un choix ni apprécié, ni compris par des auditeurs, qui ont particulièrement regretté la quasi-absence de sujets consacrés au pongiste Jacques Secrétin.
« Certes la mort de Maradona est un sacré événement, mais en même temps il n’avait rien fait pour se préserver. Mais pas un mot sur la mort de Jacques Secrétin, autre dieu, certes pongiste, moins médiatique, mais avec une éthique de vie que l’on peut qualifier de tout autre… et qui a marqué malgré tout, toute une génération, et le sport français.
Ce n’est pas par chauvinisme, mais il est bon parfois de revaloriser certain monument oublié. »
« Maradona est mort ? Quelle catastrophe. Christophe Dominici a eu raison de mourir un jour plus tôt, sinon on n’en parlait pas. Par contre Secrétin n’a pas eu cette chance, qui est Secrétin ? Il était simplement un champion du monde de ping-pong comme Maradona. »
« Maradona, Maradona et encore Maradona. Trop c’est trop. Que Maradona ait été un grand joueur ? OUI. Le plus grand ? Je ne sais pas à chacun de se faire son idée et la réponse a peu d’importance. Qu’une info soit faite, d’accord ; mais une info mesurée à la hauteur de celle que mérite un joueur de foot, lequel de surcroit a versé dans la drogue… est-ce un exemple à survaloriser ? »
« Le décès de Maradona ne méritait pas (à mon humble avis) que l’on y passe plus de 15 secondes en raison de ses liens avec la mafia, ses problèmes avec la drogue… Et puis, relativisons un peu : ce n’était qu’un joueur de football, pas le sauveur de l’humanité ! »
Devenez membre du jury du Prix du Journalisme des Médias Francophones Publics
Si vous êtes passionné par la radio et l’actualité, Radio France vous invite à faire partie du jury international qui remettra le Prix du journalisme des Médias francophones publics (MFP). Ce Prix distingue chaque année le meilleur traitement d’un événement d’actualité, la meilleure enquête journalistique ou le meilleur reportage sur un fait de société présenté par les rédactions des radios membres des Médias Francophones Publics : Radio France, Radio Canada, la RTS (Radio Télévision Suisse), la RTBF (Radio-Télévision belge de la Communauté française) et RFI (Radio France Internationale). Aucun déplacement n’est à prévoir, vous écouterez tous les reportages depuis votre domicile. Toutes les informations pour devenir membre du jury sont détaillées sur le site de la médiatrice.
Coup de cœur des auditeurs
Enfin, coup de cœur cette semaine pour Guillaume Erner. Les auditeurs de France Culture ne tarissent pas d’éloges, messages parmi d’autres :
« Un immense merci à Guillaume Erner ! Pour son humilité, il ne se place pas en surplomb de ses invités, pour sa bienveillance, pour sa diction lente et claire dans un monde de vitesse et de confusion, pour sa pédagogie, il se met dans la peau de quelqu’un qui ne connaîtrait pas le sujet, qui chercherait à comprendre »
« Je veux juste remercier Guillaume Erner pour ses émissions : quel bonheur de l’écouter chaque matin ; je suis sans cesse émerveillée par son ton positif, son empathie, sa qualité d’écoute il est tellement rare aujourd’hui d’écouter une interview où le journaliste met en valeur son invité, le respecte, ne l’interrompt pas, prend le temps de lui laisser développer sa pensée, le laisse se raconter. Quelle belle façon de commencer la journée à son écoute !! Un seul souhait : que cela dure encore très longtemps ! Merci d’être là chaque matin ».
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes