Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels du 18 au 25 juin 2021.

Les élections régionales et départementales
1. Les élections régionales
2. Les élections départementales oubliées ?
3. Les élections en Outre-mer

4. L’abstention
5. La distribution des professions de foi
6. Débat de l’actu : le vote par internet

7. Olivier Blanchard et Jean Tirole invités du Grand entretien sur France Inter
8. Débat de l’actu : les éoliennes

9. Cyberharcèlement : le rôle de l’éducation nationale
10. Cyberharcèlement : la nocivité des réseaux sociaux
11. Le foot ? Non merci !
12. Le guide du Routard
13. Le départ de Brice Couturier de France Culture

14. Le départ de Jacques Munier de France Culture
15. Coup de cœur des auditeurs : les invités de Boomerang
16. Le choix des mots

17. Remarques diverses des auditeurs

Le suffrage des auditeurs 

Jamais les Français n’ont autant boudé les urnes : dimanche dernier lors du premier tour des élections régionales et départementales seulement un électeur sur trois s’est rendu aux urnes. Les résultats ont été marqués par la solidité des présidents de région sortants de droite comme de gauche, le faible score de la majorité présidentielle et un résultat loin des attentes pour le Rassemblement national. 

Ces élections ont généré un courrier très abondant de la part des auditeurs. Afin d’en faciliter la lecture, nous avons thématisé les différents types de courriels reçus. Certains formulent des critiques sur le traitement éditorial, d’autres accusent les journalistes d’être responsables de l’abstention, et enfin des auditeurs se veulent constructifs et proposent des pistes pour lutter contre cette démobilisation électorale délétère. 

Les élections départementales oubliées ? 

Commençons avec les critiques sur le traitement éditorial :

Premier reproche, l’oubli des élections départementales dans les commentaires et analyses : 

« Ces élections ont deux enjeux, la région et le département, sauf que sur tous les médias et le vôtre y compris, je n’ai pas entendu un mot, pas un seul sur les départementales. Alors s’il vous plaît ne faites pas semblant de ne pas comprendre pourquoi les citoyens ne se déplacent plus. A mon grand regret, force est de constater que seule la politique spectacle intéresse les médias. Les combats d’égos font vendre plus de papier ou de temps d’antenne. Le fond, les idées, les programmes tout le monde s’en fiche. » 

« Que ce soit à France Inter comme partout ailleurs dans les médias nationaux, ce n’est même plus un déséquilibre… Les élections départementales pour lesquelles les électeurs ont été tout autant appelés à se prononcer, sont carrément absentes des résultats, des commentaires, des journaux d’informations, des tribunes politiques, des interviews etc. Comme si elles n’avaient jamais existé ! Je vous certifie que dans ma commune il y avait un bureau de vote pour les départementales et que ses résultats m’importent au moins autant que ceux des Régionales. Comment voulez-vous dans ces conditions vous étonner du record d’abstention ? » 

« Etes-vous au courant qu’il y a eu aussi des élections départementales ce week-end ? Ne pas en dire un mot dans vos bulletins d’information n’est-ce pas aussi participer un peu au désintérêt pour la chose publique ? » 

« Je déplore la focalisation extrême des médias, et particulièrement ceux du service public sur les élections régionales, au total détriment de celles départementales. Seuls apparaissaient importants aux yeux des journalistes les combats de coqs entre les têtes de listes aux régionales. Je pense aux candidats, militants et voire électeurs des départementales qui ont dû s’estimer méprisés. L’effet pervers de cette ligne éditoriale élitiste générale, constaté en tenant un bureau de vote, est le suivant : des électeurs oubliaient d’aller voter à l’élection départementale, après avoir pourtant voté pour l’autre scrutin quelques secondes auparavant. Pourquoi ce dédain des départements ? » 

« Je n’ai pu vous écouter qu’à 22h puis à 23h ce soir 20 juin, les Parisiens que vous êtes ne semblent s’intéresser qu’aux régionales, aucun mot sur l’autre élection, celle des départementales… est-ce normal pour une radio de service public ? »   

Très concrètement, pour les antennes, donner les résultats du premier tour des élections départementales est extrêmement complexe. Il existe 2054 cantons. Les premiers résultats communiqués par les préfectures ne tombent jamais avant 23 heures le soir de l’élection. Ajoutons que la nature même de notre média ne facilite pas la communication de tous ces chiffres : en effet, en radio, ces centaines de résultats ne sont pas exploitables, les aligner au micro serait particulièrement « indigeste » pour l’auditeur. Donner les résultats des 13 régions nécessite déjà un temps conséquent.  

De plus, comme l’indiquent les journalistes politiques, les résultats des élections départementales nécessitent d’avoir du recul et ne peuvent pas être livrés « à chaud » le soir de l’élection, il en a donc été question dans les matinales dès lundi. 

Précisons également que tous les résultats sont parfaitement accessibles sur les sites de Franceinfo ou de France Bleu, il suffit de taper le code postal de votre canton pour avoir le résultat. Ajoutons enfin qu’en amont du premier tour des reportages ont été réalisés dans les départements par les rédactions, tout comme cette semaine d’entre deux tours les journalistes sont allés sur le terrain pour faire vivre cette campagne des départementales.  
Second reproche, des auditeurs regrettent l’absence de résultats des territoires d’Outre-mer dans les journaux : 

« Je suis étonné qu’il n’y ait eu aucun reportage sur les territoires ultra-marins et en particulier la Guadeloupe et La Réunion qui ont eu aussi des élections régionales. Je remarque qu’il en est de même sur les autres programmes et les plages d’infos de la chaine. C’est pour cela que j’aimerais que pour les prochaines élections locales, les territoires ultras marins soient mieux pris en compte au niveau national pour éviter de les oublier. Cependant je tiens quand même à vous féliciter pour la qualité de vos programmes. » 

« Merci de penser aux outre-mer dans vos analyses des élections. C’est assez affligeant de ne jamais les citer. »  

« Aucun résultat sur les Dom Tom. C’est du dédain ?  Du mépris ?  Indifférence ? Hors hexagone donc inintéressant ? »   

Ces résultats ont été évoqués sur les antennes avec parfois un peu de délai au regard de décalages horaires, résultats qui sont également à retrouver sur les sites des antennes.  

Abstention : la faute des médias ?  

La très faible participation (33,3%) constitue un record, tous scrutins confondus en France hors référendum et des auditeurs estiment que les médias ont leur part de responsabilité dans cette abstention inédite : 

« J’attends toujours le mea-culpa des médias, au lieu de gloser et débattre sur le pourquoi et le comment de l’abstention, il serait plus intelligent d’expliquer le rôle des départements et régions. Le parisianisme du microcosme politico-journaleux vous met des œillères. » 

« Beaucoup de facteurs expliquent la baisse de participations aux départementales / régionales, mais le moins qu’on puisse dire, à vous entendre vous étonner que les Français ne connaissent pas le fonctionnement de ces instances, c’est que vos rédactions et équipes avez fait preuve de bien peu de pédagogie. Seules vous intéressaient les bagarres en PACA ou Hauts de France et les enjeux de têtes de listes aux présidentielles, voire la dénonciation des propos de J-L Mélenchon. » 

« Je suis navré que tous les journalistes soient incapables de tenir plus de deux questions sans se projeter sur la présidentielle. C’est un manque de respect pour ce scrutin et pour les électeurs qui se sont quand-même déplacés. » 

« Comment voulez-vous que les abstentionnistes aient envie d’aller voter quand les journalistes ne parlent que d’élection présidentielle avec leurs invités ? » 

« Pour diminuer l’abstention, les médias ne devraient-elles pas expliquer les rôles du département et de la région plutôt que de nous relater les petites phrases des uns et des autres. Comparer les programmes sur certains sujets peut être intéressant aussi » 

« Comme vous je regrette que peu d’électeurs aient voté aux élections régionales. En revanche passer tous les moments d’information à commenter les élections me parait totalement contre-productif : croyez-vous que les abstentionnistes vont écouter les statistiques ou les tactiques de regroupement des politiciens ? Ce serait beaucoup plus intéressant et efficace d’aller les rencontrer et comprendre ce qui ne va pas. Même nous qui votons sommes découragés par le paysage et les comportements politiques. Il faut reprendre le dialogue démocratique ! C’est aussi votre rôle ! » 

« Il y a eu d’énormes difficultés pour ouvrir les bureaux de vote dimanche dernier par manque d’assesseurs. Je regrette que les chaînes de radio et de télévision publiques ne fassent pas d’appel aux citoyens pour les inciter à être assesseur et pour leur expliquer leur rôle. On pourrait faire la même remarque sur les compétences des différents échelons qui sont très mal connues. Encore une fois la télévision et la radio publiques fait très peu ce rôle de pédagogie. Les politiques ont un rôle important dans l’abstention, mais les médias également. » 

Il est coutumier que les médias endossent le rôle du bouc émissaire et soient désignés « coupable idéal » mais infliger aux journalistes l’entière responsabilité de l’abstention n’est-ce pas excessif ? La faible participation à ces élections est multifactorielle. Il ne s’agit pas d’exonérer les journalistes de toute responsabilité mais de faire la part des choses et de considérer que politiques, citoyens et médias ont peut-être un degré d’implication respectif dans le résultat de ce premier tour.  

Les chercheurs, les universitaires spécialistes des médias, l’analysent et le constatent d’ailleurs depuis longtemps : « les médias ne font pas l’élection ». Dans un article de Franceinfo, Patrick Eveno sociologue des médias et vice-président du Conseil de déontologie journalistique et de médiation le répète : « les médias ne décident pas du comportement électoral des électeurs (…) l’offre politique actuelle est complètement décalée à la demande des citoyens (…) les journalistes ne peuvent pas imposer aux femmes et aux hommes politiques autre chose que ce qu’ils proposent ». 

Les auditeurs regrettent que ces élections aient été présentées comme l’antichambre de la future présidentielle. Il est vrai que ce premier tour a souvent été commenté comme un test avant la présidentielle de 2022 et l’on observe d’ailleurs un réajustement au cours de cette semaine d’entre deux tours puisque la campagne se « dénationalise » et semble se concentrer davantage sur les enjeux locaux.  

Nous évoquerons ces différentes remarques des auditeurs demain dans le rendez-vous de la médiatrice à 11h51 sur Franceinfo avec Matthieu Mondoloni directeur adjoint de la rédaction.  

La distribution des professions de foi  

Autre hypothèse avancée par les auditeurs pour expliquer ce peu de mobilisation des électeurs : les dysfonctionnements dans l’acheminement des professions de foi lors du premier tour des élections départementales et régionales. 

« Pour expliquer l’abstention, penchez-vous s’il vous plaît sur le manque d’information qui a entouré ces élections : nous n’avons pas reçu les professions de foi des candidats. La démocratie repose sur la communication, l’information. Même les personnes âgées, décontenancées, ne sont pas allées voter. Nous sommes en 2021 et l’état a été incapable d’organiser la distribution des programmes électoraux ! De quoi tuer le fonctionnement démocratique… Pourquoi avoir recourt à un prestataire privé ? Nous aimerions connaître la réponse. Merci de vous renseigner et de transmettre sur les ondes. » 

« Vous évoquez et répétez l’incidence de la non-distribution des tracts dans plusieurs régions, mais lesquelles et vous ne donnez pas le nombre de foyer/personnes concernées. Cela pourrait permettre de mieux évaluer l’impact sur les résultats. Et de plus que disent les instituts de sondages sur l’impact réel de ces tracts sur le vote sachant qu’il est intéressant de constater les poubelles remplies d’enveloppes de tracts non ouvertes donc non lus ? » 

« Chouette…on a reçu les infos pour les élections d’hier dimanche ce lundi midi !!! c’est super ! » 

« Pourquoi n’a-t-on pas reçu les professions de foi des candidats aux élections régionales ? »  

« Déni de démocratie. »  

« Je viens de recevoir aujourd’hui l’enveloppe pour les élections régionales d’hier, je peux enfin savoir pour qui j’ai voté. Quant aux départementales je n’ai rien reçu du tout. »

Outre ces concitoyens, plusieurs candidats et partis se sont plaints de problèmes dans l’acheminement des professions de foi chez les électeurs et ont mis en cause Adrexo.

Gérald Darmanin a sommé Adrexo et La Poste, les deux prestataires pour l’acheminement des tracts électoraux, de prendre « toutes les mesures afin de rétablir un service normal » pour le second tour des régionales et départementales.    
Adrexo, chargé de distribuer les professions de foi dans 51 départements de sept régions, estime à 9% le nombre de plis électoraux non acheminés à leurs destinataires pour le premier tour, a indiqué mercredi devant le Sénat le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. La Poste annonce un chiffre équivalent. 
Le Sénat a validé le lancement d’une mission d’information sur les « dysfonctionnements constatés lors de l’organisation des élections régionales et départementales ». Lors de la séance plénière de jeudi matin, une majorité de sénateurs a accepté la demande formulée par la Commission des lois de se voir conférer « pour une durée de six mois les prérogatives attribuées aux commissions d’enquête pour mener cette mission d’information ». 

Modalités de vote : révolution copernicienne souhaitée 

Dans leurs courriels nos auditeurs se veulent également constructifs et lancent des pistes pour faire évoluer les modalités du vote, un certain nombre étant favorable au vote électronique par internet. Le modèle de l’Estonie, pays le plus avancé dans le vote électronique au monde, est cité : 

« Pourquoi est-ce que personne ne parle de vote en ligne ? Les élections ordinales se font depuis des années comme ça sans contestation, nous payons nos impôts par internet, l’Estonie vote à 44% en ligne, depuis près de 10 ans, les États Unis votent par correspondance (les contestations ont toutes été écartées après recomptage).  Une de vos rédactions pourrait-elle organiser un débat sur ce sujet ? À une époque où la politique se fait sur Twitter et Facebook, qu’on le veuille ou non, se déplacer au bureau de vote me semble très profondément daté. Il pourrait s’agir dans un premier temps d’une expérimentation à une élection « mineure » (cantonale par exemple ou législative partielle).  La question de savoir si un parti serait avantagé (car électorat plus jeune ou plus mobilisé sur les réseaux sociaux) ne doit pas se poser en démocratie où chacun doit pouvoir voter quelles que soient ses opinions (dans la limite des infractions pénales bien entendu. Merci d’avance, je pense que vous avez un rôle à jouer et j’adorerais entendre une émission de ce type. » 

« A quand le vote anticipé par correspondance type USA et le vote par internet ? Bloquer deux dimanches de rang alors qu’on est dans une société qui parle essentiellement de loisirs, de droits et non de devoirs, il serait peut-être temps de s’adapter au mode de vie de la population ne pensez-vous pas ? On parvient à gérer des fichiers phénoménaux dans suffisamment de domaines, pour parvenir à sécuriser une autre façon de s’exprimer et peut-être ramener des jeunes à voter, y compris avec « l’aide » « d’influenceurs ». On a des pubs tous les jours sur toutes les applis (hormis Radio France !). Pourquoi ces vecteurs de communication ne sont pas employés, au lieu de pérorer sur « les professions de foi » (qui, de moins de 30 ans comprend ces termes complètement désuets) … Bref, s’adapter à notre monde plutôt que s’apitoyer sur un fonctionnement périmé ! Ne pourriez-vous pas lancer ce débat au travers de vos émissions ? » 

« Comment se fait-il qu’après des élections municipales en temps de Covid qui ont fait des dégâts sanitaires voire démocratiques, aucun projet de moyen de vote alternatif sur internet n’ait été lancé ? Il y a eu quand même un an !!! Dans l’entreprise où je travaille (plusieurs milliers de salariés en France), ça fait des années que nous procédons en vote exclusivement internet en respectant tous les contrôles nécessaires et nous s’appuyant sur un prestataire externe expert en la matière qui garantit une neutralité, il n’y a jamais eu de soucis, il est même fort probable que le risque de fraude ou d’erreur de comptage soit moindre. Ce serait un moyen de réduire l’abstention à mon avis et d’éviter les « non-procurations ». Il existe déjà l’identité numérique en France qui est utilisée pour tous les accès administratifs sensibles, donc l’identification ne pose pas problème à fortiori… bref, pourriez questionner les gentils organisateurs sur ce sujet ? » 

« Dans ce contexte de sortie de pandémie, où nous avons tous dû bon gré mal gré nous mettre au numérique, passer à un niveau supérieur avec les outils informatiques, dans un contexte gouvernemental d’une politique de simplification administrative, quid du vote électronique pour lutter contre l’abstention ? » 

« Peut-être que si les élections étaient par vote électronique il y aurait un résultat avec moins d’abstention. Je me déplace pour voter mais il faut vivre avec son temps. »  

« L’abstention n’est-elle pas aussi dû au mode de scrutin. À quand le vote par internet ? »

Deuxième piste évoquée par des auditeurs : le vote par correspondance 

« Alors que les jeunes de ma grande famille sont intéressés par la politique et sensibles à tout un tas d’enjeux, aucun n’a voté ! 1° le canton est une entité qui ne leur dit rien 2° ils ne résident pas toujours là où ils sont inscrits 3° il faut aller à la police pour faire les procurations. Suggestion de ma belle-fille suisse (pays où les taux de participation sont généralement élevés) pourquoi n’y a-t-il pas de vote par la poste en France ? On sait maintenant que Biden n’aurait sans doute pas été élu sans le vote postal anticipé. » 

Comment sont accueillies ces pistes éventuelles ? 

Si certains politiques se disent très favorables à l’expérimentation de nouvelles modalités de vote, des résistances à l’évolution des procédures électorales sont multiples : les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur feraient « preuve d’un certain conservatisme », selon une ministre, alors que Beauvau rappelle que le vote postal fut supprimé en 1975 en France tant il donnait lieu à des fraudes. 

Quant au vote par Internet, il accumule les craintes : piratage informatique, tentative de déstabilisation étrangère, vote sous emprise. Les réserves sont aussi d’ordre politique : nombreux sont les défenseurs du rituel républicain dominical, cette solennité qui garantit, selon eux, cohésion nationale et confiance dans la sincérité du scrutin. 

Du reste, si ces évolutions parvenaient à s’imposer, elles seraient difficiles à mettre en œuvre dès 2022.  

Enfin des auditeurs suggèrent un autre jour que le dimanche pour aller voter, voire une autre saison : 

« Je pense que l’abstention est aussi dû au déconfinement, les gens veulent profiter de leur liberté et malheureusement les hommes et femmes politiques n’ont plus leur écoute. Les jours d’après sont à inventer et il serait judicieux d’ouvrir les bureaux de vote pendant la semaine. » 

« Pourquoi, avec votre invité, dramatisez-vous autant la forte abstention aux élections régionales et départementales du 20 juin 2021 ? Pourquoi parler de défiance, de gilets jaunes, de rupture du contrat social etc.. ? Organiser des élections un 20 juin après un an de Covid, à l’arrivée de l’été, des week-ends entre amis, des repas de famille avec la fête des pères, des journées à la mer, à la montagne… c’est comme organiser des élections le 1er ou le 15 août ! Ne pas voter pour les régions et les départements est perçu comme sans conséquences majeures pour le pays. L’abstention n’empêchera pas la constitution d’exécutifs locaux régionaux et départementaux qui feront leur travail de gestionnaires des territoires. Pensez-vous que les Français vont annuler leurs projets de week-ends planifiés, de sorties diverses, de retrouvailles familiales pour être sûrs de pouvoir voter le dimanche entre 8 et 18h ? Bien sûr que non. Si les élections étaient organisées en décembre ou en janvier, on retrouverait très probablement une participation de 65/70%. Parmi les jeunes qui étudient ou travaillent dans une autre ville que celle du domicile parental, où ils sont toujours inscrits sur les listes électorales, il est évident que ce n’est pas fin juin qu’ils vont annuler les projets de week-ends entre amis avant les grandes vacances. Ils ne vont pas davantage accepter de perdre 3 heures au commissariat pour donner procuration à leurs parents. Ne dramatisez-pas cette élection, elle est simplement organisée à un mauvais moment, à un moment où les Français préfèrent profiter de la belle saison pour retisser du lien social et de la convivialité, quitte à se passer de vote aux élections régionales et départementales. » 

« Ne pensez-vous pas que faire un vote le jour de la fête des pères est une très mauvaise idée ? Avec en plus un déconfinement total et le beau temps les gens vont prendre un bon week-end plutôt que d’aller voter. » 

Brice Couturier tire sa révérence 

Après avoir fait “Le Tour du monde des idées » Brice Couturier a livré hier une ultime chronique et tire sa révérence après vingt années passées à France Culture. Arrivé en 1985, le journaliste présente alors deux émissions par semaine « Modernités » et « Cosmopolites », en alternance avec Laure Adler. Il a également été co-producteur et éditorialiste aux Matins. Ancien rédacteur en chef des mensuels Globe, Lui et Le Monde des Débats, il a aussi été chef du service « idées » de l’Evènement du Jeudi et professeur de sciences politiques. Professeur associé au Centre Hannah Arendt de géopolitique européenne à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée de 2001 à 2008, il produit et anime en 2002, l’émission de débats « Contre-Expertise ». De 2006 à 2010, il est le producteur de l’émission « Du grain à moudre”. 

Sur le réseau social Twitter, Brice Couturier précise ce vendredi : « 1° J’ai bénéficié sur France Culture d’une totale liberté de parole, 2° Je ne suis pas viré, 3° Après avoir rédigé plus de 2000 chroniques en 10 ans, je commençais à avoir le sentiment de ne pas me renouveler suffisamment, 4° j’ai plein de projets… ».  

A l’annonce de son départ, les auditeurs ont écrit :  

« Merci Brice Couturier, pour ces années de « communauté auditives », cela fait plus de 10 ans que je vous écoute dans les différentes émissions de France Culture. J’ai vraiment l’impression de perdre un ami… Vous êtes un « honnête homme du XXIe siècle… Croyez-moi il y en a peu en ce pays. Je me sens orphelin, comme lorsque Philippe Meyer a quitté la Maison. » 

« Soyez remercié pour tout ce que vous m’avez apporté, merci pour votre culture, la clairvoyance de vos analyses et votre courage » 

« Merci à Brice Couturier : vous nous manquez déjà !!!!!! Quelle élégance dans vos « au revoir » … Merci à Cultures Monde et à Florian Delorme pour son émission si « essentielle » ! Chaque jour, grâce au podcast : vous me parlez et mes oreilles adorent ! Merci à France Culture d’avoir donné la parole à Brice Couturier …. J’espère qu’il sera remplacé par quelqu’un d’aussi intellectuellement riche et éclairant. » 

« Fidèle auditeur, je peux témoigner des dizaines (en fait, je dois être au-delà la centaine depuis toutes ces années) de livres que vous m’avez fait découvrir. Sur les cinq dernières années du TDMDI, je me suis même mis à lire en anglais, un peu grâce à vous en fait. Je vous remercie infiniment pour votre travail de lecture, de défrichage de sites pointus, tout ce monde que vous avez su faire vivre à l’antenne de ma radio préférée » 

« Vous animiez et éclairiez mes matinées par vos bonnes réflexions que j’écoutais en travaillant. Bref vous faisiez partie de mon quotidien, de ces habitudes que l’on pense inaltérables parce qu’habitudes » 

Jacques Munier quitte les ondes 

Professeur de philosophie à Besançon, puis à Paris, Jacques Munier a rejoint France Culture en tant que producteur en 1983 et a longtemps produit l’émission « les Chemins de la connaissance”. Jacques Munier, producteur et présentateur du « Journal des idées », dans « Les Matins » de France Culture a annoncé ce vendredi matin son départ de l’antenne : « En gage de gratitude, et juste avant de tourner cette page, j’adresse à nos chers auditeurs et auditrices mes plus ardents et chastes baisers sur la joue – parce qu’elle est, selon Patrizi, « l’auberge véritable de la beauté du visage, le siège des couleurs qui la forment ». Merci à toutes celles et ceux qui nous font le plaisir et l’honneur de partager leurs éveils et quelques moments familiers. » 

Réactions des auditeurs : 

« Ce matin nous avons appris votre départ. A mon grand étonnement j’ai pleuré d’émotion. Vous avez accompagné des centaines de cafés le matin en nous faisant rêver et penser Merci à vous Je vous souhaite une heureuse nouvelle vie. » 

« Comment ce matin ne pas vous dire un immense merci pour toutes ces heures passées avec vous dans l’intérêt intellectuel et sensible le plus vif, le plus chaleureux, le plus amical ! Et cela depuis des années ! Je dis bien des années ! Ce matin j’avais envie de dormir mais tout de même, j’étais curieux et j’ai lancé mon application pour vous écouter… et j’apprends cet « au revoir » à France Culture… qui me bouleverse, qui bouleverse ma journée ! Quoi Munier s’en va ? Et avec lui son émission ? (…) je reviens à mon émotion de votre départ de France Culture… à cette émotion étrange qui m’habite depuis que j’ai entendu que c’était votre dernier « Journal des idées » ! C’est étrange, j’ai l’impression de parler à un ami, à un être qui m’est familier, que je côtoie depuis si longtemps (j’ai 54 ans… tout à coup je vois les années défiler). Quelqu’un avec qui je dialogue depuis longtemps, très longtemps, dans le silence de l’écoute. J’ai souvent pensé vous écrire mais je n’ai jamais osé le faire (en me disant sûrement je le ferai un jour) croyez-moi la vie est étrange ! Et me voilà vous écrivant, simplement ce matin ! Je vous souhaite une très belle journée, et je vous remercie tellement pour toutes ces belles émissions » 

« Ce message pour vous manifester notre affection. Vous êtes une de ces voix qui bercent nos journées depuis des années. Aujourd’hui, au moment où vous allez rejoindre ce groupe d’auditeurs pour qui, le matin ne rime plus avec le début d’une journée de travail, je tenais, nous tenions avec mon épouse, à vous remercier pour toutes ces heures précieuses que vous nous avez consacrées. Nous vous souhaitons le meilleur pour votre nouvelle tranche de vie. »  

« Je tiens à vous remercier pour toutes ces connaissances transmises avec magie; j’entends par là votre pédagogie fine et le rythme sage de votre voix qui permet «  d’allumer » nos cervelles vers la réflexion, d’ouvrir notre esprit sans prétention, Vous m’avez donné envie de poursuivre la lecture des ouvrages que vous suggériez , mais surtout quel que soit la gravité du sujet, vous avez su ouvrir des possibles pour l’humanité et nous permettre de commencer nos journées avec un peu plus d’espoir…votre présence va nous manquer » 

Un certain nombre d’auditeurs se demandent comment avoir accès aux chroniques de Brice Couturier et de Jacques Munier : il suffit de se rendre sur le site de France Culture en cliquant ici pour le Journal des idées, et ici pour le Tour du monde des idées.

Toute la programmation estivale de France Culture en podcast 

France Culture propose pour la première fois sur internet, dès le 5 juillet, l’ensemble des programmes de sa grille d’été déjà créés, sans attendre leur diffusion à l’antenne. Sandrine Treiner, directrice de France Culture a détaillé ce riche programme hier dans le rendez-vous de la médiatrice : « Tout sera proposé en podcasts », comme la radio le fait déjà de plus en plus souvent pour ses séries documentaires, enquêtes et autres fictions.  

Un choix motivé par le succès simultané de France Culture sur les ondes et en numérique, les deux modes de diffusion se complétant mutuellement au lieu de se concurrencer. Selon les derniers chiffres de Médiamétrie, la radio a réalisé en janvier-mars ses meilleures audiences pour cette période de l’année, avec près de 1,6 million d’auditeurs quotidiens (soit 2,9% d’audience cumulée). Parallèlement, elle engrangeait sur le seul mois de mars 32,4 millions d’écoutes numériques et se hissait à la 2e place des radios françaises en écoutes et téléchargements de podcasts.  
Avec un thème central cette année : « l’envie de raconter, à la fois comment la culture change le monde et comment la connaissance que l’on acquiert change notre vie”. Au programme : un ensemble d’émissions « Comment les livres changent le monde » avec Régis Debray, « trois semaines d’émissions pour une série de référence sur les grands essais publiés depuis 1945 qui ont eu un effet sur la marche des choses », « les films qui ont changé nos regards », ou « Eureka », un magazine sur les grandes découvertes scientifiques.  

A propos de la programmation estivale, un auditeur d’outre-Atlantique nous écrit « D’ici au Canada, l’été est merveilleux avec l’écoute des Grandes traversées. J’attends avec hâte la programmation 2021 et je vous serais reconnaissant de me la partager si elle était déjà disponible car je ne la trouve pas sur le site. ». Sa question a été relayée hier sur l’antenne et Sandrine Treiner lui a répondu : « Cet été, France Culture propose huit « Grandes traversées », ces collections consacrées à de grandes personnalités : François Mitterrand, Gisèle Halimi, Benito Mussolini, John Le Carré, La Comtesse de Ségur, Ignác Fülöp Semmelweis, Louise Michel, Diego Maradona ». 

Ajoutons également, un programme de fictions au festival d’Avignon porté notamment par les voix de Sandrine Bonnaire, Rachel Khan, Fabrice Lucchini, Omar Sy, des séries musicales le week-end de Miriam Makeba à Amy Winehouse, en passant par les Beach Boys, Prince, Georges Brassens, IAM, Joan Baez ou Nina Simone.  

Emmanuelle Daviet 
Médiatrice des antennes de Radio France