1. Les convois « dits » ou « autoproclamés » de la liberté ?
2. « Le convoy de la libertay », le billet de Sophia Aram
3. Une breloque n’est pas une médaille
4. Les Jeux Olympiques d’hiver à Pékin
5. L’Afghanistan : 6 mois après la prise de Kaboul
6. « Les Informés » de Franceinfo avec des correspondants de la presse étrangère
7. La crise en Ukraine
8. Plébiscite des auditeurs pour Vincent Lindon
9. Fabien Roussel : un candidat face au 7/9 sur France Inter

10. Le meeting de Jean-Luc Mélenchon à Montpellier
11. Le métavers
12. « 57, rue de Varenne » la fiction politique de France Culture
13. Le retour de Charline Vanhoenacker
14. Pêle-Mêle de remarques d’auditeurs
15. « J’eusse aimé » selon François Morel
16. Les anglicismes
17. La langue française

De batailles en retrouvailles

Au menu de cet édito : « Les convois « dits » ou “autoproclamés” de la liberté », “Interception” en Afghanistan, “Les informés” de Franceinfo avec les correspondants de la presse étrangère, plébiscite pour Vincent Lindon invité du « Grand entretien », consécration pour « 57, rue de Varenne » la fiction culte de France Culture, les « breloques » des Jeux Olympiques, trop d’anglicismes sur les antennes, “Le Scandale du subjonctif” par François Morel et le retour de Charline Vanhoenacker.

« Les convois “dits” ou “autoproclamés” de la liberté »

Rassemblement hétéroclite d’opposants au passe vaccinal, de manifestants exprimant un ras-le-bol général, ou encore de Gilets jaunes, ceux qui se font appeler « les convois de la liberté » se sont constitués sur le modèle de la mobilisation organisée dans la capitale canadienne Ottawa depuis la fin du mois de janvier.
Voitures, camping-cars et camionnettes partis de Nice, Lille, Strasbourg, Vimy ou Châteaubourg ont rejoint la capitale samedi dernier. En début d’après-midi, plus d’une centaine de véhicules avaient rejoint l’avenue des Champs-Elysées, des automobilistes, agitaient des drapeaux ou scandaient « liberté ». La situation s’est ensuite tendue : la place de l’Arc-de-Triomphe puis l’avenue des Champs-Élysées ont progressivement été évacuées par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes.

Sur les antennes les journaux ont largement relayé l’évolution de la situation tout au long de la journée et des formules ont particulièrement heurté les auditeurs :

« Voilà plusieurs jours que je remarque avec étonnement l’usage, par vos équipes, de l’expression « convoi(s) autoproclamé(s) de la liberté ». Pourquoi cet ajout, inutile et ridicule, du terme « autoproclamé » ? Parlez-vous de « La France supposément insoumise » ? Du « Rassemblement soi-disant national » ? Du « parti autoproclamé des Républicains » ? Ou même « des jeux prétendument olympiques », de « la soi-disant association des amicales du don du sang », j’en passe et des meilleurs ?
Ce genre d’adjectif n’est jamais utilisé pour un autre mouvement, un parti, une association ou un groupe militant. Son usage systématique, lorsqu’il s’agit des convois de la liberté (dont on peut très bien penser ce que l’on veut), est pour moi significatif du mépris à peine dissimulé d’une partie de la classe journalistique pour les participants à ces convois et, plus largement, pour les classes populaires dans leur ensemble »

« J’entends aujourd’hui sur plusieurs émissions les journalistes de France Inter utiliser le même élément de langage : les convois « autoproclamés » de la liberté. Pourquoi ce terme, est-ce une volonté délibérée de mise en doute, une volonté de rabaisser ? Pourquoi ne pas aussi utiliser ce terme pour les partis politiques : “le mouvement autoproclamé la république en marche” (LREM) ou “le mouvement autoproclamé démocrate (Modem)” ou encore “les autoproclamés insoumis” ? »

« J’ai entendu plusieurs fois cette semaine sur France Inter l’appellation « les autoproclamés convois de la liberté ». J’attends donc avec gourmandise d’entendre parler des « prétendus socialistes » des « autoproclamés écologistes » ou des « soi-disant républicains ».
Comment faites-vous la différence entre des mouvements dont le nom qu’ils se sont choisi est respectable en tant que tel, et d’autres dont le même nom serait suspect ? On peut aimer ou pas ce mouvement des convois, être d’accord ou pas avec ses actions et ses revendications, on peut même critiquer la façon dont il a été nommé (il y a pour cela des éditoriaux, des billets de blog et autres tribunes.) Mais prendre des pincettes avec ce nom comme vous le faites-vous conduit tout droit à ne rien comprendre et à ne rien expliquer de ce genre de mouvement. Il y a une vie au-delà du périphérique, et on y a droit au même traitement que les politiciens d’en haut. Sinon, c’est l’abstention qui gagne. Que direz-vous quand un candidat à l’élection présidentielle parlera de « l’autoproclamée Radio France » ? »

S’autoproclamer, c’est s’attribuer un statut, se décerner à soi-même une fonction. « Les convois de la liberté » est le nom choisi par les initiateurs du mouvement ; ce nom induit qu’eux représentent la liberté là où les autres ne l’incarneraient pas et sous-entend qu’ils symbolisent cette liberté dont ils seraient privés par ailleurs.

Pour les médias il s’agit de faire comprendre au grand public que cette dénomination n’est pas un choix des rédactions, d’où une mise à distance nécessaire qui se traduit, en presse écrite, par un signe typographique de ponctuation et, en radio, par l’ajout de vocables dans l’expression d’origine. Ainsi en presse écrite, l’expression « les convois de la liberté » est systématiquement mise entre guillemets. En radio, il n’y a pas de guillemets, donc pour parler des « convois de la liberté », les reporters, les présentateurs des journaux ou des flashs ont recours à deux formules « les convois autoproclamés de la liberté » ou « les convois dits de la liberté ».

Ces formules ont eu pour fonction de mettre des guillemets sans porter de jugement de valeur. La bataille stylistique n’a donc pas lieu d’être ici puisqu’il n’y a eu, de la part des journalistes, aucune intention de mépris ou d’ironie et il n’y a à ce sujet strictement aucune ambiguïté.

En somme, la prudence journalistique s’impose le temps de l’acceptabilité de cette expression nouvelle, puis, lorsque le mouvement est suffisamment connu des auditeurs, cette précaution oratoire peut disparaître afin de privilégier l’emploi de l’expression d’origine « convois de la liberté » puisque chaque auditeur a une connaissance suffisante du sujet.

Six mois après la chute de Kaboul, aider les femmes afghanes

Dimanche dernier, sur France Inter, le magazine « Interception » signé Vanessa Descouraux était consacré à l’Afghanistan. Le pays s’enfonce dans une crise économique et humanitaire majeure. Depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août dernier, l’aide internationale a été suspendue Aujourd’hui 20 millions d’Afghans sont menacés de famine, la répression sévit, et les droits des femmes les plus fondamentaux – s’instruire, se déplacer, travailler – sont littéralement bafoués. Les femmes sont interdites de travail, les filles d’école. L’enseignement est donc aujourd’hui clandestin, avec les risques que cela suppose et les batailles quotidiennes à mener. Cet aspect du reportage a particulièrement touché les auditeurs :

« Je n’ignore pas ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan, mais votre reportage m’émeut profondément. Quel malheur ! Merci de nous informer sur le sort terrible des femmes afghanes et quel courage vous avez ! Que pouvons-nous faire à notre échelle pour les aider ? Je suis enseignante et je ne peux imaginer que l’on prive les femmes d’instruction. Quelles sont les organismes sérieux qui viennent en aide à ces femmes en dehors des dons en argent qu’elles ne reçoivent certainement pas ? »

« Félicitations pour ce reportage. Merci de faire entendre la parole de ces femmes courageuses qui se battent sans savoir si elles seront libres un jour. Ces témoignages m’ont beaucoup émue. »

« Comment soutenir l’enseignante clandestine auprès des jeunes filles sans la mettre en danger ? »

« Je suis très touché par votre reportage. Notamment par ces femmes courageuses qui continuent à éduquer les enfants et cette jeune femme qui n’a pas pu terminer son université et qui n’a pas pu passer son diplôme à quelques mois près… j’entends la demande d’aide. Comment pouvoir aider ces personnes ? »

Nous avons relayé ces demandes auprès de Vanessa Descouraux. Elle indique que les auditeurs souhaitant apporter leur aide peuvent contacter cette association (qui n’est pas citée dans le reportage) https://www.negar-afghanwomen.org/2/

Une sélection des reportages et émissions consacrés à la situation en Afghanistan est à retrouver ici avec notamment la programmation spéciale sur France Culture qui consacrait son antenne mardi 15 février à un état des lieux de la situation sur place.

Les informés de Franceinfo avec les correspondants de la presse étrangère

Au menu des informés samedi dernier, « les convois de la liberté », « la campagne présidentielle », « la crise en Ukraine ». Pour en parler, Olivier de Lagarde recevait Anne-Elisabeth Moutet, éditorialiste au Daily Telegraph, Alberto Toscano, journaliste italien, correspondant à Paris du quotidien Milano Finanza, Kai Littmann, journaliste allemand, rédacteur en chef d’eurojournalist.eu et Juan José Dorado, journaliste espagnol indépendant. Un plateau réellement apprécié par les auditeurs qui nous ont écrit :

« J’ai trouvé cette émission excellente car, si ces journalistes étaient bien au fait de notre politique hexagonale, ils avaient également un point de vue extérieur que j’ai trouvé très intéressant. »

« Quel souffle d’air frais aux informés de Franceinfo ce samedi soir ! Un autre regard sur la France, des journalistes qui s’expriment à merveille – bien mieux que les « donc voilà » à répétition de tant de Français – et sont de surcroît fort sympathiques. Et bravo à Olivier de Lagarde. À renouveler plus fréquemment. »

« Génial d’avoir des journalistes étrangers, c’était passionnant et rafraîchissant d’avoir leur regard sur notre pays. Pourquoi ne pas en faire un rendez-vous hebdomadaire ? »

Vincent Lindon plébiscité par les auditeurs

A l’occasion de la sortie du film « Un autre monde » réalisé par Stéphane Brizé, Vincent Lindon était l’invité de Léa Salamé et de Nicolas Demorand, lundi matin, dans le « Grand entretien ». Son personnage de cadre d’entreprise, en pleine bataille sociale, « est un homme à la croisée des chemins, qui se pose une question qu’on se pose tous, dans tous les métiers : est-ce moi qui ne suis plus à la hauteur, ou est-ce la demande qui est totalement folle ? », lorsqu’on lui demande de licencier cinquante-huit salariés.

Selon l’acteur, se pose alors la question du courage : « Est-ce que le courage, c’est de faire de mieux en mieux quelque chose que j’aime de moins en moins, mais le faire coûte que coûte ? Ou est-ce que le courage, c’est de partir ? C’est de dire stop, j’arrête ? »
« Mais là, on en revient aux privilèges, car quelqu’un qui a besoin de sa paye et qui a des bouches à nourrir ne peut pas rentrer chez lui en disant ‘je ne suis plus d’accord avec le système (…) j’ai donc décidé de donner ma démission et je vous annonce qu’on ne va pas manger’. »
« Je crois qu’il serait bon de rappeler aujourd’hui aux gens qui poussent les autres au bord du précipice, qu’ils sont mortels. On est tous mortels. On n’a qu’une vie. Avoir plus d’argent. Avoir plus de profits. Avoir une voiture encore plus grande. Une maison de plus. Ça ne sert pas à grand-chose. Pour avoir un peu plus, on fait du mal à beaucoup de personnes.”

Les propos de l’acteur ont réellement touché les auditeurs :

« Beaucoup d’émotion ce matin. Merci à France Inter, merci à Vincent Lindon et merci à la dame qui a eu le courage d’appeler pour faire le parallèle avec le cas de son mari, mort à cause de cette inhumanité du monde de l’entreprise. Là sont les problèmes et les choix dont il faudrait se saisir et qui devraient nous occuper : quel est le sens de la vie, du travail, quel est le sens de notre vie ensemble ? Mettre l’humain au centre… En écoutant Vincent Lindon et cette femme ce matin, je pense à Camus, et à l’homme révolté, cette frontière évoquée dans les tous premiers mots du livre : au-delà de laquelle on ne peut plus accepter… Cette question est philosophique et politique, et elle est au cœur de nos vies. Merci à vous tous de nous l’avoir rappelée. Merci d’être là et d’exercer cette vigilance qui nous fait tant de bien. »

« Grand moment d’humanité à la radio ce matin et notamment de Monsieur Vincent Lindon. Mots justes sincères et réflexion d’une grande sagesse. Respect immense. »

« Léa Salamé, Nicolas Demorand je vous félicite pour la belle émission avec Vincent Lindon, elle m’a fait du bien ! »

La consécration de « 57, rue de Varenne »

Cette bataille politique-là, les auditeurs l’attendaient ! « 57, rue de Varenne », la série politique écrite par François Pérache et réalisée par Cédric Aussir est un indéniable succès. Cette 6ème et ultime saison de la fiction culte de France Culture diffusée chaque soir à 20h30, depuis lundi et jusqu’à ce vendredi, est saluée à l’unanimité par les auditeurs :

« Y’a pas beaucoup de bonnes nouvelles en 2022 mais le retour de « 57, rue de Varenne » sur France Culture ça compense vraiment tout le reste… la meilleure série politique avec Baron Noir, mais uniquement avec les oreilles ! »

« Je termine votre feuilleton 57 rue de Varenne. Magnifique. Dialogue, bruitages personnages acteurs intrigue. Jouissif. Bravo au réalisateur et au dialoguiste. »

« Quelle idée magnifique de nous offrir une 6ème saison du 57 rue de Varenne. Quel travail superbe et en plus je vois que nous avons la possibilité de réécouter les saisons précédentes ! On ne s’en lasse pas. Pouvez-vous adresser tous nos chaleureux remerciements aux personnes concernées et elles sont nombreuses. »

Toutes les saisons de « 57, rue de Varenne » sont à retrouver sur le site franceculture.fr et sur l’appli Radio France.

Une médaille olympique n’est pas une breloque

Il n’y a ici pas de bataille sémantique à mener. Les auditeurs ont raison. A juste titre, ils s’étonnent d’entendre régulièrement sur les antennes le mot de « breloque » utilisé comme synonyme de « médaille » lors des commentaires relatifs aux Jeux Olympiques :

« Pourquoi utiliser le terme « breloque » petit bijou insignifiant, pour désigner une médaille d’argent olympique !!! Quand on sait le travail, le courage et la persévérance qu’elle représente ! »

« Je trouve cette utilisation inappropriée et péjorative pour indiquer l’exploit de ces jeunes sportifs de très haut niveau. »

« Trois breloques, il a déjà gagné trois breloques… tels sont les propos de votre journaliste ce jour. Et son diplôme de journaliste alors… c’est du papier gras ! ? »

« Je croyais que l’information était enfin passée chez France Inter. J’ai été très attristé de constater qu’il n’en n’était rien. Votre journaliste a encore utilisé le terme de « breloque » pour désigner une médaille olympique. On donne une breloque à un enfant qui a gagné à un jeu de fête foraine, c’est un petit rien, un cadeau de très faible valeur.
Pourquoi dévaloriser les sportifs et utiliser ce terme qui devient très péjoratif lorsqu’il est utilisé pour désigner la récompense pour le talent le travail et la persévérance de grands champions ? »

Rappelons qu’une breloque est un objet décoratif sans valeur comme l’explique le linguiste Jean Pruvost dans cette vidéo. Une breloque n’est absolument pas synonyme de médaille olympique.

« La maltraitance de la langue française »

Dans un rapport rendu public mardi 15 février l’Académie française met en évidence l’essor préoccupant du franglais dans l’ensemble de la communication institutionnelle, au sein des ministères, de l’administration, des mairies, des offices de tourisme, sans oublier les universités, les écoles, les organismes de formation ou encore les musées.

Le sujet est sensible et chaque jour, inlassablement, les auditeurs nous écrivent à ce sujet, signalant l’usage excessif du franglais sur des antennes du service public. Le franglais, qu’ils qualifient de « maltraitance de la langue française », est un français où l’influence du lexique et de la syntaxe anglaise est prédominante comme l’indique le dictionnaire Le Larousse : « Etat de la langue française caractérisée par l’introduction excessive de néologismes et de tournures syntaxiques d’origine anglaise ».

La copieuse liste des mots anglais repérés par nos auditeurs sur les différentes antennes de Radio France ou sur les sites des chaînes invite à la réflexion :

After school, Baby crash, Bad buzz, Background, Bashing, Benchmark, Best of, Best-seller, Biopic, Blind test, Blockbuster, Blue monday, Black friday, Booster, Border, Borderline, Brainstorming, Branding, Briefing, Broadcast, Burn-out, Business, Buzz, Call center, Call room, Cancel culture, Care, Cash, Casting, Challenge, Checker, Click and Collect, Cluster, Coach, Cold case, Come back, Compliance, Coworking, Crash, Data, Deadline, Deal, Dealer, Debriefing, Debunking, Deceptif, Devaste, Digital, Digitalisation, Dispatcher, Distanciation sociale, Dress-code, Drive, Drive-in, Dry january, Fact checking, Fake, Fashion, Feel-good, Gap, Giga Factory, Global impact, Green pass, Greenwashing, Guest star, Hashtag, Hotline, Hotspot, Impacter, Jingle, Job, Juste, Kit, Light, Listing, Live, Locker, Loser, Low cost, Mainstream, Makes, Manager, Marketing, Meeting, Newsletter, Old school, On time, One shot, Open space, Overbooker, « Pass » sanitaire, Performer; Pitch, Player, Playlist, Plug-and-play, Podcast, Prime-time, Process, Punch line, Regulation, Replay, Rooftop, Running, Scoop, Scorer, Secure, Short list, Sitcom, Shutdown, Smile, Spamer, Sponsor, Staff, Start up, Streaming, Stress, « Sur comment » versus « on how », Talk, Talk-show, Team, Testing, Think Tank, Thread, Timing, Tracing, Tracking, Trend, Usual Suspect, Viewer, Wishful Thinking, Vintage, Wording.

Cet usage décomplexé d’anglicismes est un fait objectif constamment évoqué dans les messages reçus au service de la médiation :

« Je suis une fidèle auditrice de France Inter depuis bien longtemps et suis depuis une petite année environ frappée et très agacée par l’utilisation de mots en anglais sans raison et ce dans des émissions très diverses et de la part d’animateurs ou journalistes ou chroniqueurs dont j’aurais pu penser qu’ils ne tomberaient pas dans cette facilité. Pire la nouvelle tendance serait qu’à chaque utilisation d’un mot en anglais il y ait la traduction dans la seconde qui suit, j’ai entendu ce procédé à plusieurs reprises dernièrement et cela m’a navrée. Comme si vous aviez fait le choix non pas de renoncer à cet anglais à tout va, mais au contraire de l’imposer en faisant passer la pilule par une petite traduction en français ? Vous êtes trop bons messieurs mesdames de la radio publique ! Mais au final ça rime à quoi?? »

« Reportage dans une école primaire ce mardi matin, 15 février. Votre journaliste sur place explique qu’on va « dispatcher » certains élèves dans d’autres classes. Pauvres gosses, pourquoi ne se contente-t-on pas de les répartir dans les classes ? Ce serait peut-être moins chic mais plus correct. Allez, laissons cet anglicisme aux techniciens et ingénieurs, et contentons-nous de parler français sur Franceinfo. A propos : en anglais, to dispatch signifie expédier ! »

« Votre journaliste vient de dire « la timeline qu’on scrolle » vous avez largement passé les limites du ridicule. Cet enchaînement de termes anglais dans une phrase en français ne fait qu’égarer l’auditeur et amoindrit la portée de votre question. »

« Selon votre journaliste à propos des soldes, il faut « privilégier les sites français ou européens qui sont plus sécures. « Sécures » ? Quézaco ? Craindrait-elle de passer pour ringarde en expliquant que certains sites sont plus « sûrs » que d’autres. En tout cas, voilà une journaliste qui a du mal à parler français, ou alors elle nous joue les Parisiennes branchées en terminant son intervention sur un mot anglais. Trop chic ! Personnellement, je trouve cela lamentable, et surtout, d’un point de vue professionnel, inadmissible sur les ondes du service public. Pour parodier votre journaliste, « il faut privilégier la langue française, c’est plus sûr » ».

Loin de valoriser le propos du journaliste qui l’emploie et d’enrichir l’auditeur qui le subit, un anglicisme traduit l’appauvrissement de la langue. Son usage tente de faire passer pour une hypermodernité du discours un propos prétentieux et, en creux, une forme de snobisme. Pire, son emploi exclut l’auditeur comme le mentionnent régulièrement nos correspondants.

Ne désespérons pas. Cette bataille lexicale n’est pas vaine et honore les auditeurs, défenseurs de ce trésor que représente la langue française. Bernard Cerquiglini, linguiste, Professeur émérite de l’Université de Paris, Membre de l’Académie royale de Belgique a également un avis sur la question, son point de vue sur les anglicismes est à regarder ici.

“J’eusse aimé” selon François Morel

« Scandale du subjonctif » un titre on ne peut plus à-propos pour la chronique de François Morel dont le contenu a scandalisé, meurtri, choqué, indigné offusqué, -disons le simplement- horrifié, les « auditeurs- professeurs de lettres » ce vendredi matin.
Les claviers d’ordinateurs ont chauffé sitôt la chronique achevée et nous avons reçu une avalanche de messages de la part de « cette cohorte de professeurs en retraite, de linguistes, de sémanticiens, de puristes, toujours branchés sur France Inter en dépit de sa programmation musicale » -citation extraite de ladite chronique du jour.

L’objet du délit ? L’analyse, par notre humoriste, de la forme « j’eusse aimé » employée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, lors d’une interview.

Une analyse fautive d’autant plus surprenante que « Le bon usage » de Grévisse est le livre de chevet de notre cher François Morel et que, l’autre jour encore, dans un couloir de France Inter, il glissait à l’oreille de Nicolas Demorand : « Comment oublier que le plus-que-parfait du subjonctif s’emploie dans la langue soignée avec la valeur du conditionnel passé, qu’on l’appelle parfois seconde forme du conditionnel passé et qu’il peut servir de prédicat dans les propositions qui impliquent l’indicatif notamment dans les propositions de conditions ? Tout le monde a bien ça en tête ! ». Propos matinaux auxquels Nicolas Demorand a répondu d’un hochement de tête approbateur.

L’erreur du jour est donc incompréhensible. L’intention cachée de François Morel était probablement de vérifier le haut niveau d’attention portée à sa chronique par les auditeurs et de donner du travail supplémentaire au service de la médiation qui a eu le plaisir de lire leurs messages savoureux :

« Mon cher François Morel, je suis désolée, mais s’il y a effectivement une faute dans la tournure de la phrase de Gérald Darmanin, votre analyse est totalement erronée : j’eusse aimé est ce qu’on appelait jadis un conditionnel passé 2ème forme qui exprime l’irréel du passé (condition non réalisée dans le passé) ; le passé antérieur serait tout-à-fait inadapté, il ne s’emploie guère qu’après une conjonction de temps pour exprimer un fait, qui l’eût cru (conditionnel passé 2ème forme) ? antérieur. Cf, « Après qu’il eût trotté, sauté, fait tous ses tours, Jeannot lapin retourne au souterrain séjour. (Le chat, la belette et le petit lapin). A ce stade, vous vous gourez. La faute de syntaxe, c’est que le verbe de la subordonnée conjonctive dépendant d’un conditionnel doit obligatoirement être à l’imparfait (ou au plus que parfait, selon le sens) du subjonctif. Exemples très aimés des potaches : pour les plus grands, « encore eût-il fallu que je le susse (ou suçasse, selon le sens), pour les collégiens on remplace par le verbe ressasser qui donne aussi des effets intéressants : j’eusse aimé que vous ne ressassassiez point toujours les mêmes billevesées – c’est à Darmanin que je m’adresse. La vraie faute dans cette histoire, c’est de se faire mousser en employant une tournure qui fait chic mais n’est pas du registre de ses auditeurs ; autrement dit de leur signifier sa supériorité, ou son mépris. Employer une belle tournure littéraire héritée du passé peut aussi mettre en valeur la vulgarité du locuteur ou du propos qu’elle exprime. En ce sens, vous avez bien raison de relever que dans cette phrase quelque chose ne colle pas.
Je me suis bien amusée à écrire ces mots, ils me rappellent le temps où j’essayais de rendre ce sujet amusant pour que mes élèves, qui faisaient du subjonctif en français sans le savoir, puissent le repérer dans les textes latins dont la syntaxe en fait grand usage.
Merci pour vos billets ! »

« Écouter une chronique de François Morel est toujours un grand plaisir…. sauf ce matin !
Non, François Morel, le subjonctif ne s’utilise pas toujours après la conjonction « que » : « Viennent les jours, sonne l’heure, (Subjonctif présent) Les jours s’en vont, je demeure » Apollinaire
Oui, François Morel, il est possible d’utiliser le subjonctif plus-que-parfait (autrefois appelé conditionnel passé seconde forme) pour exprimer un irréel du passé dans une langue soignée, « pour faire riche », en effet. Il remplace alors le conditionnel passé (1ère forme)
« J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante » Baudelaire = J’aurais aimé vivre auprès…
Non, François Morel, M. Darmanin n’aurait pas dû employer l’indicatif passé antérieur, ni l’indicatif tout court !
Quant au « il eût fallu que j’eusse rajouté » prêter à Tristan Mendès-France, il est lui aussi un subjonctif plus-que-parfait ou conditionnel passé seconde forme ! (à ne pas confondre avec « il eut fallu », indicatif passé antérieur). »

« Cher François Morel,
Tout le contenu de votre billet hebdomadaire tombe à plat ! Quel dommage ! Avant de vous lancer, il eût été préférable ou vous eussiez mieux fait de vérifier le mode du temps composé utilisé par monsieur Darmanin : il ne s’agit pas d’un subjonctif mais d’un conditionnel passé deuxième forme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau ! Vous lui avez suggéré d’utiliser le futur antérieur : « j’aurai aimé » ; mais non ! Il eût pu utiliser un conditionnel passé première forme : « j’aurais aimé » ! Moins pompeux.
Je pense que vous allez recevoir une tonne de courrier des profs de lettres retraités qui ont dû eux sinon l’enseigner (pour ma part, j’ai juste mentionné à mes élèves que ça existait au même titre que le passé surcomposé que, lui, j’adore) du moins l’apprendre (je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui : c’était en CM2 dans la classe de Madame Albengrès).
Errare Morelum est !
PS : Je viens de regarder l’article sur Wikipédia, il n’est pas mal fait.
A bientôt pour d’autres billets bienfaisants. »

Le retour de Charline Vanhoenacker

Aux messages d’inquiétude reçus pendant les trois semaines de son absence, ont succédé des courriels très chaleureux pour saluer les retrouvailles radiophoniques des auditeurs avec l’humoriste de France Inter :

« Très heureux du retour de Charline, son humour, son impertinence, sa malice nous manquent, même si ses collègues ont maintenu « Par Jupiter » brillamment, elle est incontournable dans cette équipe de joyeux lurons. On en redemande. Merci à France Inter de nous régaler avec cette émission unique, divertissante et instructive. »

« Je viens d’apprendre votre retour à l’antenne, en tant que fan absolu de votre humour je me réjouis, j’espère que vous allez bien, vous nous avez manqué. Merci pour vos billets, nous sommes tous avec vous. »

« Il neige dans mon jardin, mais le retour de Charline éclaircit ma journée. J’espère que tu vas bien ! Cœur au feutre sur ma redevance ! Vive France Inter »

« En voilà une journée qui commence bien ! Charline est de retour ! Sonnez clairons, résonnez trompettes ! Merci et à toujours ! »

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
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